Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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En effleurant ce rai de lumière d’une porte entrebâillée.

par Sub lege libertas


Etre une femme libérée, tu sais c’est pas si facile. On ne la laisse pas tomber dans l’oubli. Pourtant elle est si fragile, à 34 ans dont quinze ans de réclusion criminelle. Mais il faut toujours qu’elle purge la peine qu’elle a faite, non pas en prison, mais en sortant, à ceux qui veulent qu’elle paie à perpétuité, à mort et même après. Ah si l’on pouvait encore faire un procès à son cadavre, mais elle a, pour l’heure, l’outrecuidance de vivre, de revivre, de survivre.

Ni le sens de la peine, l’amendement de la condamnée, la réinsertion de l’ex-détenue n’y suffiront. Qu’elle ait subi toute sa peine, sans grâce particulière, comme son avocat l’avait prédit aux jurés, leur rappelant que pour son crime, en 43 ans de barre à l’époque, il n’avait jamais vu de libération anticipée, peu importe. Les fils spirituels de Lombroso veillent. C’est dans le sang, les gènes voire. La précaution et son principe chassent la rédemption.

A défaut, le silence s’imposerait par égard à l’irrémissible atteinte subie par les victimes. Non ! La faute doit être exposée à nouveau, son infamie réclame la flétrissure, le marquage à vie, à vif, ravivé. Mieux que le fer sur l’épaule de milady de Winter, le plomb de la presse et ses éclats pixelisés. Le procès virtuel est ouvert. Sa force est dans son infini présent. Il corrige l’imparfait du verdict qui clôt le débat. Faites encore entrer l’accusée, sempiternel impératif futur !

Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu jeter aux chiens le déshonneur lavé d’une femme et finalement sa vie future au prix d’un double manquement de ses accusateurs rémanents aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous. Même la dignité et la liberté recouvrée par la déchue qui se rachète.

Pour avoir malgré tout, malgré vous, parlé aussi de votre libération, je me dois, Mademoiselle, de ne vous souhaiter désormais rien d’autre que l’ordinaire de la vie.


Que ceux qui ne voient pas de qui je parle, entendent seulement de quoi je parle. Les autres aussi, merci.

Commentaires

1. Le vendredi 26 juin 2009 à 22:24 par Flexable

Bravo, et je me disais la même chose en écoutant tous ces commentaires !

2. Le vendredi 26 juin 2009 à 22:30 par Ethelbert

Même chose de mon côté.
J'ai mon avis sur la peine, qui a été purgée. Une "nouvelle" vie commence pour cette personne. Qu'elle puise en profiter en toute liberté sera la meilleure preuve que notre système judiciaire fonctionne, et que la réinsertion est possible après une peine.
Si cette possibilité est biaisée dès le départ par le besoin de "sensationnel" d'une presse en mal de sensation, à quoi bon tout ceci ?

Conclusion: Merci pour ce billet.

3. Le vendredi 26 juin 2009 à 22:49 par R.

Je ne vois pas de qui vous parlez... mais la citation tronquée de Tonton, c'est pour fêter l'arrivée du neveu à la Culture ?

Sub lege libertas:
Je ne vois pas qui est Tonton, ni Frédo. Sinon, je concède le détournement de cette fameuse phrase du discours du Président de la Républque aux obsèques de Pierre Bérégovoy. Non pour un rapprochement douteux entre la situation de ce Premier Ministre suicidé et d'une libérée médiatisée, mais parce que cette phrase est l'exemple parfait d'une période cicéronienne, que son rythme berce mes oreilles depuis le 4 mai 1993, et qu'en plus elle recèle dans la figure de style des "chiens" une citation déguisé de l'évangile de Matthieu : "Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, et, se tournant contre vous, ne vous déchirent"

4. Le vendredi 26 juin 2009 à 22:55 par Androm

Alliance est "choqué". Quand ça ne concerne pas des policiers, sont-ils plus ou moins choqués .

5. Le vendredi 26 juin 2009 à 22:57 par Personne

« a été remise en liberté ..., a-t-on appris de source judiciaire. » AP

On peut reprocher aux journalistes d'en avoir parlé, mais ils ne faut oublier ceux qui l'ont jeté aux chiens.

6. Le vendredi 26 juin 2009 à 22:58 par Neville

j'ai été un peu surpris : je pensais que le lien "procès fait à un cadavre" renverrait plutôt vers le procès en Chambre des Pairs du Duc de Choiseul-Praslin, en 1847.

Sinon, je trouve que le jeu de mots de votre titre est un peu tiré par les cheveux, quand même ! (j'en fais moi-même parfois d'excécrables, je sais de quoi je parle )

7. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:12 par marsan

le vieux jap que je suis aime à entendre votre musique. Je suis assez d'avis que rien n'est plus beau que l'ordinaire de la vie, sentir les parfums de la vie, entendre le bruit du vent dans les arbres, marcher paisiblement dans les Pyrénées ... toutes choses que l'emprisonnement confisque au condamné.

Parce que la plus part de ceux qui me lise imagine que l'emprisonnement n'est que la confiscation de la liberté ; mais c'est aussi la confiscation de l'intimité, de l'amour, du travail et la confiscation de tout ce qui fait l'ordinaire de la vie, et ces confiscations de la vie qui doivent être si terrible quand on est si jeune.

C'était vrai pour elle mais c'est sans doute pire pour tout ceux à qui l'on a rien d'autre à reprocher que d'être des étrangers en situation irrégulières, qui n'ont commis d'autres crimes que de vouloir vivre comme nous, Ces africains, ces asiatiques que l'occident ne veux plus voir, ceux que le président montre du doigt parce qu'ils viennent manger le pain des français...

Et puis les chiens, à quoi bon en parler. Commençons donc par ne plus les lire ou les écouter, ou plutôt ne plus les écouter et les lire rarement, ce que je fais depuis quelques temps et qui me va très bien.

Allez bon week end

8. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:14 par PEB

Il est inutile de rajouter à l'infamie. Acconrdons à tout le monde un peu de discrétion et de dignité. Pour le reste, si elle vit sa vie aussi paisiblement que possible, ce sera très bien. Justice a été faite, laissons place à la bonté. C'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion. (Lc 15, 7b)

A méditer ce morceau choisi du dernier des Sanson:

Six siècles d'expérience sur le sol de notre France, depuis les ordonnances de 1272 jusqu'au code de 1832, ont démontré que le résultat espéré de la mutilation, c'est-à-dire l'amélioration du coupable par le désir d'effacer la marque indélébile de son infamie, est une chimère aussi vaine que dangereuse... dangereuse sans doute, car la mutilation ne rejetait pas seulement de la société le coupable en le signalant au mépris public, elle le mettait encore hors de l'humanité. Marqué d'un signe indélébile, celui qui n'était peut-être qu'égaré devenait un monstre dont la responsabilité diminuait avec les organes d'activité dont on l'avait privé. La société pouvait-elle commander de marcher à celui qu'elle venait de rendre impotent? Aussi cruelle qu'injuste, pouvait-elle exiger le travail de celui qu'elle avait privé de ses bras ou de ses yeux?

Autrefois, en France, on marquait le coupable d'une fleur de lis sur une partie de son corps. Dans la suite on l'a marqué d'un V sur l'épaule s'il avait été condamné pour vol, ou des lettres GAL quand il avait été condamné aux galères. Plus tard encore on y substitua les lettres TF (travaux forcés). Sur la place publique, le coupable, les épaules nues, recevait un instant sur la peau le fer que le bourreau avait fait rougir. Peut-être est-ce à cette fatale et éternelle empreinte qu'il faut attribuer en partie les maux causés à la société parles forçats libérés. En infligeant à un condamné une marque éternelle, on bannit de son coeur l'espoir de rentrer dans la société et d'y figurer comme citoyen après avoir expié ses fautes. Cette marque insultante, qui le séparait à jamais de ses semblables dont il devenait l'ennemi forcé, a été abolie par la loi du 28 avril 1832.

Sept générations d'exécuteurs, 1688-1847 : mémoires des Sanson. T. 1 / mis en ordre, rédigés et publiés par H. Sanson ancien executeur des hautes oeuvres de la Cour de Paris. Coup d'oeil historique sur les supplices. V La mutilation pp. 69-71 (extraits)

9. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:24 par siro

Des questions, plein de questions: _comment se décide une mise en liberté, est-ce le fait de l'avocat du détenu qui attire l'attention sur les autorités administratives, ou bien est-ce quelqu'un , quelque part qui dit: "celle-là qui passe inaperçue, je l'ai remarquée".

_l'annonce sur une grande chaine nationale , avec images a l'appui , pour parler d'une sortie discrète, c'était cocasse en soi, mais il m'a semblé que les images étaient récentes, avec elle , encadrée par deux costauds et entrant dans une salle d'audience. C'est donc public, avec autorisation de filmer.

Je m'interroge donc sur la cohérence de ceci. (mais je le répète, sans doute n'ai-je pas fait attention et il s'agissait d'images d'archives)

Votre billet est plutôt fin (Même si j'en ai lu un meilleur il y a 15 ou 17 ans , qui date de son arrestation, dans le canard, je m'en souviens encore , c'est vous dire).

Bonne soirée a tous.

10. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:25 par Arthénice

Un très beau texte, encore une fois.

11. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:26 par Un meskeskidit

Dans ce cas, l'affaire fait vendre, du coup la presse s'en saisit. Mais récemment le problème c'est posé de manière plus large pour des affaires moins "sensationnelles" suite à l'obligation de publication sur un site internet et la question d'une des personnes condamnées qui potentiellement se retrouve à jamais marqué sur internet. (Une simple recherche sur son nom dans un moteur de recherche permettra(it) de retrouver qu'il fut condamné) Un de vos collègues a fait une petite analyse dans un jargon accessible pour un meskeskidit comme moi: http://canardpc.com/news-36702-oubli_or_not_oubli__.html

L'internet est finalement pire que la presse "papier" (le fait que la presse soit en ligne est un sous problème de l'internet). L'information y demeure accessible facilement et potentiellement sans limite dans le temps.

12. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:34 par Solutre

J'avoue de pas voir l'intérêt de crier au loup, alors même qu'à l'exception, peut-être, des syndicalistes bas du front d'Alliance, personne ne hurle au scandale ni ne manifeste sous les fenêtres du Palais en dressant une guillotine.

Sinon pour faire un joli billet, peut-être.

13. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:38 par jijin

En France, semble t il, on confonds à dessein les personnes et leurs actes (ou tout autre chose qui colle) : ainsi mr dupont, sorti de l'ENA, est un Enarque, Mr Roger, un Marseillais qui vit à Lille et ne regarde pas le foot, et Durand, un assassin dont aura toujours plus peur qu'il nous vole qu'il nous tua...

Et si c'est eux, ce n'est pas moi.

14. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:41 par panouf

@ un mékeskidit: oui maisq est-ce que tu vas voir les fichiers des personnes que tu connais sur internet. Ceal dit ça peut devenir un outil de Big Brother.

Sinon, merci maitre pour ce billet plein d'hmanité (où je suis sur que votre religion compte pour une bone part).

Sub lege libertas:
Merci pour lui, mais ce cher eolas n'est pas l'auteur de ce texte. Ce n'est que moi, son commensal Sub lege libertas, magistrat et de surcroit dans un Parquet. Quant à ma religion, je partage avec le Maître de ces lieux la même. Reste que ma foi ne sera discutée qu'avec mon confesseur.

Tout à fait d'accord avec vous, mais il y a un point qui mérite d'etre souligné: dans cette histoire de mise au ban sociale, nous sommes tous un peu coupable!! D'oser écouter ce qui ne nous regarde pas et aussi de ne pas protester contre cet volonté de sensationnel au mépris des personnes des médias.

15. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:52 par Fantômette

Maison d'arrêt.

J'attends sur un banc que nous soyons appelés, mon client et moi-même, pour un débat contradictoire devant le juge d'application des peines. Le débat se fera en prison, pour éviter d'avoir à organiser l'extraction qui permettrait à l'audience de se tenir au tribunal, qui n'est pourtant pas loin.

La salle d'audience est juste à côté du greffe judiciaire - séparée par une porte et une grille tout de même - faire plus de quelques pas sans avoir à demander la permission d'en faire quelques uns de plus est un luxe que personne ne peut s'offrir en ces lieux.

Dans une cellule que j'aperçois d'où je suis assise, je vois les détenus convoqués à l'audience. Certains pour une demande d'aménagement de peines. D'autres pour de possibles (voire probables) révocations de sursis.

Un détenu arrive au greffe, et parle bas. On lui tend un grand sac plastique, rempli d'affaires.

C'est une levée d'écrou. Celui-là, qui parle bas, et marche doucement vers la grille, attend que toutes les portes s'ouvrent.

C'est pour bientôt maintenant.

Je le vois attendre avec patience, le papier qu'il doit signer, l'ouverture de la grille qui le sépare de l'endroit où j'attends. Il arrive avec son sac, et le surveillant qui l'a suivi lui indique d'un geste une cellule qui fait face à mon banc, mais le détenu demande poliment - il dit : "alleeeez. S'il vous plait, chef. S'il vous plait. J'vous promets que si je vois xxx arriver, je rentre dans la cellule. Promis. Je sais comment ça s'passe. S'il vous plait. Je peux attendre ici ?" Le surveillant hausse les épaules, et n'insiste pas.

Le détenu, qui ne l'est presque plus, demande s'il peut s'asseoir sur le banc, et je me décale un peu pour lui faire de la place.

Il a posé son sac, pas très loin. Il ne dit rien, mais j'entends son soupir, et je me dis qu'il doit avoir hâte de sortir. Que les minutes qui passent, qui ne font que m'ennuyer, car du travail m'attend, doivent lui sembler une petite éternité.

Qu'il pense peut-être au moment où il est entré en détention, ici, ou ailleurs. Au moment où la porte s'était refermée sur lui. Au moment où il a entendu le délibéré et compris qu'il n'y couperait pas. Les visites peut-être. Celles qu'on n'attend. Celles qu'on n'attend plus. Les courriers. Les bonnes nouvelles peut-être, je lui souhaite. Mais les mauvaises aussi, sûrement.

Qu'il pense peut-être à ce qu'il va faire tout à l'heure, là, presque tout de suite. Cet après-midi. Il va sortir. Je pourrais lui dire, peut-être le sait-il déjà, que la météo annonçait du beau temps pour l'après-midi. Peut-être une ondée en fin de journée. Va t-il aller retrouver quelqu'un, une amie, un enfant, un parent ? Sera t-il seul ? Se dit-il : "j'irai bien me faire un ciné, cet aprèm'. Ou un macdo ? C'que j'veux. J'verrai bien."

La porte de la salle d'audience s'ouvre, mon client est appelé.

Lorsque je sors, celui-là qui ne disait rien, qui attendait à côté de moi, n'attend plus. Il est parti déjà.

16. Le vendredi 26 juin 2009 à 23:59 par x

Oublier, pardonner ou accepter. Certains n’y arrivent pas…

(D’ailleurs, pourriez-vous oublier l’affreux et fautif accent circonflexe sur le verbe « faites ». On vous pardonnera.)

Sub lege libertas:
Je suis arrivé au faîte de mon erreur...
correction faite !

17. Le samedi 27 juin 2009 à 00:29 par didier specq

Si j'ai bien compris, ce fut une détenue exemplaire. Jamais un problème avec les surveillants, études, participation aux humbles tâches de la prison, etc.

Mais, comme elle avait participé très directement à la mort de deux policiers, elle a purgé (à l'exception des réductions de peine automatiques) rigoureusement les 15 années de réclusion (sur les 20 "obtenues" aux assises). A part ça, pas un seul jour de moins... Bref, Me Leclerc avait raison quand il proclamait, dans sa plaidoirie, qu'en 49 années de robe, il n'avait jamais vu un meurtrier de policier effectuer un jour de moins...

Le scrupuleux respect de cette règle non écrite interroge.

Sub lege libertas:
Bientôt une grande enquête dans Nord Eclair ?
Ti fache pôs min 'tiot, cha resto min journo préféré.

En revanche, que la presse parle de cette libération ne me choque pas beaucoup. Evidemment, les actes qu'elle a commis, elle les a commis à peine majeure. Evidemment, les actes de cette jeune femme ont été commis sous influence. D'abord, celle de son amoureux. Ensuite aussi sous l'influence de ce romantisme pseudo-révolutionnaire qui permet à certains abrutis de dire n'importe quoi sur les "flics" et, d'une certaine façon, d'autoriser n'importe quoi.

Mais cette jeune femme sous influence n'est pas une malade mentale au moment où la dérive fatale surgit. La rançon de l'extrème liberté c'est aussi l'extrème responsabilité.

Dans ce cas, lorsqu'elle sort, il est inévitable que la presse en parle. Mieux: toute sa vie, à un moment ou un autre, on lui rappelera. J'espère que, comme nous tous finalement, elle se débrouillera au mieux avec sa vie hors les murs. Mais l'absolu anonymat, ça me semble difficile.

18. Le samedi 27 juin 2009 à 00:36 par un mékeskidit

@ panouf

Si ce n'est pas moi, cela peut être un voisin, un collègue, un client, un patron. Bref il suffit de quelques uns pour que tout le monde soit au courant.

19. Le samedi 27 juin 2009 à 02:05 par siro

A D.Speck: <<La rançon de l'extrême liberté c'est aussi l'extrême responsabilité.>> J'ai un peu de mal avec cette phrase, peut être le fait qu'elle sonne comme une condamnation; ou bien cette femme sort maintenant et c'est discutable moralement et tout en même temps, sa libération est une manifestation d'être en règle avec la société puisque ayant payée sa dette juridique. Je m'interroge sur le fait que ce soit de cette sortie anticipée , particulièrement, que la presse rende compte, il y a certainement une pléthore de personnes qui sortent de la même façon , mais la presse a choisi de la montrer, elle, son visage avec pour conséquence d'offrir une figure identifiable, actualisée, comme si la dette est éternelle et se nommerait sacrilège. La démarche de la presse s'est teintée de religiosité, c'est a dire qu'avec, et le rappel des fautes passées et sa libération, en insistant sur son anticipation, de faire de ces années non purgées un motif raisonnable d'avertir la communauté sur laquelle une menace, sérieuse de plusieurs vies ôtées, est encore possible et mérite donc une surveillance. Clairement la presse n'a pas respecté le rôle de la justice en n'accordant pas quitus à cette femme en la condamnant a une reconnaissance éternelle. Elle aura un énorme travail d'adaptation a faire , et la communauté aussi. A suivre, ou pas.

20. Le samedi 27 juin 2009 à 02:15 par Seb30

Bravo pour ce billet.

21. Le samedi 27 juin 2009 à 02:18 par Remy

Il en faut peu pour réveiller la Bête.

Je viens de découvrir sur Facebook un groupe dont le nom est - je m'excuse d'avance - "Pour suspendre les pédophiles par les couilles". Ce propos aussi barbare que stupide, on doit bien l'entendre 2 000 fois dans une vie, il en faut plus pour me surprendre bien malheureusement. Je n'ai réellement été choqué que lorsque j'ai vu combien de personnes avaient rejoint ce groupe : presque 600 000 ! Six cent mille personnes, a première vue francophones et françaises, veulent "pendre les pédophiles par les couilles", 20% du nombre total des individus français inscrits sur Facebook !

