God save the queen or god save the law ?
Par Eolas le mercredi 23 février 2005 à 11:44 :: Droit étranger :: Lien permanent
Ce blog tombe décidément bien bas pour faire de l'audience : aujourd'hui je ferai dans le people et le tête couronnée.
Vous avez peut être entendu parler de l'imbroglio outre manche relatif aux difficultés qui apparaissent dans le futur mariage de Son Altesse Royale Charles, Prince de Galles, et Lady Camilla Parker-Bowles. Comme d'habitude, les médias français (témoin le journal de TF1 hier soir) traitent le problème en disant qu'un "problème juridique se pose".
Lequel ? Aucun intérêt, ce qui l'est bien plus, c'est la taille de la salle des fêtes et la dernière robe de Lady Parker-Bowles.
Heureusement, Eolas est là où Stéphane Bern faut (oui, c'est français).
Le problème est effectivement juridique.
Des noces royales, dans la cathédrale Saint Paul, sont exclues. Même si l'Eglise anglicane accepte dans certains cas de célébrer un mariage entre divorcés, surtout si l'ancien conjoint est décédé, ce qui dissout le sacrement, la famille royale a décidé d'adopter un profil bas, l'ombre de la première femme du prince planant encore sur le coeur des sujets britanniques. Ainsi, Lady Parker-Bowles ne portera pas le titre de princesse de Galles, apanage de l'héritier du trône anglais, mais celui de Princesse [Edit] : Duchesse de Cornouailles. Elle ne portera pas le titre de reine, contrairement à l'usage qui veut que l'épouse du roi régnant porte le titre de reine (la règle inverse n'existant pas) mais princess consort.
Un mariage civil simple et discret, 700 invités et 720.000 euros de budget (soit quatre ans et trois mois de loyer d'Hervé Gaymard) a été prévu, au Chateau de Windsor, suivi d'une bénédiction par l'Archevêque de Canterbury, plus haute autorité religieuse du pays, après la reine, of course. Une première controverse a jailli, sur la validité d'un mariage civil pour un royal. Le futur roi Charles sera à la tête de l'Eglise anglicane, comment peut il régner aux côtés d'une épouse qui n'est point épouse aux yeux de l'Eglise ? Consulté comme le veut la coutume britannique sur toutes les questions regardant les unions royales, le gouvernement Blair semble être passé totalement à côté de la question. Mais bon, les formes ont été respectées, le Premier ministre a dit yes, la reine aussi, va pour le mariage civil à Windsor.
Et ben non : Patatra. La loi anglaise prévoit qu'un mariage civil est une cérémonie publique, et doit être célébré dans un endroit ayant reçu une licence pour ce faire, ce qui n'est pas le cas du chateau de Windsor. Une telle licence peut être délivrée pour un lieu privé, mais la loi britannique prévoit que dans ce cas, le lieu doit être ouvert à quiconque y souhaite célébrer son mariage pendant trois ans. Pour la reine, imaginer son chateau de Windsor envahi par une marée de sujets en manque de mariage royal, it's a no-no.
Changement de plan, le mariage aura lieu dans un endroit ayant déjà une licence : la mairie de Windsor, à deux pas du chateau, coincée entre des pubs, des fast foods et des boutiques de souvenir.
Re-patatra. D'une part, la salle des fêtes n'a que 100 places, et d'autre part la loi prévoit, tout comme en France, qu'un mariage civil est un acte public, et l'accès de la salle doit être libre et gratuit à quiconque le souhaite, par ordre d'arrivée. Autant dire que le camping va commencer tôt.
Les noces princières sont en train de virer au grand guignol, à tel point que la reine a annoncé qu'elle n'assisterait pas à la cérémonie.
Qu'en conclure ?
Du point de vue people, un grand éclat de rire, ou de la compassion pour ce pauvre Charles qui court après son bonheur conjugal depuis 25 ans.
Du point de vue juridique, que l'Angleterre est un grand pays, digne d'admiration. Non seulement ils nous ont offert le plaisir de vaincre deux années de suite, dont une fois à domicile, le champion du monde de rugby, mais là bas, même la famille royale est soumise à la loi. C'est un vrai état de droit, dont nos chefs républicains bien aimés feraient bien de s'inspirer un peu plus (sauf pour la gastronomie).
Demain, pour continuer à faire sauter mes stats, je traiterai des aspects juridiques de Première Compagnie (just kidding).
Commentaires
1. Le mercredi 23 février 2005 à 12:30 par fred
2. Le mercredi 23 février 2005 à 14:55 par Marie
3. Le mercredi 23 février 2005 à 15:12 par arno
4. Le mercredi 23 février 2005 à 16:58 par Emmanuel
5. Le mercredi 23 février 2005 à 17:23 par Emmanuel
6. Le mercredi 23 février 2005 à 19:53 par Béotien
7. Le jeudi 24 février 2005 à 19:48 par Julie
8. Le mercredi 6 avril 2005 à 13:56 par Phil
9. Le lundi 1 août 2005 à 14:55 par gochica
10. Le dimanche 2 octobre 2005 à 13:55 par marina07
11. Le dimanche 2 octobre 2005 à 14:27 par Sans pseudo