Par Gwenwed.
Décidément, Gascogne inspire du monde, avec son rêve de vie d'avocat ! Pour ne pas être en reste, c'est une greffière en chef de tribunal d'instance[1], qui signe Gwenwed en commentaires, qui nous propose une incursion d'une semaine dans la peau d'un chef de greffe. Le greffier en chef, c'est le chef des greffiers, qui ne sont pas les secrétaires des tribunaux. Certes, ils rédigent, mais ils sont indépendants des magistrats car leur rôle est d'authentifier le jugement en le signant et en le revêtant du sceau de la République, baptisé à tort "la Marianne"[2], sans lequel le jugement n'est qu'un bout de papier A4. Il est aussi surintendant des finances du tribunal : c'est lui qui gère le budget, passe les commandes et règle les factures. Quand il le peut, vous allez voir. Il reçoit les minutes des jugements, c'est à dire les originaux des archives. Enfin, il est investi de tâches quasi-juridictionnelles puisque depuis 1993, il délivre les certificats de nationalité française, reçoit les consentements à l'adoption, appose les scellés, délivre les procurations pour voter etc. Mais je ne veux pas déflorer le sujet.
Nous sommes lundi matin, le réveil a sonné, une bonne douche, une tasse d'Assam bien serré, et c'est parti...
Eolas
Lundi :
8h : j’arrive au tribunal à pas mesurés : le verglas sur le parvis rend
chaque pas risqué.
Une greffière est déjà là. A pied d’œuvre depuis 7h, comme chaque
jour. Elle a gardé manteau et écharpe. « Bonjour, j’espère que tu as
prévu les mitaines il n’y a pas de chauffage ».
Hum, je savais bien que j’aurais dû rester au lit. Le coup de la panne de
chaudière dès le lundi matin, ça motive pour la semaine !
Me voilà partie, téléphone portable à la main (le mien, bien sûr, la
juridiction ne disposant d’aucun « sans fil ») au deuxième sous-sol.
Plantée devant la chaudière, j’appelle le chauffagiste qui tente un
diagnostic en ligne et me promet de passer dans la semaine. Je négocie : la
palais est ancien, un vrai nid à courants d’air. Nous allons geler sur
place, ça ferait désordre. Il comprend. Si quelqu’un est là, il veut bien
venir entre midi et deux. Qu’à cela ne tienne, je pique-niquerai sur mon
bureau, mon clavier n’est plus à quelques miettes près…
8h30 : première étape de la journée, la lecture des mails : les JO du
week-end d’abord, puis les messages de boulot. La Cour d’appel convoque
tous les directeurs de greffe à une réunion budgétaire jeudi après-midi.
Encore une demi-journée de travail perdue en perspective…
9h : le courrier est là. Je l’ouvre et constitue des piles pour chaque
agent. Laborieux, certes, mais cela permet d’avoir un œil sur l’activité
du tribunal et de garder à l’esprit que quand mes fonctionnaires me disent
qu’elles sont débordées, c’est un très doux euphémisme. La pile des
tutelles est de loin la plus dense. La mienne est bonne deuxième : demandes
d’attestations de non-PACS de la part des notaires, de certificats de
nationalité…
Deux lettres de rappel viennent rejoindre leurs camarades dans une
volumineuse pochette : annualité budgétaire oblige, tous les paiements ont
été arrêtés mi-décembre. Nous sommes mi-février et les crédits de
l’année n’ont toujours pas été débloqués. Les factures s’accumulent
donc. En outre, je ne peux passer aucune commande : le greffe vis sur les
réserves de fournitures réalisées en fin d’année, mais plus pour
longtemps : le chômage technique nous guette et je soupçonne mes greffières
d’apporter leur propre papier toilette pour parer toute pénurie.
Peut-être la réunion budgétaire augure-t-elle de bonnes nouvelles ? Dans
le doute, je prépare toutes mes factures : elles doivent pouvoir partir dès
que le feu vert aura été donné. Idem pour les commandes les plus urgentes.