On a le choix entre le mépris, la colère et le dégoût, comme à chaque fois qu'un fait divers monstrueux ou que son souvenir, comme aujourd'hui, viennent réveiller les pires instincts humains, le goût du sang et de la vengeance contre lesquels la Justice, qui porte parfois bien son nom, s'est bâtie.

Quand l'actualité en fournit le prétexte, c'est à dire tous les jours si certains le souhaitent, ces instincts sauvages s'expriment sur facebook, au comptoirs des cafés, mais aussi dans les micro-trottoirs des journaux télévisés, dans certains éditoriaux de presse voire même parfois au sommet du pouvoir. Alors, quand ceux-là même que nous avons chargés de protéger notre liberté préfèrent leur intérêt à leur honneur et décident de se joindre à la meute et d'hurler avec les loups, la République n'a plus de raison d'être. Elle meurt à la seconde où elle oublie qu'elle a été faite pour remplacer le lynchage par une justice qui ne peut être que la même pour tous. Pas seulement pour les victimes. Pour les accusés présumés innocents, pour les coupables emprisonnés, pour ceux qui ont fait leur peine et ont droit comme cette jeune femme aujourd'hui à la tranquillité. A tous, de manière égale, aux pires comme aux meilleurs peu importe, la justice doit être rendue.

Lorsqu'Olivier Guichard, garde des sceaux que l'Histoire a dans sa grande sagesse condamné a l'oubli, déclarait publiquement avant la tenue du procès de Patrick Dills qu'il espérait que ce dernier serait décapité et frottait en bon politique la Bête dans le sens du poil, il se déshonorait et déshonorait la République qu'il était censé servir. Un avocat qui commençait à faire parler de lui allait seul contre tous lui sauver sa tête, littéralement, au monstre Henry. Dans le respect des règles de son art : par un plaidoyer, quand dehors la foule hurlait et réclamait la tête du tueur d'enfant. Quatre ans plus tard la peine capitale était abolie par ce même avocat devenu ministre de la Justice, Robert Badinter.

Lorsque Nicolas Sarkozy faisait dire à Rachida Dati qu'elle était la ministre des victimes au mépris de tous ceux qui n'en sont pas et ont eux aussi droit à la justice, il déshonorait sa fonction et le peuple qu'il est censé servir, en préférant lui aussi le caresser dans le bon sens, celui qui fait aboyer.

En espérant que l'Histoire, dans sa grande sagesse, se renouvelle...

22. Le samedi 27 juin 2009 à 02:20 par Remy

@ moi-meme : Patrick Henry et pas Dills. Comme quoi...

23. Le samedi 27 juin 2009 à 02:24 par Solo

J'ai toujours savouré les précieuses ridicules d'internet, et ce texte est un beau morceau, bravo.

Eolas:
N'oubliez pas le Misanthrope, cher Alceste.

24. Le samedi 27 juin 2009 à 02:40 par megastef

Très jolie figure de style dans le titre. Les pros de la grammaire pourront nous en rappeler le nom, qui jusqu'ici m'échappe...

Sub lege libertas:
une quasi homophonie... kakemphaton volontaire...

25. Le samedi 27 juin 2009 à 04:08 par Esurnir

@Fantômette: Ça aurait mérité un billet...

26. Le samedi 27 juin 2009 à 05:18 par Antoine

@ Ersunir
Au contraire, ce récit est approprié à ce billet je trouve.

@ Sub Lege Libertas
C'est un très beau billet, merci.

27. Le samedi 27 juin 2009 à 08:00 par Véronique

@ Sub Lege Libertas

Je ne partage pas - pour une fois - la teneur générale de votre billet.

Où est la foule hurlante ? Où trépigne-t-elle de l'indignation que vous lui prêtez dans votre billet ? Dans les faits, dans les rues, comment se traduit cette volonté, selon vous, de jeter aux chiens le déshonneur lavé d’une femme?

Toujours, tout le temps, ici, ce fantasme d'une société rendue obscène et folle à l'idée d'une d'un fait divers ou un d'une libération.

La presse a mentionné la libération d'une jeune femme.

Un fait divers dépasse parfois, et même des années et des années après le ou les protagonistes. Ils deviennent des maudits ou... des icônes. Ou les deux mélangés. C'est selon.

Un commentateur a évoqué Patrick Henry.

Ne croyez-vous, à l'inverse, que quand certains ont sur-investi PH comme un symbole de la réinsertion qu'il ne l'ont pas instrumentalisé et qu'ils contribué peut-être indirectement à sa rechute?

Sub lege libertas:
Pour le "sur-investissement" sur Patrick Henry, c'est évident et ses avocats l'avaient (pré)dit et même temps qu'à raison de la difficulté d'obtenir une conditionnelle, cela conduisait à la médiatisation de son cas. Mais il y a une différence fondammentale avec la libérée évoquée dans ce billet : Patrick Henri, condamné à la peine perpétuelle, n'était pas un déténu ayant fini de purger sa peine. Un libéré en conditionnelle reste un condamné en exécution de peine... Or la jeune femme libérée évoquée dans mon billet est sortie à la fin de sa peine. Et je l'ai rappelé, elle n'a bénéficié d'aucune grâce, mais strictement des seules réductions de peine "mécaniques". Ce n'est ni une liberation anticipée, ni une conditionnelle.

La société, dans son ensemble, est suffisamment mature, adulte et apte à considérer sainement et sereinement une libération comme une étape nouvelle et souhaitable dans le parcours de vie d'une personne condamnée, même très lourdement.

Ce n'est pas en raison de commentaires dans les medias qui, selon la ligne éditorial du journal peuvent être hostiles, voire très hostiles, pour certains , compréhensifs, voire très compréhensifs, pour d'autres, qu'il faut en déduire des généralités - à mon sens excessives dans votre billet -sur la façon dont la société, dans la réalité et dans sa profondeur, appréhende une libération.

28. Le samedi 27 juin 2009 à 08:39 par marsan

le condamné qui sort a payé - le premier devoir que la société lui doit c'est le droit à l'oubli -

la justice elle ne l 'oubliera pas qui gardera dans sa mémoire à Nantes le résumé de ses condamnations, résumé que l'on ressortira à la première bêtise qui suivra la libération, si bêtise il y a. Et puis peut être que le ou la condamné sortira, comme c'est de + en + souvent le cas, avec un aménagement de peine. La justice continuera encore son oeuvre quelques temps, le temps d'une libération conditionnelle notamment bien que cette mesure soit chichement distribuée par les Jap. Il faut dire que ce n'est pas un métier de tout repos.

Malheureusement dans notre monde moderne, le droit à l'oubli n'existe plus. Répertorié, enregistré, fiché un peu partout, à la première incartade les chiens vous resserviront le plat. Certains anciens condamnés on eu beaucoup de mal à retrouver une vie "normale" alors que la meute campé sous leur porte

Non véronique, je ne crois pas que la société soit si mature que ça avec les faits divers. Certain ont su s'en servir lors de la dernière campagne présidentielle pour rafler le vote de nos plus anciens.

Tout n'est pas blanc mais rien n'est noir. La nuit tous les chats sont gris.

29. Le samedi 27 juin 2009 à 08:59 par noel

@marsan Dieu que vous avez raison!

30. Le samedi 27 juin 2009 à 09:20 par ivan kann

une vie ordinaire ? si je ne parle pas des cauchemars qui hantent sans doute certaines nuits je parlerai des multiples arrestations qu'elle va subir car ici ou là un crime sera commis et pourquoi pas elle ? de la garde à vue à foison c'est le risque. une pression invisible car personne ne sera choqué, sauf dans son entourage.

31. Le samedi 27 juin 2009 à 09:27 par Véronique

@ marsan

Certains anciens condamnés on eu beaucoup de mal à retrouver une vie "normale" alors que la meute campé sous leur porte

Etait-il si opportun, par exemple, que certain libéré symbolique accorde une interview à Paris-Match avec en prime, leur accord pour leur photographie en couverture ?

Sub lege libertas:
Il y a une différence essentielle entre celui qui souhaite communiquer sur sa libération - c'est sa liberté d'expression avec les limites que la loi fixe - et celui (celle) qui voit sa libération médiatisée alors qu'elle n'a rien souhaité. Pour mémoire, Henri Leclerc avocat de la libérée évoquée dans mon billet avait plaidé combien sa cliente déjà lors de son procès refusait de devenir une héroïne, même négative...

Certains ont su s'en servir lors de la dernière campagne présidentielle pour rafler le vote de nos plus anciens.

Certains, aussi, ont su se servir de la soi-disante médiatisation excessive, donc du présupposé de la foule hurlante , six mois, neuf mois, deux ans après des suspicions du pire étalées en ouverture du 20 heures pour motiver et justifier des décisions de maintien en détention provisoire.

Reportez-vous aux post de Didier Specq - salut Didier! -confirmant ici qu'en fait de foule hurlante au moment de l'affaire d'Outreau prenant d'assaut et d'indignation le tribunal, ben cette foule hurlante n'avait en réalité existé surtout que dans la tête de la Chancellerie d'alors, dans ses relais médiatiques et associatifs et dans la tête des magistrats.

32. Le samedi 27 juin 2009 à 10:06 par Hélène

N'est-il pas injuste de condamner la presse plutôt que ses lecteurs (cf billet de Rémy) car, après tout, la presse (comme les politiques) se soucie de vendre sa marchandise. Non d'information pour la première ni de gouverner honorablement pour les seconds. On peut déplorer la nature humaine mais elle ne changera pas sinon (et très peu) par l'éducation et, là, je n'entends aucune voix s'éléver (sinon dans la pagaille) pour que les enfants, sachent lire, écrire et... penser. Il est vrai que, s'ils pensaient, ils risqueraient de ne pas élire les mêmes :( Désolée de cette pointe d'humeur à moitié hors sujet mais...

Sub lege libertas:
les "chiens" de la fameuse phrase que je détourne sont effectivement plutôt ceux qui se repaissent de ce genre d'information - ce qui n'exclut pas radicalement ceux qui l'exploitent. Je ne vois pas a priori d'inconvénient à ce qu'un journaliste veuille faire un papier sur un(e) libéré(e) pour parler par exemple des conditions ou des difficultés de la réinsertion. Je ne m'offusquerai pas que ce journaliste cherche à rencontrer le (la) libéré(e) ne serait-ce que pour savoir si la rupture de son anonymat l'handicaperait pas... Et bien sûr le témoignage volontaire de libérés est une source d'information...

33. Le samedi 27 juin 2009 à 10:07 par salah

Philippe Maurice est devenu historien spécialiste du moyen âge et participant actif pour ‎l’abolition de la peine de mort dans le monde .Lorsqu’il a été condamné lui-même à cette ‎peine ,Giscard D’Estaing avait refusé de le gracier . Qui aurait dit qu’en allant déposer son ‎bulletin de vote dans l’urne un certain 10 mai 1981, chaque citoyen choisissait également ‎entre l’exécution d’une décision de justice de condamnation à mort de PM ,décision ‎prononcée au nom du peuple Français ou renoncer à se porter caution à la main qui devait ‎appuyer sur la gâchette ? Qui aurait dit en 1943 lorsque Marie-Louise Giraud et Désiré Pioge ‎guillotinées pour avoir pratiqué des avortements ,que 40 ans après ,l’avortement allait devenir ‎remboursé par la sécurité sociale ? Les brimades et les découragements pour se reprendre ‎qu’il a connus en prison, Philippe Maurice en a longuement parlé et il en a même fait un livre. Aujourd'hui on est presque à s’étonner ‎quand l’univers carcéral qui fait de ceux qui accomplissent une peine de privation de liberté et qui en fait des victmes ne garantit pas des monstres à la sortie.‎

34. Le samedi 27 juin 2009 à 10:14 par Billevesée

@ siro: vous parlez de religiosité (quel vilain néologisme ! ); je ne vois pas ce que la religion (sans doute pensez-vous au christianisme ) vient faire là. Je vous rappelle une phrase de la principale prière catholique: "pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés"...

Par ailleurs, je partage votre point de vue concernant les dizaines ( ? ) de gens qui ont tué et sortent néanmoins des prisons chaque année après avoir purgé leur peine; heureusement que la presse ne nous signale pas cela à chaque fois.

Sub lege libertas:
"et sortent néanmoins des prisons chaque année après avoir purgé leur peine" : néanmoins vous ne voudriez tout de même pas qu'on les gardât détenus "après avoir purgé leur peine" ? et je ne vous parle pas de ceux qui n'ont même pas tué et qui sont des centaines toutes les semaines à sortir néanmoins.

35. Le samedi 27 juin 2009 à 10:44 par justiciable

elle a purgé sa peine. point barre. pour le reste N'en faites pas une icone, elle a justemment le droit a ce qu'on l'oublie. à force de crier au loup .....

Dit autrement tant qu'en on reparle pas plus pas la peine justement de remettre le couvert. et puis pas besoin d'être jap pour connaitre ou imaginer l'horreur de la prison il suffit pour ca d'un peu d'imagination.

( charles trenet c'est quand même mieux que Cookie Dingler , non ?)

Sub lege libertas:
Mais qui est Charles Trenet ?

Belle journée en liberté .

36. Le samedi 27 juin 2009 à 10:54 par Véronique

Je comprends fort bien le souhait exprimé par un libéré ou une libérée que le fait divers ou sa libération ne soit pas médiatisée ou sans cesse médiatisée. Je comprends fort bien aussi l'argument du droit à l'oubli.

Pour ce que j'ai lu dans la presse à propos de la libération que vous évoquez, je ne pense pas que les articles - je parle bien des articles - étaient surexcités dans leurs mots et dans leur ton comme votre billet pourrait le laisser entendre. Et je ne vois pas où vous voyez la jeune femme livrée aux chiens, sous entendu de l'opinion.

Après, il faut aussi considérer qu'un fait divers, qu'on le regrette ou pas, qu'on le veuille ou non, peut appartenir à une histoire collective.

Très compliqué par exemple d'évoquer l'abolition de la peine de mort en taisant les noms de Buffet et de Bontemps ou de Patrick Henry.

Il y a des faits divers qui sont des marqueurs d'une histoire collective.

Cela ne signifie pas que la société, l'opinion, ce que vous voulez, soit d'emblée dans un état d'excitation, de haine et de totale incompréhension face à une libération.

Quand Emmanuel Carrère écrit L'Adversaire, il médiatise à sa façon - au sens peut-être le plus juste du terme, et avec un très grand talent d'écrivain - un fait divers.

37. Le samedi 27 juin 2009 à 11:13 par Giudice

Très beau billet, porteur d'un très beau message. Je suis convaincu que l'atteinte à la dignité faite par les médias aux personnes condamnées par la justice en matière pénale devrait à tout le moins permettre de diminuer la durée de la réclusion.

C'est une peine en soi que d'être exposé ainsi, pour une raison au moins: cela rend presque nul tout espoir de réinsertion. Mais je crois que les avocats pénalistes ne m'ont pas attendu pour arguer de ce fait devant les juges, a fortiori quand il s'agit d'une personne connue à l'origine. L'atteinte faite à son image est irréversible, et je ne crois pas qu'un crime qui mérite 10 ans de prison tout au plus doive conduire à une condamnation à vie à ne pas retrouver son honneur.

Le débat n'est cependant pas clos, cher Sub Lege. La loi dispose qu'on va en prison tant de temps pour tel crime, mais elle ne dit rien, et c'est tant mieux, de ce que les gens peuvent penser du crime et de sa peine. Faire de la prison, fut-ce 35 ans, devrait-il effacer à jamais des mémoires des autres le criminel qu'on a été?

38. Le samedi 27 juin 2009 à 11:53 par Billevesée

@ sub lege libertas: mon "néanmoins" est soit maladroit, soit mal compris. Je le retire (mais il constatait simplement un fait). Je me réjouis de leur libération.

Au fait, votre pseudonyme a été traduit de plusieurs façons ici même. Personnellement, je choisis "soumis à la loi, donc libre".

39. Le samedi 27 juin 2009 à 12:12 par Terence

@ Sub lege libertas

Oui, évidemment, il faut lui souhaiter de bien vivre ce quotidien de la vie ordinaire, mais, Sub, les réjouissances d'une libérations n'appartiennent-elles pas à la seule famille de Madame Rey.

Pour quelle raison autre intervenir, comme Homme de justice, dans l'espace public, quand il s'agit de célébrer une libération ? Vous parlez certes des victimes, mais on sent bien que c'est là par obligation, et que le sujet essentiel, c'est la libération de cette jeune femme.

Soit vous êtes de sa famille - ou du cercle amical proche - et il faut le préciser, et alors intervenir ici comme Homme de justice est votre seul erreur, soit c'est du romantisme à 2€50.

Sub lege libertas:
Si la libérée était ma soeur ou une amie, pourquoi m'en cacher ? Remarquez si en plus elle avait un frère proc' alors là c'est plus de l'info, c'est du sensass !
Quant au tarif de mon romantisme, il s'élève à 0,95 euro... c'est vous dire.

Pour ma part, je crois à ce droit à l'oubli, au fait que quand l'on sort de prison, c'est un droit inaliénable pour celui qui a purgé sa peine de ne pas être ramené sans cesse à celle-ci. Ce point ne sera jamais discutable.

Sub lege libertas:
Ai-je dit autre chose ? Ce billet ne révèle que mon agacement à la médiatisation de cette libération intervenue qui plus est il y a plus d'un mois de sorte que cette médiatisation ne relève pas de l'actualité. Et de grâce, ne me faite pas croire que vous l'avez appris en me lisant !

Et c'est même un devoir pour ceux qui sont du côté des outils médiatiques de ne pas, à l'avenir, parler de cette jeune femme par le seul filtre de cette histoire judiciaire.

Avocats, magistrats - et quand bien même il s'agirait d'affaires nous concernant au titre de nos fonctions - il ne me semble pas que cela fasse parti de notre rôle que de célébrer dans l'espace public la sortie d'un détenu.

C'est là en revanche, il me semble, du romantisme à 2€50. Madame Rey n'a pas besoin de votre compassion, mais de trouver rapidement un emploi, et d'être soutenue toujours et encore par ses proches. La laisser libre, c'est aussi ne pas se saisir de son histoire pour jouer le grand humaniste affecté par le sort de Florence Rey.

Au final, la laisser tranquille, et totalement, participe de cette libération véritable. Méfions nous de ceux qui nous veulent du bien avec insistance.

Alors, une pensée pour les quatre personnes abattus (trois policiers et un chauffeur de taxi), et tout le bonheur du monde pour cette jeune femme qui a payé sa dette et en est définitivement lavée.

ps : et n'ayez pas le ridicule de m'expliquer que je suis le seul de nous deux à révéler son identité, des femmes de 34 ans ayant fait 15 ans de réclusion criminelle et libérée dernièrement, il y en a tant que cela ?

