Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Non, merci, j'ai ma carte orange

Il est des témoignages qui sont pires que le plus vigoureux des réquisitoires.

Une femme d’âge mur, mère de famille, infirmière à domicile, est à la barre de la cour d’assises.

Elle vient raconter son viol à douze inconnus qui la regardent ; trois joliment habillés avec de la fourrure blanche pour l’un d’entre eux, et neuf personnes ordinaires, habillées comme n’importe qui, tirées au sort le matin même.

L’homme assis dans le box à sa droite cache mal son ennui, absorbé dans la contemplation de ses chaussures comme si c’était la chose la plus intéressante de toute la salle Il l’a croisée un jour dans un hall d’immeuble où elle venait administrer des soins à une personne âgée, un petit vieux diabétique qui vit seul depuis la mort de son épouse.

Il l’a attrapée par les cheveux, l’a entraîné en haut de l’escalier de secours de l’immeuble, lui a mis un cutter sous la gorge et lui a dit que si elle appelait au secours, il lui trancherait la gorge. Il a essayé en vain de mettre un préservatif, mais n’y est pas parvenu. Alors il y est allé sans.

Pendant tout l’acte, elle a gardé les yeux fermés, et s’est efforcée de pleurer sans bruit, en pensant à son fils unique, d’à peine 20 ans, qui n’a qu’elle dans la vie.

Finalement, le type s’en va, ayant fini son affaire, et lui dit que si elle appelle au secours avant une heure, il la tue. Le temps de recouvrer ses esprits, de se rhabiller tant bien que mal, elle est allée chez son patient. La première chose qu’elle a dit est “excusez moi d’être en retard”.

Enfin, son patient va réussir à lui faire dire ce qui ne va pas, et la convaincre d’aller à la police. Elle ne voulait pas, elle avait d’autres patients à voir.

Alors, elle va aller au commissariat de police du quartier. Au planton à l’accueil, elle dit juste qu’elle vient “porter plainte”. Dans un soupir, le gardien de la paix lui indique un banc en lui demandant d’attendre son tour. Elle va d’attendre une heure et demie sur ce banc. Finalement, l’agent qui la reçoit finit par comprendre la gravité de la situation. Elle est présentée à un lieutenant de police qui prend sa déposition.

Afin de faire les constatations des violences qu’elle a subies, on lui remet une réquisition pour se présenter aux urgences médico-judiciaires de l’Hotel-Dieu. Elle n’est pas sure que ce soit terminé pour ici, alors elle reste là, interdite, avec sa réquisition à la main. Le lieutenant la regarde et lui propose “Vous voulez un ticket de métro ?” Sans réfléchir, elle répond : - Non, merci, j’ai ma carte orange.

Et comme si elle n’avait pas déjà assez souffert dans sa chair pour aujourd’hui, elle va devoir subir une humiliation sans nom, en prenant seule le métro pour l’Ile de la Cité, sa culotte en lambeaux et ses bas déchirés, les gens qui la regardent bizarrement, pensant sans doute qu’elle était une SDF un peu folle pour être aussi mal accoutrée et sangloter sans cesse.

Elle raconte son calvaire avec la voix posée et le vocabulaire choisi des gens qui ont reçu une éducation et ont entretenu ce trésor pendant les années qui ont suivi, comme on raconterait un week end à la mer. Elle raconte la difficulté qu’elle a eue à trouver un taxi, avec ses vêtements déchirés, alors elle a pris le RER pour la lointaine banlieue où elle habite. Elle raconte les trois semaines de tri-thérapie à titre préventif, en attendant les résultats du test HIV. Des séropositifs, elle en connaît. Elle a eu des patients ayant développé le SIDA, elle sait ce que c’est d’en mourir.

Ce n’est que trois mois après les faits que l’auteur des faits, incarcéré, a pu subir un examen médical avec un test sanguin : VIH négatif, hépatite négatif.

