Et puis de toutes façons, la moitié a des noms français : Du Plessis, Olivier, Durand, Dupré (même s'ils ont fait des fautes d'orthographe à ces deux derniers noms) ; ils font du bon vin et détestent aussi les Anglais. On ne peut donc que les aimer.
Ce billet, écrit à 02:15 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Bravo les Argentins. Victoire bien méritée. J'espère que le prochain entraîneur apportera enfin aux Français ce qui leur manque depuis toujours : des nerfs.
Ce billet, écrit à 01:03 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Sortez les nappes en papiers, les assiettes en cartons et les couverts en plastique ! Ce soir, c'est la finale pour de rire, la consolation des cocus, la petite finale.
Non seulement nous finissons en retrouvant les Argentins avec qui nous avons ouvert ce bal, mais en plus, j'ai déjà fait mon Devine Qui Vient Dîner, que vous pouvez relire avec profit ici.
Est-ce une raison pour ne pas être aux côtés des Bleus ? NON ! Au contraire, et plus que jamais même. Dans la victoire, au pinacle, ils ne manquent jamais d'amis ; c'est dans ces revers, maintenant que sponsors et parasites font grise mine qu'ils ont besoin de nous.
Ha, ce sont nos cousins anglais qui iront jouer la grande finale, demain. Hé bien tant pis. Nous les applaudirons demain. Aujourd'hui, c'est l'heure de la revanche.
Mes amis, mes frères, je suis avec vous. Et plus encore que vous ne le croyez :
Profitons en pour saluer une nouvelle fois Patrick à Buenos Aires, et pour la dernière fois de cette année :
ALLEZ LES BLEUS ! ! !
Bon, ben c'était à sens unique. Au moins il y a eu du rugby, au moins. Pas du bon côté. Mais bravo, bravo, mille fois bravo aux Argentins. Quelle équipe de légende. A bientôt.
Ce billet, écrit à 00:05 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Nos amis australiens nous ayant inopinément fait faux-bond,
préparez le plum pudding, le porridge, la jelly et la Marmite®,
ce sont nos pires amis, ou nos meilleurs ennemis, comme vous
préférez, qui débarquent ce soir : la
terrible,
orgueilleuse, et perfide Angleterre. Quelle joie de la retrouver !
Voici donc le drapeau anglais, dit drapeau de Saint George.
Il
vous dira sans doute quelque chose : il rappelle en effet celui de la
Géorgie, que nous affrontâmes il y a peu.
La croix rouge sur fond blanc est un emblême très
répandu dans la chrétienté, Saint
Georges
étant le Saint Patron, outre de l'Angleterre et de la
Géorgie, de l'Aragon, de la Catalogne, du Canada, de
l'Ethiopie,
de la Grèce, de la Serbie et du Montenegro, du Portugal, de
la
Russie et même de la Palestine, ainsi que des villes de
Beyrouth, Barcelone
ou Moscou. C'est ainsi que le symbole du club de footabll de Barcelone,
le fameux Barça,
comporte la croix de Saint George.
Ce symbole remonte aux Croisades, où il était le
symbole
des chevaliers et soldats français, le pape ayant
décidé que les anglais porteraient une croix
blanche sur
fond rouge, les germains ayant une croix bleue et jaune, devenue le
drapeau suédois. Les Anglais ont néanmoins
adopté
le croix rouge sur fond blanc, et la croix de St George est ainsi
devenue le symbole des croisés dans leur ensemble,
étant
à son tour adoptée par les Templiers. Lors de la
Réforme, tous les drapeauxs représentant des
saints ont
été abandonnés en Angleterre
à l'exception de celui de St
George. Dans la Navy, le drapeau de Saint Georges indique un navire
amiral.
Le drapeau du Royaume Uni s'appelle le drapeau de l'Union, ou Union
Jack dans la marine ("Jack" indiquant un pavillon de marine), car il
est composé de la réunion des drapeaux des trois
couronnes réunies sur la tête des rois
d'Angleterre,
chacun représenté par une croix liée
à un
saint : la croix de Saint George pour l'Angleterre, la croix de Saint
André pour l'Ecosse, et la croix de Saint Patrick pour
l'Irlande. Cette union s'est faite en deux temps : en 1606, quand James
VI d'Ecosse devient roi d'Angleterre sous le nom de James Ier, les
croix de Saint George et Saint André sont réunies
pour faire le premier drapeau d'Union. Puis en 1801, la croix de Saint
Patrick est ajoutée quand l'Acte d'Union (Acte
désignant
une loi) fusionne les royaumes d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande pour
former le Royaume Uni, dénomination encore officielle de nos
voisins d'Outre Manche. Le pays de Galles n'est pas
représenté dans ce drapeau car il ne s'agit pas
d'un
royaume mais d'une principauté, dirigée par les
héritiers du trône d'Angleterre (actuellement le
Prince
Charles, Prince de Galles, le titre de princesse étant
vacant
nonobstant le second mariage du prince).
