Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ?
Par Eolas le jeudi 3 février 2005 à 13:24 :: Actualité du droit :: Lien permanent
Souvenez vous, c'était en 1999.
La gouvernement Jospin présentait un projet de loi visant à créer un Pacte Civil de Solidarité (PACS), provoquant une levée de bouclier de l'opposition, qui avait presque réussi à faire échouer l'adoption du texte.
Le Président de la République, Jacques Chirac, avait déclaré en juin 1999, à l'occasion de la remise des médailles de la famille, "Respectueuse des droits de chacun, la loi ne peut pour autant se faire l'auxiliaire de tous les arrangements de la vie privée, ni les placer tous sur le même plan. Ce serait méconnaître la portée de sa mission", puis il a précisé : "La loi n'est pas la servante du bonheur individuel. Elle est au service de l'intérêt général".
Un an auparavant, il déclarait à l'occasion d'une cérémonie identique "La République a le devoir non seulement de reconnaître et de défendre la fonction de la famille dans notre société mais aussi de préserver de toute atteinte le droit qui la fonde au coeur du code civil, je veux parler du droit du mariage''. Il précisait : "Il ne faut pas prendre le risque de dénaturer ce droit ni de le banaliser en mettant sur le même plan d'autres réalités humaines de notre temps qui conduisent bien loin des valeurs de la famille". A l'époque, le Pacs s'appelait CUS, Contrat d'Union Sociale.
Au Sénat, on pouvait entendre que le PACS est "une menace contre la famille" dans la bouche du sénateur Larché, (R.I. Seine et Marne) tandis qu'à l'Assemblée, le député Jacques Myard (RPR, Yvelines) déclarait : "Il est normal que les socialistes se reconnaissent dans la décadence" et "Vous allez accorder des droits et des créances sur la société à des gens qui ne lui apportent rien (...) c'est la pagaille mentale qui vous caractérise".
On peut en déduire que le RPR n'aimait pas le PACS.
Or le RPR, devenu UMP, est à présent au pouvoir. A-t-il abrogé le PACS ? L'a-t-il vidé de sa substance ?
Non, il vient de lui faire un cadeau que même le gouvernement Jospin n'a pas osé faire.
Depuis la loi de finances pour 2004, les titulaires d'un PACS bénéficient d'une imposition commune dès la conclusion du PACS, y compris le système très avantageux de la double déclaration lors de l'année de sa conclusion et de sa dissolution. Bref, fiscalement, PACS et mariage sont sur le même point.
Rappelons que jusqu'à présent, ce n'était que trois ans après la conclusion du PACS que cette imposition commune pouvait avoir lieu.
S'y ajoute une diminution des droits de donation, dès la première année du PACS également.
Vous êtes surpris de ce renversement de situation ?
Vous n'avez pas vu le meilleur.
Quand on regarde la liste des députés qui ont voté ledit texte, qui voit-on ?
Et bien, on y voit Madame Christine Boutin, Christian Vanneste, et Jacques Myard.
Et parmi ceux qui ont voté contre, on voit Noël Mamère, Yves Cochet, Patrick Bloche et Elisabeth Guigou.
Décidément, je ne comprendrai jamais la politique.
PS : Bon, l'honnêteté intellectuelle qui me caractérise m'oblige à préciser que le vote portait sur la loi de finance, c'est à dire le budget, dans son ensemble, et que sur ce vote essentiel, il est d'usage que toute la majorité le vote et toute l'opposition le rejette. L'article portant sur le PACS était noyé dans la masse. Mais le paradoxe en demeure plaisant, non ?
Commentaires
1. Le jeudi 3 février 2005 à 15:24 par M_Spock
2. Le jeudi 3 février 2005 à 20:57 par Paul
3. Le jeudi 3 février 2005 à 23:01 par Laure
4. Le vendredi 4 février 2005 à 09:46 par Julie
5. Le vendredi 4 février 2005 à 09:49 par fred
6. Le vendredi 4 février 2005 à 12:00 par Zenitram
7. Le vendredi 4 février 2005 à 13:20 par Fred
8. Le vendredi 4 février 2005 à 14:25 par Paul
9. Le vendredi 4 février 2005 à 14:44 par Zenitram
10. Le mardi 8 février 2005 à 11:03 par cossaw
11. Le jeudi 9 juin 2005 à 11:53 par rils