Affaire Garfieldd, suite et fin
Par Eolas le vendredi 3 février 2006 à 22:07 :: Actualité du droit :: Lien permanent
Via Embruns, j'apprends la sanction finalement prononcée à l'encontre de Garfieldd :
Exclusion temporaire d'une année, dont six mois avec sursis.
En pratique : il est suspendu jusqu'à la fin de l'année scolaire, et retrouvera un poste en septembre. Cette exclusion implique suspension de son traitement.
Laurent retranscrit la réaction de l'intéressé, qui à mon sens s'adresse à tous ceux qui ont réagi sous ma lettre à Gilles. Je la recopie donc ici : vous avez du courrier.
J’ai été informé aujourd’hui de la décision du Ministre me concernant.
Le Ministre est revenu sur la révocation, ainsi qu’il l’avait annoncé dans son communiqué de presse du 20 janvier dernier.
Je suis sanctionné, certes, mais mon maintien dans l’Education Nationale est assuré. Je ne peux ni ne souhaite m’exprimer plus avant.
Quelle que soit la forme que vos soutiens aient pris, quel qu’en ait été l’impact et l’influence sur la décision finale, je veux vous remercier.
Tous et toutes.
Sincèrement.
Chaleureusement.
Parce que sans ce soutien, sans ces marques de sympathie, d’amitié, de confiance, j’aurai eu du mal à tenir.
Je vais continuer à m’en nourrir.
Rien n’est vain quand il s’agit d’aider un mec qui était en train de sombrer, et vous avez été formidables.
Merci.
Je prends acte de la décision de Garfieldd de ne pas contester cette sanction, la respecte et l'approuve.
Beaucoup de commentateurs ont manifesté leur incompréhension de voir un proviseur sanctionné pour ce qui semble être une assez banale activité de blogueur, et se sont déclarés surpris de ce qui leur apparaissait comme une atteinte à la liberté d'expression, sujet à la mode ces jours ci. Et je ne doute pas que certains, animés des meilleures intentions du monde, souhaiteront une attitude jusqu'au-boutiste et l'absence de sanction.
Voilà pourquoi je ne me joindrai pas à eux et leur suggère de remiser les armes.
D'abord, le but qui nous animait tous, ce me semble, était de secourir Garfieldd confronté à une décision manifestement disproportionnée, et qui était pour lui dramatique : la révocation. Et là où notre indignation se faisait colère, c'est que les raisons d'une telle sévérité étaient hélas trop faciles à deviner. Nous voulions l'aider : c'est fait, et en trois semaines. Garfieldd revient de très loin, le soulagement qu'il exprime doit dépasser ses mots, pourtant forts et émouvants. Notre soutien lui a épargné des années de procédure dans la précarité et l'isolement. C'est formidable. Et je tiens à remercier Gilles de Robien, puisque je sais qu'il a lu ma lettre. Ce n'est pas facile pour un ministre de reconnaître une erreur et de la réparer : il l'a fait rapidement et avec élégance. Je lui rends hommage pour cela. Dans la victoire de Garfieldd, il est dans le camp des vainqueurs.
Ensuite, sur le principe même de la sanction : il est parfaitement admissible que pour un proviseur, publier des textes parlant crûment (sans être vulgaire ou pornographique) de sa sexualité, et une photographie de lui dans sa tenue de naissance, soit sanctionnable. Un proviseur est un haut cadre de l'éducation nationale. Il est le chef de son établissement, le représentant de l'autorité de l'Etat. Je ne m'estime pas avoir la compétence nécessaire pour imposer ma conception de la discipline des agents publics, ou de fixer les peines à la place du ministre. Tout ce que je sais, c'est qu'une révocation était tellement disproportionnée qu'elle en était dégueulasse, pour reprendre le terme que j'avais employé et que je ne retire pas, et me mettait en colère car je devinais trop bien les motifs affleurants qui avaient conduit la commission mixte paritaire nationale à proposer la sanction maximale, ce qui supposait que des représentants des fonctionnaires se soient ralliés à cette mesure. La liberté d'expression des fonctionnaires est limitée, comme toute personne qui exerce une parcelle de l'autorité publique. Même moi, en tant qu'avocat, qui jouis d'une liberté de parole protégée par la loi, j'encours des sanctions professionnelles si je tenais sur ce blog des propos contraires à la dignité de mes fonctions. J'en ai conscience, et je l'ai accepté le jour où, dans la première chambre de la cour d'appel de Paris, j'ai dit de ma voix émue que je jurais d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité. Si j'étais dépourvu de ces vertus, je travaillerais sur une chaîne de télé privée.
