Soyez le juge (2) : la décision.
Par Eolas le vendredi 6 mai 2005 à 12:50 :: Soyez le juge :: Lien permanent
Le tribunal, après en avoir délibéré, a déclaré le prévenu coupable, et en répression, l'a condamné à six mois d'emprisonnement, et a assorti cette peine d'un sursis avec mise à l'épreuve d'une durée de deux ans, avec comme obligations particulières celle d'avoir un domicile, d'exercer un travail ou suivre une formation professionnelle, et de se soumettre à des mesures d'examen médical, de traitement ou de soins, même sous le régime de l'hospitalisation (article 132-45 du Code pénal, 1°, 2° et 3°).
Le président, qui était une présidente, a ajouté après le prononcé de la peine qu'il s'agissait là d'une chance que lui laissait le tribunal, et qu'il lui fallait absolument en tirer profit.
L'expertise psychiatrique ne s'imposait pas en l'espèce car rien dans le dossier ne laissait présumer que le prévenu était victime d'une véritable pathologie ayant pu altérer voire abolir son discernement, qui seule justifierait une telle expertise.
La kleptomanie, souvent citée, frappe généralement des gens intégrés, et ne se manifeste pas exclusivement à l'encontre des portefeuilles : les kleptomanes volent au contraire souvent des objets sans valeur et qu'il auraient parfaitement les moyens de s'acheter, et agissent dans les magasins plutôt que dans le métro, la mise en valeur des objets étant un facteur déclenchant de la pulsion.
En revanche, le comportement du prévenu laissait entrevoir l'existence d'une dépression (les repris de justice qui pleurent à l'audience sont chose rare), et a sans doute fait penser au tribunal à un passage à l'acte par désespoir : le besoin d'argent l'a fait céder à cette facilité que constitue le vol, malgré le risque de retourner en prison.
A mon avis, le tribunal a tenté, par cette décision, de briser le cercle vicieux vol-prison, en le contraignant, sous la menace d'un retour en prison, de chercher activement du travail, qui le mettra à l'abri du besoin, de se fixer quelque part et de consulter régulièrement un médecin ou un psychothérapeute, pour l'aider à lutter contre cette pulsion de voler. Il sera guidé dans ces démarches dans le cadre de la mise à l'épreuve par le juge d'application des peines et les travailleurs sociaux du ministère de la justice qui l'assistent, mais il reste face à ses responsabilités. S'il attend tout de la justice, et ne fait rien pour se reprendre en main, la justice n'aura d'autre choix que de revenir à l'emprisonnement brutal, ne serait-ce que pour protéger la société.
Monsieur le procureur, pas d'autres réquisitions ?
L'audience est levée.
Commentaires
1. Le vendredi 6 mai 2005 à 16:17 par Paxatagore
2. Le vendredi 6 mai 2005 à 16:25 par djehuti
3. Le vendredi 6 mai 2005 à 16:28 par Guignolito
4. Le vendredi 6 mai 2005 à 18:49 par Jean-Jacques
5. Le vendredi 6 mai 2005 à 19:25 par Mary
6. Le lundi 9 mai 2005 à 08:57 par all
7. Le lundi 9 mai 2005 à 09:02 par Bambino
8. Le lundi 9 mai 2005 à 13:43 par Untel
9. Le lundi 9 mai 2005 à 14:35 par Le toucan rouge
10. Le lundi 9 mai 2005 à 15:49 par djehuti
11. Le lundi 9 mai 2005 à 15:59 par Untel
12. Le mercredi 11 mai 2005 à 00:26 par naif
13. Le jeudi 12 mai 2005 à 17:25 par jean-claude
14. Le samedi 14 mai 2005 à 14:24 par Enclume pesante
15. Le lundi 16 mai 2005 à 21:16 par Raboliot
16. Le mardi 17 mai 2005 à 09:15 par Couillanshort
17. Le mardi 4 octobre 2005 à 16:06 par katioschka
18. Le samedi 10 décembre 2005 à 23:15 par Trublion