Un an et demi ont passé aujourd’hui, mais les cauchemars sont encore là. Ce que l’expert a qualifié “d’angoisse morbide”. Il faut dire qu’elle n’a pas voulu abandonner ses patients et toutes les semaines, revient voir son petit vieux Elle repasse donc sur les lieux tous les lundis.

Le silence qui suit sa déposition pèse des tonnes. L’avocat de la défense a le visage tendu.

Dans le box, l’accusé lève finalement les yeux de ses chaussures, le silence l’ayant tiré de sa rêverie. Il regarde autour de lui, sans comprendre pourquoi plus personne ne parle. Le fait que personne ne le regarde semble le rassurer sur le fait qu’on ne lui avait pas posé une question. Il finit par reprendre la contemplation de ses chaussures.


Ce billet est dédié à la mémoire de l’éphémère secrétariat d’État au droit des victimes.

© Maître Eolas 2005, Reproduction interdite.

La discussion continue ailleurs

1. Le mardi 27 septembre 2005, 15:46 par Parisist

En vrac (et mal logés)

- Le site Afrik.com nous apprend que deux appartements déclarés insalubres par un architecte mandaté par la préfecture ont été évacués à Belleville vendredi dernier. Le hic : leurs habitants devaient être relogés le 15 octobre pour permettre...

2. Le dimanche 4 décembre 2005, 02:31 par Empyrée

« Non merci, j’ai ma carte Orange »

Il est des témoignages qui sont pires que le plus vigoureux des réquisitoires. Elle vient raconter son viol à douze inconnus qui la regardent ; trois joliment habillés avec de la fourrure blanche pour l’un d’entre eux, et neuf personnes...

Commentaires

1. Le lundi 26 septembre 2005 à 20:02 par Christophe

Je decouvre votre blog. Bouleversant. Continuez!

2. Le lundi 26 septembre 2005 à 23:11 par C'est Raoul

Ouf!!! Très bien écrit.*

Comment ca se fait qu'il y a pas plus d'assistance que ca? me semble que de déposer la dame a l'hopital, la mettre en lien avec l'équipe. C'est pas si demandant que ca, en temps/ressources, etc.

*: si je peux me permettre (c'est totalement con, surtout dans le contexte, je sais, mais ca m'a mélangé au début), suggestion:
Elle vient raconter son viol DEVANT douze inconnus.
J'avais l'impression que c'était une histoire de tournantes à 12 inconnus, dont 3 très bien habillés, etc.

(tu peux supprimer ce commentaire).

3. Le mardi 27 septembre 2005 à 00:11 par La GLobule

J'espere que la justice francaise a ete a la hauteur du courage de cette dame. Et qu'entre la loi du plus fort et celle du taillon elle a eu sagesse de trouver une voie raisonnable. Meme si ca me semble plutot difficile. Personnellement j'enverais l'ordure en prison assez longtemps pour qu'il comprenne bien ce que ca veut dire que de se faire violer, et un peu plus pour qu'il y reflechisse serieusement.

4. Le mardi 27 septembre 2005 à 01:15 par Eugène Etienne

L'ordure ? est-ce qu'une injure, qui est une sorte de négation, a le pouvoir de réparer le peu de cas qu'on a fait de cette femme qui vient déposer plainte dans ces conditions et qu'on n'est même pas capable d'accompagner à l'Hôtel-Dieu en voiture ?

Est-ce que la souffrance de cet homme peut réparer la souffrance de cette femme ? Enfermer quelqu'un pour qu'il comprenne, apparemment il y a une limite et l'actualité nous en donne des exemples assez flagrants. Apparemment quand on souffre en prison, on a plus encore envie de répandre le mal quand on en sort. Il y manque donc quelque chose...

Et personnellement j'aurais insisté si j'étais vous sur les réparations nécessaires, même si elles sont dans ce cas symboliques. C'est en réparant qu'on comprend, pas en souffrant. Et si la prison n'est pas un lieu de souffrance mais un lieu de réflexion, alors oui je suis d'accord. Sinon quel intérêt ? Mais vous voulez en faire un lieu de souffrance...