J’entame donc mon tour des bureaux : qui a besoin de quoi ? Pochettes roses
pour les tutelles, jaunes pour le civil, surligneurs pour le magistrat ( « de
marque, si possible, les premiers prix ne survivent pas trois jours » ),
enveloppes : grandes, petites, avec ou sans fenêtre…
La fonctionnaire de l’accueil m’interpelle entre deux bureaux : une
procuration de vote à signer. Les municipales approchent…
12h : sandwich dans une main, catalogue de fournitures dans l’autre, je
peaufine mes commandes en attendant le chauffagiste.
14h : les couloirs du tribunal commencent à retrouver une température
décente. On m’appelle à l’accueil : une « natio[3] ». Petite juridiction
oblige, de l’accueil à la délivrance, le service nationalité, c’est
moi.
Un couple souhaite constituer un dossier de demande de nationalité
française par mariage. Elle, 23 ans, est russe. Lui, 71 ans, est français.
Ils ont célébré leurs deux ans de mariage la semaine dernière et
lorsqu’il parle d’elle, il dit « cette dame ». C’est dire s’ils sont
intimes.
Je leur explique que la loi a changé et qu’il faut désormais quatre
années de mariage et que même alors, rien n’est acquis : il y a un dossier
assez lourd à constituer, des enquêtes pour s’assurer de la communauté de
vie et de la « réalité des liens affectifs » : une procédure d’au
minimum un an. Il lui jette un regard accusateur : « on m’avait dit que
c’était pour deux ans ».
Je retourne à mon budget : il faut impérativement que je peaufine mes
demandes pour pouvoir défendre mon bout de gras, ou plutôt mon quignon, à
la réunion de jeudi…. Entre le téléphone et les procurations, difficile
de rester concentrée. A 18h, je me résous à transférer mes tableaux
budgétaires sur ma clé USB : je ferai ça à la maison…
Mardi :
E-mails, courrier… le rituel recommence. La pile des comptes annuels de
gestion de tutelle commence sérieusement à monter ; ce sont mille dossiers,
au total, qu’il va me falloir étudier comme chaque année : vérifier les
dépenses, les comptes bancaires, s’assurer que le tuteur ne détourne pas
l’argent de son protégé, qu’il demande bien l’autorisation du juge
pour chaque dépense importante… Un travail de titan, souvent mené à bien
à la faveur de l’accalmie estivale.
Téléphone… « Madame Lampoix, pour une nationalité », m’annonce-ton.
« Bonjour Madame, voilà, j’ai voulu refaire ma carte d’identité pour les élections, et la mairie me demande …. Aahh, attendez, je l’ai noté
là….
J’anticipe, la suite, je la connais par cœur :
- un certificat de nationalité française ?
- oui, c’est ça. Alors, c’est quoi ? Je suis française, moi, j’ai 52
ans et on ne m’a jamais rien demandé avant ! C’est nouveau ?
Le juge entrouvre la porte. Je lui fais signe d’entrer…
- non, madame, le certificat de nationalité n’a rien de nouveau, ce sont
les instructions données aux préfectures qui ont changé. Cette demande est
devenue systématique si vous ou vos parents êtes nés à l’étranger.
Commencent le jeu de question réponse classique :
- Où êtes vous née ?
- A Tananarive (argh, Madagascar, je sais pas pourquoi, je sens que je vais
ramer ! )
- Et vos parents ?
- Ma mère à Hanoï et mon père à N’Djamena … ( qu’est-ce que je
disais ! ).
Impossible d’en savoir plus par téléphone. Je lui énonce une première
liste de pièces dont je vais avoir besoin, lui précise qu’il en faudra
peut-être d’autres après étude de son dossier. Je sens qu’elle panique,
qu’elle ne comprend pas. Elle me répète qu’elle a toujours eu des
papiers français, ses parents aussi : son père était militaire dans
l’armée française, son grand-père également.
