Le jour et la nuit
Par Eolas le mercredi 2 février 2005 à 14:50 :: La profession d'avocat :: Lien permanent
J'avais déjà parlé dans un précédent billet de la faible utilitié de l'avocat qui est commis d'office pour intervenir en garde à vue.
Hormis s'assurer que tout se passe bien et expliquer au prévenu quelle est sa situation juridique exacte, ce qui est déjà pas mal, le fait de ne pas avoir accès au dossier et de ne pas suivre le gardé à vue s'il est ensuite déféré est frustrant et démotivant.
Mon intervention d'hier m'en a fait une démonstration a contrario.
Cette fois, j'étais appelé par un client que je suis déjà par ailleurs. La situation juridique dans laquelle il est l'expose certes à des poursuites mais est sur le point d'être régularisée par les soins de votre serviteur.
Je me suis donc rendu à ce commissariat, où à l'issue de l'entretien de trente minute que la loi prévoit, j'ai pu laisser une riche feuille d'observation non pas sur la mesure de garde à vue elle même (qui se passait correctement hormis que les cellules étaient glaciales, que mon client n'avait qu'une veste, et que le commissariat ne fournit pas de couverture pour des raisons d'hygiène, situation classique qui n'intéresse pas les magistrats) mais sur le fond de l'affaire, avec plus de trente pages de pièces justificatives pertinentes.
C'est le cadre idéal, où la défense commence son travail véritablement en amont, et contribue au déroulement de l'enquête, puisque la police n'aurait jamais cru mon client sur parole s'il leur avait expliqué tout cela.
Et effectivement, j'ai eu confirmation tout à l'heure que le parquet, eu égard aux pièces que j'ai déposées et vérification faite auprès des administrations compétentes, classait ce dossier sans suite, puisque dans quinze jours tout sera régularisé.
Sans cette intervention, il était probablement bon pour une comparution immédiate et une condamnation standard, pouvant tout remettre en question.
Voilà une belle démonstration du rôle de l'avocat en garde à vue.
PS : oui, pour une fois je fais une légère entorse au principe de ne pas parler des dossier dans lesquels j'interviens, mais je pense avoir été suffisamment évasif pour protéger l'anonymat du client en question.
Commentaires
1. Le mercredi 2 février 2005 à 16:30 par Nicolas (尼古拉)
2. Le mercredi 2 février 2005 à 21:58 par Julie
3. Le jeudi 3 février 2005 à 00:46 par E.
4. Le jeudi 3 février 2005 à 14:01 par bladsurb
5. Le mercredi 15 février 2006 à 13:58 par laila
6. Le mercredi 15 février 2006 à 13:58 par laila