Devine qui vient prendre sa pâtée ce soir ?
Par Eolas le samedi 20 mars 2010 à 00:22 :: Ovalie :: Lien permanent
Mon cœur mon cœur ne t’emballe pas,
Fais comme si tu ne savais pas
Que l’Anglais est revenu !
Mon cœur arrête de répéter
Qu’on va venger l’affront de l’an passé
De l’Anglais qui est revenu !
Mon cœur, arrête de bringuebaler
Souviens-toi qu’il nous a déchiré,
L’Anglais qui est revenu !
Mes amis ne me laissez pas !
Dites-moi, dites-moi qu’il y a de la bière au froid
Maudit Anglais, puisque te v’là !
Le crunch ! France - Angleterre, avec un parfum de revanche du match de l’an passé (34-10, avec un essai assassin de Mark Cueto au bout d’une minute et une équipe de France stérile toute la première mi temps).
Ce sont nos pires amis, ou nos meilleurs ennemis, comme vous préférez, qui débarquent ce soir : la terrible, orgueilleuse, et perfide Angleterre. Quelle joie de la retrouver !Voici donc le drapeau anglais, dit drapeau de Saint George. Il vous dira sans doute quelque chose : il rappelle en effet celui de la Géorgie, que nous affrontâmes lors de la dernière coupe du monde.
La croix rouge sur fond blanc est un emblême très répandu dans la chrétienté, Saint Georges étant le Saint Patron, outre de l’Angleterre et de la Géorgie, de l’Aragon, de la Catalogne, du Canada, de l’Ethiopie, de la Grèce, de la Serbie et du Montenegro, du Portugal, de la Russie et même de la Palestine, ainsi que des villes de Beyrouth, Barcelone ou Moscou. C’est ainsi que le symbole du club de footabll de Barcelone, le fameux Barça, comporte la croix de Saint George.
Ce symbole remonte aux Croisades, où il était le symbole des chevaliers et soldats français, le pape ayant décidé que les anglais porteraient une croix blanche sur fond rouge, les germains ayant une croix bleue et jaune, devenue le drapeau suédois. Les Anglais ont néanmoins adopté le croix rouge sur fond blanc, et la croix de St George est ainsi devenue le symbole des croisés dans leur ensemble, étant à son tour adoptée par les Templiers. Lors de la Réforme, tous les drapeauxs représentant des saints ont été abandonnés en Angleterre à l’exception de celui de St George. Dans la Navy, le drapeau de Saint Georges indique un navire amiral.
Le drapeau du Royaume Uni s’appelle le drapeau de l’Union, ou Union Jack dans la marine (“Jack” indiquant un pavillon de marine), car il est composé de la réunion des drapeaux des trois couronnes réunies sur la tête des rois d’Angleterre, chacun représenté par une croix liée à un saint : la croix de Saint George pour l’Angleterre, la croix de Saint André pour l’Ecosse, et la croix de Saint Patrick pour l’Irlande. Cette union s’est faite en deux temps : en 1606, quand James VI d’Ecosse devient roi d’Angleterre sous le nom de James Ier, les croix de Saint George et Saint André sont réunies pour faire le premier drapeau d’Union. Puis en 1801, la croix de Saint Patrick est ajoutée quand l’Acte d’Union (Acte désignant une loi) fusionne les royaumes d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande pour former le Royaume Uni, dénomination encore officielle de nos voisins d’Outre Manche. Le pays de Galles n’est pas représenté dans ce drapeau car il ne s’agit pas d’un royaume mais d’une principauté, dirigée par les héritiers du trône d’Angleterre (actuellement le Prince Charles, Prince de Galles, le titre de princesse étant vacant nonobstant le second mariage du prince).
L’équipe joue ainsi isolément car le Royaume Uni n’a pas de fédération de rugby. A la place, chaque royaume a sa propre fédération, reconnue par l’IRB. Il en va de même au football, d’où le match d’ouverture Brésil Écosse lors de la coupe du monde 1998.