Et je crois que le problème se pose de l'un et de l'autre côté : l'attention portée à cette femme... L'attention portée à cet homme. Si on avait fait attention à Guy Georges durant les dix ans de son incarcération, il n'aurait peut-être pas perdu un peu plus de ses lambeaux d'identité et son parcours ne serait peut-être pas jonché d'autant de douleurs...

On pose un voile sur certaines responsabilités...
Mais c'est un point de vue.

5. Le mardi 27 septembre 2005 à 01:29 par François

Le secrétariat n'existe plus ? Les docs sont encore en ligne sur le site du ministère, je ne comprends pas.

6. Le mardi 27 septembre 2005 à 08:46 par all

Là franchement le commissariat a été en dessous de tout : Un femme violentée et en état de choc aurait du être conduite par un véhicule de police au service hospitalier. D'autant qu'en médico-légal il me semble qu'il y a des délais à respecter.

Le violeur lui sortira de prison avec une obligation de soins, et une infirmière libérale viendra à son domicile lui faire une injection de neuroleptique-retard tous les 15j

7. Le mardi 27 septembre 2005 à 09:29 par Delphine

Bravo pour ce très beau texte, très dur et très fort. C'est rageant de constater cette violence supplémentaire sans y pouvoir quelque chose !

Porter plainte contre le commissariat ou les policiers ne feraient que judiciariser un comportement mais ne le règlerait pas. Personne n'a donc jamais formé ces gardiens à l'accueil des victimes ???

Ca me rappelle une scène dont j'ai été témoin dans le commissariat de Tourcoing où une jeune fille en sang et en pleurs venait porter plainte pour coups et blessures. Le planton l'a accueillie d'un : "ça, c'est ce que tu dis qu'il t'a frappée ! t'as un certificat médical ? nan ? ben tu dégages et tu reviens quand t'en as un !"...

C'était il y a un peu plus de 20 ans, je pensais que les choses avaient changé... :(

P.S. : "L'unité spéciale des victimes" à New-York, c'est juste pour le feuilleton ou c'est une réalité ?


Il n'y a pas à porter plainte pour ça. L'accueil est dû probablement au fait que ce commissariat de quartier est submergé par les plaintes quotidiennes pour des problèmes de voisinages, des faits plus ou moins avérés, des faits qui ne relèvent pas de la police, et que cetet personne, quand elle s'est présentée, n'a pas probablement pas osé dir devant tout le monde "j'ai été violée"... Déjà, sa plainte a été reçue et l'enquête a abouti à l'arrestation du responsable. Le calvaire qu'elle a subie est typique du fonctionnement administratif froid qui ne fait pas toujours de part à l'aspect humain, ce qui dans ce cas a été terrible pour la victime. Quant à "l'Unité Spéciale des Victimes", oui, c'est une pure invention qui permet à une série policière de se complaire dans l'évocation de crimes sordides à chaque épisode. Je n'en ai vu que quelques uns et ce feuilleton est lamentable. Il aligne des clichés (les auteurs sont presque toujours des blancs aisés et éduqués qui se croient à l'abri par leur argent et leurs relations), et le comportement des policiers est aberrant (ils passent l'épisode à insulter et menacer le suspect plutôt que rechercher des preuves. Ce n'est guère étonnant du coup que TF1 ait acheté les drotis de ce feuilleton pour une adaptation française. Cela fera passer "avocats et associés" et "femmes de loi" pour des chefs-d'œuvre du polar, du coup.

Eolas

8. Le mardi 27 septembre 2005 à 10:59 par Merlin

J'ai entendu une policière de l'accueil dire devant une victime de viol que "si elle s'était fait violer, c'est qu'elle l'avait cherché". On croirait qu'une femme serait plus sensible mais manifestement, c'est faux.