L'équipe joue ainsi isolément car le Royaume Uni
n'a pas
de fédération de rugby. A la place, chaque
royaume a sa
propre fédération, reconnue par l'IRB. Il en va
de
même au football, d'où les matchs de qualification
pour
l'Euro 2008 contre l'Ecosse.
Le symbole du XV d'Angleterre est la rose rouge. Il
s'agit d'une allusion à la rose rouge des Lancastre, famille
opposée à celle d'York au cours de la guerre des
Rose,
qui aboutit à la chute de la maison des
Plantagenêts, dont
Lancastre et York étaient deux branches, au profit de la
maison
des Tudor. Je ne crois pas que la fédération
anglaise
prête allégance à la maison des
Lancastre cinq cent
ans après la fin du conflit, mais le maillot de
l'équipe
d'Angleterre étant blanc (couleur royale, comme le maillot
du
Real Madrid, que je me devais de citer ayant mentionné le
Barça afin d'éviter une autre guerre civile), une
rose
blanche ou la rose des Tudor (rouge et blanche pour marquer la
réconcilation du royaume) serait peu visible sur le maillot.
L'Angleterre n'ayant pas d'hymne officiel propre, c'est bien le God Save The Queen
qu'entonne le XV d'Angleterre, qui est pourtant l'hymne du Royaume Uni.
Une scène fort cocasse a lieu quand l'Angleterre joue contre
l'Ecosse à Murrayfield, quand l'hymne (lui aussi non
officiel)
écossais, Flower
Of Scotland,
est entonné, car on voit la Princesse Anne, fille de la
reine
Elisabeth et Duchesse d'Edimbourg, chanter de bon coeur cet hymne
nationaliste célébrant la victoire des Ecossais
contre
les Anglais à Bannockburn en 1314 (la bataille qui
clôt le
film Braveheart).
Au Royaume Uni, le pragmatisme est la vraie religion d'Etat.
Mais en réalité, le XV à la rose a un
hymne non officiel, qui galvanise autant les Anglais qu'une
Marseillaise fait oublier la fatigue aux Français. Priez,
mes amis, priez pour ne point entendre résonner cet hymne
païen (même si c'est un gospel) près de
la basilique qui accueillit
l'Oriflamme...
Le Swing Low, Sweet Chariot, la kryptonite
universelle.
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
L'histoire de cette chanson se confond avec l'histoire de
notre vieille rivalité rugbystique qui nous oppose
à nos
cousins
d'Outre Manche. En
fait, une vieille rivalité oppose l'Angleterre à
un peu
tout le monde, et c'est une des équipes les plus
cordialement
détestées, chacune de ses (trop rares)
défaites
étant savourée d'un
hémisphère à
l'autre, mais la France jouit d'une position de détestation
cordiale privilégiée.
Tout d'abord, l'Angleterre n'a accueilli la France dans le concert des
nations rugbystiques qu'avec réticence en 1910. Le sport de
l'aristocratie anglaise était en France pratiquée
par les paysans rugueux du sud, et l'Anglais n'aimait guère
se mélanger. Il faut dire qu'au début, la France
a tout fait pour lui donner raison. En 1913, la foule envahit le
terrain pour assommer l'arbitre de France-Ecosse. La France est exclue
du tournoi, mais sauvée si j'ose dire par la
première guerre mondiale qui suspend le tournoi, qui reprend
en 1918 toutes rancoeurs oubliées au nom de la
fraternité d'armes. En 1927, c'est la première
victoire contre les Anglais (le pays de Galles résistera
jusqu'en 1948). En 1931, la France est à nouveau exclue pour
son comportement violent jusqu'en 1939. En fait, deuxième guerre mondiale oblige, la suspension durera
jusqu'à la reprise du tournoi en 1947. En 1952, l'Angleterre
accuse la France de professionnalisme des joueurs (ironie de l'histoire,
l'Angleterre sera la première à passer au
professionnalisme dans les années 90 : en Angleterre, le
pragmatisme est religion d'Etat) et des joueurs français
sont définitivement exclus de la sélection pour
apaiser les Anglais. Voilà donc le terreau de la
rivalité. La fleur éclora à la fin
des années 80.