Le symbole du XV d’Angleterre est la rose rouge. Il s’agit d’une allusion à la rose rouge des Lancastre, famille opposée à celle d’York au cours de la guerre des Rose, qui aboutit à la chute de la maison des Plantagenêts, dont Lancastre et York étaient deux branches, au profit de la maison des Tudor. Je ne crois pas que la fédération anglaise prête allégance à la maison des Lancastre cinq cent ans après la fin du conflit, mais le maillot de l’équipe d’Angleterre étant blanc (couleur royale, comme le maillot du Real Madrid, que je me devais de citer ayant mentionné le Barça afin d’éviter une autre guerre civile), une rose blanche ou la rose des Tudor (rouge et blanche pour marquer la réconcilation du royaume) serait peu visible sur le maillot.
L’Angleterre n’ayant pas d’hymne officiel propre, c’est bien le God Save The Queen qu’entonne le XV d’Angleterre, qui est pourtant l’hymne du Royaume Uni. Une scène fort cocasse a lieu quand l’Angleterre joue contre l’Ecosse à Murrayfield, quand l’hymne (lui aussi non officiel) écossais, Flower Of Scotland, est entonné, car on voit la Princesse Anne, fille de la reine Elisabeth et Duchesse d’Edimbourg, chanter de bon coeur cet hymne nationaliste célébrant la victoire des Ecossais contre les Anglais à Bannockburn en 1314 (la bataille qui clôt le film Braveheart). Au Royaume Uni, le pragmatisme est la vraie religion d’Etat.
Mais en réalité, le XV à la rose a un hymne non officiel, qui galvanise autant les Anglais qu’une Marseillaise fait oublier la fatigue aux Français.
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
L’histoire de cette chanson se confond avec l’histoire de notre vieille rivalité rugbystique qui nous oppose à nos cousins d’Outre Manche. En fait, une vieille rivalité oppose l’Angleterre à un peu tout le monde, et c’est une des équipes les plus cordialement détestées, chacune de ses (trop rares) défaites étant savourée d’un hémisphère à l’autre, mais la France jouit d’une position de détestation cordiale privilégiée. Un adage écossais dit ainsi “I support two teams : Scotland and whoever is playing England” : je soutiens deux équipes : l’Écosse, et celle qui joue contre l’Angleterre, quelle qu’elle soit.
Tout d’abord, l’Angleterre n’a accueilli la France dans le concert des nations rugbystiques qu’avec réticence en 1910. Le sport de l’aristocratie anglaise était en France pratiquée par les paysans rugueux du sud, et l’Anglais n’aimait guère se mélanger. Il faut dire qu’au début, la France a tout fait pour lui donner raison. En 1913, la foule envahit le terrain pour assommer l’arbitre de France-Ecosse. La France est exclue du tournoi, mais sauvée si j’ose dire par la première guerre mondiale qui suspend le tournoi, qui reprend en 1918 toutes rancoeurs oubliées au nom de la fraternité d’armes. En 1927, c’est la première victoire contre les Anglais (le pays de Galles résistera jusqu’en 1948). En 1931, la France est à nouveau exclue pour son comportement violent jusqu’en 1939. En fait, deuxième guerre mondiale oblige, la suspension durera jusqu’à la reprise du tournoi en 1947. En 1952, l’Angleterre accuse la France de professionnalisme des joueurs (ironie de l’histoire, l’Angleterre sera la première à passer au professionnalisme dans les années 90 : en Angleterre, le pragmatisme est religion d’Etat) et des joueurs français sont définitivement exclus de la sélection pour apaiser les Anglais. Voilà donc le terreau de la rivalité. La fleur éclora à la fin des années 80.
En 1988, le XV d’Angleterre était en train de traverser une des plus mauvaises passes de son histoire, battu notamment par la France plusieurs années de suite, y compris sur son sol sacré, à Twickenham. L’Angleterre jouait face à l’Irlande, et avait perdu 15 de ses 23 derniers matchs du Tournoi des Cinq Nations, tournoi qu’elle n’avait plus gagné depuis 1980. En deux ans et demi, les supporters de Twickenham n’avaient vu qu’un seul misérable essai marqué par les Anglais. A la mi temps, l’Irlande menait 3 à 0. Et puis comme cela arrive parfois au rugby, l’espoir changea de camp, le combat changea d’âme, et tout à coup, rien ne semblait plus pouvoir arrêter les Anglais, qui gagnèrent 35 à 3, dont trois essais marqués par Chris Oti, qui faisait ses débuts de jour là. Les collégiens d’une école bénédictine de Woolhampton qui assistaient au match entonnèrent alors un gospel en l’honneur d’Oti, Swing Low, Sweet Chariot, que la foule reprit en choeur.