40. Le samedi 27 juin 2009 à 12:31 par villiv

"double manquement de ses accusateurs rémanents aux lois fondamentales de notre République"

le droit à l'oubli par exemple?

autant il existe pour la répression des faits "délictueux" (contraventions, délits, crimes), qu'on ne peut plus juger, ou en tout cas condamner juridiquement, après écoulement de la prescription...

autant rien ne couvre les sanctions... enfin si, la prescription des peines, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici

donc si l'on s'en tient au rôle premier qui, si mes souvenirs sont bons, est assigné à l'emprisonnement, (à savoir la réinsertion), je crois qu'on ne peut qu'espérer ici qu'il joue pleinement...

et je me dois de vous rejoindre sur votre belle conclusion

en y ajoutant : Merci pour ce billet !

41. Le samedi 27 juin 2009 à 12:35 par Véronique

Et pour ceux que le sujet du billet intéresse et touche ce grand roman et sa très sensible évocation: ''Liberté conditionnelle'' de Akira YOSHIMURA (Actes Sud)

42. Le samedi 27 juin 2009 à 12:50 par siro

a billevesée: j'aurai peut être du dire religion plutôt que religiosité. La religion dans le sens de" ce qui relie les hommes", ce qui fait qu'on indique son chemin a quelqu'un qui vous le demande très spontanément, enfin un sentiment d'humanité qui nous contient en communauté supposée en quelque sorte. Et ce crédit, la presse , et par elle sans doute la voix populaire, est refusée a cette femme car elle est soupçonnée d'avoir un rapport a la vie qui est cassé. D'ou sa mise en garde par cette diffusion d'information. (Edmond Dantès invite des relations a assister a la mise a mort publique d'un homme, sur un balcon offrant une belle vue sur la place, durant le cours de l'exécution , il rit énormement.)

ps: il n'y a pas de christianisme dans mes propos précédents

43. Le samedi 27 juin 2009 à 12:58 par Véronique

Ce billet ne révèle que mon agacement à la médiatisation de cette libération intervenue qui plus est il y a plus d'un mois de sorte que cette médiatisation ne relève pas de l'actualité. (Sub lege libertas à Terence)

Nous pouvos aussi considérer que cette période d'un mois passé entre la libération et la médiatisation a aussi servi à tempérer les possibles dégâts peut-être -rien n'est moins sûr -provoqués par une médiatisation live.

J'y vois au contraire ue forme de mise à distance des ou par les medias.

Je ne comprends pas le fait que dans votre esprit, cette libération devait passer inaperçue. Je pense que cela n'est simplement pas possible.

44. Le samedi 27 juin 2009 à 13:36 par Solo

@Sub "Et de grâce, ne me faite pas croire que vous l'avez appris en me lisant !" (et pourtant) Je me souviens du sensationnalisme de la presse à l'époque, comparant les jeunes (synonyme de primo-délinquants aujourd'hui) au couple de tueurs du film d'Oliver Stone sorti la même année. Que ceux qui ne voient pas de quoi je parle, entendent seulement de qui je parle.

Billet dans le registre de l'émotion. Déplorer que la vie n'est pas facile pour une personne fraîchement libérée de prison, honnêtement... On s'en doute. Comme pour ceux qui vont y entrer. Si l'on rapporte le temps de prison effectué par rapport au crime commis, la société n'est pas si dure que ça, en fin de compte. Il aurait été utile de citer quelques articles pour illustrer la cabale. Il y a d'autres combats.

45. Le samedi 27 juin 2009 à 13:40 par Terence

@ Sub # 39

Je concède une mauvaise interprétation de vos propos : toutes mes excuses sur ce point.

Tout à fait d'accord avec vous sur la médiatisation, mais c'est là clairement un pouvoir qui entend ne pas avoir de contre-pouvoirs. J'avais pour ma part apprécié la colère de Mitterrand et la justesse de ses propos. Un lieu ou un seul peut avoir tous les droits est un lieu ou il n'y a pas de droit.

Il faudra bien un jour que la presse, au-delà de constats qu'elle fait et accepte - du bout des lèvres tout de même et après des scandales répétés - sur l'étendue de ses débordements nombreux dans des affaires judiciaires, passe aux actes et régule et sanctionne, déontologiquement, ses erreurs manifestes (a postériori bien sûr).

Malheureusement, des cliniques Marseillaises, en passant par Dumas, le bagagiste de roissy, et allant jusqu'à Outreau (et tant d'autres encore) , et alors que la Justice tire les leçons de ses erreurs en modifiant la législation, les journalistes, eux, après certes une demi colonne de regrets en page 12, repartent inlassablement à la poursuite du monstre criminel et diabolique. Rien a eu lieu mon bon monsieur.

J'ai pour ma part le souvenir de parents - d'un mineur prévenu - chassés par des objectifs à la sortie du Tribunal dont la chasse m'a laissé un sentiment dégoût à l'encontre de cette presse à l'affût du malheur.

Le pire est que souvent les journalistes expliquent qu'ils défendent, dans notre République, la liberté d'expression ; peut-être faudrait-il leur rappeler, quelques fois, que dans notre République (nous ne sommes pas dans le cadre de la situation du journalisme sous la dictature) c'est la loi qui garantie la liberté d'expression et qu'ils ne font, eux, qu'usage - plus ou moins mal a propos - de celle-ci !

C'est pas gagné...

46. Le samedi 27 juin 2009 à 13:40 par Solo

"Eolas: N'oubliez pas le Misanthrope, cher Alceste. "

Je n'avais pas relevé. Bien vu !

47. Le samedi 27 juin 2009 à 14:23 par Chris

Votre billet, vos billets,me réconcilient avec l'Homo Sapiens... Pour les autres ''pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. C'est avec ne pas faire à autrui ce qu'on ne voudrait pas que l'on vous fasse'', le résidu d'une éducation religieuse de l'enfance.

Sub lege libertas:
Cela pourrait être aussi le souvenir d'une morale kantienne : "Agis d'après une maxime telle que tu puisses toujours vouloir qu'elle soit une loi universelle", ce qui n'est pas antinomique avec les prescriptions religieuses de charité ; encore qu'il pourra être relevé que l'action morale est une fin en soi chez Kant en dehors de toute rétribution (impératif catégorique), alors que l'action morale du chrétien dans une théologie catholique est source du salut de l'âme, par la grâce de Dieu du moins et non par simple intérêt recherché qui priverait l'action d'intention charitable et donc détournerait le coeur de l'homme de l'Amour de Dieu et de l'espérance en sa grâce. Pax vobis cum.

48. Le samedi 27 juin 2009 à 14:41 par Leopold Stotch

Que ceux qui ne voient pas de qui je parle, entendent seulement de quoi je parle. Les autres aussi, merci.

Je faisais partie de ceux qui ne voyaient pas. Mais j'ai eu le réflexe de demander à mon entourage: "connaissez vous une femme de 34 ans libérée récemment après une peine de 15 ans et médiatisée ?"

Laisser libre cours à son humaine curiosité, c'est sans doute être complice de cette atteinte à la dignité et à la liberté.

Par chance, autour de moi, on ne se souvenait que des faits.

Je trouverai ma rédemption en m'abstenant de rechercher plus avant identité et photo de la jeune femme.

49. Le samedi 27 juin 2009 à 14:48 par Gerard

Bon, je dois bien être le seul à ne pas savoir de quoi il s'agit; ça doit venir de ne pas avoir la télévision.

Qu'importe.

Je partage votre malaise devant l'étalage de vieilles histoires qui mettent en cause des personnes libérées. Mais sur ce site consacré au droit, ce mékeskidi aurait apprécié une analyse juridique: au delà de l'indignation, les médias qui font ce genre de 'révélations' commettent ils une faute civile ? Comme les personnalités qui monnaient leur vie privée devant les tribunaux, cette personne pourrait elle espérer toucher des indemnités confortables à la suite d'un procés (elle en aurait bien plus besoin, d'ailleurs) ?

Ce qui me gène dans les lois sur la vie privée telles qu'elles semblent fonctionner dans ce pays, c'est qu'elles apparaissent bien protéger les gens riches et célèbres, mais que les obscurs, les petits, semblent être une proie facile et sans risque pour les requins de la presse. A quand une aide judiciaire spécifique pour protéger le droit à l'oubli des personnes sortant de prison ?

50. Le samedi 27 juin 2009 à 14:54 par Julien

Très bel article et très beau titre : un pied de nez à tous ceux qui auraient souhaité que cette jeune femme reste indéfiniment... à l'ombre.

51. Le samedi 27 juin 2009 à 14:55 par H.F.

Merci pour cette chronique ! Amicalement, H.F.

52. Le samedi 27 juin 2009 à 15:24 par Dadouche

@ Véronique

Je ne comprends pas le fait que dans votre esprit, cette libération devait passer inaperçue. Je pense que cela n'est simplement pas possible.

Et pourquoi pas ?
Un condamné a terminé d'exécuter sa peine. L'écrou est levé. La date en était même, sauf changement législatif sur les quanta de réduction de peine, prévisible dès le prononcé de la condamnation. Où est l'information, la nouveauté ? A part l'indignation d'Alliance devant un événement pourtant inévitable ?
De nombreux faits divers ont fait la une depuis des décades et sont régulièrement remis en lumière par des émissions du type "Faites entrer l'accusé". Je ne me souviens pas avoir vu d'article sur chaque libération, surtout quand elle a lieu en fin de peine (et pourtant certains sont sortis...).
Je crains malheureusement que si cette libération n'est pas passée inaperçue, cela est dû davantage à la qualité des victimes et aux excellentes relations des syndicats de policiers avec la presse qu'à la profondeur de la marque imprimée par ce fait divers sur la mémoire collective française.
Ou comment faire en sorte, quand on n'est pas satisfait d'une décision de justice, de pourrir au maximum la vie du condamné, au delà même de la peine prononcée.

Sub lege libertas:
Et oui, chère collègue, mais que voulez vous, ces c*** de juges laxistes qui... Bon je ne vais pas tomber dans le trivial, j'ai essayé d'élever le débat avec mon petit billet... Merci, d'ailleurs à tous les commentateurs d'avoir suivi ma ligne éditoriale ;-) ...
Merci de me lire et de commenter - je sais ça fait /mode chat/ et to the happy few - en attendant je me repasse vos compil's Mickael et Rachida (playlist comme on dit maintenant) pour tenir ma permanence enfermé dans mon TGI...

53. Le samedi 27 juin 2009 à 15:48 par Thomas More

@ sub lege libertas sous # 3

cette fameuse phrase du discours du Président de la République aux obsèques de Pierre Bérégovoy ... est l'exemple parfait d'une période cicéronienne... et ... recèle dans la figure de style des "chiens" une citation déguisé de l'évangile de Matthieu : "Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, et, se tournant contre vous, ne vous déchirent"

Depuis ce même 4 mai 1993 je me demande si Me MITTERAND n'apportait pas également un contre-point à la formule : presse, "chien de garde de la démocratie" employée par la CEDH (cour plén. Observer & Gurdian c/ UK, 26 novembre 1991, req. n° 13585/88, § 59).

J'indique les dates non pas seulement pour établir l'existence de la formule au moment des obsèques de Pierre BEREGOVOY, mais également pour bien marquer l'antériorité des droits d'auteurs face aux prétentions de certains journalistes assez cabots.

54. Le samedi 27 juin 2009 à 17:35 par Véronique

@ Dadouche

Je crains malheureusement que si cette libération n'est pas passée inaperçue, cela est dû davantage à la qualité des victimes et aux excellentes relations des syndicats de policiers avec la presse qu'à la profondeur de la marque imprimée par ce fait divers sur la mémoire collective française. Ou comment faire en sorte, quand on n'est pas satisfait d'une décision de justice, de pourrir au maximum la vie du condamné, au delà même de la peine prononcée.

En lien les articles du Figaro, Le Monde, Libération.

Où lisez-vous là la traduction des excellentes relations d'Alliance et l'insatisfaction, voire l'indignation de la foule provoquée par cette décision de justice ?

Où lisez-vous là, selon le billet de Sub lege libertas que les fils spirituels de Lombroso veillent ?

Enfin où lisez-vous, toujours selon le billet de qu’on ait jété aux chiens le déshonneur lavé d’une femme et finalement sa vie future au prix d’un double manquement de ses accusateurs rémanents aux lois fondamentales de notre République ?

Sub lege libertas:
Et bien par exemple dans la perfidie que constitue la chute de l'article du Figaro, je cite :
"Et, d'après son avocat, la jeune femme n'aspire aujourd'hui qu'à une seule chose : retomber dans l'anonymat."
On sent que le journaliste est bien entendu torturé de doute éthique vu la pertinence d'information que délivre par ailleurs son article qui ne vise qu'à ressasser les faits avec une jolie photo d'époque... Mais comme on dit chez les journalistes "ce n'était pas notre intention, le lecteur aura rectifié de lui même "

55. Le samedi 27 juin 2009 à 18:07 par jean philippe

Je peux comprendre l'indignation du syndicat Alliance et plus généralement d'une partie des fonctionnaires de police. Mais, il ne faut pas oublier deux choses. La première est que cette femme n'a tué personne. Elle est complice de 4 meurtres horribles mais, ce n'est pas elle qui a tiré les balles mortelles. Même si le code pénal ne fait pas de distinction entre l'auteur et le complice au niveau de la peine, je ne suis pas choqué que dans les faits, le complices soit un peu moins condamné que l'auteur. La seconde chose qu'il ne faut pas oublier est qu'elle n'a jamais été condamnée à perpétuité. Elle avait donc vocation à sortir de prison un jour.

Sub lege libertas:
Merci de le rappeller. Je l'ai déjà écrit plus haut en distiguant de façon essentielle sa situation de celle d'un Patrick Henry qui avait été cité.
Je souligne qu'en droit, un condamné à la peine perpétuelle n'a jamais fini d'éxecuter sa peine même s'il bénéficie d'une libération conditionnelle. Il n'est que provisoirement libre... Donc, malgré les discours de certains excités de la répression, la perpétuité est REELLE. La libération conditionnelle n'est qu'une modalité d'exécution de la peine !

En revanche, je m'interroge sur le fait qu'elle soit libérée au bout de 15 ans. Sur le plan théorique, elle pouvait demander une libération conditionnelle plus tôt. Savez-vous ce qui peut expliquer le fait qu'elle n'ait pas bénéficié de cette liberté conditionnelle ?

Sub lege libertas:
Je l'ai rappelé et son avocat l'avait dit aux jurés : il n'y a pas jamais (ou alors c'est rarisssime et pour des motifs du genre médical, autrement dit pour éviter la mort en prison) de décision favorable à une libération anticipée pour un(e) condamné(e) ayant été déclaré(e) coupable de meurtre ou complicité de meurtre sur des policiers ou des gendarmes.

56. Le samedi 27 juin 2009 à 18:14 par paul2

@ Véronique : dans le titre de l'article du monde par exemple : F. condamnée en 1998 à 20 ans de prison, a été libérée.

où en ne lisant que le titre on a l'impression qu'elle n'aurait effectué que 11 ans.

j'aurais préféré un titre plus exact du style "libérée après 15 ans de prison" voire libérée après avoir purgé sa peine mais là cela n'a plus aucun intérêt...........

57. Le samedi 27 juin 2009 à 18:16 par Bardamu

Beau billet Sub Lege - ainsi qu'à la gracieuse Fantômette.

Drôle d'époque en effet où les réductions de peine sont à l'image de la peine : automatiques. Qu'on regarde les chiffres : condamnée à l'âge de 19 ans à 20 ans de prison, elle en sort 15 ans après à l'âge de 34 ans. Il est des faits divers qui touchent plus que d'autres, celui-ci, par sa simplicité (on libère une complice de meurtres célèbre) est terrifiant - pour la société qui l'a permis, pour la fortune de cette (encore jeune) personne. Je ne suis pas sûr que le silence s'imposât quant à cette information (que vous rapportez tout de même, fût-ce avec finesse), pourvu que les mots ne soient pas que des marques d'infamie ("qu'on ne l'oublie pas, celle-là"). Ainsi, s'interroger sur les lourdes peines eût pu être profitable (quel est le sens d'une condamnation à plus du double de votre âge ?).

Sub lege libertas:
Votre dernière phrase et sa question sont essentielles. Pour information, Dans certains pays d'Europe on a fixé des seuils d'enfermement maximal :
- En Norvège, la peine maximale est de 21 ans de prison. La peine maximale peut être utilisée dans les affaires graves de stupéfiants et dans les affaires de meurtre. La Norvège a supprimé la peine de mort.
- L’incompressibilité de toute perpétuité en Allemagne est de 15 ans, passés lesquels une libération est possible. La moyenne du temps passé en prison varie selon les lands, il est beaucoup plus long dans les lands du sud tels que la Bavière et le Bade-Wurtemberg que dans les lands nordiques. La Cour constitutionnelle allemande a jugé que la perpétuité réelle est contraire à la dignité humaine.
- La peine maximale d’emprisonnement au Portugal est de 25 ans, ou 30 ans dans des circonstances exceptionnelles. Les peines dont la durée est indeterminée ou perpétuelles sont interdites par l'article 30 de la Constitution.

58. Le samedi 27 juin 2009 à 18:24 par Dadouche

@ Véronique

Celle qui a des problèmes de lecture n'est peut être pas celle que vous pensez.

Où lisez-vous dans mon commentaire (contentons-nous de cela si vous le voulez bien) une quelconque mention de "la foule" ?
Je vous renvois à mon tour à cette brève.

Sub lege libertas:
Mais dites donc Dadouche vous lisiez par dessus mon épaule, quand je mangeais mes croissants en lisant le JDD ?
Ah oui, c'est vrai je ne devrais pas lire le JDD. Bon mais je n'avais pas trouvé Paris Turf.

Pour être tout à fait claire, la probabilité que ce soit Alliance (ou équivalent) qui ait attiré obligeamment l'attention de journalistes sur cette libération me semble nettement plus importante que, par exemple, celle de voir Rachida Dati accueillie par une ola au prochain congrès de l'USM.
De la même manière que des syndicats de policiers donnent régulièrement une publicité inattendue à des décisions de refus de placement en détention provisoire ou d'aménagement de peine qui ne leur conviennent pas, histoire de mettre un peu la pression sur les magistrats.

Enfin, à mon sens, le simple fait de donner une publicité nationale à cette libération n'a fait que compliquer un peu plus la vie de cette jeune femme, qu'on a ainsi privée de la moindre chance que son nom n'évoque qu'un vague écho chez ceux qu'elle croiserait peu après avoir recouvré la liberté. L'existence même de ces articles rajoute un peu plus à la peine qu'elle a purgée.
C'est en tout cas ce que moi j'ai lu dans le billet de mon colocataire.

Sub lege libertas:
Oui vous l'avez bien lu, je l'ai écrit :" Mais il faut toujours qu’elle purge la peine qu’elle a faite, non pas en prison, mais en sortant, à ceux qui veulent qu’elle paie à perpétuité"

59. Le samedi 27 juin 2009 à 18:41 par Véronique

@ Sub lege libertas

Et, d'après son avocat, la jeune femme n'aspire aujourd'hui qu'à une seule chose : retomber dans l'anonymat.

Nous pouvons aussi considérer que la jeune femme en question ne souhaite pas également, dans sa volonté d'anonymat, qu'une littérature ou une mythologie plutôt noire ne s'attache à son nom.

Par exemple et parmi d'autres, deux titres littéraires en relation avec cette affaire

Sonnet pour ... et autres textes(1996), Les Damnés de Nanterre(2005).