En 1988, le XV d'Angleterre était en train de traverser une
des plus mauvaises passes de son histoire, battu notamment par la
France plusieurs années de suite, y compris sur son sol sacré, à
Twickenham. L'Angleterre jouait face à l'Irlande, et avait
perdu 15 de ses 23 derniers matchs du Tournoi des Cinq Nations, tournoi
qu'elle n'avait plus gagné depuis 1980. En deux ans et demi,
les supporters de Twickenham n'avaient vu qu'un seul
misérable essai marqué par les Anglais. A la mi
temps, l'Irlande menait 3 à 0. Et puis comme cela arrive
parfois au rugby, l'espoir
changea de camp, le combat changea d'âme, et
tout à coup, rien ne semblait plus pouvoir arrêter
les Anglais, qui gagnèrent 35 à 3, dont trois
essais marqués par Chris Oti, qui faisait ses
débuts de jour là. Les collégiens d'une
école bénédictine de Woolhampton qui assistaient au match
entonnèrent alors un gospel en l'honneur d'Oti, Swing Low, Sweet Chariot,
que la foule reprit en choeur.
Ce fut le signal d'une résurrection, et d'un nouvel
âge d'or pour le XV à la rose, l'époque
de Will Carling et Brian Moore, époque qui se construisit
sur le dos de l'équipe de France. Pendant sept ans, nous ne
gagnerons jamais, et toujours pour la même raison :
être poussé à la faute par les Anglais,
de préférence à 20 mètres
en face de nos poteaux, ce qui donnait trois points aux Anglais, et
faisait résonner le Swing
Low. Le clou était enfoncé par Will
Carling qui félicitait les Français vaincus d'un
"Good game" dont l'évocation fait encore monter les larmes
aux yeux des joueurs de l'époque. Il faudra des
années pour que le XV de
France vole aux Anglais leur sang froid, ce qui rend l'absence totale
de faute française lors de la deuxième mi temps
du dernier match absolument extraordinaire. La tension avec
l'Angleterre sera à son comble, et les
mêlées sont les occasions "d'explications" qui
n'ont pas toujours fait honneur aux valeurs du rugby.
Cette rivalité prendra fin brutalement, du jour au
lendemain, lors de notre
inoubliable victoire en petite finale de la coupe du Monde en
1995 (19 à 9), où enfin, la série
noire prendra fin, et au plus beau moment, la Coupe du Monde. Les
joueurs Français sont tous allés serrer la main
de Will Carling abattu en lui disant un "Good game !" chantant avec
l'accent du sud ouest. La partie s'est
en réalité terminée le lendemain
à l'aube, les joueurs des
deux équipes s'étant donné rendez vous
pour faire une fête de tous les diables jusqu'à
l'aube, enterrant définitivement la hache de guerre. Cela
sera aidé par le virage vers le professionalisme,
des Anglais venant jouer en France et
des Français allant jouer en Angleterre (Raphaël
Ibanez, capitaine du XVde France joue dans le club londonien des Wasps,
et Sébastien Chabal joue dans le club de Sale,
près de Manchester), ce qui comblera un peu le
fossé d'incompréhension, les Anglais allant
jusqu'à recruter un entraîneur
français, Pierre Villepreux en 1995.
Cette époque a laissé une tradition, une
rivalité qui fait que vaincre l'autre équipe est
un plaisir sans nul pareil, mais la terrible tension 1988-1993 a
disparu. On la rejoue pour s'amuser. Il n'empêche : arriver
en finale en piétinant
les Anglais serait une coupe d'ambroisie. Aller, comme en 2003, jouer
la petite finale parce que les Anglais nous auront barré la
route serait une coupe de vinaigre. Et j'ai soif.
Alors, plus que jamais... ALLEZ LES BLEUS ! ! !
Our Australian friends having unexpectedly defected, prepare the plum
pudding, the porridge, the jelly and have the Marmite® ready.
