Comparutions immédiates
Par Eolas le vendredi 28 janvier 2005 à 12:26 :: Dans le prétoire :: Lien permanent
Un jour où je suis de permanence à la 23e chambre de Paris, celle qui juge les comparutions immédiates (les prévenus ont été arrêtés il y a moins de 48 heures et arrivent directement du commissariat pour être jugés), je me présente au greffe de la section P12 du parquet, en charge de ces procédures.
Je me rends au Bureau de la Mort, tout au fond du greffe, ainsi dénommé par les greffières. Il s'agit du bureau de celle qui est de permanence pour suivre les dossiers de la journée, depuis leur arrivée, s'assurer de leur passage par le circuit (audition par le procureur, entretien avec l'avocat, frappe des différents procès verbaux de citation, copie pour le tribunal et pour l'avocat, etc etc) jusqu'à leur envoi à la 23e chambre.
Tout cela pendant que le tribunal a déjà commencé à siéger, c'est du flux continu. La chancellerie préfère parler de traitement en temps réel.
La pauvre est débordée, devant faire face à plusieurs urgences simultanément, mais elle reste souriante, c'est tout à son honneur.
Je me présente comme étant avocat de permanence pour les dossiers de l'après midi (comprendre arrivés après 15h30, sinon ce sont les dossiers du matin : vous savourerez la notion de "temps réel") et m'enquiers de savoir combien il y en a, quelle est la qualification, et s'ils sont bientôt prêts.
-"Il y a trois dossiers pour le moment et les prévenus sont bien arrivés, mais pour le moment, on est en train de les taper."
Je laisse s'écouler un blanc.
-"Rassurez moi : ce sont les dossiers qu'on est en train de taper ?"
La greffière éclate de rire devant son lapsus, ses collègues aussi.
Mais depuis une question me hante : était-ce un lapsus révélateur ?
Commentaires
1. Le vendredi 28 janvier 2005 à 21:48 par Jan
2. Le vendredi 28 janvier 2005 à 21:59 par Orangina_Rouge
3. Le lundi 31 janvier 2005 à 16:07 par Putch
4. Le mardi 1 février 2005 à 15:07 par csb
5. Le jeudi 9 août 2007 à 15:00 par bob