Je la rassure. Si les pièces dont elle dispose sont insuffisantes pour
déterminer comment elle est française, on fera jouer la possession d’état
sur deux générations. Elle aura de toute façon son certificat la semaine
prochaine. Rendez-vous est pris après demain, pour qu’elle me remette son
dossier, je veux pouvoir trier les pièces avec elle pour pouvoir lui demander
sur le champ des précisions, si besoin.
Je raccroche. Le magistrat me regarde, embarrassé : «M. Dubois m’a
appelé : je le connais un peu, il a fait des travaux chez moi. Il
s’inquiète de n’avoir toujours pas été payé pour le changement de
vitre début janvier… » . Effectivement, l’artisan avait accepté
d’intervenir en urgence après que quelques fêtards du nouvel an aient pris
la juridiction pour cible et brisé la plus haute vitre de la porte du palais
: échafaudage, lourde grille en fonte à déposer puis reposer, la note est
salée et je n’ai toujours pas l’ombre d’un euro sur mon budget. Je
promets de l’appeler et m’engage à faire passer sa facture en premier
lorsque les crédits seront débloqués. Ce genre de retard met souvent en
péril les petits artisans qui ont peu de trésorerie, et pourtant, les
instructions sont de faire passer en priorité les sociétés
d’électricité ou de gaz, qui appliquent automatiquement les intérêts
moratoires en cas de retard…
14h : Téléphone : « Bonjour, office HLM de Troupaumé, je souhaiterais
parler au greffier en chef s’il vous plait. ». Là, pour tout vous dire,
j’ai une furieuse envie de me planquer sous le bureau et de dire que, non,
désolé, de greffier en chef, ici, il n’y en a plus, vous savez, avec la
réforme de la carte judidciaire et tout ça… Car je sais d’avance le
cauchemar qui me guette. La bête noire du greffier en chef de tribunal
d’instance : l’apposition de scellés.
Quand j’entends ce dernier mot, une sorte de mécanisme d’autodéfense se
met en route et je repasse mentalement tous les arguments dissuasifs dont je
dispose (et je vous assure que je fais de mon mieux pour en enrichir la liste
à chaque appel !).
De quoi s’agit-il concrètement ? Sur le papier, c’est simple :
quelqu’un est mort et, au choix, n’a pas d’héritier connu ou a au
contraire une descendance qui rêve de tout rafler avant son frère / sa mère
/ sa cousine (rayez la mention inutile). On me demande donc de venir
inventorier les biens du défunt et d’apposer des scellés afin d’éviter
que des biens ne « disparaissent ».
Pourquoi est-ce un cauchemar ? Parce que, déjà, ça n’a rien
d’agréable d’aller fouiller les tiroirs d’un mort qu’on ne connaît
ni d’Eve, ni d’Adam. Ensuite et surtout, parce que dans l’immense
majorité des cas, il s’agit de personnes démunies, qui vivaient seules,
dans des conditions d’hygiènes douteuses. Je vous passe les détails et les
anecdotes.
Et l’office HLM, dans tout ça, me direz-vous ? Il veut récupérer son
appartement, pardi ! Il souhaite donc être autorisé à « cantonner » les
biens dans un garde-meuble pour libérer le logement.
Après un échec flagrant de mes échappatoires, je me résous à apposer. Je
m’enquiers cependant de l’état du logement. Heureusement ! L’office
m’informe que le défunt a été découvert dans sa baignoire 10 jours
après son décès et que les insectes grouillent. Je vous laisse imaginer. Je
vais faire venir un service de désinsectisation et de nettoyage.
L’apposition attendra la semaine prochaine….
Mercredi :
C’est le jour des enfants. Je sais d’avance que je vais être interrompue
fréquemment par des demandes de nationalité. Quant aux procurations, je
continue de plus belle à distribuer des autographes. Il faudrait quand même
qu’on m’explique pourquoi cette attribution n’est pas délégable aux
greffiers…
10h : Un jeune garçon m’attend pour constituer un dossier d’acquisition
de nationalité par « naissance et résidence ». Rien de complexe : il
suffit de prouver que ses parents sont en situation régulière, qu’il est
né en France et qu’il y a résidé les cinq dernières années. Des
certificats de scolarité font l’affaire. Il me tend son acte de naissance.