Ce fut le signal d’une résurrection, et d’un nouvel âge d’or pour le XV à la rose, l’époque de Will Carling et Brian Moore, époque qui se construisit sur le dos de l’équipe de France. Pendant sept ans, nous ne gagnerons jamais, et toujours pour la même raison : être poussé à la faute par les Anglais, de préférence à 20 mètres en face de nos poteaux, ce qui donnait trois points aux Anglais, et faisait résonner le Swing Low. Le clou était enfoncé par Will Carling qui félicitait les Français vaincus d’un “Good game” dont l’évocation fait encore monter les larmes aux yeux des joueurs de l’époque. Il faudra des années pour que le XV de France vole aux Anglais leur sang froid, et il est encore fragile : la propension des Français à garder le ballon au sol, à le talonner à la main, quand ce n’est pas distribuer des baffes sous les yeux de l’arbitre est pudiquement appelée “le jeu latin” des Français. C’est la défaite assurée quand il pointe son vilain nez.
Cette rivalité prendra fin brutalement, du jour au lendemain, lors de notre inoubliable victoire en petite finale de la coupe du Monde en 1995 (19 à 9), où enfin, la série noire prendra fin, et au plus beau moment, la Coupe du Monde. Les joueurs Français sont tous allés serrer la main de Will Carling abattu en lui disant un “Good game !” chantant avec l’accent du sud ouest. La partie s’est en réalité terminée le lendemain à l’aube, les joueurs des deux équipes s’étant donné rendez vous pour faire une fête de tous les diables jusqu’à l’aube, enterrant définitivement la hache de guerre. Cela sera aidé par le virage vers le professionalisme, des Anglais venant jouer en France et des Français allant jouer en Angleterre (Sébastien Chabal a joué cinq ans dans le club de Sale, près de Manchester), ce qui comblera un peu le fossé d’incompréhension, les Anglais allant jusqu’à recruter un entraîneur français, Pierre Villepreux en 1995. Il fut naturellement tondu à son retour, rassurez-vous.
Cette époque a laissé une tradition, une rivalité qui fait que vaincre l’autre équipe est un plaisir sans nul pareil, mais la terrible tension 1988-1993 a disparu. On la rejoue pour s’amuser. Il n’empêche : piétiner les Anglais est toujours une coupe d’ambroisie.
Position | Nation | Parties | Points | Tableau des Points | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Jouées | Gagnées | Nulles | Perdues | Marqués | Encaissés | Différence | Essais | |||
1 | France | 4 | 4 | 0 | 0 | 123 | 59 | +64 | 13 | 8 |
2 | Irlande | 4 | 3 | 0 | 1 | 86 | 72 | +14 | 9 | 6 |
3 | Méchants | 4 | 2 | 1 | 1 | 78 | 64 | +14 | 5 | 5 |
4 | Pays de Galles | 4 | 1 | 0 | 3 | 80 | 107 | −27 | 7 | 2 |
5 | Italie | 4 | 1 | 0 | 3 | 59 | 104 | −45 | 4 | 2 |
6 | Écosse | 4 | 0 | 1 | 3 | 60 | 80 | −20 | 2 | 1 |
Alors, plus que jamais… ALLEZ LES BLEUS ! ! !