Our worst friends, or best enemies, as you wish, are coming to town
tonight : the dreadful, proud and deceptive England. What a joy to see
her !
Here is the English flag, also called the Saint George flag. He may
remind you of something : he looks quite like Georgia's flag, the
country we recently met.
The red cross on a white field is a very common symbol in the
Christianity, Saint George being the holy patron, beside England and
Georgia, of Aragon, Catalonia, Canada, Ethiopia, Greece, Serbia,
Montenegro, Portugal, Russia, even Palestine, as of the cities of
Bayreuth, Barcelona or Moscow. This is why St George's cross is part of
the Barcelona's Football Club's crest.
This coat of arms dates from the Crusades, where it was the symbol of
French knights and soldiers, the pope having given them this symbol,
the symbol given to the English, a white cross over a red field, and a yellow cross
over a blue field for the Germans (which has become the Swedish flag).
Nevertheless, the Englishmen took the red cross as their symbol, and St
George's cross became the symbol of all crusaders, and later of the
Templar knights. During the Reformation, England abandoned all the
flags symbolizing saints, except St George's. In the Navy, The flag of
St George is the rank flag of an Admiral.
The flag of United Kingdom is the Union flag, or Union Jack in the
Royal Navy, as it is composed of the flags of the three crowns united
above the head of the kings of England, each kingdom represented by a
cross representing a saint: St George's cross for England, St Andre's
for Scotland and St Patrick's for the Ireland. This union was made in
two times: in 1606, when James VI became king of England under the name
of James I, the cross of St George and St Andre were merged into the
first Union flag. In 1801, the cross of St Patrick was added by the Act
of Union 1801, merging the kingdom of England, Scotland and Ireland
into the United Kingdom.Wales is not represented in the flag as it is
not a kingdom but a principality, led by the heir to the throne (now
Prince Charles, the princess title being vacant even after the second
marriage of Prince Charles).
England's team plays alone because the United Kingdom has no Rugby
Football Union. Instead, each kingdom has its own Union, part of the
IRB. It is the same in football, this is why we had recently qualifying
games against Scotland.
The English Rugby Union team symbol is the red rose. It alludes to the
red Lancaster rose, the family who opposed the York Family during the
War of the Roses, which led to the downfall of Plantagenet house, whom
both Lancaster and York family descended, and the rise of Tudor house. I
don't think the Rugby Football Union pays allegiance to the Lancaster
500 years after the end of the conflict; but the team's shirt being
white, the royal color, as is the Real Madrid shirt (I HAD to talk
about the Real,as I mentioned the Barça, to avoid another
civil war) a white rose or the Tudor's Rose would not have been visible.
England has no hymn of its own, and so the team will sing 'God Save The
Queen', although it is United Kingdom's anthem. One funny scene happens
each time England plays at Murrayfield as Scotland's unofficial anthem
'Flower of Scotland' is played : Princess Ann, daughter of the queen
and Duchess of Edinburgh sings wholeheartedly this song glorifying
Scotland's victory at Bannockburn in 1314 (the Battle ending
Braveheart). In United Kingdom, pragmatism is the real State religion.
But indeed England as an unofficial anthem, which strengthens the
English just as a Marseillaise makes the French forget exhaustion. Pray,
O my friends, pray not to hear this heathen song (event though it is a
gospel) near the Basilica which use to hold the Oriflamme, Kings of
France's warflag...
The Swing Low, Sweet Chariot, the universal kryptonit.
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
The story of this songs is also the story of our long rivalry with our
cousins from the other side of the Channel (this twenty-miles wide and
thousand-year deep chasm...). As a matter of fact, and old rivalry
opposes England to the whole world, and it is the most cheerfully hated
team, each of his (too rare) defeats being appreciated from one
hemisphere to the other, but France enjoys a cheerfully hatred privileged
position.
First, England only reluctantly accepted France amongst the rugby
nations in 1910. The English aristocracy sport was played in France by
the tough southern peasants, and the English would not mix. We must
admit that at first, French made their best to show them how right they
were. In 1913, the crowd assaults the referee of France vs Scotland.