Surprise ! Les parents, de nationalité algérienne, sont tous deux nés en
France. L’enfant a donc toujours été français. Cela n’a semble-t-il pas
effleuré les services de la préfecture, qui lui ont délivré un « titre
républicain d’identité », équivalent, pour les mineurs, du titre de
séjour. Le dossier de déclaration de nationalité devient donc une demande
de certificat de nationalité.
10h15 : Encore un jeune homme, 17 ans. Il vient « pour le service militaire
». La première fois, j’avoue que j’ai eu du mal à saisir. En fait, il
vient demander un certificat de nationalité française, qui lui permettra de
ne pas aller faire son service militaire en Turquie. Il a acquis la
nationalité par naissance et résidence à l’âge de treize ans.
Liste des pièces en main, je lui explique ce dont j’ai besoin.
- Votre déclaration de nationalité…
- J’ai pas ça, madame !
- Mais si, vous l’avez. C’est inscrit sur votre acte de naissance. Vous
êtes venu ici quand vous aviez 13 ans pour devenir français.
- Moi chuis français, m’dame, chuis né en France !
Et de lui expliquer que, non, il n’est pas français parce qu’il est né
en France, mais bien parce qu’il a souscrit une déclaration de
nationalité…
- Vous l’avez certainement. C’est un papier très important, qui prouve
que vous êtes français, vous ne pouvez pas l’avoir perdu. Demandez à
votre maman, elle l’a forcément gardé.
Il traduit mes propos à sa mère, qui fouille dans son sac et sort une
pochette. Bien sûr qu’elle l’a gardée. Elle l’a même faite plastifier
pour qu’elle ne soit pas abîmée. Bien plus que son fils elle connaît la
valeur de ce sésame.
19h30 : j’ai enfin bouclé mes tableaux budgétaires pour la réunion de
demain. Je les donne pour info au juge, qui est encore là,. Au milieu d’une
chaîne de montagne constituée de dossiers de tutelle, de saisies des
rémunérations et de contraventions de 5è classe, il lui reste peut-être un
demi mètre carré pour écrire : le bureau ancien dont il dispose est certes
très joli, mais loin d’être fonctionnel…
Jeudi :
Je tente de traiter un maximum de choses avant de partir à la Cour (2h30 de
route aller-retour, plus la durée de la réunion qui ne va pas manquer de
s’éterniser...).
Les demandes de congés pour les vacances de Pâques : j’ai juste à
officialiser, l’organisation s’est faite comme toujours autour du café du
matin. Tout le monde s’est mis d’accord sans problème. J’ai la chance
d’être à la tête d’un greffe qui roule tout seul, ou presque.
Une greffière m’appelle pour un problème informatique. Je revêts une de
mes multiples casquettes : celle de « CLI », correspondant local
informatique. Quelques bidouillages plus tard, l’affaire est réglée, mais
on me demande au téléphone. Les services des statistiques du ministère ont
constaté des divergences entre les chiffres que j’ai envoyés, comme chaque
mois, et ceux relevés automatiquement sur nos logiciels. Je suis aimablement
priée de procéder à un « comptage manuel ». Ca attendra.
A peine raccroché, cela sonne à nouveau. Encore une apposition de scellés.
Décidemment, ce n’est pas ma semaine. Cette fois c’est le notaire qui me
demande de venir, le lendemain matin à 10h. Je lui explique que
généralement, c’est moi qui fixe les rendez-vous aux justiciables et non
l’inverse. « Je suis désolé, c’est un peu particulier…
- mais encore ?
- tous les enfants sont dans la maison de leur père, décédé hier. Chacun
surveille l’autre. Le seul point sur lequel ils sont d’accord, c’est
qu’ils veulent que l’apposition soit faite immédiatement après la levée
du corps.
- charmant … va pour demain 10h».
Reste à savoir qui va partager cette réjouissance avec moi : il faut y
aller à deux. J’essaie de changer de fonctionnaire à chaque fois. Une fois
la volontaire désignée, je m’échappe pour ne pas être en retard à la
Cour.
