Soyez le juge : la décision.
Par Eolas le mardi 22 mars 2005 à 12:41 :: Soyez le juge :: Lien permanent
Merci de votre participation.
Le tribunal, après en avoir délibéré, a prononcé une peine de 100 jours amende à 8 euros et a rejeté la demande de non inscription au bulletin n°2 comme "prématurée".
A mon avis (car le tribunal lit juste sa décision sur la peine, sans la commenter), le tribunal n'a pas prononcé de peine de prison malgré le casier en raison de l'ancienneté des peines et de la faible quantité saisie. Il a estimé que le prévenu n'était effectivement pas un dealer habituel.
L'amende pouvait être une solution adéquate, car les peines déjà prononcées sont de la prison avec sursis : c'est une menace, mais pas une sanction effectivement ressentie par le prévenu.
Aujourd'hui, le prévenu travaille. Une amende, il devra la payer. Il sera amputé de 800 euros, soit un mois de salaire sur l'année. La sanction sera effectivement ressentie, pour la première fois.
La peine de jour amende permet en plus de donner un caractère coercitif à la sanction : s'il ne paye pas, il risque 100 jours de prison. Ca le motivera.
Beaucoup de commentaires ont proposé une dispense de peine ou un sursis avec obligation d'accomplir un travail d'intérêt général (sursis TIG, prononcé pour des raisons mystérieuses "sursis tij").
La dispense de peine suppose entre autres, comme je l'avais indiqué, que le trouble causé par l'infraction ait cessé. Si les deux autres conditions étaient remplies, celle là ne l'était pas. La seule cause de cessation de la vente a été l'intervention de la police. Si l'arrestation causait ipso facto la fin du trouble à l'ordre public, ce serait trop beau pour la défense. En plus, l'aspect dissuasif de la sanction serait quasi nul. L'un des buts de ces poursuites est que le prévenu n'ait pas envie de recommencer.
Le sursis TIG était inadéquat, car le prévenu travaille. Un emploi à plein temps est incompatible avec les TIG, puisque cette sanction respecte la règlementation du temps de travail.
Le sursis mise à l'épreuve avec obligation de soin était envisageable, mais s'agissant manifestement d'un petit consommateur de cannabis, le tribunal n'a pas jugé utile de lui forcer la main pour se soigner. Le service d'application des peines a déjà assez de dossiers d'alcooliques chroniques ou d'accros à des drogues dures comme ça.
D'où à mon avis ce choix du jour amende.
La demande de non inscription a été refusée car, d'abord, elle n'est qu'exceptionnellement accordée. C'est le signe d'une particulière clémence du tribunal. Quand c'est le parquet qui la réclame, c'est même suspect la plupart du temps.Ensuite, pour le cas qui nous occupe; le prévenu n'en est qu'au stade de la pré-sélection, rien ne dit qu'il sera effectivement retenu plus avant pour être engagé. Le tribunal a estimé être déjà clément dans la peine prononcée, il ne veut pas passer pour laxiste. Le prévenu pourra demander à nouveau cette non inscription au tribunal s'il prouve qu'il a de fortes chances d'être embauché.
Monsieur le procureur, pas d'autres réquisitions ? Non ?
L'audience est levée.
+++ The defendant was sentenced 100 day-fines at 8 euros, meaning he has to pay a €800 fine 100 days from the trial or face 100 days in prison.
The request to have this case not written in his criminal record was denied as premature, since Franch law allows him to come back to the court and ask for the withdrawal of this offence.
I think the judges' point was that even if he had a criminal record for similar offence and hence was in Repetition of Offence, these sentences being suspended imprisonment, he didin't really FEEL punished by the law. Since then, however, things have changed: now he has a job, so a fine was a good way to make him feel the punishment of the law (by taking a month of salary off his income), with the threat of going to jail if he didn't pay. Absolute discharge was not expedient since it supposes that the disorder caused by the offence has endend, the victim has received compensation, and the defendant is reintegrated in the society: in this case, the first condition was missing. You cannot consider the disorder to have ended just because the perpetrator has been arrested. Reparation is in order, even if you consider the fact to be a minor misdemeanor that shouldn't get to court : the law consider it an offence, and as a judge, you are supposed to uphold it, leaving your own considerations in your office where you will get them back when session is ajourned.
Commentaires
1. Le mardi 22 mars 2005 à 14:23 par Alain
2. Le mardi 22 mars 2005 à 14:48 par Jean-Jacques
3. Le mardi 22 mars 2005 à 15:25 par yves
4. Le mardi 22 mars 2005 à 15:46 par bambino
5. Le mardi 22 mars 2005 à 17:04 par Kobal2
6. Le mardi 22 mars 2005 à 17:21 par Paxatagore
7. Le mardi 22 mars 2005 à 17:37 par olivier
8. Le mardi 22 mars 2005 à 20:28 par Demi
9. Le mardi 22 mars 2005 à 20:29 par Gagarine
10. Le mardi 22 mars 2005 à 22:22 par yves
11. Le mardi 22 mars 2005 à 22:23 par yves
12. Le mercredi 23 mars 2005 à 00:04 par Gluon
13. Le mercredi 23 mars 2005 à 06:07 par Kobal2
14. Le mercredi 23 mars 2005 à 09:04 par all
15. Le mercredi 23 mars 2005 à 09:22 par Le toucan rouge
16. Le mercredi 23 mars 2005 à 09:23 par fred
17. Le mercredi 23 mars 2005 à 10:45 par Fennelin
18. Le mercredi 23 mars 2005 à 11:12 par aliann
19. Le mercredi 23 mars 2005 à 12:39 par olivier
20. Le mercredi 23 mars 2005 à 14:32 par djehuti
21. Le mercredi 23 mars 2005 à 16:08 par Guignolito
22. Le jeudi 29 décembre 2005 à 17:32 par housny