France is banished from the 5 nations championship, but the Great war
prevent it, and when the championship is resumed in 1918, all is
forgotten because of the brotherhood of war. In 1927, it's the first
victory against England (Wales will resist until 1948). In 1931, France
is again banished for violence until 1939. In fact, it will be until
1947, when the championship is resumed after World War II. In 1952,
England accuses French player of professionalism (which is ironic as
England will be the first to become professional in 1995; In United
Kingdom, pragmatism is the real State religion) and French players must
be forever banned to appease the English. Here is the soil of the
rivalry. The flower will blossom at the end of the 80's.
In 1988, England's team was having one of the most difficult time of
its existence, beaten by France several years in a row, including on
its Holy Ground, Twickenham. England was playing Ireland, had lost 15
of its 23 previous games, hadn't won a Championship since 1980, in in
two and a half years, Twickenham's crowd had only seen one try. At
halftime, Ireland was leading 3-0. And as it sometimes happens in the
events of history, hope changed of side, the fight changed its soul,
and nothing seemed to be able to stop the Englishmen, who ended winning
35-3, inclunding ding three tries by first-selected Chris Oti. A choir
from Wollhampton public school, in the audience, began singing a gospel
to honor Oti, Swing Low Sweet Chariot. The whole crowd joined in.
This was the signal of a resurrection and of a new golden age for
English team, the time of Will Carling and Brian Moore, all at France's
expense. For seven years, we will never win, and always for the same
reason: driven to foul play, and if possible 20 yard from our posts,
full front, giving three cheap points to the English, and making the
Swing Low sound. Our coffin was closed by Will Carling congratulating
the defeated players by a "Good game!" whose sole souvenir still drives
these players to tears today. That's what makes France total absence of
penalty during the second half of the game against the All Black a
feat. Tension with England was at its high, and the scrum was the place
for conducts which did not precisely belonged to the values of rugby.
This rivalry ended abruptly, in one night, during our unforgettable
victory during the third place match at 1995 world cup (19 -
9). French players all went to shake hands with Will Carling to tell
him "Good game!". Actually, the match ended later that night, the
players of both team having joined for a party which ended at dawn, and
ended this rivalry. It was also helped by the professionalism era,
which saw French players going to England, and English to France.
Raphael Ibanez, France's captain, plays at the London Wasps, and
Sebastien Chabal at Sale Sharks. English even hired a French coach in
1995, Pierre Villepreux.
This time has left a tradition, a will to win that makes a
victory special, but the terrible tension of 1988-1995 has ended. But
nevertheless : reaching final by winning the English would be a treat.
Going, like in 2003, to the small final would be a spoonful of vinegar.
And I'm thirsty
So, more than ever... ALLEZ LES BLEUS ! ! !
Ce billet, écrit à 00:05 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
C’est donc nulle autre que la Nouvelle Zélande que le XV de France affrontera ce soir. Arrivera ce qu’il arrivera, assurément ce sera du beau rugby.
Le drapeau de la Nouvelle Zélande est en réalité le Drapeau Bleu (Blue Ensign) de la Royal navy, bleu avec en haut à gauche (on dit en quadrant) l’Union Jack, ou drapeau d’union, le champ d’azur étant, pour identifier la Nouvelle Zélande, frappé d’étoiles rouges bordées de blanc qui représentent la constellation de la Croix du Sud. Cette constellation, qui frappe aussi le drapeau australien, rappelle la domination maritime anglaise, la Croix du Sud servant aux navires dans l’hémisphère sud de substitut à l’étoile polaire qui dans l’hémisphère boréal indique le pôle nord céleste : il suffit de tracer une ligne passant par Gamma crux et Alpha crux (l’étoile du haut et l’étoile du bas) et de reporter 4,5 fois la distance les séparant pour tomber sur le pôle sud céleste.
C’est une loi anglaise de 1865, le Colonial Navy Defence Act qui a obligé les colonies anglaises à prendre comme drapeau une variante de la Blue Ensign, afin d’être identifiées par les navires de guerre croisant dans les environs ; ce qui explique que bien des drapeaux soient basés sur ce modèle : l’Australie, les Fidji, dans le Pacifique, et Montserrat dans les Antilles par exemple.
Les néo-zélandais sont assez peu attachés à ce drapeau, le premier reproche qu’ils lui font étant d’être aisément confondu avec le drapeau australien (dont je vous reparlerai pour notre demi finale face à ce pays). Il est le drapeau de la Nouvelle Zélande depuis 1869, succédant au drapeau des Tribus Unies de Nouvelle Zélande, et aujourd’hui encore, le thème du drapeau est un débat récurent en Nouvelle Zélande.