14h : La réunion devrait commencer, mais pour l’instant, nous sommes
trois.
14h30 : La ponctualité ne paie pas. A tout seigneur tout honneur, on
commence par le budget de la Cour d’Appel, puis celui des TGI du ressort les
TI ne passeront qu’ensuite. Une bonne nouvelle tout de même, 30% du budget
vont être alloués. Nous allons enfin pouvoir payer les factures et passer
les commandes les plus urgentes.
On examine les demandes « de programme » (c'est-à-dire d’investissement,
par opposition aux demandes « de base »). Deux heures à entendre parler de
télésurveillance, portiques de sécurité et caméras. Deux portiques pour
la Cour : c’est le budget annuel de mon TI.
16h45, c’est enfin mon tour. Je n’ai qu’une demande. La même depuis
trois ans : j’aimerais une rampe d’accès handicapés sur le parvis.
J’ai fourni deux devis. « Il en faut trois ». J’ai ceux des années
précédentes. Je tente de leur faire comprendre qu’au bout de 3 ans, les
artisans en ont marre de se déplacer et de perdre du temps à refaire
toujours les mêmes devis alors que les travaux ne sont jamais réalisés.
Alea jacta est. Réponse dans quelques semaines. Je n’ai guère d’espoir.
Je reprends la route pour rejoindre mes pénates, en pensant à tout ce que
j’aurais pu faire si j’étais restée au bureau.
Vendredi :
9h : Pliées de rire, la greffière et moi comparons nos tenues de combat
pour l’apposition de scellés : survêtement de la belle époque où «
Macumba » dominaient le top 50 et tennis qui se souviennent de la victoire de
Noah à Rolland-Garros pour elle, combinaison façon Valérie Damidot, mais en
pire, pour moi : on sent l’expérience. Un coup d’œil à la mallette pour
être sûres de ne rien oublier : les gants, si c’est sale, le Vicks, si ça
sent mauvais, la cire, la Marianne, le ruban rouge, les étiquettes, le
dossier, les ciseaux, le marteau et les clous, si la cire ne tient pas…
10h : Nous suivons péniblement les instructions du notaire pour trouver la
maison et le corbillard que nous croisons est un bon présage : nous sommes
moins perdues qu’on ne le pensait.
11h30 : Après plus d’une heure d’inventaire soigneux, en présence de
tous les membres de la fratrie qui se regardent en chiens de faïence,
j’appose l’ultime cachet de cire à l’endroit le plus discret de la
porte : les étiquettes « respect à la loi », se traduisent en langage
cambrioleur par « entrez donc, servez-vous, il n’y a personne ». Je
ramène mon butin pour le coffre-fort du greffe : les clefs de la maison, les
papiers d’identité, chéquiers, quelques euros en liquide.
13h : Une de mes fonctionnaires me demande l’autorisation de partir une
heure plus tôt pour aller chez le médecin. Elle m’assure qu’elle restera
plus tard le soir. Précision inutile. Elle reste toujours plus tard le soir.
Comme tous ici, elle ne compte pas ses heures. Nous discutons un long moment.
Elle m’explique ses problèmes de santé, me parle à mots couverts de ses
appréhensions à l’idée de prendre prochainement sa retraite après
presque 20 années dans le même greffe.
14h : Je fais des comptes d’apothicaire, tentant d’utiliser le plus
stratégiquement possible les quelques euros débloqués par la Cour :
paiement du vitrier en premier, comme promis. Puis des factures dont
l’échéance est proche ou dépassée. Il me reste encore quelques sous,
mais pas suffisamment pour ma commande de fournitures. Je la reprends : au
sein de cette liste où tout est urgent, je vais encore devoir « prioriser
».
17h : Je m’échappe tôt aujourd’hui, une pile de comptes de tutelles
sous le bras. Je me ravise et les repose sur mon bureau : j’ai la ferme
intention de profiter de mon week-end. Les élections se profilent et avec
elles les permanences du dimanche dans un TI désert…