Lutter contre le côté obscur de la Force
Par Eolas le jeudi 23 octobre 2008 à 08:00 :: Magistrats en colère :: Lien permanent
Par Lolotte au pays des petits pois, substitut, qui semble oublier que le côté Obscur, c'est elle.
Je pense au poème de Mallarmé qui évoque l'histoire de ce cygne dont les ailes sont prises dans les eaux gelées d'un lac et dont il ne peut se libérer, sauf à se mutiler lui même.
Adolescente, à la lecture de ce poème, j'avais peur d'entendre, un jour, le requiem de ce cygne à l'agonie.
La justice se trouve aujourd'hui prisonnière des mêmes glaces.
Et adulte, à l'évocation de cette idée, j'ai peur d'entendre, un jour, le sombre requiem de cette justice à l'agonie.
En fonction depuis 2 ans, je suis passée de l'écœurement à la révolte, de la colère à l'indignation.
On m'oblige aujourd'hui à requérir les peines planchers. Pas seulement contre ma liberté de parole à l'audience, mais aussi en contradiction avec une loi qui m'autorise à ne pas les requérir. Pourtant ma fonction n'est-elle pas de faire appliquer la loi?
Je ne sais pas, je ne sais plus... je suis perdue.
Manifestement la lecture de mon code, que j'irai bien jeter place Vendôme, ne suffit plus.
Mais ce que je sais, c'est que je ne peux accepter ce que la "haute sphère du pouvoir" cherche à m'imposer. La conviction que j'ai pour ma fonction est aux antipodes de cet automatisme qui consisterait à requérir sans raisonner, sans humanité et sans cœur et à considerer que derrières les dossiers, il n'y à que des numéros de parquet que l'on sanctionne et non pas des hommes et des femmes fussent-ils délinquants.
On me demande d'anticiper les conséquences de mes décisions, comme si de magistrat je serais devenue Medium. comment expliquer à Notre Ministre que je ne suis pas Madame Soleil? Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdue.
On me convoque, on me demande des comptes, et accessoirement on me demande de me taire. Moi ça me donne envie de crier encore plus fort.
Je ne renoncerais pas aux convictions qui sont les miennes. Je refuse d'être un petit lieutenant ou une baïonnette aux ordres. Je me battrai pour cette justice en laquelle je crois, celle que nous nous efforçons de rendre tous et dans les conditions qui sont les nôtres. Et si je dois me mutiler et y perdre des plumes, me faire convoquer ou réprimander, soit.
Parce que personne ne parviendra jamais à mutiler les convictions qui sont les miennes.
Commentaires
1. Le jeudi 23 octobre 2008 à 16:49 par Juris
2. Le jeudi 23 octobre 2008 à 17:03 par le cygne
3. Le jeudi 23 octobre 2008 à 22:18 par DonRamiro
4. Le vendredi 24 octobre 2008 à 11:03 par F.G
5. Le vendredi 24 octobre 2008 à 17:44 par Le Papé
6. Le vendredi 24 octobre 2008 à 17:54 par Le Papé
7. Le vendredi 24 octobre 2008 à 17:59 par Le Papé