Enfin, quel que soit votre enthousiasme, ne soyez pas plus royaliste que le roi. Garfieldd accepte cette sanction, il reconnaît avoir eu un comportement fautif en tant que fonctionnaire de haut niveau. N'en faites pas votre cheval de bataille, ce serait aller contre sa volonté, ce qui serait paradoxal si vous voulez l'aider.
Beaucoup d'entre vous ont fait montre d'une belle capacité d'indignation, ce qui me réjouit. D'autres combats vous attendent. Ce soir, célébrez votre victoire l'esprit en paix.
Garfieldd, je suis sincèrement heureux pour vous.
Commentaires
1. Le vendredi 3 février 2006 à 22:54 par pikipoki
2. Le vendredi 3 février 2006 à 23:40 par Gascogne
3. Le samedi 4 février 2006 à 00:44 par Pascal
4. Le samedi 4 février 2006 à 01:10 par BrunoNation
5. Le samedi 4 février 2006 à 01:34 par Justine Miso.
6. Le samedi 4 février 2006 à 01:34 par Pitichat
7. Le samedi 4 février 2006 à 04:52 par Matoo
8. Le samedi 4 février 2006 à 06:43 par yves
9. Le samedi 4 février 2006 à 07:06 par leeloo
10. Le samedi 4 février 2006 à 10:02 par Garfieldd
11. Le samedi 4 février 2006 à 14:12 par skoobeedoo
12. Le samedi 4 février 2006 à 14:14 par rosario
13. Le samedi 4 février 2006 à 14:53 par Justine Miso.
14. Le samedi 4 février 2006 à 16:37 par somni
15. Le samedi 4 février 2006 à 17:10 par Patrick
16. Le samedi 4 février 2006 à 17:31 par JaK
17. Le samedi 4 février 2006 à 17:59 par ericniort
18. Le samedi 4 février 2006 à 20:28 par François
19. Le samedi 4 février 2006 à 23:11 par joseph
20. Le dimanche 5 février 2006 à 05:03 par Della
21. Le dimanche 5 février 2006 à 09:50 par krysalia
22. Le dimanche 5 février 2006 à 13:08 par Christophe Barbier
23. Le dimanche 5 février 2006 à 14:34 par Christophe Barbier
24. Le dimanche 5 février 2006 à 16:07 par maaathieu
25. Le dimanche 5 février 2006 à 19:04 par skoobeedoo
26. Le dimanche 5 février 2006 à 20:24 par Anatole (prénom fictif)
27. Le dimanche 5 février 2006 à 20:58 par jules
28. Le dimanche 5 février 2006 à 21:50 par Sans pseudo
29. Le dimanche 5 février 2006 à 21:50 par Christophe Barbier
30. Le dimanche 5 février 2006 à 22:29 par merbel
31. Le lundi 6 février 2006 à 02:17 par Frédéric Rolin
32. Le lundi 6 février 2006 à 05:45 par olaf
33. Le lundi 6 février 2006 à 08:16 par JFL
34. Le lundi 6 février 2006 à 09:21 par Jerome
35. Le lundi 6 février 2006 à 09:37 par Nemo
36. Le lundi 6 février 2006 à 09:39 par William Hamon
37. Le lundi 6 février 2006 à 10:55 par Nemo
38. Le lundi 6 février 2006 à 11:55 par nouvouzil
39. Le lundi 6 février 2006 à 16:02 par BrunoNation
40. Le lundi 6 février 2006 à 16:26 par @nonyme
41. Le lundi 6 février 2006 à 16:47 par BrunoNation
42. Le lundi 6 février 2006 à 17:44 par Pangloss
43. Le lundi 6 février 2006 à 17:49 par IreneDelse
44. Le lundi 6 février 2006 à 17:52 par Guignolito
45. Le mardi 7 février 2006 à 08:40 par Diane
46. Le mardi 7 février 2006 à 15:29 par flo
47. Le mercredi 8 février 2006 à 09:14 par Djibril
48. Le mercredi 8 février 2006 à 09:53 par François - Droit administratif
49. Le mercredi 8 février 2006 à 10:29 par BrunoNation
50. Le mercredi 8 février 2006 à 15:51 par BrunoNation
51. Le mercredi 8 février 2006 à 15:55 par Juriste en herbes
52. Le mercredi 8 février 2006 à 16:27 par BrunoNation
53. Le mercredi 8 février 2006 à 20:54 par Juriste en herbes
54. Le jeudi 9 février 2006 à 12:22 par Etienne
55. Le samedi 11 février 2006 à 11:22 par BD
56. Le samedi 18 février 2006 à 10:05 par quintablanca