Et malheureusement, entre autres à cause de cet accueil, les victimes ont peur de porter plainte et intériorisent. Et il est TRES TRES difficile de les convaincre.

9. Le mardi 27 septembre 2005 à 11:15 par felixnemrod

MERCI maître Eolas,
Pour toutes les victimes de viol et pour ceux qui, obstinément, soutiennent qu'un viol est l'un des pires outrages que l'on puisse faire subir à quelqu'un.
J'ai pendant longtemps fait partie des équipes d'intervention de la protection civile et il m'est arrivé (le SAMU ou les pompiers étant fort occupés par ailleurs) d'avoir à m'occuper d'une victime de viol... Comble de l'horreur, la femme qui était habituellement dans l'équipe était absente (vive la loi de murphy) et ce fut à moi (petit dernier arrivé) de m'occuper de ce cas.
J'en ai gardé une haine marquée pour les violeurs, qui m'a d'ailleurs toujours empêché de m'intéresser au droit pénal, tant la perspective de me retrouver un jour dans ce type de dossier me répugnait.
J'ai également pu constater qu'à quelques exceptions près, les services de police ne sont ni formés ni souvent même compatissants ou compréhensifs.
Alors merci encore pour ce texte si bien écrit, et la description sans fards de ce que les victimes de viol subissent de manière hélas habituelle.
En espérant que cela pourra contribuer à faire changer les choses,
Bien confraternellement,
FeliX

10. Le mardi 27 septembre 2005 à 11:43 par chrysante

En Suisse, il existe une loi Loi sur l'Aide aux Victime (LAVI) (loi fédérale, www.admin.ch/ch/f/rs/3/31... qui a pour conséquence que dans tous les cantons, il existe des bureaux LAVI - l'équivalent de votre secrétariat d'Etat au droit des victimes ?!

11. Le mercredi 28 septembre 2005 à 09:41 par hurgh

Dans les commentaires, on entend que la voix de la victime. Je pense que la victime prend beaucoup trop de place et ce n'est pas à elle de prononcer la peine meme si cet acte de viol est odieux.
Je déborde sans doute du sujet mais dans les médias, l'actualité des lois, j'ai l'impression qu'il n 'y a plus que des associations de victimes.
A mon avis, cet etat d'esprit orienté uniquement dans le sens de la victime entraine une spirale des peines lourdes. Après avoir entendu les faits, qui veut défendre les "méchants", qui veut défendre les libertés individuelles ?
Je vais sans doute me faire incendier mais ce sujet m'a paru populiste. (ouh la .... j'ai déja les oreilles qui siflent...:-))


Vous allez un peu vite en besogne, cher Hurgh. Il n'y a que des associations de victimes, mais la loi punit les associations de malfaiteurs. Plus sérieusement, il ne faut pas attendre de la loi une quelconque sympathie à l'égard des personnes poursuivies, l'air du temps ne souffle pas dans ce sens là. Ce billet fait la part belle à la victime, oui, à cette victime là parce que en l'occurence, la victime n'a rien fait de mal, n'a pas cherché ce qui lui est arrivé, ne l'a pas mérité, et surtout n'a pas mérité qu'après ce qu'elle a subie, sa souffrance soit aggravée à causes de maladresses administratives. Cette histoire m'a paru digne d'être racotnée pour sa valeur intrinsèque et non pour le message politique général qu'elle véhicule. Je demande à être relaxé du chef de populisme que vous m'imputez.

Pour votre dernière question : qui veut défendre les méchants ou ceux présentés comem tels ? Moi et tous mes confrères pénalistes. Qui veut défendre les libertés individuelles ? Les magistrats, c'est la mission que leur confie la constitution. En l'espèce, il ne vous aura pas échappé que le "méchant" en question bénéficiait d'un procès d'assises, qui s'est étalé si ma méoire est bonne sur deux jours, et qu'il avait un avocat à ses côtés. Ses aveux n'ont pas été considérés comme suffisants pour entraîner ces poursuites, il y a eu des tests ADN pour corroborer scientifiquement les aveux de l'un et les affirmation de l'autre. Je rends hommage à votre souci pour l'accusé. Sachez que ses intérêts n'ont pas été lésés dans ce dossier, sinon je n'aurais pas manqué de le dire.