Les fils spirituels de Lombroso veillent. C’est dans le sang, les gènes voire. La précaution et son principe chassent la rédemption.

Comment selon vous, le journaliste du Figaro se comporte-t-il dans son article comme un fils spirituel de Lambroso, au moyen de quels mots ou de quelles phrases jette-t-il aux chiens le déshonneur lavé d’une femme ?

60. Le samedi 27 juin 2009 à 18:50 par Shane

@Veronique Parce qu'ici, le sujet c'est qu'après la prison, la fin de la peine, il y a la liberté. que cette liberté est un droit, elle a payé, on lui a dit que c'était pour cela qu'elle était en prison. et parce qu'ailleurs, il faut pendre haut et court, avant, pendant et ne jamais laissé cette infâme individu sortir de la case prison.

61. Le samedi 27 juin 2009 à 19:11 par Sub lege libertas

Ah Véronique ! Le problème du choix entre le rappel du passé pour l'édification ou du silence pour la réhabilitation est insoluble pour ceux qui pensent que retrouver l'homme sous l'assassin, c'est oublier le crime, voire le banaliser. Si en plus l'homme ou la femme se pique d'être visiblement autre chose qu'éternellement l'assassin... Ecoutons Lacenaire :

Le dernier chant

En expirant, le cygne chante encor,
Ah laissez-moi chanter mon chant de mort !…

Ah laissez-moi chanter, moi qui sans agonie
Vais vous quitter dans peu d’instants,
Qui ne regrette de la vie
Que quelques jours de mon printemps
Et quelques baisers d’une amie
Qui m’ont charmé jusqu’à vingt ans !…

Salut à toi, ma belle fiancée,
Qui dans tes bras vas m’enlacer bientôt !
A toi ma dernière pensée,
Je fus à toi dès le berceau.
Salut ô guillotine ! expiation sublime,
Dernier article de la loi,
Qui soustrais l’homme à l’homme et le rends pur de crime
Dans le sein du néant, mon espoir et ma foi.

Mais le poète assassin ne fut pas aimé de tous les poètes : tremper sa plume dans le sang du crime pour rimer ne vous fait pas monter au Parnasse aux yeux de tous.

Ecoutons Hégésippe Moreau, auteur oublié de “Lacenaire poëte” :

Quand il faisait des vers dans sa dernière veille,
Crédule aux mille voix qui répétaient : Merveille !
Il est donc vrai, disais-je, un poëte voleur !
Un poëte assassin ! hélas ! et ma douleur
Cherchait querelle à Dieu, qui voulut qu’en notre âge
La sainte poésie essuyât cet outrage.
(…)
Et pourtant, tout Paris à l’assassin rimeur
Sourit, et dévora ses vers dans leur primeur.
Qu’un auteur affamé, pour tailler un volume,
Fasse avec le poignard fraterniser la plume
De vin et de biscuit, pour nourrir son caquet,
Qu’on agace au perchoir l’horrible perroquet,
Qu’on secoue un album teint de sang rime à rime,
De l’argot en patois qu’on traduise le crime :
Bien ! il faut que Paris ait du roman nouveau,
Que Lacenaire mort renaisse in-octavo,
Que la presse en travail donne un frère à Justine,
Et qu’on batte monnaie avec la guillotine !…
(…)
Eh bien ! pour éblouir et fixer le regard,
Secouez devant vous les éclairs d’un poignard ;
Marchez, frappez, d’un meurtre ensanglantez les rues ;
Devant la Renommée et la garde accourues,
Fiers, et pour piédestal prenant un corps humain,
Relevez-vous alors, des chansons à la main !

62. Le samedi 27 juin 2009 à 19:16 par Mobile

La perpet, je connais. Lorsque l'on me «signifiera» ma relax, je vais crever, mais enfin libre!

Sub lege libertas:
? ... ?

Magaritas ante porcos

Sub lege libertas:
O felix culpa, quœ talem ac tantum meruit habere redemptorem !

63. Le samedi 27 juin 2009 à 19:27 par Lucca Clermont

Ce qui — fort heureusement — affaiblit votre argumentation, c'est la mort de Michael Jackson : la foule et ses grands prêtres les animateurs des médias se passionnent pour un autre objet. La personnalité esquissée de cette jeune femme, sa beauté et son parcours tragique auraient très bien pu la mettre au premier plan de l'attention du public et de la vacuité de l'époque.

Sub lege libertas:
Et même pour lui, le syndrome Lacenaire frappe. J'ai entendu avec effarement hier soir Yves Calvi journaliste animer une émission (Docteur Michael et Mister Jackson je vous jure c'est le titre) sur france 5 pour surtout évoquer la pédophilie non sanctionnée de l'intéressé !
Ah défaut, Calvi et sa troupe d'experts le suspectaient de racisme d'intention par blanchiment excessif de la peau, voire comme la peur autour des dangers médicaux du blanchiment de la peau ni suffisait pas, pour finir d'amitié suspecte avec feu Omar Bongo !

15 ans c'est long, et la rédemption et l'oubli de bien belles notions.

64. Le samedi 27 juin 2009 à 19:34 par marsan

@ 55

le vieux syndiqué que je suis s'indigne que des syndicats de policiers puissent s'indigner de ce que la loi a été respecté et que la condamnée est sortie après avoir fait son temps. je m'indigne que cette condamnée n'ait pas bénéficié d'un aménagement de peine comme la loi e le règlement y oblige aujourd'hui (même si c'est pas toujours pour la bonne cause que le pouvoir veut vider ses prisons)...

Sub lege libertas:
Comme l'écrit Didier Specq avec pertinence en 17 à propos de l'absence d'aménagement de peine pour les meurtriers de policiers :
"Le scrupuleux respect de cette règle non écrite interroge."

Après être le jap dans ce genre de dossier n'est pas toujours de tout repos

Sub lege libertas:
Non et vider les prisons ne doit pas faire oublier que selon la communication institutionelle, elles deviennent des lieux exemplaires. Je déconne ? allons, j'ai glané sur le site externe du ministère de la justice cette merveille issue d'une plaquette de présentation d'un lieu de détention récemment construit et livré :
26 mois après l’ouverture du chantier, le centre pénitentiaire de M*** est livré à l’APIJ. Site pilote au sein du programme de construction de 13 200 places, voulu par la loi de 2002, l’établissement ouvre la voie à plus d’une douzaine d’autres établissements pénitentiaires de taille comparable. Comme tous les établissements neufs qui arriveront après lui, il comporte des unités de visites familiales, appartements meublés où le détenu peut partager quelques heures, voire quelques jours, avec ses proches en toute tranquillité. Si ce dispositif, outil indispensable de maintien du lien social et d’aide à la future réinsertion rend le centre pénitentiaire de M*** exemplaire, ce n’est pas la seule raison. Ici, la recherche de l’amélioration des conditions de travail des personnels fut chaque instant au coeur du projet, et la sûreté bénéficie des dernières avancées techniques. Mais le souci d’améliorer la vie du détenu, pour la tourner vers l’avenir et la réinsertion, a guidé tout autant les choses. Une aventure, un investissement de trois ans, réussis grâce à la ferme volonté de dialogue qu’ont partagé tous les acteurs impliqués dans le projet.
Sûr qu'avec une telle taule, les détenus ne voudront plus d'aménnagement de peine et rassureront les lobbies opposés çà leur libération en demandant à rester.

65. Le samedi 27 juin 2009 à 20:14 par DT

La révélation de sa sortie, un mois après sa libération, est une petite mesquinerie de plus de la part de l'Etat. Il y a des choses qu'il s'agit de bien faire payer, et le fait de descendre des policiers en est une, évidemment.

Sub lege libertas:
Non ce n'est pas une mesquinerie de l'Etat que de réclamer condamnation - juste condamnation - et purge de cette condamnation - et pas plus - contre un meurtrier de policier. C'est mon métier : ça s'appelle accuser au nom du peuple français. Mais requérir contre un accusé coupable ne sert qu'à lui faire infliger une peine dont le sens doit viser à sa réinsertion en vu de sa réhabilitation (c'est une notion de droit pénal et non pas un point de vue moral). Voilà pourquoi je considère qu'après le verdict définitif le débat est clos. Mais avant le débat est judiciaire.

Je rappelle que cette jeune femme a pris vingt ans alors qu'il n'a jamais pu être prouvé qu'elle avait personnellement tué un de ces messieurs de la police (je renvoie aux articles publiés sur le procès de 1998).

Sub lege libertas:
Ne rappelez pas ce que vous ne savez pas. L'intéressée avait reconnu notamment lors de l'audience avoir tiré sur deux policiers précédement mortellement touchés par son compagnon. Elle a été déclarée coupable de cela aussi. Son avocat, l'immense Henri Leclerc (même Maître Eolas devra lui concéder cette taille) a plaidé aussi ses aveux comme preuve de son évolution, déjà à l'époque, à 23 ans, après quatre ans de détention provisoire.

Je rappelle également que ces messieurs de la police peuvent, eux, au nom de la défense des privilèges (des capitalistes ici, des barbus là-bas...) exercer de multiples violences en toute légalité (par exemple contre les sans papiers, comme ici la police espagnole: http://www.youtube.com/watch?v=oV0Cuexukmk).

Sub lege libertas:
CRS SS, police partout justice nulle part... je connais mes classiques éculés moi aussi. Rien d'autre ? Ah si :
la phrase de Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».

Oh, bien sûr, nous ne sommes pas en Iran, où ils tirent dans la foule... Oui, vous avez raison: il y a des degrés dans la barbarie.

Sub lege libertas:
Dans la barbarie seulement ?
la bétise donne aussi une assez bonne idée de l'infini.

66. Le samedi 27 juin 2009 à 20:20 par Véronique

@ Dadouche

Alors comme ça , une brève de quatre lignes qui n'est que le calque d'une réaction très prévisible, sans aucune surprise, dans la totale conformité et grande tradition des langues de bois syndicales serait de nature à provoquer les fureurs littéraires de Sub lege libertas !

Je comprends et j'approuve le droit à l'oubli.

Maintenant oui, un fait divers, parfois, parce qu'il a cristalisé quelque chose d'un moment dans l'histoire d'une société peut compromettre ce droit à l'oubli. Les protagonistes sont comme dépassés par ce que le fait divers a révélé de la société au moment où il est survenu.

Je pense que Sub lege libertas dans son billet prête aux medias qui ont mentionné cette libération des intentions d'excitation d'une foule imaginaire - l'opinion, les chiens en langage Sll- que je ne lis pas dans les trois articles que j'ai mis en lien. Et je ne pense pas que cette foule imaginaire, si tant est qu'elle existe, soit dans l'indignation, l'incompréhension, l'hostilité ou le reproche de cette libération.

Sub lege libertas:
Bon, mettons que cette libération médiatisée là ne soit qu'un prétexte - et les prétextes sont toujours mauvais - à poser aux journalistes et à leurs lecteurs avides de "que sont -ils devenus" traduisant une simple curiosité humaine, la question plus large de notion de sens de la peine, de peine exécutée, de peine non avenue, de réinsertion, de réhabilitation... Toutes ces notions sont dans le Code pénal, autant que les tarifs de repression... Allez Véronique, vous qui aimez les livres, vous m'imaginez vraiment en amateur de bûcher de journalistes ?
Peut-être que les foules de chiens n'étaient qu'imaginaires, mais que je puisse les imaginer suffit à m'alarmer qu'elles ne se lèvent demain pour d'autres...
Pour finir sur une pointe d'humour :
«Dieu!» soupire à part soi la plaintive Chimène,
«Qu’il est joli garçon, l’assassin de Papa!»
Georges Fourest

67. Le samedi 27 juin 2009 à 20:30 par salah

@ sub lege libertas

Dans la partie « crimes et procès célèbres » de l’ouvrage que vous citez ,il y a la ‎description suivante : ‎

‎ « Le bourreau écarta les flammes, pour montrer à la populace qu’il n’y avait pas eu de ‎subterfuge, de substitution de personne, que c’était bien la Pucelle qui avait été brûlée ‎vive… »‎

C’était un bûcher en live ,en exclusivité non retransmis sur des chaînes qui n’existaient pas ‎encore et pourtant la populace se montrait douteuse allant jusqu’à se méfier de l’exécuteur de ‎la sentence . Le cœur de Jeanne a été jeté dans la scène .Pour l’époque il n’y avait pas de ‎caméra sous-marine pour suivre sa chute jusqu'au fond sous un éclairage artificiel .Il n’ y avaient pas de spécialistes en ‎médecine à inviter face aux caméras non plus qui pouvaient raconter comment le cœur se détériore ‎dans l’eau ? Ni d’ artificiers qui auraient pu parler de l’action du feu sur le corps humain suivant ‎différents cas de figures. Si l’avancée technologique de ce siècle le permet si c'était à refaire ,rien ,n'a été modifié en ce qui concerne les ‎sentiments qui animent la populace autour de ce bûcher . Demeurés à l’identique. ‎Par ailleurs ,il faut noter une avancée dans l'univers de la mode :Le port du vêtement masculin par les filles dans les lieux publics ‎est devenu toléré. ‎

Sub lege libertas:
Ah cher salah, l'exemplarité de la peine est un vieux machin qui conduisait (jusqu'en 1939 en FRANCE) à exécuter en public... Loin d'être terrifiées ou édifiées, les foules accourraient au spectacle (les balcons étaient payant !). C'est d'ailleurs à cause des émeutes de foules enthousiastes à Versailles en 1939 lors de l'exécution de Weidman - beau blond à en perdre la tête paraît-il - que l'on a cessé ce cirque...

Comme je parlais plus haut de Pierre François Lacenaire, son exécution est racontée par son bourreau, Henri-Clément Sanson, (Sept générations d’exécuteurs, 1688-1847. Mémoires des Sanson, 1862-1863). Une autre littérature et quelle langue ! :

« Au début de l’année 1836, l’échafaud eut de splendides étrennes dans la double exécution de Lacenaire & d’Avril.

C’est au premier de ces deux criminels surtout, qu’il faudrait appliquer cette épithète de lion du crime (…). Jamais, en effet, assassin n’avait si fortement captivé l’opinion publique, jamais meurtrier, dans cette voie qui conduit de la prison à la salle d’assises & à l’échafaud, n’avait été suivi de regards plus curieux & plus enthousiastes, j’allais presque dire fêté de pareilles ovations.

Je ne redirai pas les crimes de Lacenaire & de son complice, on les connaît. Le vol pour but, l’assassinat pour moyen, tel avait été le système que s’était tracé un des hommes qui se soit le plus audacieusement mis en guerre avec la société. Ce système, Lacenaire voulut le mettre largement à exécution en ne frappant que de grands coups.

L’assassinat & le vol d’un garçon de banque chargé d’une riche recette, telle est la chimère qu’il poursuivit avec une ténacité incroyable. Le Ciel ne permet point la réussite de si coupables spéculations. Plusieurs tentatives, répétées sans succès, n’aboutirent qu’à faire tomber les complices de Lacenaire, & bientôt lui-même dans les mains de la justice. (…)

On partit ; le trajet fut long, car les chemins étaient très mauvais. M. l’abbé Montès en profita pour faire de derniers & suprêmes efforts afin de toucher l’âme rebelle de Lacenaire. Tout se brisa contre la glace de ce scepticisme réel ou affecté.

Il était près de huit heures & demie du matin lorsque nous arrivâmes. Les condamnés descendirent d’abord, les confesseurs & nous ensuite. Avril, qui devait être exécuté le premier, embrassa le digne prêtre qui l’assistait, puis il monta d’un pas ferme les marches de l’échafaud. Rendu sur la plate-forme, il se retourna vers Lacenaire & cria d’une voix forte & assurée :

- Adieu Lacenaire ! adieu, mon camarade.

Un imperceptible sourire glissa sur la face pâle de ce dernier, qui avança la tête pour voir tomber celle du malheureux qu’il avait perdu. Le bruit de la chute du couteau ne le fit même pas tressaillir. Il gravit à son tour les degrés qui le conduisaient à la mort, sans l’aide de personne, & promena un long regard sur la foule, qu’il s’attendait peut-être à trouver plus nombreuse. Nous crûmes qu’il allait parler, mais il vint lui-même se placer sur la planche fatale, toute dégouttante du sang d’Avril.

Le mouvement de bascule s’opéra, je donnai le signal. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Je n’avais pas entendu tomber le couperet ; je me retournai avec effroi & j’aperçus un de mes aides replaçant une vis qui s’était détachée.

La guillotine était fatiguée, elle venait de renoncer sur l’ouvrage. Il y avait longtemps qu’elle n’avait fonctionné deux fois de suite, & tout essoufflée de la première proie qu’on lui avait donné à dévorer, elle s’arrêtait devant la seconde.

Il y eut donc un temps d’arrêt de dix-sept secondes, dix-sept siècles pour moi. Mes yeux se portèrent de suite sur le patient : je le vis cherchant, sans bouger de place, à tourner obliquement la tête dans la lunette pour élever, jusqu’au sommet de la rainure, un regard dans lequel se lisait plus de surprise que d’effroi. Enfin, par un mouvement énergique de l’aide Piot, qui faisait l’exécution, le triangle homicide se détacha de tout son poids & mit fin à cette horrible scène.

Voilà la vérité sur la mort de Lacenaire. »

Le bourreau a des pudeurs que la foule n'a pas

68. Le samedi 27 juin 2009 à 23:38 par didier specq

On s'interroge ici et là doctement sur les raisons de la révélation de cette sortie un mois après sa libération réelle.

D'abord, sans doute à juste titre, personne n'évoque un journaliste ou une rédaction qui auraient effectué scrupuleusement le calcul mathématique et, 15 ans après le début de son incarcération, se seraient dit: ben alors, elle est sortie ou non? Vous avez raison, chers adeptes d'Eolas, car je n'ai jamais vu une rédaction aussi bien tenue.

C'est donc que "quelqu'un" a dit quelque chose à un journaliste qui a été assez réactif pour traiter l'affaire. Et ce "quelqu'un" serait mécaniquement le syndicat Alliance! Bof.

Quand, en matière de justice ou de police, un journaliste capte une info du feu de Dieu, c'est généralement par hasard.

D'abord souvent les gens qui voient quotidiennement un bon journaliste ont ENVIE de lui raconter une bonne histoire. Très souvent d'ailleurs, la fuite vient des amis de la personne qui ne voudrait pas voir sortir l'information. Ils sont au courant et ils blablatent. Et ça ne vient pas obligatoirement du tout des adversaires de la personne en question.

Ensuite, de multiples personnes (éducateurs, standardistes, personnels enseignants, socio-culs divers et variés, chauffeurs de fourgon cellulaire, vigiles, voire hommes d'entretien) peuvent être au courant et rencontrer le bon journaliste qui intervient quotidiennement sur son secteur.

Un bon journaliste serre la louche à tout le monde. D'abord parce qu'il a intérêt à avoir le sens du contact. Ensuite parce qu'il AIME les gens qui vivent et interviennent dans son secteur de prédilection. Donc, tôt ou tard, (pour évoquer des affaires récentes à Lille) un anonyme lui dit: <Tiens, j'ai vu passer Le Pen>. Ou <Ophélie Winter, les mecs de la P.J. étaient contents de l'interroger>.