L’hymne néo-zélandais est God Defend New Zealand, et comme il n’y a pas de raison que nous ne riions que des clips géorgiens, j’ai l’honneur de vous présenter le clip qui ouvrait et fermait les émissions de la télévision publique néo-zélandaise dans les années 80. Attention, là aussi, c’est du lourd. Je recommande à Jo Maso de montrer ça aux joueurs : ça devrait aider à alléger la pression.
Ce billet, écrit à 00:05 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Dernier match de poule aujourd'hui, contre la Géorgie (avec un accent, pour ne pas la confondre avec le quatrième Etat des Etats-Unis d'Amérique).
La Géorgie, capitale Tbilissi, est une ancienne république soviétique ayant accédé à l'indépendance en 1990. Son drapeau représente la croix de Saint Georges, qui est, comme vous l'avez deviné, le saint patron du pays. C'est la même croix que celle qui constitue le drapeau anglais, Saint Georges étant aussi le saint patron de la perfide Albion, et qui apparaît dans l'Union Jack du Royaume-Uni.
Ceux d'entre vous qui ont bonne mémoire auront levé un sourcil étonné : lors de la dernière coupe du monde, la Géorgie avait déjà été qualifiée, mais n'arborait pas ce drapeau. En effet, le drapeau de la Géorgie a changé le 1er janvier 2004, l'ancien drapeau tricolore adopté en 1918, lors de l'indépendance de l'Empire Ottoman, étant devenu le symbole des années de chaos qui ont suivi l'indépendance de l'Union Soviétique (1990-2004).
Le 1er janvier 2004, la Géorgie a opéré un retour aux sources, car ce drapeau date du Ve siècle après Jésus Christ pour la croix de Saint Georges, armes du roi Vakhtang Gorgasali (440-502). C'est au XIIIe siècle que le drapeau deviendra le drapeau aux cinq croix, lors du règne de George V le Brillant (1286-1346), qui chassa les mongols de Géorgie, bien que certains historiens fassent remonter son apparition au règne de la grande reine Tamar (1160-1213), cet ajout étant inspiré par les bannières des croisés qui ajoutaient des croix potencées de Jérusalem à leurs armes. Les cinq croix symbolisent les cinq blessures infligées au Christ lors de la passion (les deux mains, les deux pieds, et la lance au coeur).
La Géorgie est un pays chrétien orthodoxe, très religieux car son histoire est celle de la résistance de la chrétienté au milieu des envahisseurs païens (perses, Mongols) ou musulmans (Arabes au VIIe siècle, Turcs au XVIe).
L'équipe de Géorgie a toutes les raisons d'avoir de la sympathie pour la France. En 2003, c'est grâce à l'aide de la Fédération Française que les Géorgiens ont pu jouer la coupe du monde, la FFR ayant financé les maillots de l'équipe (grâce à la mobilisation du plus basque des Géorgiens, Dimitri Yashvili). Beaucoup de joueurs Géorgiens jouent en professionnels dans le Top 14 français, ou dans des clubs de division inférieure (citons les équipes de Massy et du Racing Metro 92 Paris).
Le rugby est un sport très populaire en Géorgie, depuis son introduction par des Français dans les années 50, mais surtout comme sport à regarder plus qu'à pratiquer. Seuls huit terrains existent dans le pays, et la Fédération ne compte que trois cent licenciés. Ce qui rend leur présence ici proche de l'exploit, et mérite un hommage.
Les rugbymen géorgiens sont surnommés les Lelos, du nom d'un sport local ayant des points de ressemblance avec le rugby (un peu comme la soule en France).
Leur hymne est intitulé Tavisupleba, ce qui signifie Liberté en Géorgien. Voici un clip délicieusement kitsch de cet hymne (attention, c'est du lourd). Les sous-titres sont de votre serviteur. je crois que ça se voit par moments. La statue équestre visible à 1'03" est la statue de George V le brillant, de même que le portrait aperçu fugacement aussitôt après, suivi tout aussi fugacement par le portrait de la reine Tamar.
Et bien évidemment, ALLEZ LES BLEUS ! ! !
Et vu que juste après il y a Irlande Argentine, ALLEZ L'IRLANDE ! ! !
Ce billet, écrit à 07:22 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Ce soir, le XV de France affronte le XV au trèfle, l'équipe de la République d'Irlande, Poblacht na hÉireann comme on dit dans les pubs de Galway.