Eolas

12. Le mercredi 28 septembre 2005 à 14:13 par gil

J'ai eu de nombreuses fois l'occasion d'aller dans des services de police et de gendarmerie pour porter plainte ou pour être entendu. Même en étant détaché émotionnellement (c'était pour le boulot), l'ambiance y est pesante, désagréable, stressante, voire carrément sordide dans certains cas.

J'imagine donc le calvaire d'une victime de viol pour porter plainte. Le problème concerne la formation des fonctionnaires, le dispositif d'accueil, mais également les locaux, les temps d'attente etc...

13. Le mercredi 28 septembre 2005 à 15:26 par Upsilon

Je sais que ce commentaire n'ajoutera rien au débat, mais permettez-moi tout de même de vous le dire : j'en ai les larmes aux yeux...
Si on met de côté le côté informatif du texte, c'est magnifiquement écrit...
Merci... Merci beaucoup !

Et je me permets d'ajouter que la dernière chose qu'on puisse reprocher à un avocat, c'est bien de ne pas défendre les droits des accusés... Enfin, c'est juste ce que j'en dis...

14. Le jeudi 29 septembre 2005 à 11:17 par Breninger

Oui, la qualité de victime est difficile malgré les efforts faits pour améliorer le traitement des plaintes.

Attention, cependant, à ne pas faire d'un droit de la victime à être entendu, un passe-droit pour tout et n'importe quoi.

J'ai trop de dossiers criminels dans lesquels la Brigade des mineurs ou la Police judiciaire ont, sur plainte d'une victime mineure ou pas, gardé à vue pendant 48 heures ou plus, de pauvres gars qui, après instruction, sont en réalité blancs comme neige !

J'essairai lorsque j'en aurai le temps de faire un "billet" sur un cas d'instruction "très instructif" avec saisine du Juge des Libertés et de la détention.

Je sais que mon propos sort du thème de votre billet Eolas ; mais je ne peux que constater une évolution des services de police, procureurs et magistrats de l'instruction vers des procédures hâtives comportant détention provisoire là où il n'y a manifestement pas lieu ni à instruction et encore moins à détention !

C'est un petit cri de désespoir que je pousse car j'ai l'impression que les droits de la défense (qui s'exercent mieux lorsque la victime est traitée avec égard) sont de plus en plus bafoués au nom souverain des victimes (qui n'en sont pourtant pas mieux traitées par la justice) !

Sans doute est-ce la sarkozite ?

En tout cas encore bravo pour votre blog !

15. Le samedi 1 octobre 2005 à 15:40 par Vizitheur

je crois comprendre le sens de votre propos... MAIS,

je ne sais si cette femme (surtout si "elle pourrait être belle si elle prenait un peu plus soin d'elle"... effet de manche déplacé en la circonstance... me semble-je), qui, entre autres choses, a déjà eu à subir la verbalisation judiciaire de ses maux, serait heureuse de voir son calvaire ainsi rapporté sur Internet avec moult détails... étaient-ils si nécessaires à la compréhension du problème???

à titre subsidiaire, sur le problème évident de l'adéquation des réactions, le policier, avait-il toutefois à l'instant donné les moyens d'accompagnement, savait-il surtout vraiment exactement de quoi il retournait et était-il lui bien informé au moment de la plainte initiale par la victime, était-il vraiment formé en la matière???...
ok vous l'avez un peu commenté dans une réponse...

je ne suis pas sûr que votre intention ait eu un effet si positif...

par ex les réflexions reçues sur les auteurs... "c'était quoi déjà la loi? sur la présomption de victime et les droits d'auteurs???" ou à peu près..
ok c'est facile.... mais bon... silence...
ne devrait-on pas transformer le système actuel de la recherche des preuves par une simple convocation au tribunal... pour règler l'encombrement des cabinets surchargés, le sort de la garde à vue et de la détention provisoire de tant d'innocents et alléger le code de procédure???...

malheureusement "les moyens" seront-ils vraiment un jour donnés à la hauteur du système actuel...
notamment sur le plan pénitentiaire pour commencer et judiciaire ensuite.

merci de vos écrits et de votre lecture.

