Affaire Monputeaux : le compte rendu d'audience
Par Eolas le jeudi 9 février 2006 à 01:31 :: Dans le prétoire :: Lien permanent
Après itératives mises en demeure, voici mon compte rendu de l'audience du 3 février dernier devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, dans l'affaire opposant Christophe Grébert à la Commune de Puteaux.
En fait, deux affaires distinctes sont jugées en même temps : l'une opposant Puteaux au Parisien et à mon confrère Jean-Gilles Halimi (oui, il est prévenu), et l'autre opposant Puteaux à Christophe Grébert.
Pendant que les avocats exposent les moyens qu'ils entendent soulever et que les témoins sont appelés, la tribune de presse bruisse comme un soir de première. Le Monde, Libération, Le Parisien, Le Figaro, la presse est là et c'est ambiance franche rigolade :
Tandis que l'un des assesseurs examine l'article du Parisien incriminé :
- Quand même, au lieu de bosser, ils se permettent de lire le journal ! (gloussements dans la tribune)
- Bon, qu'est ce qu'on attend ? C'est long !
- Oh, il est joli votre stylo, Maître (et de s'en saisir sans me demander ma permission).
- Qui c'est lui ?
- C'est le directeur juridique du Parisien.
- Haaaa... (Perdu : c'est maître Halimi).
L'audience commence enfin.
J'apprends ainsi ce qui est donc précisément reproché à chacun des prévenus est :
Pour le Parisien (en fait son directeur de la publication, qui n'est pas présent, ce qui est habituel devant la 17e) : un article publié le 26 avril 2004 relatant une action intentée devant le tribunal administratif par une employée de la municipalitée licenciée brusquement après avoir dénoncé à ses supérieurs un marché public qu'elle estimait sujet à caution, et qui se plaignait d'avoir été menacée par la suite. Ce sont ces allégations de menaces qui sont estimées diffamatoires par la mairie putéolienne.
Pour Maître Hailimi : d'avoir tenu les propos faisant état de ces menaces qui ont été rapportés par Le Parisien, se rendant ainsi complice de la diffamation dont l'auteur principal est le directeur de la publication du Parisien.
Pour Christophe Grébert : d'avoir rapporté ces propos diffamatoires sur son blog (dont il est directeur de la publication) ET d'y avoir ajouté créance en commentant ainsi cet article :
Ayant moi même reçu ce genre d'appels téléphoniques (insultes et menaces que j'ai enregistrées et diffusées sur mon site !), vous pouvez imaginer mon choc en lisant ces lignes dans Le Parisien. Ce témoignage est à recevoir avec sérieux.
L'article incriminé est encore visible sur cette page, à la date du 26 avril 2004).
Mon confrère Halimi est entendu en premier. Il expose de manière détaillée l'affaire pour laquelle il défend encore cette employée. Je n'entrerai pas dans les détails, qui n'ont pas encore été tranchés par la justice et ne regardent pas directement les blogues. Disons simplement que la mairie de Puteaux a engagé une personne ayant de l'expérience dans "l'événementiel" pour superviser la construction par la mairie d'une piste de ski à l'occasion des fêtes de noël. Cette employée consulte le dossier, et s'émeut du coût (un million d'euro) pour ce qui d'ordinaire coûte un tiers de ce prix. De plus la société en question est toute récente, n'est pas connue dans le milieu de "l'événementiel", et n'est pas à jour de ses charges URSSAF, ce qui est de nature à l'exclure des marchés publics. Elle en fait la remarque à son supérieur et reçoit une lettre mettant fin à sa période d'essai (au bout de vingt cinq jours). Elle décide d'exercer un recours contre ce qu'elle estime être une rupture abusive de préavis et affirme avoir à la suite de ce recours reçu des menaces.
