Explosion
Par Eolas le samedi 19 février 2005 à 21:00 :: Dans le prétoire :: Lien permanent
Il y a parfois des incidents qui tirent brutalement une audience (et les avocats) de leur torpeur, au moment où ils s'y attendent le moins.
Nous sommes au début d'une audience d'appel correctionnel, devant une chambre spécialisée dans les affaires de mineurs, qu'ils soient auteurs ou victimes des infractions.
Les avocats sont répartis sur les bancs qui leur sont attribués, et les premiers dossiers appelés sont les demandes de renvoi.
Dans ce dossier, le prévenu, un adulte, demande le renvoi, car son avocat ne peut être présent à cette audience. La partie civile, une femme d'une quarantaine d'année, d'une élégance témoignant d'un goût très sûr, s'y oppose catégoriquement. Elle explique que le prévenu est son ancien compagnon, qu'il est poursuivi pour agression sexuelle sur sa fille alors âgée de treize ans, qu'elle a dix sept ans aujourd'hui et ne s'est jamais remis de cette agression, fait des cauchemars la nuit, est incapable de supporter un contact étranger, et que le psychiatre qui la suit dit qu'aucun progrès ne pourra avoir lieu tant que le coupable n'aura pas été définitivement condamné.
La présidente l'écoute patiemment, avant de répondre qu'elle ne peut accepter de juger le prévenu si son avocat n'est pas là, et qu'elle accorde le renvoi. Las, la cour est très chargée, et le renvoi est fixé à six mois plus tard.
Et tout à coup, c'est l'explosion. La mère de la victime se met à hurler d'une voix suraiguë des mots à peine compréhensibles, je parviens à peine à distinguer "c'est pas possible", "combien de temps ça va encore durer...", "vous ne comprenez pas qu'il se moque de vous"...
Le gendarme d'audience tente de la maîtriser, et ce gaillard la dépassant de plus d'une tête n'y arrive pas. Il faut qu'un collègue affecté aux escortes se joigne à lui pour arriver à la maîtriser et à l'escorter en dehors de la salle d'audience.
Un silence de plomb s'est abattu sur le prétoire. La présidente tente de reprendre contenance et appelle le dossier suivant (une demande de renvoi qui sera rejetée celle là). Les avocats commentent l'incident à voix basse, ne comprenant pas la violence de cette réaction.
Moi, je la comprends. Je crois que je suis le seul qui regardait le prévenu au moment où la greffière annonçait la date de renvoi.
Il a eu un sourire triomphal, s'est tourné vers la mère de la victime et lui a fait un clin d'oeil.
Commentaires
1. Le samedi 19 février 2005 à 21:24 par padawan
2. Le samedi 19 février 2005 à 21:56 par Oli
3. Le samedi 19 février 2005 à 22:37 par cali
4. Le samedi 19 février 2005 à 22:55 par DeGroot
5. Le samedi 19 février 2005 à 23:30 par all
6. Le samedi 19 février 2005 à 23:46 par Louis
7. Le lundi 21 février 2005 à 01:27 par Kate
8. Le lundi 21 février 2005 à 10:10 par forgeron
9. Le lundi 21 février 2005 à 11:46 par sLeAbO
10. Le lundi 21 février 2005 à 16:33 par Matteo
11. Le lundi 21 février 2005 à 17:20 par forgeron
12. Le mardi 22 février 2005 à 02:20 par Nicolas (尼古拉)
13. Le mardi 22 février 2005 à 11:00 par Nounsse
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