L'exemple le plus marrant, c'était un samedi soir à 22 h, la mise en examen et l'incarcération d'un magistrat. On ne pouvait pas faire plus discret que cet horaire étonnant. Manque de bol: un avocat organisait une teuf d'enfer pour fêter ses 40 ans à deux pas du Palais de Justice et, en garant leurs bagnoles dans le Vieux-Lille, plusieurs avocats ont vu la sortie du magistrat dans une voiture de gendarmerie et ont téléphoné au journaliste...

Pour revenir à cette libération annoncée un mois plus tard, j'ai plutôt l'impression que c'est une fuite bricolée de ce genre plutôt que la fuite organisée par un groupe de pression. A qui profite le crime? Pour les journaleux comme pour les enquêteurs, ce n'est pas toujours la bonne question.

69. Le dimanche 28 juin 2009 à 01:53 par Lathan

Y'a tellement peu de trucs à dire en France que tout ce qu'on trouve sur les chaines majeures, c'est cette libération, le décès de Michael Jackson,

Sub lege libertas:
Non, il n'est pas mort : il a été vu en compagnie de son beau père Elvis chez WallMart ce matin. C'est une information exclusive Sll

le vol 447 et la grippe... Le journalisme est décidément tombé bien bas, et rien ne présage sa convalescence.

70. Le dimanche 28 juin 2009 à 02:27 par Philippe Henry

J'ai simplement honte honte de ne pas avoir pensé à lui envoyer des petites lettres de soutien à cette inconnue frêle jeune femme aux prises avec la justice de fer de la France et ses principes archaiques et inhumains, son fonctionnement indigent

71. Le dimanche 28 juin 2009 à 06:59 par Véronique

@ Sub lege libertas

vous m'imaginez vraiment en amateur de bûcher de journalistes ?

Non.

Mais je pense que votre vision des choses est structurée par une méfiance et une hostilité contre l' opinion publique. Dans votre esprit, quand des medias mentionnent telle ou telle information en rapport avec votre métier, cette opinion ne peut être que forcément folle, obscène, incapable de la moindre analyse, réflexion et retenue.

Je l'ai exprimé à quelqu'un plus haut. Cette vision unilatérale, préjugée une fois pour toutes, de l'opinion a pu avoir comme conséquences, ailleurs, de justifier pour une décision judiciaire, par exemple un maintien en détention, tout et n'importe quoi.

Pour cette libération, je pense que les articles de presse ont adopté un ton informatif, plutôt sobre. Selon ma lecture, il n'y a pas dans leurs mots l'intention de nuire et/ou de compromettre l'avenir de la jeune femme.

Je ne sais pas si Didier Specq dans la situation de relayer cette information aurait écrit un article. Mais je pense qu'il l'aurait fait.

Le droit à l'oubli est un grand sujet. La peine, la peine exécutée, le sens de la peine également.

Pour le second point, si un jour la notion de l'exécution de la peine est dans le débat public. Après tout, l'idée d'exécuter pleinement une peine avec seules les remises de peine comme correcteur pourrait fort bien faire l'objet d'un débat public, eh bien je pense que l'affaire, la détention et la libération de cette jeune femme sera évoquée.

En réalité, c'est très difficile et sans doute mensonger de garantir à une personne le droit à l'oubli. Littérairement, oui. Pratiquement, non.

72. Le dimanche 28 juin 2009 à 08:31 par jepeto21

Il y a encore peu je recevais un client pour un divorce, il s'avère qu'il avait fait 5 ans de prison. Je lui ai demandé pourquoi (le divorce se déroulant assez mal et je craignais des VV) et j'ai tout de suite vu dans son regard le "encore un qui va me faire la morale ou qui ne va plus me regarder pareil après". On a purgé sa peine et tout est beau on retourne dans la vie active avec les "normaux", mais non!!! Comme pour les "mis en examen", une grande partie des Mékeskidit pensent que c'est qu'ils doivent quand même être un peu coupable quand même, les anciens taulards resteront à jamais des délinquants aux yeux de la masse. J'ai moi aussi, pris ma tête dans les mains quand cette journaliste, guillerette, a annoncé, "information exclusive ...... est sortie en Mai, et n'aspire qu'à une chose : ne pas être reconnue dans la rue"... et la seule qu'elle a trouvé utile de faire, c'est d'en donner l'information sur les ondes. Là ausssi, loin de moi l'envie de faire le procès du journalisme, mais un reportage, une prise d'antenne par la journaliste investigatrice et un débat sur la chose, étaient-ils nécessaires ???..... Encore un peu et on donnait son adresse....

73. Le dimanche 28 juin 2009 à 08:32 par didier specq

@Véronique

Je pense que je n'aurais rien dit. Mais, en répondant ça, je ne suis pas sûr d'être un bon journaliste et, si quelqu'un d'autre l'avait sorti alors que j'avais l'info avant, j'aurais sûrement passé ensuite une nuit agitée.

Là où je suis sûr que je n'aurais rien dit c'est si une relation de la libérée m'en avait parlé en comptant implicitement sur mon silence complice. Il arrive assez souvent qu'on tombe dans ce genre de "piège": la sympathie qu'on a pour quelqu'un est plus forte...

C'est une histoire qui m'est arrivée récemment. Un responsable politique avait tué l'amant de sa femme. Surveillance, multiples coups de couteau, amant tué au petit matin lorsqu'il sort de chez lui et part faire son jogging.

Après un certain temps d'incarcération, l'ancien meurtrier sort en conditionnelle. Je l'apprends par des voies amicales, je ne dis rien. Quelque temps plus tard, je vois l'homme en question, dans une assemblée politique, faire la morale d'un ton sentencieux comme un abbé de la haute époque parlant en chaire...

Sub lege libertas:
Je n'aime pas quand tu dis du mal de Bossuet ou Bourdaloue qui disait :« La médisance est l'ennemi le plus mortel de la charité. »

74. Le dimanche 28 juin 2009 à 08:47 par didier specq

@philippe henry

Frêle jeune femme? Vous plaisantez j'espère.

Sub lege libertas:
non il fantasme.
Tiens min Didier, tu serres des mains au marché de la place du concert pour glaner de l'info (il y a plein de magistrat et d'avocat)... lève pas la tête vers la tour, je te vois pas !

75. Le dimanche 28 juin 2009 à 09:59 par Véronique

@ Didier

et, si quelqu'un d'autre l'avait sorti alors que j'avais l'info avant, j'aurais sûrement passé ensuite une nuit agitée.

Là des journalistes ou des rédacteurs en chef ont estimé que l'information devait être diffusée.

Je pense qu'il faut considérer qu'ils étaient dans une logique qui était celle de rendre compte de l'ultime épisode d'un fait divers qui, au moment où il s'est produit, est entré en résonnance avec un moment charnière d'une évolution de la société.

Ce qu'il ne faut pas sous-estimer c'est que les quinze ans de détention sont aussi du temps qui a également travaillé dans la société ou dans l'opinion.

Là où je suis sûr que je n'aurais rien dit c'est si une relation de la libérée m'en avait parlé en comptant implicitement sur mon silence complice. Il arrive assez souvent qu'on tombe dans ce genre de "piège": la sympathie qu'on a pour quelqu'un est plus forte...

On peut s'interroger ici au sujet de la motivation réelle de la personne qui confie un... secret...

@ jepeto21

J'ai moi aussi, pris ma tête dans les mains quand cette journaliste, guillerette, a annoncé, "information exclusive ...... est sortie en Mai, et n'aspire qu'à une chose : ne pas être reconnue dans la rue"... et la seule qu'elle a trouvé utile de faire, c'est d'en donner l'information sur les ondes.

Je pense que dans le désir d'anonymat il y a également l'impérieuse volonté chez cette jeune femme de ne pas être utilisée comme une référence sulfurence d'un imaginaire qui ne la concerne pas.

Je crois que c'est aussi le sens qu'il faut donner à l'intervention de son avocat.

Sub lege libertas:
J'opine... ni une sainte de la rédemption, ni un ange déchu de la révolte... le retour à l'ordinaire de la vie comme je l'ai écrit en conclusion. Mais l'ordinaire de la vie ne supprimera pas le fait qu'elle n'aura pas eu une vie ordinaire... et je vous suis dans votre remarque finale ci après :

Il y une phrase d'Emmanuel Carrère dans L'Adversaire que j'aime beaucoup. Il écrit - à peu près ceci -qu'il a apprendé le protagoniste du fait divers à l'origine de son récit, non plus seulement comme quelqu'un qui a fait quelque chose de terrible , mais comme quelqu'un à qui quelque chose de terrible est arrivé.

76. Le dimanche 28 juin 2009 à 10:54 par Dom

@ didier specq

En quoi le fait d'avoir tué l'amant de sa femme empêcherait-il d'avoir des idées fortes sur la morale ? Il fut un temps, pas si lointain, où tuer l'amant de sa femme s'appelait "laver son honneur" et où il aurait été de la dernière lâcheté de ne point le faire ! (en fait, je pense que cette conception prévaut encore dans beaucoup d'esprits - malgré qu'on en ait. La différence, peut-être, c'est qu'on ne provoque plus l'amant en duel, mais qu'on le piège au petit matin quand il ne s'y attend pas...)

77. Le dimanche 28 juin 2009 à 11:12 par Dom

@ didier specq, pour faire suite à mon commentaire précédent

Une chose qui me frappe, quand je discute parfois avec des jeunes gens (i.e. 15-25 ans, de tous milieux), c'est le côté passionnel de leurs réactions vis-à-vis du fait que leurs petit(e)s ami(e)s les "trompent", ou qu'eux-mêmes "trompent" leurs petit(e)s ami(e)s. L'emploi même de ce mot, "tromper", me surprend chaque fois : on pourrait croire que la libération sexuelle n'ait jamais passée par-là, et qu'à 16 ans déjà, une relation amoureuse a plus à voir avec le droit de propriété qu'avec le droit de chacun à disposer de lui-même...

Sub lege libertas:
La morale sexuelle des "jeunes" est effectivement assez "rétrograde"... et moins par idéalisme fleur bleue de l'amour éternel qui rend inconsolable des séparations, que par une vision très archaïque des rapports homme-femme. Je crois - et je le vois professionnellement - que l'inconscient de cette génération n'est pas si libertaire, mais refuse l'égalité des sexes et l'égalité réciproque dans le consentement mutuel... Comme disait Coluche : "le viol, c'est quand on veut pas mais moi je voulais".

78. Le dimanche 28 juin 2009 à 11:21 par Terence

@ Didier specq

Journaliste ?

Sub lege libertas:
Chroniqueur judiciaire à Nord Eclair depuis 20 ans. Je réponds pour lui, car il ne dissimule pas ici sa qualité

Dites Didier, et à propos d'affaires judiciaires, vous auriez une explication quant à cette habitude journalistique de la chasse en meute, combinée à cet irrépressible besoin de faire la morale à la Une à l'encontre d'individus qui finissent pas être innocentés ? (je vous renvoie à ma liste rapide en # 45)

Cela vous semblerait moral, puisque nous y sommes, de ne pas prendre de sanction déontologique contre ces titres, ces journalistes, qui s'en sont donnés à coeur joie dans la description de la perversité du bonhomme, de la bonne femme, qu'ils ont entr'aperçu dans le box ; et quand il ne s'agit pas d'infos glanées auprès de vos confrères... vous vous rappelez Bourdieu...la circulation circulaire de l'info...

- Ah il avait décidémment une bonne tête d'assassin Monsieur le directeur, qu'est-ce qu'on fait alors, pleine page ? Ouais, pleine page Marcel, et choisissez-moi une photo dans l'ton...un truc qui cogne quoi, qu'on voit à qui on a affaire...

On a parlé ici de Lombroso, et peut-être celui-ci a t-il quelques successeurs, tout à fait contemporains, et en rien criminilogues...

Pourquoi ne tirez-vous jamais les leçons de ces erreurs. Vous salissez pendant deux mois à la Une, et puis vous finissez par une demi colonne d'excuses en page 15. Pendant ce temps-là, la vie de ces hommes et de ces femmes est ravagées, et ce pour la raison, notamment, "qu'il faut fourguer du papier coco".

Aucune sanction, aucune remise en question, rien. Il faut l'accepter, c'est le jeu ? Drôle de jeux tout de même.

Sub lege libertas:
Didier Specq fait partie des rares journalistes du cru eud'ch'Nord qui dans l'affaire dite d'Outreau ont fait un papier durant l'instruction pour dire qu'il avait entendu lors d'une audience publique à la chambre de l'instruction des trucs qui ne collaient pas trop avec "la chasse aux pédophiles". Bon, ça ne lui donne pas toutes les vertus (Non min Didier...) mais...

Je ne me fais pour ma part aucune illusion, le traitement médiatique de certaines affaires, de certains individus, coupables idéals, ne changera pas. Et vous n'y êtes pour rien, évidemment.

- c'est l'info coco

Ca doit être ça didier...

79. Le dimanche 28 juin 2009 à 11:55 par Véronique

Euh, juste avant de quitter le billet, à quand le coco en co-locataire dans ce blog?

C'est vrai, il y a des avocats, des juges, des procureurs, il ne manque plus que le chroniqueur judiciaire qui serre la moufle à tout le monde, l'observateur, le mec qui ne trahit pas les secrets de ses amis, mais... qui n'en pense pas moins.

Moi, je l'aime ce coco là !

80. Le dimanche 28 juin 2009 à 12:20 par Terence

@ Didier encore # 73

Quelque temps plus tard, je vois l'homme en question, dans une assemblée politique, faire la morale d'un ton sentencieux comme un abbé de la haute époque parlant en chaire...

Ca vous choque ?

Il est bien là le problème, cette manière d'être choqué du fait qu'un détenu puisse faire de la démagogie de haute école. S'il a payé, il a tout autant que vous et moi, sans plus ni moins de légitimité, au ton (c'est un peu ma spécialité je l'avoue...) sentencieux sur des sujets moraux.

A défaut de lui voir reconnu une pleine légitimité dans ce dernier exercice, il faudra conclure qu'il n'en finira jamais de payer, et qu'il est donc marqué au fer rouge.

Qu'un individu condamné pour crime, fasse, dès après avoir purgé sa peine, de grandes déclarations morales, ne me choque en aucune façon.

Augustin n'eut-il pas une première vie dissolue ?

;-)

Sub lege libertas:
Et Paul de Tarse ?
Le chemin de Damas devrait être emprunté par tous. Avec tout de même une idée en tête : Paul de Tarse puis Augustin de Bône ne tançaient leurs coreligionnaires que dans un esprit de charité, d'amour du prochain qu'ils savaient pécheur comme eux, pour les exhorter à l'effort vers la sainteté, non pour l'exemple mais par amour de Dieu source de grâce, donc de rédemption. Bref Paul ou Augustin ne sont pas des abbés de cour moralisateurs à la petite semaine. La sanctification recherchée ou prônée n'est pas source de satisfaction personnelle exemplaire, elle est une voie vers le salut non pour eux seulement mais pour tous les hommes, pour leur frères, dans l'espérance de la miséricorde du Rédempteur. C'est un acte d'amour gratuit. Dominus nobiscum. Deo Gratias. Amen.

81. Le dimanche 28 juin 2009 à 12:56 par Terence

@ Sub # 80

Qui est comme le sage et qui sait expliquer cette parole : " La sagesse de l'homme illumine son visage et son air austère est changé" Qo. 8,1

On peut être, Sub, un anticlérical forcené, sans nier pour autant la grandeur des textes !

;-)

82. Le dimanche 28 juin 2009 à 12:56 par Dom

@ sub lege libertas, sous Terence (80)

Traduisons : ce qui serait choquant, c'est que l'assassin de l'amant se fasse l'apôtre d'une morale répressive jusqu'au-boutiste, en oubliant que la grandeur de la Justice est, précisément, d'être capable d'une miséricorde dont il a lui même bénéficié...

83. Le dimanche 28 juin 2009 à 13:11 par Terence

@ Dom # 82

Traduisons : ce qui serait choquant, c'est que l'assassin de l'amant se fasse l'apôtre d'une morale répressive jusqu'au-boutiste, en oubliant que la grandeur de la Justice est, précisément, d'être capable d'une miséricorde dont il a lui même bénéficié...

Pas plus. Si nous sommes des citoyens égaux, ce condamné n'a, pas plus que vous ou moi, à être déterminé dans ses conceptions de la justice. La liberté et l'égalité ont du sens, si il lui est reconnu de pouvoir se dire, et comme bon lui semble, favorable à une conception hyper-répressive de l'action de la justice.

A défaut, l'Etat fait la morale, et l'on se rapproche dangereusement d'une police de la pensée. Cet homme n'a de compte à rendre ni à vous ni à moi ni à l'Etat, dès lors qu'il a payer.

Quant aux comptes que cet homme a à se rendre à lui même, cela ne regarde que lui, aucun d'entre nous n'a de légitimité à intercéder entre l'homme qu'il a été et l'homme qu'il est.

Son égalité est non conditionnée, morale peut-être...

84. Le dimanche 28 juin 2009 à 13:31 par Dom

C'est difficile de vous suivre, Terence. Si je vois bien le raisonnement "intellectuel" qui sous-tend votre affirmation, je doute qu'il puisse être spontanément partagé sans cet effort conceptuel.

Ce qui nous ramène au débat récurrent qui agite ce forum - la différence entre droit et morale. La difficulté, peut-être, c'est que le droit est, par essence, (au moins dans nos contrées), "normé" - comprenez par là, écrit, et public, et "légitime", au sens où il résulte de la Loi, tandis que la morale ne l'est pas (plus). Dans un cas, la transgression est objective, dans l'autre pas - spécialement dans une époque où le relativisme règne en maître.

85. Le dimanche 28 juin 2009 à 13:36 par J'ai compris

Ah oui vous parlez de michael jackson, le chanteur, qu'une Rey de lumière l'accompagne au paradis ...

Sub lege libertas:
Ah moins que je ne chante la mémoire du Maréchal de France Gilles de Montmorency-Laval baron de Rais.

86. Le dimanche 28 juin 2009 à 17:13 par Bapt

Merci pour elle.

87. Le dimanche 28 juin 2009 à 22:47 par François-Noël

De temps en temps on peu de se féliciter de participer à l'espèce humaine. Merci pour la pudeur manifestée dans ce billet.

88. Le dimanche 28 juin 2009 à 23:50 par Michel Fragnole

Bonsoir,

Je m'excuse de devoir placer cette observation sous un billet qui ne la concerne en rien, mais je suis tout de même très surpris de ne rien voir ici sur l'affaire Marc Robert...

Non pas que tout doive être absolument commenté par les animateurs de ce blog, évidemment, ni que les réactions rapides soient toujours les meilleures, mais il s'agit d'une crise à la fois inédite, très grave et particulièrement significative, ce qui légitime une certaine impatience...

J'en reste là pour l'instant, en espérant avoir lancé le débat.

