Les dessous de France culture
Par Eolas le vendredi 14 avril 2006 à 15:50 :: General :: Lien permanent
Où l'auteur raconte son aventure dans la jet set médiatique.
Après avoir fourni sur un plateau une audience de 5000 à 12000 personnes à France culture ce matin, à mon tour de parasiter cette prestigieuse enseigne pour attirer de l'audience : voici les Matins de France Culture, comme si vous y étiez.
Au début, ça commence comme à n'importe quelle soirée Publicis : un gorille en costume vous accueille et vous conduit à l'ascenseur vers le sixième ciel.
Premier point déstabilisant, les ascenseurs n'ont pas de boutons à l'intérieur. Les boutons sont dehors et servent à appeler l'ascenseur en indiquant à quel étage vous voulez vous rendre. C'est très intelligent pour gérer la circulation de ceux ci dans un bâtiment de la taille de la Maison de la Radio, mais vous vous sentez un peu comme un cosmonaute lancé dans un Soyouz à la merci de Baïkonour.
Enfin, la cabine vous débarque sur la planète Matins. Le studio est facile à trouver il n'y a qu'à suivre les lumières rouges. La planète Matins est une planète peuplée d'habitants sympathiques et mal coiffés, qui parlent à voix basse et baignant dans France Culture dont le son omniprésent semble sortir du néant. Même aux toilettes, vous n'y échappez pas.
Très rapidement, l'amphytrion vient vous saluer, très cordial et débonnaire. Nicolas Demorand est sans nul doute le chef ici, c'est le plus mal coiffé de tous (Alexandre Adler est hors concours). Là, je tire ma toque à l'hôte des lieux : il arrive en quelques minutes, puisque ses laps de liberté se comptent en cette unité de mesure, à vous mettre parfaitement à l'aise, à vous briefer sur le déroulement de l'émission et les thèmes qu'il compte aborder. Oubliée l'angoisse de la prise de parole dans un studio radio, disparu le traumatisme de l'ascenseur sans bouton, et pour me mettre parfaitement à l'aise, on m'apporte un gobelet en plastique contenant de l'eau tiède dans laquelle flotte entre deux eaux un sachet de Earl Grey. On m'indique qu'il s'agirait d'un thé.
On vous fait entrer dans le studio en profitant d'un reportage enregistré, et vous comprenez instantanément le fonctionnement de l'émission : c'est de la musique de chambre, et Nicolas Demorand est le chef d'orchestre. Car si sa tête reste toujours à proximité immédiate de la mousse de son micro, ses bras s'agitent sans cesse pour lancer la suite, imposer le silence, donner la parole, sommer un intervenant d'achever ses propos, indiquer qui sera le prochain à être interrogé. En fait, à la radio, on parle avec les mains.
Même quand Nicolas Demorand parle, et n'a donc pas d'instructions à donner, ses mains ne restent pas inactives : un refroidissement et c'est le claquage assuré au moment d'indiquer à Alexandre Adler qu'il faut conclure (ce qui demande parfois une certaine persévérance). Il a donc une série d'exercices continus : remise en place des lunettes, prendre parmi les stylos disposés en rangée à côté de lui le plus à droite et le placer le plus à gauche, caresser la feuille devant lui, et retour à la remise en place des lunettes. Un sportif de haut niveau, assurément.
Durant toute l'émission, un esclave stagiaire veille silencieusement à satisfaire vos moindres désirs, tant qu'ils restent dans la limite de : café chaud, verre d'eau ou viennoiserie (flûte ! Je n'ai pas goûté les croissants !), et vous prend en photo à la fin (sauf qu'il cadre très mal ses photos...).
Le studio n'est pas une prison, mais un moulin : on entre et sort sans cesse, à volonté, à condition d'être quiet comme un ninja.
Alain Gérard Slama entre et salue tout le monde sans un bruit, lâche ses torpilles contre les blogues, et nous laisse panser nos plaies, il reviendra nous porter l'estocade à 8h30.
A propos de la chronique d'Alain Gérard Slama, je ne résiste pas à l'envie de recopier ici le topo que m'avait fait Jules de Diner's Room, mon associé de Lieu Commun, sur ce qui serait probablement le contenu de ses propos. Vous voyez, il n'est pas tombé loin.
Révolution numérique : bouleversement de l'héritage des lumières.
- 1 - lumières = sécularisation du fait religieux ; obligation de confrontation des individus / Numérique = disparition du regard de l'autre. L'individu n'est plus autonome ni solidaire.
- 2 - lumières = Affirmation d'une raison législatrice / Numérique => relativisme
- 3 - Lumière = frontières / Numérique = abolition des frontières
- 4 - Lumières = séparation espace public-privé ; civilité pudeur /internet = disparition de ces barrières ; crise des rapports de civilité de l'esprit de résistance aux pouvoirs.
Le journal de 8 heures est l'occasion d'une longue pause hors du studio qui vise à préparer la dernière demi heure. Alexandre Adler arrive, journaux sous le bras, très concentré, puisqu'il fait sa chronique sans notes, ce qui est un tour de force.
Nous rentrons en catimini pour écouter l'homme à l'ouvrage, quelques échanges et c'est la chronique d'Olivier Duhamel, qui a décidé de prendre son seul jour de vacances le jour de ma venue, moi qui me faisais une joie de le rencontrer...