Son drapeau est celui-ci :
Je vous sens surpris.
Et en effet, l'équipe d'Irlande présente la particularité d'être la seule équipe de cette coupe du monde à jouer sous un drapeau autre que son drapeau national, et à chanter un hymne (Ireland's call) qui n'est pas l'hymne national (Amhrán na bhFiann, la chanson du Soldat)[1]. Plus exactement, c'est la seule équipe bi-nationale.
L'équipe d'Irlande a en effet depuis longtemps achevé la réunification de l'Ile. Elle représente à la fois les joueurs de la République d'Irlande, et les joueurs d'Irlande du Nord (qui sinon joueraient dans la sélection anglaise, inconcevable). Et quand les joueurs au trèfle jouent, des acclamations d'encouragement montent aussi bien de Belfast que de Dublin... Magie du rugby, encore une fois.
Pour éviter que des joueurs nord-irlandais jouent sous le drapeau vert, blanc et orange qui est le drapeau de la République d'Irlande, l'équipe utilise donc ce drapeau, dit des Quatre Provinces, drapeau traditionnel qui réunit les armes des quatre provinces d'Irlande :
La croix rouge sur champ d'or avec en son centre un écu blanc et une main rouge représente l'Ulster (nord de l'Ile), qui ne se confond pas avec l'Irlande du Nord : une partie de l'Ulster est en République d'Irlande (le Comté de Donnegal). Ce drapeau est le mélange des armes des deux plus grandes familles nobles d'Ulster, les De Burgo (croix rouge sur champ d'or) et les O'Neill, la famille royale d'Ulster jusqu'à sa conquête par les Tudor.
Les trois couronnes représentent le Munster (sud de l'Ile), qui était autrefois composé des royaumes de Thomond, Desmond et Ormond.
Le drapeau composé d'un aigle et d'un bras armé est le drapeau du Connacht (ouest de l'Ile ; prononcer conaôt). L'aigle est celui du clan des Browns, qui dirigeait Galway (capitale du Connacht) et le bras armé est le symbole des O'Connor, qui dirigeait la région avant l'invasion normande.
La harpe, symbole de l'Irlande (vous la verrez sur les euros irlandais), est le drapeau du Leinster (est de l'Ile), où se trouve Dublin. C'est le premier drapeau des indépendantistes irlandais, lors de leurs premiers soulèvement en 1798 et dans les années 1830-1840, d'où son adoption comme symbole héraldique. Mais le vert étant trop associé aux catholiques irlandais, le drapeau tricolore sera adopté en 1917 par le Sinn Fein : le vert pour les catholiques, l'orange pour les protestant, partisans de Guillaume d'Orange à la bataille du Boyle le 1er juillet 1690, et le blanc pour symboliser la paix entre ces communautés.
Notons toutefois que l'International Rugby Board (IRB) a contribué à compliquer les choses : quand l'équipe joue à Dublin, elle peut lever le drapeau tricolore et jouer l'hymne national Irlandais après Ireland's call. Mais la tradition de jouer le God Save The Queen quand l'équipe joue à Belfast a été abandonnée, l'IRB estimant que dans ce cas, l'Irlande ne jouait pas à domicile.
Si la harpe est le symbole officiel de l'Irlande, son symbole le plus connu est aussi non officiel : c'est le trèfle. La légende dit que Saint Patrick, patron de l'Irlande et évangélisateur de l'île, a utilisé cette plante pour expliquer le mystère de la trinité aux païens. C'est ce symbole qu'arbore sur son plastron l'équipe de rugby irlandaise, sous la forme du logo de l'IRFU, l'Irish Rugby Football Union. Rappelons en effet que le nom officiel du rugby en anglais est le rugby football pour le sport en général, et le rugby union pour le rugby à XV (le rugby à XIII s'appelant rugby league).
L'équipe d'Irlande est une vieille connaissance, puisque nous l'affrontons chaque année dans le cadre du tournoi des Six nations. Jusqu'à l'entrée de l'Italie, l'Irlande était abonnée à la dernière place dans les années 90. Le début des années 2000 a été une période faste, grâce à des joueurs d'exception comme Keith Wood, maintenant retraité (il représentait l'Irlande à la cérémonie d'ouverture) ou Brian O'Driscoll, encore en activité. L'Irlande a ainsi fini 2e du tournoi cette année derrière la France, tout comme en 2006, en remportant la Triple couronne à chaque fois, c'est à dire en battant toutes les équipes britanniques dont l'Angleterre (dont une vitoire à Twickenham le 18 mars 2006, le lendemain de la Saint-Patrick, fête nationale irlandaise).