89. Le lundi 29 juin 2009 à 00:10 par Le Jeu de l'Oie

Quand je considère cette affaire, mais aussi tant d'autres, je me dis "que c'est triste". Que c'est triste d'en arriver à tuer des policiers qui font leur métier. Que c'est triste de mettre en prison une jeune fille qui n'y apprendra pas ce que l'on souhaite qu'elle apprenne, car la prison n'est avant tout qu'une école du crime. Que c'est triste de ne dissuader personne d'en faire autant, car la prison ne dissuade ni les fous, ni les truands. Que c'est triste pour les familles des victimes, qui ne pourront se consoler de leur peine ni par la vengeance, ni par le deuil. Que c'est triste de si mal commencer une vie d'adulte.

Le seul intérêt de la prison, c'est d'éviter la récidive pendant le temps de la détention. En l'occurrence, le risque était faible, voire nul. Que de crimes commet-on au nom du peuple et du Jeu de l'Oie ? La Justice fait vivre beaucoup de gens, certes, mais que résout-elle, au fond ? Il est bon de se poser la question de temps à autre.

90. Le lundi 29 juin 2009 à 00:39 par didier specq

@Terence

Les journalistes chassent en meute? Employons un terme plus "cool": ils sont souvent moutonniers. Pourquoi? On pourrait écrire des livres là-dessus mais, en quelques phrases, résumons.

D'abord, la société est structurée aussi par l'idéologie, la plus efficace étant évidemment celle qui est structurée par des idées reçues que presque personne ne remet en cause. Les journalistes -comme les avocats, les magistrats ou Terence- sont souvent le haut-parleur de cette idéologie, la bienpensance -comme dit l'autre- d'une époque. Comment l'éviter?

D'autant plus que ceux qui exigent des journalistes beaucoup ont des conceptions contradictoires. Votre conception, tout à fait estimable, c'est de dire: il (elle) a payé, on n'en parle plus. Ce n'est pas la conception de tout le monde.

Par ailleurs, les journalistes, structurellement, vivent dans des supports en crise. Imaginez l'époque pas si vieille (1980) où la presse écrite quotidienne nationale comptait des titres aussi différents que France-Soir, le Figaro, le Quotidien de Paris, la Croix, le Monde, le Matin, Libération, l'Humanité... Tous étaient relativement prospères et s'ingéniaient à donner des infos et des avis différents du voisin. Aujourd'hui, le choix s'est réduit et la "prospérité" ressemble à une peau de chagrin. (J'ajoute un détail à titre personnel: les journalistes étaient beaucoup moins formatés hier par Science-Po et les écoles de journalisme. Libération ne comptait par exemple aucun journaliste issu des écoles reconnues par la profession).

Evidemment, le point de vue d'un ancien ouvrier (devenu journaliste) sur une grève ouvrière risque d'être assez différent de celui d'un fort en thème. Je ne dis pas qu'il est mieux, je dis qu'il est différent.

Dans le même temps, je ne suis pas sûr que les télés généralistes -côté infos- soient mieux loties qu'en 1980. Signalons par exemple qu'aujourd'hui de nombreuses infos sont fournies clés en main. Par exemple, dans les émissions d'actualité.

J'ajoute que, dans les régions, le pluralisme ne s'est certes pas amélioré.

Je parle évidemment de l'info qui coûte: celle que des journalistes rapportent quotidiennement dans le maximum des secteurs de la société. Je ne parle pas des commentaires satiriques, des infos magazine, des infos très spécialisées genre les vieux camions ou l'art du bonzaï, etc. Là, le rapport investissement et retour sur investissement reste très intéressant. Regardez un kiosque: la presse généraliste rapetisse année après année; la presse magazine est de plus en plus vaste.

Il ne faut donc pas s'étonner que cette info apparaisse toujours un peu uniforme. Evidemment, ça n'empêche pas DES journalistes de faire leur boulot correctement même si l'on parle sans arrêt de tous les journalistes comme s'ils étaient un tout cohérent.

Dernière petite note sur ce post déjà trop long: n'oubliez pas que des lois plutôt strictes encadrent la profession de journaliste et sont appliquées tout de même de temps en temps.

91. Le lundi 29 juin 2009 à 02:30 par Mike

Je crains que vous ne confondiez quelque peu les genres avec ce billet.

Si l'on appréhende le dossier en droit, il n'y a pas grand en chose à en redire, sous tous les aspects d'ailleurs :

  • la personne incarcérée a purgé sa peine et il était donc normal de la libérer, elle a acquitté sa dette.
  • Il n'existe pas de droit à l'oubli tel que vous l'entendez (et encore moins un principe fondamental de notre République, si ce principe revêt dans votre propos une nature juridique) et le journaliste a fait scrupuleusement son travail en dévoilant l'information qui lui était parvenue. J'ajouterais que, personnellement, j'aurais trouvé déontologiquement douteux qu'il taise cette information (qui ne fait que relater, dans une unité de temps parfaitement raisonnable, l'élargissement d'une personne). La critique ne pourrait naître que si, dans le futur, le journaliste, rompant cette unité de temps, devait relater des informations relatives à la nouvelle vie de cette personne.


Maintenant, si l'on appréhende les choses d'un point de vue moral, votre "droit à l'oubli", le discours sur la rémission et le pardon, le souci d'assurer les conditions d'une véritable réinsertion sont naturellement audibles et j'y souscris.
En revanche, j'ai du mal à valider votre postulat de départ qui semble suggérer que la rémission des péchés est une affaire de filtration à la source de l'information : votre espérance en l'Homme capitalise sur sa situation d'ignorance, érigée en condition sine qua non d'une vertu qu'il serait réputé ne pouvoir pratiquer qu'à son insu. Quelque chose qui sonne dans l'esprit : fais que nous ignorions l'identité de nos offenseurs afin qu'ils puissent jouir du pardon que nous ne leur aurions pas accordé.

Eolas:
Bien sûr que le droit à l'oubli existe. Il s'exprime par la réhabilitation de plein droit (art. 133-13), par la prescription de l'action ou de la peine, par les limitations à l'exception de vérité (art. 35 de la loi de 1881), ou l'article 6 de la directive 95/46/CE, transposée par la LCEN : les données informatiques ne doivent être conservées que le temps strictement nécessaire à leur objet, entre autres.

92. Le lundi 29 juin 2009 à 08:39 par Véronique

La critique ne pourrait naître que si, dans le futur, le journaliste, rompant cette unité de temps, devait relater des informations relatives à la nouvelle vie de cette personne. (Mike)

Je suis assez sensible à la façon dont Mike questionne du billet de Sll.

Unité de temps.

Une cour d'assises a condamné une personne. Comme l'a souligné Dadouche le jury populaire a décidé 20 ans, tout en étant conscient que compte tenu des faits, l'accusé(e) resterait 15 ans en prison. L'avocat l'avait dit au procès. J'imagine que les magistrats présents lors du délibéré ont confirmé aux jurés populaires - sur le mode de l'information objective - la très grande probabilité de l'intuition-certitude de l'avocat au sujet de la peine.

La société, par la voix du tribunal a condamné.

Informer la société du dénouement du récit n'est pas faire injure à cette jeune femme. D'une certaine façon un récit et une histoire communes lient ensemble un accusé et la société qui l'a condamné.

Je voudrais également ajouter que dans l'esprit de Sll, de Dadouche et d'autres commentateurs, nous pourrions aussi comprendre que dans leur intransigeance à l'égard du droit à l'oubli il y a comme une sorte de tentation à vouloir déposséder l'espace public de la décision dont il a pris la responsabilité, en toute connaissance de cause, par le biais d'un jury populaire.

Comme si la conclusion d'un récit ne devrait concerner et regarder que quelques initiés accrédités et légitimés, eux, à connaître la fin d'une histoire.

93. Le lundi 29 juin 2009 à 08:59 par Régis Hulot

Je ne connais pas personnellement la personne, Florence Rey, dont il est question ici, mais je fréquente depuis pas mal d'années une personne qui, visiteuse de prisonniers, est allée la voir et lui a écrit. Sur Florence Rey, rien à dire, sinon qu'elle a été en prison pour meurtre (je ne connais plus exactement le terme judiciaire à employer) et qu'en dehors de cela, c'est, m'a-t-on dit, une personne des plus ordinaires...

Cette personne, qui consacre une partie de son temps (un jeudi après-midi tous les 15 jours ou toutes les trois semaines, je crois) à aller parler avec des prisonniers qui, parfois, n'ont qu'elle comme interlocutrice (hors l'administration pénitentiaire), laisse à l'occasion (via l'aumônier, car de la main à la main, c'est interdit), quelques cigarettes, ou des timbres, ou du papier à lettres, ou autre chose car on manque de tout dans ce monde, surtout si on est pauvre et seul. Elle a aussi constaté à quel point ce monde de la détention est irrationnel, voire imbécile, et combien il est facile de s'acharner sur un prisonnier, voire un ex-prisonnier, tel cet homme qui sort, peine purgée, avec en poche son plan de réinsertion bien ficelé (et bien financé avec les fonds publics, l'argent de tous et de chacun), et qui se retrouve entre deux gendarmes (ou deux flics - sous l'uniforme, je n'ai pas souvent vu l'homme) au pied de la passerelle de l'avion qui le reconduit (?) dans un pays quitté il y a vingt ans et où il n'est rien, où il n'a rien, où il ne sera rien.

Je vois le tapage, somme toute relatif, disparition du Roi de la Pop oblige, qu'on fait autour de Florence Rey. Il faut bien que les imbéciles se défoulent, ceux qui n'ont d'autre exutoire à leurs fantasmes que la condamnation de ces monstres que sont à leurs yeux "les autres", ces criminels qu'ils vomissent - en se penchant, que voient-ils? Il faut bien aussi que ceux qui ont réclamé cette tête-là, comme tant d'autres, pour qui le sang des assassins n'est jamais assez frais pour étancher leur soif, en remettent une couche - je n'oublie pas qu'à l'époque, M. Charles Pasqua, multiple mis en examen à ce jour, qui se croyait un destin national, n'était pas le dernier à appeler à "la plus extrême rigueur" contre le plus abject des crimes, savoir le meurtre d'un policier. Il faut bien que les syndicats (?) de policiers entonnent la chansonnette habituelle dont nous ne connaissons que trop les paroles: pas de pitié pour les "tueurs de flics", pas de faveurs pour ceux qui lèvent la main sue les gardiens de l'ordre - et ici, où est donc la faveur?

Il y a quelques jours, je me suis souvenu d'avoir habité à deux pas de la Porte de Pantin, tout près de cette pré-fourrière où commença le drame de 1994, d'avoir promené la poussette de ma fille dans le Parc de La Villette, d'avoir poussé à pied jusqu'aux Buttes Chaumont, là où quelques vieux, au soleil de midi, évoquaient encore le passé dans une langue disparue, et j'ai prié pour qu'une autre Florence, du fond de sa prison mexicaine, trouve un peu d'espoir, des raisons de croire en un avenir qui ne commencera pas dans 60 ans...

Rien n'est jeté aux chiens, rien n'est donné aux pourceaux - Matthieu reprend les poétiques images de l'Ancien Testament - puisque subsiste ce petit rai de Lumière, si petit que bien peu l'entrevoient... Mais il suffit qu'un seul le voie.

Faites de beaux rêves.

Bonne chance, Florence.

94. Le lundi 29 juin 2009 à 09:22 par Guile

Ce débat est intéressant, car il revient aussi, à s'interroger sur le sens d'une peine, le sens d'un décision de justice, bref, sur tout ce qui passionne la plupart des intervants sur ce blog.

A mon sens, le problème n'est pas qu'on parle de sa sortie, car comme d'autres l'ont dit avant moi, cette information n'a en soi, rien de scandaleux ou de dangereux, ni pour la société, ni pour la personne libérée.

Elle est la fin de l'affaire Florence Rey. Point. Ell sort de prison, voilà la fin de cette histoire judiciaire.

Néanmoins, cette information a généré des réactions qu'il faut combattre. C'est là que je rejoins certains commentateurs.

En effet, il faut le dire et le redire, elle a payé sa dette et n'a bénéficié d'aucun traitement de faveur. Il n'y a donc pas lieu à débat de savoir si c'est normal ou pas normal qu'elle sorte de prison. C'est la peine maximale qu'elle pouvait faire, eu égard à la condamnation prononcée par un jury populaire.

L'acharnement, assez relatif par ailleurs, dont est victime la citoyenne Florence Rey n'est pas sain. Elle n'a plus, aujourd'hui, de compte à rendre à personne. Son affaire est close.

D'autre part, le fait de passer 15 années de sa vie en prison pour avoir tué des représentants de l'ordre public n'est pas "léger". C'est simplement logique, sans être injuste, ni dans un sens ni dans l'autre.

95. Le lundi 29 juin 2009 à 09:24 par C69

Bravo pour le jeu de mot du titre... Et pour le billet

96. Le lundi 29 juin 2009 à 09:44 par Véronique

@ Régis Hulot

Sans vouloir faire de polèmique à deux balles.

A vous lire, nous pouvons avoir le sentiment que le décès de MJ, en réalité, vous dépossède, vous, d'un épanchement de l'expression de votre fantasme à vous au sujet de cette libération.

Il faut bien que les imbéciles se défoulent, ceux qui n'ont d'autre exutoire à leurs fantasmes que la condamnation de ces monstres que sont à leurs yeux "les autres", ces criminels qu'ils vomissent - en se penchant, que voient-ils?

Où sont ces imbéciles que vous voyez partout et qui vomissent cette libération qui selon vous, seraient frustrés de leur chasse aux monstres en raison du décès de MJ?

97. Le lundi 29 juin 2009 à 10:29 par Mussipont

@ Veronique : il y a peut être moins d'imbéciles que Regis Hulot n'en voit, mais il y en a quelques uns quand même, je vous conseille d'aller lire le communiqué de presse qui se trouve en haut de cette page, édifiant non?

98. Le lundi 29 juin 2009 à 10:43 par Ti

Un petit mot en passant pour dire combien je trouve ce texte admirable, surtout en ces temps où on entend l'inverse.

Cette petite voix doit devenir nombreuse.

Peut-être alors changerons nous les visions de la société sur la peine, l'aménagement de peine et la prison.

J'en profite aussi pour saluer encore le maître des lieux, qui permet cette liberté d'expression.

Juge Ti, Toujours béat.

99. Le lundi 29 juin 2009 à 11:01 par Régis Hulot

@ Véronique.

La mort de MJ éclipse bien des choses, par exemple la répression en Iran, et le reste... C'est tout ce que j'ai voulu dire. Quant aux imbéciles, Mussipont #97 répond pour moi, et vous voyez qu'il n'est même pas la peine d'aller jusqu'à Hénin-Beaumont par ces temps bien orageux.

Dommage que vous ayez oublié que je voulais, aussi, rendre hommage à ceux qui FONT quelque chose, et qui ne se contentent pas de DIRE... A moins que cela ne soit excès de modestie de votre part, et que vous n'ayez pas envie ou besoin de nous parler de ce qu'on voit, de ce qu'on entend, de ce qu'on sent en prison.

Ce blog n'est pas un forum, donc je m'arrête là.

RH

100. Le lundi 29 juin 2009 à 11:41 par Véronique

@ Mussipont

Depuis le départ du billet j'essaie de défendre l'idée selon laquelle Alliance n'est pas égale à la société dans son ensemble et dans sa profondeur.

Décès ou pas de MJ, je demande juste , par exemple, que Sll et Régis démontrent ici et maintenant l'existence d'une foule hurlante incapable, selon eux, d'appréhender sereinement la libération de cette jeune femme.

Depuis Outreau et des magistrats motivant et justifiant telle ou telle décision par la seule mention de supposés calques médiatiques, je suis devenue méfiante dès qu'on évoque une soi-disante opinion publique déchaînée, forcément et une fois pour toutes dans l'incompréhension, la fureur et la sauvagerie, dont les medias ou les réactions de tel ou tel syndicat, de telle ou telle organisation ou association seraient forcément, une fois pour toutes, le calque.

Alors oui, le billet de Sll ouvre des champs de réflexion et d'interrogation.

Tout ce que je veux c'est que chacun essaie de ne pas de ne pas pas prendre pour acquis et indiscutable une fois pour toutes l'idée selon laquelle la société serait incapable d'entendre et d'accepter une vérité qui, je pense, la concerne au sens où j'ai essayé de l'expliquer dans mon post 92.

Je ne vois pas pourquoi cette libération ne devrait que concerner des accrédités.

101. Le lundi 29 juin 2009 à 11:53 par Mussipont

@ Veronique : j'ai bien compris votre point de vue et j'indiquais dans mon #97 que je ne vois pas non plus de "foules hurlantes" mais qu'il y a quand même quelques beaux spécimens d'imbéciles dans la société, et notamment de façon regrettable dans la Police Nationale.

Je pense toutefois que la libération de F. Rey n'aurait pas du être médiatisée : autant je trouve normal que le procès, et donc l'éventuelle condamnation, soit public et relayé par la presse, autant le déroulement de la détention et sa fin me semble relever d'une relation "privée" qui ne concerne que la Justice et le condamné. Je crois que la Société ne gagne rien à savoir que F.Rey est libre depuis le 2 mai (représente t elle un danger dont on doit se méfier?) et que cette médiatisation ne peut que nuire à sa réinsertion.

Sub lege libertas:
C'est une excellente remarque. Il y a une vie privée du condamné et je partage votre idée que l'exécution de sa peine, tant que son comportement ne fait pas rejaillir un risque sur l'ordre public (déclaration publique inappropriée de l'intéressé, évasion, agression en détention etc. ) appartient à ce cercle de l'intime. Il faudrait approfondir cette idée, mais là je jette ces quelques mots en vrac.

102. Le lundi 29 juin 2009 à 12:08 par Véronique

@ Mussipont

autant le déroulement de la détention et sa fin me semble relever d'une relation "privée" qui ne concerne que la Justice et le condamné.

En simple, ou en simpliste peut-être, selon ma vision:

ce n'est pas que la Justice qui juge et qui condamne, c'est la société, l'espace public, la collectivité qui donne mandat, par un contrat social, à la Justice de juger, de condamner, de punir et de restaurer de cette façon un ordre, une harmonie des choses qu'elle appelle ses valeurs.

La relation privée que vous souhaitez, dans mon esprit, n'a pas de sens.

Libérer est une décision de justice. La Justice n'a pas à confisquer pour ses seuls initiés ou accrédités ses décisions. Et la société est suffisament mature et adulte pour accepter et ne pas remettre en cause et en question tous les quatre matins les termes du contrat qu'elle a passé ou qu'elle passe avec la Justice.

Sub lege libertas:
TSs Tss : libérer est une décision de justice si cette libération est anticipée... là c'est une fin de peine. Il n'y a tout simplement plus de titre de détention. Comme je l'ai dit il faut approfondir et affiner l'idée de Mussipont... No more time. Je dois recevoir un déféré... (info live Sll)

103. Le lundi 29 juin 2009 à 12:21 par Véronique

Euh, quand le JAP accorde une remise peine automatique selon l'expression consacrée, est-ce une décision de justice ?

104. Le lundi 29 juin 2009 à 12:33 par Fantômette

@ Véronique,

Je rejoins la remarque de Sub Lege Libertas.

Qui plus est, s'il est exact qu'une mesure d'aménagement de peine est une décision judiciaire (prononcé par le juge de l'application des peines), l'audience se tient en chambre du conseil. Autrement dit, l'audience n'est pas publique.