L'essentiel de la défense de mon confrère est que ses propos sont en fait tirés de son mémoire devant le tribunal administratif que les journalistes du Parisien se sont procurés, écrit jouissant de l'immunité de l'article 41 de la loi du 29 juillet 1881, et qu'il n'a pas été informé de l'intention des journalistes de publier ces extraits, ce qui exclut l'élément intentionnel de l'infraction de diffamation. La ville de Puteaux n'ayant guère de moyens de contester cette affirmation, et le doute profitant au prévenu, une relaxe de mon confrère est probable.
Puis c'est Christophe Grébert qui est appelé à la barre. Dans la tribune de presse, les bavardages cessent : c'est ce qui les intéresse, visiblement.
La déposition de Christophe Grébert est longue et visiblement préparée. Son discours est structuré, on sent le journaliste derrière le blogueur, et il ressort des formules déjà employées par ailleurs ("Sur mon blogue, c'est une ambiance de fête au village").
Il reconnaît que ce site est engagé politiquement, qu'il est adhérent au parti socialiste depuis le 22 avril 2002. Puis il rappelle les nombreux incidents, de plus en plus graves, l'ayant opposé au personnel municipal, et dont la presse s'est faite écho. Sa thèse est celle du harcèlement : la mairie veut le faire taire, et selon lui c'est dans cette lignée que s'inscrit la présente action.
Il souligne que le résultat de cette action est que son site reçoit désormais 1500 visites par jour, alors qu'à l'époque des faits il tournait autour de la cinquantaine : c'est donc Puteaux qui, selon lui, est la première cause de cette mauvaise publicité dont elle se plaint aujourd'hui.
Le président s'intéresse à ses allégations de menaces téléphoniques. Deux de ces messages ont été laissés sur sa boîte vocale, la plupart ont été entendus directement par l'intéressé, ce qui n'a laissé donc aucune trace.
Pendant ce temps, dans la tribune de presse, on fait du droit.
- Mais son site, c'est un blogue ?
- Oui.
- Alors pourquoi est-ce jugé comme une affaire de presse ?
- Parce qu'il est journaliste.
- Ha, oui.
Non, chers lecteurs, c'est jugé comme une affaire de presse car la loi sur la liberté de la presse s'applique dès qu'il y a publication, peu importe que ce soit par un particulier, ce qui est le cas pour une publication électronique. Christophe Grébert pourrait être charcutier-traiteur qu'il relèverait quand même de la 17e chambre.
Le Président interroge le prévenu sur sa méthodologie :
« Vous n'avez pas enquêté, vérifié ?
- Non c'était dans le Parisien. Si c'est dans le Parisien, je n'avais aucune raison de le mettre en doute.
- Vous êtes journaliste et vous tenez ce genre de discours ? demande le président, surpris.
- Parce que c'est Le Parisien. Si ç'avait été Le Monde, je ne tiendrais pas ce discours.
Dans la tribune de presse, Pascale Robert-Diard manque de s'étrangler. Ses copines volent à son secours.
- Petit con !
- Allons, Petit con présumé.
- Ha, non, petit con confirmé.
- A partir de maintenant, je soutiens Puteaux.
Pendant que la presse sérieuse et impartiale fait son travail, Christophe Grébert termine sa déposition en s'embrouillant un peu. Sa clarté et sa construction disparaissent peu à peu sous les questions précises du président, qui cherche à connaître les précautions éventuelles qu'a pris Christophe Grébert avant de publier. Christophe Grébert ne peut que répéter que ça lui paraissait crédible car lui même a subi des menaces, et que Le Parisien est une source qui fait foi pour lui.
Jean-Marc Fédida enfonce le clou en lui demandant si, en tant que journaliste, il n'a pas eu l'idée de contacter cette employée ou son avocat dont le nom est dans l'annuaire, ou les journalistes ayant publié cette histoire, ou de solliciter le commentaire de représentants de la municipalité, en vertu des règles journalistiques : vérifier ses sources, recouper les informations, solliciter la contradiction. Christophe Grébert n'a pu que reconnaître que non, en soulignant qu'il ne tient pas son blogue en tant que journaliste mais en tant que citoyen.