Heureusement, Alain Gérard Slama nous fait oublier l'absence du constitutionnaliste en revenant au studio, prêt à nous renvoyer à nos commentaires et trackbacks.
Au cours de cette dernière demi-heure, Alexandre Adler semble absent, absorbé dans la lecture d'un journal de langue anglaise (Le Herald Tribune ?), où il rectifie au stylo une carte de Russie qui ne mentionnait pas la frontière maritime russo-nippone. Apparence trompeuse, car dès que Zaki Laïdi lui semble oublier un peu trop volontairement que Pascal Lamy, pour être un expert en sa matière, n'en est pas moins un politique, il oublie aussitôt l'île Sakhalin pour fondre sur l'invité, qui croyait que le danger ne venait que d'Alain Gérard Slama. Il ne lâche sa proie que pour me démasquer comme krypto-sarkozyste (il est vrai que je n'ai pas encore entamé ma série sur le droit des étrangers).
Alain Gérard Slama reprend ses propos sur le n'importe quoi des commentaires bourrés de diffamation et de haine, par rapport à la presse hiérarchisée et contrôlée préalablement… et alors que je réagis à ses propos, me fait signe qu'il doit partir, et quitte le studio. Magie de la radio : vous croyiez que j'avais cloué le bec à Monsieur Slama par ma réplique, en réalité, je parlais à son fauteuil.
Cette demi heure passe très, trop vite, et déjà la danse de Saint-Guy qui agite Nicolas Demorand indique qu'il est 8h58, 8h59, 9 heures pétantes, le silence s'abat pour que le journal commence : il est temps de quitter le studio sur la pointe des pieds.
Une dernière discussion à bâtons rompus avec Nicolas Demorand, très enthousiaste sur cette nouveauté que sont les blogues, enthousiasme moins partagé par le reste de son équipe, ai-je eu l'impression, et David Kessler himself, très sympathique également, et il est temps de quitter l'Olympe par l'Ascenseur Infernal pour retourner défendre la veuve si elle est solvable et l'orphelin s'il a hérité.
Première impression : un moment très agréable, vraiment, je me suis amusé, même si j'éprouve un petit regret, la sensation d'avoir plus reçu que donné. J'espère avoir vraiment apporté quelque chose à cette émission, la troïka d'invités, dont un, Zaïki Laïdi, parfaitement à l'aise dans ce milieu qu'il connaît visiblement déjà, n'a pas facilité l'instauration d'un dialogue, puisque Nicolas Demorand veillait à ce que chaque invité ait la parole à tour de rôle, ce qui supposait que deux personnes au moins parlent entre deux interventions du même invité (je ne suis pas sûr que Zaïki Laïdi ait respecté scrupuleusement cette étiquette).
Merci donc à l'équipe des Matins pour cette invitation et cet accueil, en espérant que vous en aurez tiré autant de satisfaction, voire de plaisir, et surtout qu'on a battu Cauet en parts de marché.
Commentaires
1. Le vendredi 14 avril 2006 à 14:10 par Saluki
2. Le vendredi 14 avril 2006 à 14:15 par Salomon Ibn Gabirol
3. Le vendredi 14 avril 2006 à 14:25 par bambi
4. Le vendredi 14 avril 2006 à 14:27 par bambi
5. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:00 par Xeros
6. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:02 par anonyme auditeur
7. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:06 par krysalia
8. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:10 par Luc
9. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:36 par rosie
10. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:37 par leinad
11. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:45 par François/phnk
12. Le vendredi 14 avril 2006 à 15:46 par rosie
13. Le vendredi 14 avril 2006 à 16:14 par Patrick
14. Le vendredi 14 avril 2006 à 16:21 par Patrick
15. Le vendredi 14 avril 2006 à 16:44 par vicnent
16. Le vendredi 14 avril 2006 à 17:17 par Charlottine
17. Le vendredi 14 avril 2006 à 17:38 par Christian
18. Le vendredi 14 avril 2006 à 18:47 par pixelités
19. Le vendredi 14 avril 2006 à 19:01 par Agnès
20. Le vendredi 14 avril 2006 à 19:10 par Largentula
21. Le vendredi 14 avril 2006 à 20:05 par Monique
22. Le vendredi 14 avril 2006 à 20:32 par yannick
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24. Le vendredi 14 avril 2006 à 21:23 par Marie9999
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28. Le vendredi 14 avril 2006 à 22:03 par Bib2
29. Le vendredi 14 avril 2006 à 22:20 par contestataire
30. Le vendredi 14 avril 2006 à 22:20 par ddfc
31. Le vendredi 14 avril 2006 à 23:15 par la nouille
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34. Le samedi 15 avril 2006 à 09:10 par Garfieldd
35. Le samedi 15 avril 2006 à 10:05 par courbet
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40. Le dimanche 16 avril 2006 à 12:07 par lionel
41. Le dimanche 16 avril 2006 à 19:47 par Souplounite
42. Le lundi 17 avril 2006 à 12:31 par Elsa
43. Le lundi 17 avril 2006 à 23:35 par rom
44. Le mercredi 19 avril 2006 à 23:34 par Laure