Commentaires
1. Le samedi 20 mars 2010 à 00:33 par pfelelep
2. Le samedi 20 mars 2010 à 00:41 par Manuel Marchès
3. Le samedi 20 mars 2010 à 00:46 par oneiros
4. Le samedi 20 mars 2010 à 00:46 par upsilon
5. Le samedi 20 mars 2010 à 01:24 par thom lee nacht
6. Le samedi 20 mars 2010 à 01:27 par ilfiniol
7. Le samedi 20 mars 2010 à 01:29 par patere legem
8. Le samedi 20 mars 2010 à 01:33 par Romu
9. Le samedi 20 mars 2010 à 01:47 par Brendalf
10. Le samedi 20 mars 2010 à 03:21 par Maxime
11. Le samedi 20 mars 2010 à 03:54 par phavet
12. Le samedi 20 mars 2010 à 04:06 par ramon
13. Le samedi 20 mars 2010 à 07:26 par casoni
14. Le samedi 20 mars 2010 à 07:37 par Térence
15. Le samedi 20 mars 2010 à 07:39 par Martigan
16. Le samedi 20 mars 2010 à 07:42 par Térence
17. Le samedi 20 mars 2010 à 08:20 par Serge
18. Le samedi 20 mars 2010 à 08:42 par idnca
19. Le samedi 20 mars 2010 à 08:49 par H.
20. Le samedi 20 mars 2010 à 09:53 par Cinquo
21. Le samedi 20 mars 2010 à 10:20 par Yoda
22. Le samedi 20 mars 2010 à 10:36 par Nanarf
23. Le samedi 20 mars 2010 à 10:43 par Bédisse
24. Le samedi 20 mars 2010 à 10:56 par Agemen
25. Le samedi 20 mars 2010 à 11:07 par Calamity
26. Le samedi 20 mars 2010 à 11:29 par Adrien bis
27. Le samedi 20 mars 2010 à 11:36 par Jay
28. Le samedi 20 mars 2010 à 12:17 par Holmes
29. Le samedi 20 mars 2010 à 12:23 par Papi émerveillé pour l'éternité par la justice
30. Le samedi 20 mars 2010 à 12:23 par nozov
31. Le samedi 20 mars 2010 à 12:24 par Dupangel
32. Le samedi 20 mars 2010 à 12:55 par Ccx
33. Le samedi 20 mars 2010 à 13:02 par ivan kann szpirglas
34. Le samedi 20 mars 2010 à 14:20 par Pierre
35. Le samedi 20 mars 2010 à 14:25 par YMB
36. Le samedi 20 mars 2010 à 14:58 par Paco Necté
37. Le samedi 20 mars 2010 à 15:43 par Dcx
38. Le samedi 20 mars 2010 à 15:53 par Cimon
39. Le samedi 20 mars 2010 à 16:31 par XS
40. Le samedi 20 mars 2010 à 16:32 par Clem
41. Le samedi 20 mars 2010 à 17:12 par michelaise
42. Le samedi 20 mars 2010 à 18:39 par Mbt
43. Le samedi 20 mars 2010 à 19:50 par sans pseudo
44. Le samedi 20 mars 2010 à 20:37 par hubert
45. Le samedi 20 mars 2010 à 20:47 par Tom Rakewell
46. Le samedi 20 mars 2010 à 20:49 par Salomon Ibn Gabirol
47. Le samedi 20 mars 2010 à 21:41 par Kevin YDF
48. Le samedi 20 mars 2010 à 22:31 par Yoda
49. Le samedi 20 mars 2010 à 22:40 par Galuchat
50. Le samedi 20 mars 2010 à 22:44 par prout
51. Le samedi 20 mars 2010 à 22:58 par JohnDoe
52. Le samedi 20 mars 2010 à 23:01 par Arnaud
53. Le samedi 20 mars 2010 à 23:04 par CavalierDeCesDames
54. Le samedi 20 mars 2010 à 23:16 par T-Buster
55. Le samedi 20 mars 2010 à 23:27 par rubyman13
56. Le samedi 20 mars 2010 à 23:41 par Mlle Ellute
57. Le dimanche 21 mars 2010 à 00:17 par franki de biarritz
58. Le dimanche 21 mars 2010 à 03:09 par Mikayla Trocchi
59. Le dimanche 21 mars 2010 à 03:18 par Weston Banaei
60. Le dimanche 21 mars 2010 à 03:39 par Nicholas Sojka
61. Le dimanche 21 mars 2010 à 04:18 par Patrick Goyette
62. Le dimanche 21 mars 2010 à 18:22 par H.
63. Le lundi 22 mars 2010 à 01:09 par Sin
64. Le lundi 22 mars 2010 à 03:27 par Shadok
65. Le lundi 22 mars 2010 à 10:35 par Spike
66. Le lundi 22 mars 2010 à 12:52 par drenka
67. Le mardi 23 mars 2010 à 11:38 par altéro