Il semble dès lors logique d'admettre qu'à défaut de publicité des débats relatifs à une sortie anticipée, modalités d'exécution d'un reliquat de peine, etc, ces décisions relèvent d'une sphère qui, pour n'être pas sans rapport avec l'autorité publique, n'en est pas moins, par nature, privée.

105. Le lundi 29 juin 2009 à 12:38 par Véronique

@ Fantômette

Un procureur ou un avocat général est-il présent dans ces audiences non publiques ?

Si la réponse est oui, dans votre logique de sphère privée, que vient-il y faire ?

106. Le lundi 29 juin 2009 à 12:46 par Mussipont

@ Veronique : je me permets de vous requestionner sur un point : autant je vois l'intérêt pour la société de la publicité du procès (transparence, exemplarité de la peine) autant je vois mal quel est sont intérêt de savoir que tel condamné a été libéré (que ce soit une conditionnelle ou bien une fin de peine) à tel date. Ce n'est pas une question de principe philosophique mais simplement une question avantage/désavantage.

107. Le lundi 29 juin 2009 à 12:52 par Guile

@ Véronique: Selon vous il n'y a pas de "foule hurlante"?

Et bien lisez les commentaires sous cet article c'est édifiant: http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-06-25/condamnee-en-1998-pour-une-fusillade-meurtriere-la-liberation-de-florence-rey/920/0/355494

Ou lisez les commentaires sous cet autre article: http://www.liberation.fr/societe/0101576183-florence-rey-a-ete-liberee

Et voici le meilleur pour la fin, j'ai presque honte de mettre cet article, mais vous allez peut être découvrir ce que des français, si fier de l'être, pense de cette affaire: http://www.fdesouche.com/articles/49541

Voilà, si vous faites l'effort de lire les commentaires sous ces trois articles, vous comprendrez peut être, que l'expression foule hurlante n'est pas un vain mot.

Alors je concède que cette foule ne passe pas à la télé, mais elle diffuse, presque librement, sa "colère" contre cette décision incomprise pour une grande majorité de gens, ne vous en déplaise.

108. Le lundi 29 juin 2009 à 12:54 par Dadouche

@ Véronique

Le système est en fait inversé. Ce n'est plus le JAP qui accorde une réduction de peine.
Dès le début de l'exécution de la peine, un crédit de réduction de peine est automatiquement calculé. Le JAP peut, en commission d'applications des peines, retirer ce crédit en cas de mauvais comportement en détention.
Il existe également des réductions de peine supplémentaires qui elles sont accordées par le JAP en cas d'effort particulier de réinsertion.

109. Le lundi 29 juin 2009 à 13:01 par Mussipont

@ Dadouche : il me semble d'ailleurs que F.Rey ne pouvait prétendre qu'à 41 mois de CRP (3 + 19x2) et qu'elle a donc du bénéficier d'un certain nombre de mois de RPS, non?

110. Le lundi 29 juin 2009 à 13:12 par Véronique

@ Mussipont

Ce n'est pas une question de principe philosophique mais simplement une question avantage/désavantage.

En termes avantage/désavantage: aucun.

En termes de principe philosophique, la question mérite d'être réfléchie autrement que par le seul biais de l'idée d'une relation privée, donc secrète, entre la Justice et un condamné.

L'exécution de la peine est à mon sens aussi importante que la condamnation. Cela ne signifie pas pour moi que la société devrait y intervenir et devrait être obligatoirement être informée d'une libération conditionnelle ou d'une libération tout court.

Cela signifie simplement que je ne vois au nom de quoi, ni quel principe, la société qui, par le biais d'un jury populaire, a condamné, devrait être tenue dans l'ignorance des suites apportées à la décision que la collectivité a assumée au moment de la condamnation.

La publicité d'une décision de justice est un barrage contre l'arbitraire

111. Le lundi 29 juin 2009 à 13:20 par Mussipont

@ Veronique : Rappelons tout de même que la prison soit "punir et réinsérer" et là nous sommes bien dans un principe. Vous rendez vous compte du risque que l'on fait courir à la réinsertion des condamnés si l'on doit publier en détail toutes les libérations? C'est bien d'avoir des principes mais il faut tout de même faire attention que ces principes ne nous conduisent pas à prendre des mesures contre-productives pour tous, société et personne libérée!

112. Le lundi 29 juin 2009 à 13:39 par Véronique

@ Mussipont

Vous rendez vous compte du risque que l'on fait courir à la réinsertion des condamnés si l'on doit publier en détail toutes les libérations?

Et vous rendez-vous compte du risque qui pourrait être pris en termes d'équité et de libertés publiques en cas d'une Justice bis, secrète, se pratiquant en comité restreint d'accrédités et d'initiés ?

Je ne dis pas que la publicité soit souhaitable. Je dis seulement que la principe de publicité est un barrage contre la tentation d'une justice s'exerçant en parrallèle de la société.

@ Dadouche

Merci pour les précisions.

113. Le lundi 29 juin 2009 à 14:02 par Mussipont

Finalement, c'est une question de hiérarchisation des principes : la publicité de la Justice doit elle prendre le pas sur le principe de la réinsertion quitte à ruiner les chances de réinsertion?

En tant que pur pragmatique, je réponds "non" et je fais confiance au JAP, au procureur, à l'avocat, au SPIP et au personnel pénitentiaire qui participeront au débat pour prendre les bonnes décisions, fussent elles cachées à mes yeux.

114. Le lundi 29 juin 2009 à 15:12 par Switz

La criminalité féminine présente la particularité de susciter des curiosités ambiguëes, les affaires Caillaux et Violette Nozière, inlassablement débattues en leur temps, forment un modèle de cette attitude de la foule devant les meurtrières

Pour autant, de "grandes criminelles" dont les procès ont agité les chroniques judiciaires dans les années 80 et 90 ont été élargies sans que la nouvelle de leur libération éclatât au jour. Il existe donc bel et bien une exception F.R. Peut-être que le prisme de l'actualité en fournit l'explication. Après tout, les postures de rebellions qui aboutissent à la violence la plus terrible font question et le débat se prolonge ad libitum, il est relancé à chaque fois qu'un entrefilet de presse indique la situation judiciaire d'un des anciens d'action directe en quête de libération conditionnelle, pour ne pas parler d'autres affaires de militantisme anti-TGV actuellement en cours d'instruction. Même s'il n'existe entre toutes ces affaires que des résonnances, des similitudes fuyantes sous forme de lignes en pointillé, avec bien entendu des différences radicales, la tentation existe de procéder à des synthèses unificatrices et réductrices

Dans de tels cas, le travail des journalistes devient surdéterminé, la presse est liée par son devoir, si c'est pas l'un qui balance la news c'est l'autre. De toutes manières, le temps va laver dans l'oubli cet évènement. L'espace d'un instant, un prurit de réactions douteuses aura pu émerger de la part d'une portion congrue de la foule anonyme ; il n'y a qu'à voir les réactions à cette dépêche sur les sites du monde de libération et du figaro où çà dégoupille façon gros dégueulasse, braguette ouverte, entre les uns qui ont des questionnements arithmétiques (condamnée en 98 à 20 piges pour x morts, dehors en 2009 "ah j'te jure") et les autres qui refont l'affaire sans avoir jamais rien su des éléments présentés au procès in extenso. C'est inévitable, mais le soufflet s'affaissera, l'actualité procurera bientôt d'autres motifs d'indignations hâtives.

Fallait-il cependant taire l'information? d'autres désavantages pourraient exister dans ce cas. Si une affaire semblable au meurtre de Nelly Cremel et impossible à dissimuler parvenait à la connaissance publique, des conclusions précipitées pourraient être exprimées sur l'impossibité de réhabilitation des criminels, alors que dans ce type de situation, le rappel que de nombreux libérés ne font plus parler d'eux aide à remettre de la profondeur de champs, en coïncidence avec l'expression de l'outrage (bien légitime dans le cas de M. Gateau).

Quant aux réactions de certains syndicats de la police, il n'y a pas à juger des gens qui à l'occasion se font tirer dessus à la kalach. Seule est contestable l'insinuation que la pureté du verdict des jurés aurait été affaiblie en catimini (les jurés ont dû se faire expliquer la loi, et connaissaient bien les conséquences de leur choix). Est-il alors vain de préciser que l'image de la procession funèbre qui accompagna ces gardiens de la paix dans leur dernier repos m'avait plus impressionné que cette fameuse photo anthropométrique supposée incarner une génération, et j'avais alors moins de 20 ans, mais il est vrai qu'aucune attestation de commisération ne pourra jamais éteindre l'affliction des victimes.

115. Le lundi 29 juin 2009 à 15:19 par Véronique

@ Mussipont

Fantômette a dit que l'audience se tient en chambre du conseil. Autrement dit, l'audience n'est pas publique.

Je ne vois pas pourquoi la chambre du conseil devrait redouter une éventuelle publicité au sujet de sa décision. Si une décision est prise, c'est qu'elle a été élaborée et mûrie.

Par ailleurs, il me semble que ce qui peut ruiner un programme de réinsertion ce serait une fragilité du condamné à ne pas savoir faire face à l'éventuelle publicité de sa libération conditionnelle ou de sa libération.

Maintenir un principe de silence et du secret entre initiés c'est aussi le contraindre à une forme de dissumulation et d'enfermement en lui-même.

Décidemment ce truc en cercle privé me déplaît vraiment.

116. Le lundi 29 juin 2009 à 15:59 par tschok

Bonjour SLL,

Moi, j'aime bien votre style.

Et ça me plait bien de considérer qu'à chaque fois que je regarde un représentant du ministère public, je lis dans son regard votre intelligence, ce qui est, il faut en convenir, une pure fiction.

Mais au moins vous donnez l'exemple.

Espérons maintenant que cet exemple sera contagieux.

PS: non, rien.

117. Le lundi 29 juin 2009 à 16:18 par Véronique

@ Guile (post 107)

Voilà, si vous faites l'effort de lire les commentaires sous ces trois articles, vous comprendrez peut être, que l'expression foule hurlante n'est pas un vain mot.

Les commentaires de ces trois articles ajoutés aux commentaires des articles du Monde, du Figaro que j'ai mis en lien totalisent 615 commentaires.

Ce n'est pas que je ne veux pas les lire. Je ne dis pas non plus non plus que cela soit insignifiant. J'imagine également que d'autres articles et d'autres commentaires existent. Mais même ce chiffre multiplé ne définit pas pour moi une société hurlante, indignée et sauvage.

Par ailleurs, un journaliste ou un auteur de billet doit-il s'interdire de traiter un sujet au prétexte que son sujet aura pour conséquence des réactions ?

118. Le lundi 29 juin 2009 à 16:36 par Tortuga

Je n'avais pas entendu parlé de cette libération avant de lire ce billet, comme quoi...

De toute manière, avec la mort de Michaël Jakson, on ne va plus parler de cette libération.

119. Le lundi 29 juin 2009 à 16:43 par Mussipont

@ Veronique : "Par ailleurs, il me semble que ce qui peut ruiner un programme de réinsertion ce serait une fragilité du condamné à ne pas savoir faire face à l'éventuelle publicité de sa libération conditionnelle ou de sa libération."

Justement, je crois que l'immense majorité des libérés après 5, 10 ou 15 ans de prison sont fragilisés par la détention et la libération, il n'est peut être pas la peine de rajouter une difficulté supplémentaire, non? Voulez vous que l'on refuse une conditionnelle à quelqu'un car on estime qu'il supportera mal l'étalage de sa libération dans la presse? Cela me semble délirant!

120. Le lundi 29 juin 2009 à 18:15 par Fantômette

@ Véronique,

Bien sûr que le Ministère Public est présent lors des débats contradictoires devant le JAP. Il est là pour défendre et présenter le point de vue de l'intérêt général.

Vous n'avez pas tellement compris le sens de mon propos.

Je décris l'état du droit actuel, ce que l'on appelle le droit positif.

En droit positif, les débats contradictoires devant le JAP ne sont pas publics. Si vous entrez dans un tribunal dans lequel se tient une audience devant le JAP, vous ne pourrez pas rentrer dans cette salle d'audience - a fortiori lorsque ces débats se tiennent en prison. Alors que si dans la salle d'à côté se tient une audience correctionnelle, vous pourrez rentrer y assister. Dans le cas n°1, on parlera d'une audience qui se tient "en chambre du conseil" c'est-à-dire, sans public. Dans le cas n°2, on pourra parler d'audience publique.

Je déduis du fait que les audiences devant le juge d'application des peines ne sont pas publiques, le fait qu'elles sont, en l'état actuel du droit, considérées comme relevant d'avantage de la sphère privée que de la sphère publique.

Je fais un constat.

Le fait que le représentant du ministère public soit non seulement présent, mais soit même partie à l'audience ne change pas grand chose sur ce point. Il garantit par sa présence que l'intérêt général sera pris en compte dans le délibéré. C'est nécessaire et suffisant.

En d'autres termes, la protection et la défense de l'intérêt général ne me semblent pas naturellement antinomiques de la protection et de la défense de la vie privée.

121. Le lundi 29 juin 2009 à 19:43 par Véronique

@ Mussipont

Voulez vous que l'on refuse une conditionnelle à quelqu'un car on estime qu'il supportera mal l'étalage de sa libération dans la presse? Cela me semble délirant!

Non.

Mais envisager, réfléchir, analyser sa libération également sous cet angle: comment ce condamné dont le nom est attaché à un fait divers marquant va faire dans le futur avec son identité. Car personne ne pourra lui assurer , ni engager sa parole sur le fait que son affaire ne sera jamais évoquée dans le débat public.

Bref, cette question ne me semble pas tout à fait inutile, ni vaine à aborder avec lui avant sa libération.

Le catimini, le secret, le discours de la part des accrédités qui consiste à dire que la société n'a rien à voir dans l'histoire m'apparaît ici pas sérieux au sens où ces accrédités vont entretenir l'illusion et une part de mensonge, donc enfermer .

122. Le lundi 29 juin 2009 à 23:25 par Solo

@Dom/Sub (77) : (...)"L'emploi même de ce mot, "tromper", me surprend chaque fois : on pourrait croire que la libération sexuelle n'ait jamais passée par-là, et qu'à 16 ans déjà, une relation amoureuse a plus à voir avec le droit de propriété qu'avec le droit de chacun à disposer de lui-même...

Sûr, changer les mots change tout y compris la nature humaine et les relations amoureuses. Essayer de dire la prochaine fois "Chérie, je ne te trompe pas, je suis libertaire" ça change tout.

Ou alors, "Je suis pas Don Juan, je suis technicien de surfaces à forte pilosité." Votre faute sera pardonnée par la femelle à coup sûr.

Contestez la notion de faute également. Faites l'érudit.

123. Le mardi 30 juin 2009 à 00:46 par didier specq

@mussipont

Je vous signale par ailleurs (mais vous l'aviez sans doute noté) que, techniquement, le droit à l'oubli n'existera bientôt plus du tout. Tout simplement parce que, voici peu de temps encore, l'info tenait sur un support (journal, cassette, archives) finalement fragile et peu disponible.

Disons qu'il fallait opérer un effort pour retrouver la trace d'un tel évènement même si, 15 ans plus tôt, l'affaire avait défrayé la chronique. Aujourd'hui, en deux clics, elle s'étalera sur la toile et réapparaîtra aussi fraîche que si elle avait été décrite hier.

Le droit à l'oubli ne résidera peut-être plus dans le silence mais parce que, au milieu de millions d'autres informations, le souvenir sera très relativisé.

124. Le mardi 30 juin 2009 à 07:28 par Véronique

@ Fantômette

Il y a une vie privée du condamné et je partage votre idée que l'exécution de sa peine, tant que son comportement ne fait pas rejaillir un risque sur l'ordre public (déclaration publique inappropriée de l'intéressé, évasion, agression en détention etc. ) appartient à ce cercle de l'intime. (Sll, réponse à Mussipont - post 101)

Je déduis du fait que les audiences devant le juge d'application des peines ne sont pas publiques, le fait qu'elles sont, en l'état actuel du droit, considérées comme relevant d'avantage de la sphère privée que de la sphère publique. (votre réponse)

Je dois avouer que j'ai du mal à suivre votre raisonnement. Très honnêtement, si l'exécution de la peine - avec ses différentes séquences, comme celle par exemple d'une chambre du conseil -relève du champ intime et privé du condamné, je ne comprends pas qu'on s'embête à y convier le ministère public.

Il faut alors gentiment prier les Sll (procureur me semble-t-il) de prendre la porte au moment des présentations en début de réunion.

Il garantit par sa présence que l'intérêt général sera pris en compte dans le délibéré. C'est nécessaire et suffisant.

Par sa présence ou par sa figuration ?

Et puis, de toute façon, l'audience privée ne signifie pas que la décision elle sera privée, frappée du sceau du secret et interdite de communication dans la sphère publique.

Non ?

Difficile, selon moi, dans ces conditions de faire croire à un condamné que ce qui se joue là est davantage un débat qui se situe qu'entre lui et la Justice, ou ses représentants.

Je veux seulement dire qu'a vouloir trop protéger, on peut aussi prendre le risque d'exposer... beaucoup.

125. Le mardi 30 juin 2009 à 11:08 par Fantômette

@ Véronique,

Bon, je réponds, mais c'est vraiment uniquement dans le but de conserver mon avance sur tschok au top com, car je crois comprendre que vous ne voulez pas comprendre.

Le procureur ne fait pas de la figuration lors d'un débat contradictoire devant le Jap, il y intervient à peu près comme il intervient à une audience pénale lambda : il dispose d'une copie du dossier, il pose des questions s'il le souhaite, et surtout il prend des réquisitions, et ce faisant, intervient en gardant en tête que sa fonction est d'être (comme on disait autrefois) l'Avocat de la généralité (d'où le terme d'avocat général).

Je crois que votre problème est que vous ne savez pas comment articuler la puissance publique (représentée ici par l'institution judiciaire au sens large, en ce sens y compris le ministère public) et le public.

Le droit pénal, contrairement à ce que l'Université française tente de faire accroire, relève du droit public, c'est-à-dire qu'il s'agit par nature d'affaires qui concernent les rapports entretenus entre un individu (le criminel) et le souverain (l'Etat).

Pouvez-vous distinguer le Souverain du public ? Si oui, nous pourrons progresser, si non, nous avons repéré l'endroit où ça bloque.

126. Le mardi 30 juin 2009 à 12:09 par Véronique

@ Fantômette

Pouvez-vous distinguer le Souverain du public ?

Oui.

Mais nous n'aurons pas autant repérer là ça bloque.

Vous dites approuver la conception de Sll qui dit que l'exécution de la peine appartient au cercle de l'intime.

J'admets très volontiers que ma maîtrise de l'expression cercle de l'intime ne peut qu'être qu'une lecture grand public, au sens de non spécialisé.

Si vous le souhaitez, expliquez-moi avec vos connaissances en droit, en fonction de votre pratique et de vos expériences pourquoi, selon vous, ce qu'écrit Sll à propos de l'exécution de la peine est exact.