16. Le dimanche 2 octobre 2005 à 11:26 par mary

Je ne m'étendrai pas sur votre style, vu le contenu de votre billet.
La situation semble si évidente ! Une femme, seule dans un commisariat, qui vient de subir un viol... J'imagine qu'un policier a reçu la plainte et lui a demandé son identité, il a du le faire en douceur et lui a demandé sa situation...
Comment ne pas se rendre compte qu'elle était forcément en état de choc, que ce qui venait de lui arriver repassait en boucle dans sa tête et que tout ce qu'on pouvait lui demander n'était qu'un vague murmure dans la scène violente qui hantait son esprit ?
Aurait-il fallu qu'elle ne soit pas seule ? que son compagnon soit avec elle ?
Aurait-il fallu qu'il existe un système dans les services de police qui prenne en charge les personnes particulièrement fragiles ??
Tout ceci me semble incroyable !
Le bon sens aurait suffit ! Si il était impossible de la raccompagner... un coup de téléphone ! Appeler un taxi ! C'est trop cher ?? Ca prend trop de temps ??
Peut-être que ça mobilise trop de neurones en même temps !?!

17. Le mercredi 5 octobre 2005 à 15:37 par vizitheur

Bonjour Mary,
Bien sûr vous avez tout à fait raison.
Ceci dit, toutes les raisons de chacun sont les meilleures et prises indépendamment telles quelles ne souffrent pas vraiment de contradiction.
Le problème est que l'on se heurte à "l'humain" dans toute sa "splendeur" dont la sensibilité et la réaction sont malheureusement évolutives en fonction des circonstances extérieures et intérieures... Et je ne parle que de normalité... Certains ne fonctionnent qu'avec un seule partie d'un seul lobe appelant une synthèse, parfois trop rapide et limitée, dans le fonctionnement de son environnement direct.
Il y a des phénomènes de surcharge etc... Mais tel qui ne réagit pas à la hauteur un jour l'aura fait ou le fera bien de multiples fois et "déconnera" d'autres fois...

L'accompagnement dont vous parlez n'est pas forcément la meilleure chose...J'ai un jour reçu un personne sous le choc dont le mari présent faisait blocage pour la relation des faits... Attitude compréhensible en soi à son niveau et pourtant il rajoutait à la culpabilisation de son épouse violée... Enervant au possible et malaise...
J'ai réussi à obtenir ce qu'il fallait dans le respect de l'un et de l'autre en mettant en confiance cette dame une fois isolée...
Mais je n'ai pas toujours été si attentif... Et j'aurais aimé en savoir plus sur comment agir psychologiquement en ces circonstances... être formé...
Le violeur, je l'ai eu 2 ans après suite au signalement obtenu en détails, car il m'était présenté pour autre chose, mais que 2 ans après des agressions sexuelles diverses en série... Pas de quoi pavoiser.

Par ailleurs, respectueusement dit et avec le sourire, votre indignation naturelle et normale et justifiée, pourquoi porte-t-elle à ce niveau et non pas surtout au niveau du viol lui-même???

Mais je ne me ferai pas "l'avocat du diable" plus que de raison... ;)
Nous avons tous notre petit bout de la lorgnette... il faut donc le promener dans tous les sens...
Cordialement...