Une fois l'interrogatoire terminé, les témoins sont entendus, mais je n'ai pu assister à leur déposition, ayant des obligations professionnelles. Leur audition ne présentait à mon avis que peu d'intérêt quant aux faits eux même et visaient à planter le décor de conflit ouvert qui règne entre la mairie et cet administré.
A la sortie de la salle, un jeune journaliste d'une chaîne régionale (comment ça il n'y en a qu'une ?) m'interpelle pour me demander si je suis un des avocats du procès. Nenni lui dis-je. Il me demande si je sais quand ça va se terminer. Je lui réponds un peu surpris que ce n'est pas une pièce de théatre, rien n'est écrit d'avance et bien malin qui pourrait dire quand ce sera terminé : il faut que les quatre témoins déposent et surtout que les avocats plaident. Il blémit en regardant l'heure sur son mobile 3G dernier cri : il faut absolument qu'il ait ses images pour 17h15 au plus tard pour le 19/20 (non, j'ai pas dit pour quelle chaîne il travaille !).
Et là, il me demande benoîtement si je ne pourrais pas glisser à l'oreille de Jean-Marc Fédida de s'éclipser discrètement dès qu'il aura terminé de plaider. Il a l'air vraiment malheureux quand je lui fais remarquer qu'il est d'usage d'écouter les plaidoiries de ses adversaires, ne serait-ce que pour en rendre compte à ses clients, se faire une opinion sur le résultat possible de l'audience, éventuellement tenter de les déconcentrer, et connaître la date du délibéré, renseignement qui peut intéresser son client.
Il me remercie d'un air de dire que décidément, les avocats n'aiment pas les journalistes.
je reviens une vingtaine de minutes plus tard, pile quand les plaidoiries commencent. L'audition des témoins a eu lieu au pas de charge.
La parole est donc à l'avocat de la ville de Puteaux, Jean-Marc Fédida.
La première partie de la discussion porte sur la recevabilité de l'action de la municipalité, qui n'a pas de personnalité légale a récemment rappelé la cour de cassation, seule la commune en étant doté. L'avocat de Puteaux produit pour contrer cet argument une délibération du Conseil Municipal mandatant le maire pour agir à cette fin. La controverse portait sur les mentions de la citation, qui ne rendraient pas compte de cette habilitation.
Je passe sur sa démonstration concernant Le Parisien et Jean-Gilles Halimi.
Il en arrive à Christophe Grébert.
Jean-Marc Fédida écarte d'emblée le faux débat qu'on pourrait être tenté d'instituer : la revendication d'une liberté de parole absolue au nom de la démocratie participative, particulièrement à Puteaux où à en croirie le prévenu règnerait une atmosphère de terreur. Il invoque un article de Légipresse d'octobre 2005 "Le blog objet de multiples responsabilités", qui conclut à l'imputabilité des délits de presse aux blogs, y compris aux commentaires. Il relève que la jurisprudence est plus souple en matière de commentaire politique, sujet à controverse parfois vive, mais dès qu'on sort de la controverse sur les idées pour mettre en cause les personnes, la jurisprudence retrouve toute sa sévérité. Et ce serait le cas ici, où ce n'est pas la politique de la municipalité qui est critiquée, mais sa probité qui est mise en cause.
Christophe Grébert est journaliste, de son propre aveu. Il ne peut ignorer, "étant donné le merveilleux métier qu'il a l'honneur d'exercer" (cette phrase est prononcée non pas vers le tribunal mais vers la tribune de presse) les devoirs de cette profession. Or il n'en a rien été.
