Mes lecteurs sont formidables (2)
Par Eolas le mardi 6 mai 2008 à 11:39 :: General :: Lien permanent
… et le second apport est dû à une de mes Taupes®, qui m'a fourni des documents statistiques internes au ministère de la justice sur la CRPC, plus récents que ceux que j'ai pu trouver.
On y apprend que sur les 181 tribunaux de grande instance (TGI) existant à ce jour, le nombre de tribunaux n'utilisant pas cette procédure est passé de 62 à 15 (ce chiffre fluctue selon les mois, des petits tribunaux pouvant n'avoir aucune affaire en CRPC pendant de longues périodes). D'octobre 2004 à décembre 2007, 126 839 affaires ont été traitées en CRPC dont 97% sur convocation (le prévenu est libre et a le temps de préparer sa défense) et 3% sur déférement (le prévenu est en état d'arrestation et est amené directement du commissariat au procureur) soit 3 808 dossiers.
Des affaires terminées sur cette période, 88,1% se terminent par une peine homologuée. Parmi les échecs, 7,1% s'expliquent par la non comparution du prévenu, 2% par un refus de la peine par le prévenu, et 2,8% par un refus d'homologation par le juge.
Le nombre d'affaires nouvelles progresse régulièrement sur 2007, hormis les mois d'été où ce nombre chute brutalement (5 668 affaires nouvelles en juin 2007, 2 757 en juillet, 1 357 en août, 6 046 en septembre).
Le TGI pionnier en la matière est celui de Lyon, qui en 2004 a à lui seul audiencé la moitié des affaires. Il en reste le premier utilisateur parmi les “gros”[1] TGI devant Paris (1 508 CRPC à 1 446). Quand on sait que Dominique Perben est depuis mars 2004 vice-président du Conseil Général du Rhône et conseiller général de Lyon (6e canton), on comprend mieux.
Le champion de France 2007 est un poids moyen : le TGI de Grasse, avec 1 692 dossiers.
Ce sont les moyens et petits tribunaux qui ont le plus recours à la CRPC : depuis septembre 2007, elles représentent plus de 10% des poursuites correctionnelles engagées par ces tribunaux.
À titre indicatif, le nombre de “réponses pénales” pour des délits (suites données à une plainte, ou à la constatation d'une infraction par la police) est en 2007 de 1 226 255.
42,2% de ces réponses sont des alternatives aux poursuites (médiation, rappel à la loi, injonction thérapeutique, composition pénale). Cela laisse 708 247 poursuites dont 500 328 sont portées directement devant le tribunal correctionnel, 30 398 donnent lieu à une instruction, 58 208 concernent des auteurs mineurs et vont au juge des enfants, et 51 000 en CRPC.
Le taux de classement sans suite est passé en 10 ans de 45% à 20%. Si je ne mets pas en doute l'acharnement au travail des parquetiers, la vraie explication à cette baisse spectaculaire est due au gouvernement Jospin, qui en 1998 a modifié le mode de calcul de ce taux, en passant du taux d'affaire dont l'auteur n'est pas identifié au taux d'affaires dont l'auteur identifié n'est pas poursuivi (résultat : taux 1998 : 45,9% ; taux 1999 : 34,9%).
Notes
[1] Les “Gros” sont : Lyon, Paris, Toulouse, Bobigny, Evry , Bordeaux, Pontoise, Versailles, Lille, Nanterre, Marseille, Créteil.
Commentaires
1. Le mardi 6 mai 2008 à 12:05 par Phi.
2. Le mardi 6 mai 2008 à 12:12 par PB
3. Le mardi 6 mai 2008 à 18:26 par Avocat Breton
4. Le mardi 6 mai 2008 à 19:56 par JL COLOMBANI
5. Le mardi 6 mai 2008 à 22:52 par Richard
6. Le mardi 6 mai 2008 à 22:59 par Delio
7. Le mercredi 7 mai 2008 à 01:30 par candida
8. Le mercredi 7 mai 2008 à 08:05 par Sylvie LO RE
9. Le mercredi 7 mai 2008 à 09:47 par didier Schneider
10. Le mercredi 7 mai 2008 à 11:43 par parquetier
11. Le mercredi 7 mai 2008 à 11:52 par avocatlyon
12. Le mercredi 7 mai 2008 à 12:04 par aliocha
13. Le mercredi 7 mai 2008 à 12:16 par avocatlyon
14. Le mercredi 7 mai 2008 à 12:33 par aliocha
15. Le mercredi 7 mai 2008 à 14:15 par avocatlyon
16. Le mercredi 7 mai 2008 à 16:02 par Michaël
17. Le mercredi 7 mai 2008 à 16:57 par Geabulek
18. Le mercredi 7 mai 2008 à 17:56 par IDA
19. Le vendredi 6 juin 2008 à 21:33 par Nicolas