18. Le vendredi 4 novembre 2005 à 16:38 par diane

de l'accueil des victimes.. C'est triste à dire mais cela dépend sur qui on tombe. Je me suis fait courser en voiture cet hivers en fin de soirée avec mes gamins à bord. J'appelle le 17 j'explique le motif de mon appel et à ma grande stupéfaction j'entends l'opératrice me demander sru un ton aussi ironique qu'insistant si je suis sure de ne jamais avoir vu le monsieur qui m'a pris en chasse en voiture. Honteux! ce d'autant plus que je n'ai jamais fait allusion à un homme puisqu'on était en pleine nuit, qu'il faisait sombre et que je n'avais pu distinguer les occupant(e)s du véhicule suiveur.
Je me suis fachée tout rouge j'ai passé un savon à la donzelle et j'ai décliné mon identité d'avocat. elle a changé de ton et m'a dit en s'excusant " alors cela peut venir d'un de vos dossiers" bref si je n'avais pas été avocat -et c'est vrai qu'il s'est avéré que cette prise en chasse venait d'un dossier où j'avais été partie civile- cette opératrice m'aurait envoyé au diable en estimant que j'étais responsable de ce qui m'arrivait.

J'ai apprécié et je suis allée me plaindre chez le proc en lui expliquant qu'un tel acceuil au 17 était une honte.

19. Le jeudi 19 janvier 2006 à 21:08 par Valérie

J'atterris ici après avoir suivi des liens "garfield" et je m'y suis posée un moment.
Il y a maintenant 22 ans qu'un soir en rentrant de mon travail, j'ai croisé la route d'un homme qui s'est "amusé" 9 heures durant avec moi. Viols, violences, menaces de mort... J'en suis sortie anéantie.
Lorsqu'enfin j'ai accepté de porter plainte, j'ai été prise en charge pas 2 inspecteurs de la brigade des moeurs. J'ai eu un traitement de faveur puisqu'à l'époque les femmes violées étaient forcément coupables.
Tout au long de la semaine (c'est très long de porter plainte), je n'ai rencontré que des personnes respectueuses, m'écoutant, sachant attendre, me protégeant.
Durant le procès aussi j'ai senti ce respect, sauf il est vrai de l'avocat de la partie adverse qui a moqué le fait que j'avais accepté de boire un thé durant la nuit, qu'épuisée je m'étais assoupie un instant et surtout que j'avais sucé mon pouce (mourir de honte en plein tribunal !). Ce procès a été digne, juste je pense, puisqu'ont été accordées les circonstances atténuantes au prévenu.
Il est difficile de comprendre l'anéantissement dans lequel on est après un viol. Je ne suis pas sûre que cette femme ait souffert de ses collants déchirés. On est hors du temps, entre la vie et la mort. L'impression d'être dans un espace muet et étouffant.

Maintenant je vais très bien, je peux de nouveau me ballader la nuit seule, j'ai eu des enfants... je vie !

20. Le lundi 23 janvier 2006 à 01:43 par Nemo

Merci pour votre message.

Depuis quelques temps je parcours vos pages avec délice, curiosité, crainte, parfois... comme ce soir.
Résultat : je n'ai pas eu le courage de lire tous les commentaires me rappelant de mauvais souvenirs et me faisant monter les larmes aux yeux.

J'ai pu voir toutefois que la question de l'accueil aux commissariats a été plusieurs fois soulevée. On ne peux pas les blâmer, souvent surbookés... mais un petit rappel des règles de bases du savoir-vivre et un soupçon de psychologie serait parfois utile.
S'entendre dire "d'accord, il ne s'est rien passé" après une demie-heure d'attente et quelques (trop) longues minutes de récit est dur... même si c'est suivi d'un léger "de grave".
Et par pitié, qu'ils s'organisent... lors de mon dépot de plainte, j'ai dû répéter deux fois ce qui s'était passé à deux agents différents.
Mais comme je l'ai dit plus haut, on ne peut pas non plus les blâmer.

Encore merci pour tous vos témoignages même si l'idée que certains de vos collègues (et vous même) défendent certains de ces cas me glace l'échine.

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