Après avoir ironisé sur sa foi béate dans Le Parisien, Jean-Marc Fédida affirme que Grébert est critiquable non pas pour s'attaquer à la mairie, ou aux idées de celle-ci, mais parce qu'il joue les motocrottes de la diffamation (au mot motocrotte, tous les journalistes sautent sur leur carnet : ils ont leur formule choc ; Jean-Marc Fédida ralentit le rythme de sa plaidoirie pour leur laisser le temps de noter), en ramassant tout ce qui traîne sur les trottoirs et le met sur son blogue. Il n'a pas contacté ses confrères, il n'a pas contacté l'employeur mis en cause, il n'a pas contacté l'avocat de l'employée. Il a relayé une information uniquement parce qu'elle nuirait à la municipalité. Or un journaliste a une obligation d'information sincère, de bonne foi et contradictoire. Ce qui caractériserait l'intention diffamatoire.
Le ministère public prend à son tour la parole. La procureure relève deux imputations dans l'article : la passation d'un marché public douteux et les menaces contre l'employée licenciée. Ces imputations sont diffamatoires par leur nature.
Les journalistes sont tenus à une obligation d'information loyale. A son sens, ce n'est pas le cas pour les journalistes du parisien dans cet article, et elle requiert la condamnation du Parisien.
Pour Jean-Gilles Halimi, elle requiert au contraire la relaxe, estimant ne pas avoir assez d'éléments pour être sûr que l'avocat savait que ces propos allaient être publiés ou même qu'il n'y ait eu qu'une simple prise de contact entre l'avocat et eux. Pour le reste, l'immunité de l'article 41 couvre les propos.
Pour Christophe Grébert, elle est plus circonspecte. C'est un cas particulier d'un journaliste blogueur. Elle regrette ne pas avoir d'échantillons de la prose de Grébert dans la procédure (là, j'avoue que les bras m'en tombent : à quoi servent les avocats ?) pour se faire une opinion. Tout ce qu'a le tribunal, c'est le raisonnement : moi aussi j'ai reçu des menaces du fait de mon activité critique, donc ces accusations sont crédibles. Au tribunal de trancher : si c'est un blog personnel, c'est le droit de citation, rapportée à une expérience personnelle et il n'y a pas de diffamation ; s'il a un aspect plus professionnel, l'exigence d'objectivité pose l'obligation de prudence renforcée qui pèse sur les journalistes. Faute d'éléments, le parquet ne se prononce pas.
L'avocat de Christophe Grébert, dont le nom m'échappe, qu'il me pardonne, commence mal, je l'avoue, en qualifiant les blogues de "journaux intimes virtuels" et disant que Christophe Grébert a "cédé à cette mode venue d'outre atlantique". Deux clichés erronés dans son exorde.
Premier argument soulevé, qui à mon avis n'a aucune chance de prospérer : il y aurait absence de publicité, le blogue n'intéressant que les seuls putéoliens. La condition de publicité n'implique ni que le texte soit effectivement lu, seulement qu'il soit lisible, et peu importe qu'il le soit susceptible d'intéresser que les seuls habitants d'une commune, ils forment un public suffisant.
Jean-Marc Fédida s'est levé et est allé s'asseoir juste derrière l'avocat de Christophe Grébert pendant sa plaidoirie, histoire de lui mettre la pression.
Le deuxième argument est l'exception de bonne foi prévue par la loi sur la presse. C'est évidemment là que se trouve l'essentiel du débat.
L'avocat tente alors une cyberplaidoirie en se proposant de faire visionner au tribunal le reportage de France 3 sur l'expulsion manu militari de Christophe Grébert de la mairie et écouter via son ordinateur lesdeux messages de menaces reçus sur son téléphone, mais cette initiative est accueillie fraichement par le tribunal, et par les protestations sarcastiques de l'avocat de Puteaux. Le président décide d'écarter le visionnage comme n'étant pas pertinent et l'écoute car elle avait sa place lors des débats où elle pouvait être discutée contradictoirement et non lors de la plaidoirie.