Ce n'est pas que je ne veux pas ne pas comprendre. C'est que tôt ou tard, même si votre exposé est très brillant, par la force des choses, je finirai par être perdue. Car il me manque, et c'est un handicap, les bases théoriques pour pouvoir correctement comprendre ce que vous voulez me dire.

En même temps, si j'ai beaucoup de plaisir et si j'apprends beaucoup par l'intermédiaire de ce blog, c'est parce que justement l'auteur principal et les auteurs savent être accessibles, pas ampoulés ou artificiellement trop dans les théorismes dans leurs explications sans dénaturer leur maîtrise et leurs savoirs.

Par exemple, l'expression cercle de l'intime parle à tout le monde.

Eolas:
Oui : c'est un film porno, non ?

127. Le mardi 30 juin 2009 à 14:16 par Mussipont

Eolas qui grivoise sous un commentaire de Véronique, on aura tout vu sur ce blog... ;)

128. Le mardi 30 juin 2009 à 20:06 par Noircisse

A quelle haine conduit l'envie dévorante.

Reclus dans leur médiocrité ordinaire ils ont entrevu l'éclat de la passion. Même folle et coupable, elle les aveugle. Personne, jamais, ne les aimera à ce point.

Alors, la haine.

129. Le mercredi 1 juillet 2009 à 20:52 par Elaïs

C'est marrant mais la beauté du texte en ferait presque oublier que l'on y parle d'une femme ayant contribuer à ôter durablement le plaisir de l'ordinaire de la vie à 5 personnes et ayant offert à leur famille l'extraordinnaire douleur de continuer sans eux.

Eolas:
Heureusement, on peut compter sur des gens comme vous, qui ne connaissent si cette jeune femme, ni la famille de ces cinq hommes, et qui se croient autorisés de jouer les arbitres des élégances.

130. Le jeudi 2 juillet 2009 à 00:55 par Elaïs

Piqué au vif Maître?

Ceci dit, votre attaque ad personam ne discrédite en rien la véracité de mes propos. Quant à savoir s'ils sont ceux d'un arbitre des élégances, à l'aune de votre réponse, je ne puis que m'incliner devant votre expertise en la matière ;)

Eolas:
Que voulez-vous ? Je ne puis qu'être jaloux d'une personne qui n'a jamais fauté et ne craint pas ainsi qu'on lui rejette à la figure ses turpitudes 15 ans plus tard ou plus, pour ainsi pointer du doigt les fautes des autres quand bien même ils les ont payé. Je fais partie des êtres imparfaits qui croient qu'il y a une vie après la faute, pour peu que les chiens n'aboient pas trop fort.

131. Le jeudi 2 juillet 2009 à 07:40 par Véronique

...pour peu que les chiens n'aboient pas trop fort.

Juste entre parenthèses.

La phrase de François Mitterrand aux obsèques de Pierre Beregovoy utilisée par Sll et relayée par Eolas dans sa réponse à Elaïs ne dit pas que le même FM, quand son 1er ministre était dans l'accablement le plus grand, défait d'une part en raison d'élections, d'autre part dans l'obsession noire provoquée par les coups portés par la presse, ce même FM ne s'est pas manifesté une fois, une seule fois auprès de PB au moment où celui-ci en éprouvait un besoin criant.

Alors...

132. Le jeudi 2 juillet 2009 à 12:24 par Lucca Clermont

@ Véronique

Il n'y a pas de foule hurlante dans ce billet, et les chiens n'y sont qu'un détail dans sa construction. Vous avez le don dans certaines séries de commentaires de ferrailler autour d'un détail, à partir de prémisses parfois douteuses.

Les chiens ne font pas que déchirer, ils manifestent également leur affection de façon pesante lorsqu'elle n'est pas sollicitée. C'est précisément ce que revendique cette femme qui vient de passer quinze interminables années en prison : qu'on lui foute la paix. Et fasse que ceux qui le désirent ne soit jamais forcés de répondre aux injonctions de la presse et pas que people, qu'on puisse préserver sa vie privée.

133. Le jeudi 2 juillet 2009 à 13:45 par Noircisse

Un bon point, Elaïs : pour certains, seule la douleur peut être extraordinaire. Autre raison de cette dévorante envie ? Savoir que pour d'autres, la joie peut être extraordinaire ou, tout simplement, la vie, chaque jour ou presque ?

Mourir est notre sort, on sait cela au moins depuis les Grecs. Durer un peu est notre destin. Une vie coupée, c'est, pour un petit nombre d'entre nous, beaucoup d'expériences manquées. Une vie arrachée c'est, pour presque tous, une déchirure du cœur, noyée dans de la soude. Quelle qu'en soit la cause.

Quand la cause prend une forme sensible, le vengeance envahit la chair et les os. Ah ! Tuer l'auteur de ma douleur !

Je comprends - oh combien ! - la vengeance. Je la condamne mais je la comprends. Vécue, les yeux dans les yeux avec soi-même, déchiré. En arrachant au monde le coupable, tenter de s'arracher de l'âme cette plaie béante.

Mais, la vengeance judiciaire...

Quel pitoyable objet pour de pitoyables gens.

On ne veut plus se venger, jeter sa douleur à la face d'un coupable. On veut que quelqu'un souffre. Sans se mouiller. De loin, surtout. De loin. Médiocratie. Lillipuçocratie. J'entends chanter "menton ras et ventre rond"...

Se venger, je comprends.

Se tourner vers la Justice et déléguer à la société son "droit naturel" à la vengeance. L'abdiquer au nom d'un idéal plus grand, d'une humanité lavée de la haine. Sincèrement. Héroïsme.

Ne renoncer à la vengeance que par peur de la sanction, sans idéal, par veulerie. Mais garder la haine des vaincus, et haïr aussi ceux qui ont dû prendre la décision. Parce qu'on ne veut pas de justice, on ne veut pas de réhabilitation, on ne veut, du fond de son sentiment de petitesse, que faire fabriquer - par d'autres - d'encore plus petits que soi. Avoir, enfin, le droit d'arracher les pattes des mouches sans être réprimandé. Et demander au petit voisin de le faire.

Et que dire de ceux qui, spectateurs non impliqués, n'ayant pas plus de raison de souffrir que de pleurer à la "Staraque", se construisent une identité dans la mesquine haine de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas ?

Se levant le matin, s'oindre de la pensée de l'autre... qui souffre encore, s'en accorder le nauséabond plaisir et se vautrer dans cette soue. Et, bien entendu, draper les immondices dans une certitude morale jamais questionnée.

Un jour, ça s'arrête. La personne est sortie. Libre. Plus grande, encore, qu'avant. Frustration, détresse, plus de boue fétide pour calmer les morsures des tiques. Privé de son plaisir obscène, le victimomane déraille.

Triste spectacle.

134. Le jeudi 2 juillet 2009 à 18:30 par Véronique

@ Lucca Clermont

Vous serez gentil d'observer que j'ai simplement essayé de défendre dans ce billet un point de vue autre.

Ce que vous appelez un détail n'est pas pour moi un détail. Il structure le billet.

Maintenant, il ne m'a pas semblé inutile de rappeler ce qui a précédé la déclamation indignée de François Mitterrand.

Histoire de dire que le lyrisme peut parfois n’être que la traduction d'une posture.

135. Le jeudi 2 juillet 2009 à 21:30 par Elaïs

Je vous remercie Véronique d'avoir rappelé ce "détail" qui n'en est pas un.

Quant aux chiens, ceux qui aboient les plus forts ne sont pas ceux qui mordent le plus. C'est d'autant plus vrai en l'espèce que ceux que l'on entend n'ont en effet rien à se reprocher. Ne vous en déplaise. C'est un fait, c'est comme cela, ils, vous, nous n'avons ni de sang sur les mains, ni le coeur béant.

Maintenant, je fais partie de ces êtres parfaits (pas de fausse modestie!) qui pensent que cette femme a payé sa dette, (désolée Maître, vous étiez dans l'erreur, mais vous êtes excusé, vous aviez si peu d’élément pour juger juste) mais qui, paradoxalement, pensent aussi que le prix d'une vie est inestimable, la retirer ne peut donc jamais s'aquitter.

Je fais aussi partie de ces êtres chanceux, pour le moment, qui n'envisagent l'acte de pardonner l'impardonnable que sous son angle théorique.

C'est d'ailleurs la perception aigüe de cette chance qui m'a fait intervenir sur ce billet, car si la lie journalistique qui se repêt de cette boue m'exaspère, l'extrême inverse tendant à imputer la charge de la culpabilité et de l'inélégance à ceux incapables de pardon m'exaspère tout autant: Parler du crime de l'assassin a quelque chose de malsain, mais le taire ou l'"euphémiser", l'est tout autant.

Circle, circle and circle again.

136. Le vendredi 3 juillet 2009 à 08:36 par Véronique

@ Elaïs

Si vous me permettez, lisez __Liberté conditionnelle__ de Akira Yoshimura (Actes Sud - 2001). Vous verrez ce que le jusqu'au boutisme théorique, qui consiste à vouloir faire d'un condamné libéré - dans le roman de AY il s'agit d'une libération conditionnelle - un homme ou une femme ordinaire, peut aussi avoir de violent contre le libéré.

C'est un roman d'une très grande sobriété.

Où l'on voit le tuteur du libéré, garant de son secret, mais aussi en raison de ce secret, malgré lui, tout-puissant quant au destin du libéré, donc le tuteur, dans sa volonté de normaliser son libéré va finir par le déposséder peu à peu des dernières marges de sa libérté intérieure.

137. Le samedi 4 juillet 2009 à 00:47 par Noircisse

Ne vous inquiétez pas, mon pauvre Elaïs, votre revendication de la médiocrité, je vous la pardonne. Y compris lorsqu'elle prend la forme d'une incitation à la haine.

Je me demande simplement si, un jour, vous n'arrêterez pas de vous la pardonner à vous-même.

Comme quoi chacun est amendable.

138. Le jeudi 9 juillet 2009 à 13:11 par Bébert

Il est vrai que le traitement médiatique de cette sortie de prison pose des questions de fond.

Les réactions sur les blogs et les forums (de quelques tendances qu’ils soient) sont bien sûr affligeantes. Je crois qu’il s’agit d’une triste première pour une libération en fin de peine qui ne devrait théoriquement susciter que peu de commentaires, voire aucun. On refait le procès, on déforme les faits sans vergogne, on plaide pour la suppression des réductions de peine, pour l’introduction de la rétention de sûreté, pour le retour de la peine de mort… on crie à l’injustice, au scandale au nom du droit des victimes. On fait des comparaisons douteuses ou déplacées avec d’autres affaires… Toutes ces réactions sont malheureusement prévisibles. Internet a un effet décomplexant. On ose y dire ce que l’on n’oserait pas dire au café du commerce. Je crois également que ces commentaires ne sont pas représentatifs (du moins j’ose l’espérer). Seuls les plus excités s’expriment et d’ailleurs il suffit d’un seul posteur caché sous divers pseudonymes pour créer un effet de « meute » haineuse hurlant à la vengeance et au « tout répressif ».

Toutefois, la manière dont une nouvelle est présentée peut insidieusement contribuer, sans doute involontairement, à provoquer de telles réactions. Des titres comme « condamnée en 1998 à vingt ans de prison pour une fusillade qui avait fait cinq morts dans Paris, F. R. est sortie de prison » font penser au lecteur pressé qu’elle n’est restée que 11 ans en prison et qu’elle a été reconnue coupable de 5 assassinats (ce que prouvent les commentaires). De même, le communiqué initial signalait que la détenue avait fait « beaucoup de sport en prison ». Cette information est reprise dans tous les articles comme si elle était capitale, ce qui entraîne, de manière très prévisible, des commentaires qui prouvent l’existence de la fameuse loi d’airain définie par Badinter. À l’opposé, on sent la tentation chez certains journalistes de raconter une « belle histoire », celle de la rédemption de la jeune anarchiste transformée miraculeusement grâce à la prison et prête à reprendre sa place dans une société qui a le sens du pardon pour ses brebis égarées. Après avoir été montrée comme l’exemple de la violence et du malaise social d’une certaine jeunesse en panne de repère, Florence Rey deviendrait le modèle de la « bonne détenue », l’exemple de la réinsertion. Au milieu des annonces de suicides et des rapports honteux sur l’état des prisons, cette nouvelle a une sorte d’effet lénifiant. Elle serait la preuve que le système carcéral français fonctionne et permet aux coupables de retrouver le droit chemin. Je crois que ce n’est pas un service à rendre à quelqu’un qui sort de prison de l’exposer comme cela et d'en faire un symbole.

L’engouement médiatique autour de cette libération témoigne qu’une part du public a tendance à réagir non en citoyen conscient des règles de la justice et du calme qu’elle exige, mais en spectateur avide qui ne veut pas être frustré du dernier épisode du « feuilleton » qu’il a suivi et pour lequel il s’est autrefois passionné. La presse satisfait, c’est naturel, cette demande et flatte cette curiosité. Il est vrai que peu de faits divers récents ont suscité autant de fantasmes, autant de chansons, de livres, de romans, de bandes dessinées, de films… Une émission people vient même de consacrer une séquence a cette affaire sous le titre « Pourquoi Florence Rey, surnommée la tueuse née, fascine-t-elle les français ? ». Dans ce contexte une émission diffusée sur Europe 1 voici quelques mois (donc juste avant la libération) flirte, me semble-t-il, par moments, avec la ligne rouge. Plus encore que les faits, ce qui intéresse le présentateur est la personnalité de Florence Rey, l’énigme Florence Rey. Son évolution en prison est l’objet de toutes les spéculations et prétéritions. Ce qui semble le plus intriguer J. Pradel est la raison pour laquelle elle n’a plus voulu voir telle personne au parloir à partir de telle date. Les intervenants, son ancienne avocate et une journaliste, lancent des hypothèses en précisant ne rien savoir ( son ancienne avocate suggère, en pleine affaire de Tarnac, qu’elle aurait pu se radicaliser en prison et se laisser « récupérer »). À la fin, la journaliste livre une « information » ou plutôt une supposition qui ne concerne plus les faits, ni même l’application de la peine, mais bien la vie intime d’une détenue, tout en rappelant que celle-ci ne veut pas qu’on parle d’elle… (si cela vous intéresse, ça doit être podcastable). En quoi cela nous concerne-t-il ? (Dans le même registre, Le Figaro s’était intéressé à l’évolution des convictions religieuses de son frère en le présentant comme un terroriste potentiel voici quelques années).

Peut-on traiter les intervenants d’un procès comme des célébrités, des people du crime ?Ce voyeurisme est, il est vrai, encouragé par le fait qu’au procès la vie privée des accusés, des victimes et de leurs familles est longuement disséquée et exposée dans les journaux. À ce moment de tels éléments se justifient dans la stricte mesure où ils peuvent éclairer les actes et le verdict. Les avocats des deux camps se servent, il est vrai, souvent de ce battage médiatique dans l’espoir d’influencer la décision. Dans ce contexte, il faut redouter la généralisation des couvertures en direct des procès sur internet depuis la salle d’audience (via des logiciels de chat). Ceci s’est produit à ma connaissance à deux reprises : dans le soir (le quotidien belge de référence) pour une affaire très médiatique d’infanticide et dans un journal régional français pour le procès Courjault. L’exemple belge montre que ce type de couverture ne peut que déclencher des passions malsaines. Certains semblent suivre les faits divers comme s’ils suivaient une téléréalité un peu glauque.

Par contre, pour en revenir à la fin de peine de Florence Rey (Je me souviens que l’année probable de sa libération figurait dans tous les journaux au lendemain du procès. Il n’y a donc pas de surprise.), j’aurais aimé lire sous la plume d’un journaliste (ou d’un juriste) une explication posée des différents types de réductions et d'aménagements de peine, de la philosophie qui sous-tend ce système, de ses modalités d'applications. En particulier, dans la plupart des articles on parle de réductions de peine automatiques. Il me semble (corrigez-moi si je me trompe) que cet adjectif est inexact ou du moins qu'il donne une lecture assez orientée. Une bonne part des réactions scandalisées proviennent d’un manque de connaissance et d’un défaut de contextualisation de l’information, ce que justement doit corriger le travail journalistique. Je veux dire que quand je lis ce commentaire, parmi tant d’autres, sur le site du figaro :
·
· 25/06/2009 à 13:23
Lors du procès de Florence Rey son avocat, maitre Leclerc, déclarait "qu'on avait à faire à une très jeune adolescente"-sic- alors que Florence Rey avait 19 ans au moment des faits...vous apprécierez le sérieux du propos...
Lors de l'énoncé, le même maitre Leclerc disait que 20 ans était une peine lourde puisque "les détenus, contrairement à la rumeur répandue, purgent l'intégralité de leur peine".
1994+20= 2014...et non pas 2009!
Entre les "très jeunes adolescents" de 19 ans et les fariboles concernant l'éxecution des peines, maitre Leclerc s'est rendu coupable de 2 flagrants délits de mensonge!

Ou celui-ci (corse matin)

Un peu d'arythmétique : 1998 20 ans = 2018. D'où vient la différence ? 2018-2009= 9 ans de remise de peine !
Est-ce une libération pour "bonne conduite" avec emploi à la clé au ministère de la justice ?
Celà ne fait pas cher la vie des victimes et des Policiers morts pour assurer notre sécurité.
Avec de tels individus dans nos rues nous ne pouvons que constater le règne de Mai 1968 au ministère de la justice.
Seule la peine de mort empêcherait avec certitude toute récidive.

je me dis que l’annonce de cette libération, à partir du moment où l'on choisissait de la relayer, donnait une opportunité de dépasser le fait divers atroce pour faire un peu d’éducation juridique. Parler à l’intelligence, pas à l’émotion (S’il ya eu un article de ce type que je n’ai pas trouvé, je m’excuse).

139. Le lundi 20 juillet 2009 à 15:19 par Oseling

Il est des grands esprits comme du parfum des roses, c'est que leur seul contact transforme toute chose...

J'ai trébuché sans le vouloir sur votre journal d'échanges, et j'ai immédiatement été saisie par l'exceptionnelle brillance de l'esprit de son hôte.
Nul besoin en effet pour connaître la mer de la boire toute entière... une seule goutte suffit!

Je me suis donc attardée, un peu, sur vos réponses qui, seules, pouvaient me donner l'envie de remonter à leur cause...

Et là je me suis amusée de l'excellence impitoyable et pleine d'humour que vous manifestez, et qui ne laisse aucune chance à la médiocrité!

J'aimerais donc rendre hommage à cet esprit admirable dont l'éclat pourfend les voiles de ce blog, d'une robe d'avocat et de bien d'autres rôles certainement... sans craindre pour cela (comme l'un de vos interlocuteurs) de polir un ego qui, comme seuls ceux qui étudient la science de l'âme le savent, est l'apanage et le joug de toute l'humanité, même sous sa manifestation la plus humble.

Alors, ne nous privons pas de l'hommage quand il est mérité, car rares et précieux sont ceux dont l'esprit qui par sa seule brillance, élève instantanément le niveau de ses interlocuteurs!

Et en ce qui me concerne, consciente de la difficulté qu'il y a, à faire évoluer les consciences, celui qui y parvient par quelque moyen que ce soit, et même à son insu, me remplit de joie et du plus profond respect.

Merci Monsieur, et bravo!

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