La démonstration reprend son cours : il s'agit d'un "blog citoyen", pas d'un organe d'information professionnel, dont le contenu remplit les conditions de la bonne foi, car la sincérité de Christophe Grébert ne peut être mise en doute. Il a lui même assez subi de harcèlement et de vexations pour ressentir une conviction immédiate et sans arrière pensée quand il lit le récit d'une employée licenciée qui se dit menacée depuis qu'elle a porté le litige en justice.
Le président met le jugement en délibéré au 17 mars et décide de suspendre l'audience, les journalistes ayant commencé à courir en tous sens pour être parmi les premiers à interroger les avocats, la presse téélvisuelle étant bloquée à la porte en raison de l'interdiction de filmer les débats.
Je m'éclipse discrètement pendant que mes confrères refont avec plus de talent que moi l'audience devant les caméras.
Au Palais de Justice de Paris, Maître Eolas, pour le Journal d'un avocat.
Commentaires
1. Le jeudi 9 février 2006 à 03:41 par lionel
2. Le jeudi 9 février 2006 à 06:22 par Laurent GUERBY
3. Le jeudi 9 février 2006 à 06:29 par Laurent GUERBY
4. Le jeudi 9 février 2006 à 06:56 par Sans pseudo
5. Le jeudi 9 février 2006 à 07:02 par Juriste en herbes
6. Le jeudi 9 février 2006 à 08:35 par Raboliot
7. Le jeudi 9 février 2006 à 09:10 par all
8. Le jeudi 9 février 2006 à 09:47 par GroM
9. Le jeudi 9 février 2006 à 10:19 par Christophe Grébert
10. Le jeudi 9 février 2006 à 10:29 par Raboliot
11. Le jeudi 9 février 2006 à 10:30 par Olivier Rafal
12. Le jeudi 9 février 2006 à 10:39 par Luc
13. Le jeudi 9 février 2006 à 10:51 par Kevin
14. Le jeudi 9 février 2006 à 12:57 par Jean LAULOM
15. Le jeudi 9 février 2006 à 13:34 par Guignolito
16. Le jeudi 9 février 2006 à 13:42 par MadCoder
17. Le jeudi 9 février 2006 à 13:59 par lionel
18. Le jeudi 9 février 2006 à 14:20 par Francesco
19. Le jeudi 9 février 2006 à 14:24 par MadCoder
20. Le jeudi 9 février 2006 à 14:56 par koz
21. Le jeudi 9 février 2006 à 15:22 par Luc
22. Le jeudi 9 février 2006 à 15:38 par versac
23. Le jeudi 9 février 2006 à 16:14 par koz
24. Le jeudi 9 février 2006 à 16:26 par Luc
25. Le jeudi 9 février 2006 à 16:33 par Laurent
26. Le jeudi 9 février 2006 à 16:59 par Gab
27. Le jeudi 9 février 2006 à 17:25 par Juriste en herbes
28. Le jeudi 9 février 2006 à 17:54 par Olivier Rafal
29. Le jeudi 9 février 2006 à 18:03 par Gab
30. Le jeudi 9 février 2006 à 19:18 par Olivier Rafal
31. Le vendredi 10 février 2006 à 09:02 par Putch
32. Le vendredi 10 février 2006 à 09:57 par ardente
33. Le vendredi 10 février 2006 à 11:49 par somni
34. Le vendredi 10 février 2006 à 13:34 par Impertinences
35. Le vendredi 10 février 2006 à 18:11 par coco
36. Le samedi 11 février 2006 à 10:08 par Didier
37. Le mercredi 15 février 2006 à 13:28 par Olivier Rafal
38. Le samedi 18 février 2006 à 03:42 par Rensk
39. Le samedi 18 février 2006 à 23:20 par Olivier Rafal
40. Le lundi 20 février 2006 à 18:07 par Rensk
41. Le lundi 6 mars 2006 à 02:21 par cwizou