Cette période faste semble terminée, et le XV au trèfle ne semble pas au sommet de sa forme depuis le début de cette coupe du monde. Mais ce n'est pas un adversaire à prendre à la légère. Le match sera nettement moins déséquilibré que France Namibie. Mettez la Guinness au frais, et n'hésitez pas à aller voir ce match dans un pub irlandais. Les irlandais sont un public formidable, et il n'y a aucun antagonisme avec la France.
Et bien évidemment... ALLEZ LES BLEUS ! ! !
Notes
[1] Certes, l'Ecosse et le Pays de Galles font partie du Royaume-Uni, mais sont bien des nations autonomes inscrites en tant que telles aux fédérations internationales de football et de rugby.
Ce billet, écrit à 08:42 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Après sa performance contre l'Argentine sur laquelle je ne reviendrai pas par charité chrétienne (mais bravo les Argentins), le XV de France affronte ce soit la Namibie.
Alors, avant toute chose, la Namibie, c'est là :
Le drapeau namibien a été adopté le 21 mars 1990, lorsque le pays a accédé à l'indépendance après l'annexion de cette colonie allemande par l'Afrique du Sud en 1915 et une guerre d'indépendance lancée en 1966. Ne vous étonnez donc pas si la majorité des joueurs de l'équipe namibienne sont blancs. Il s'agit du drapeau du SWAPO (South West African People's Organization, Organisation des peuples d'Afrique du Sud Ouest), le principal mouvement de libération. Ses couleurs bleu, rouge et vert sont celles des Ovambos, la principale ethnie du pays.
Notons que la Namibie a fondé sa Fédération de rugby (Namibia Rugby Union) le même mois qu'elle a accédé à l'indépendance, ce qui révèle un vrai sens des priorités, et a rejoint ce même mois de mars 1990 la fédération internationale de rugby, l'IRB. Son équipe a comme surnom les Welwitschias, une plante qui pousse dans le désert du namib, d'où le pays tire son nom. Le symbole de leur fédération est un aigle.
La capitale de la Namibie est Windhoek, et son hymne, Namibia, Land of the Brave.
Pour la petite histoire, la plus grande victoire remportée par la Namibie a été contre Madagascar le 15 juin 2002 (116 à 0), en match qualificatif pour la coupe du monde 2003. Leur plus large défaite a été contre l'Australie le 25 octobre 2003 (142 à 0), durant la coupe du Monde. Une équipe de hauts et de bas. Pour comparer la plus grande victoire du XV de France a eu lieu contre le Brésil le 2 juin 1974 (99 à 7), et sa plus large défaite, désolé de remuer le couteau dans la plaie, le 9 juin dernier, face à la Nouvelle Zélande (61 à 10).
La Namibie n'a jamais gagné un match de coupe du monde. Alors, n'oublions pas que le rugby est un sport de tradition, s'il vous plaît, les petits.
Et comme d'hab... ALLEZ LES BLEUS ! ! !
(Drapeau et carte Wikipedia).
Edit 22h58 : Mon titre était bien choisi. Les namibiens ont dégusté. Dommage pour ce carton rouge qui a tué le match dès le début : la mêlée namibienne était au supplice. Vendredi, ça sera autre chose.
Ce billet, écrit à 08:48 par Eolas dans la catégorie Ovalie
a suscité :
Ce soir à 21 heures, le XV de France affrontera donc l'équipe d'Argentine, appelée les Pumas.
La drapeau argentin est composé de trois bandes de même hauteur, bleu ciel (RGB 156, 196, 226), blanc et bleu ciel.
La bande centrale est frappée d'un soleil à visage humain, entouré de 16 rayons droits alternés avec 16 rayons ondulés. Il s'agit du Sol de Mayo (Soleil de Mai), inspiré du dieu Inca du soleil, Inti. Il figurait sur la première pièce de monnaie argentine frappée en 1813, qui valait un dollar espagnol soit 8 escudos.
Le drapeau argentin était initialement uniquement bleu et blanc. Il est dû à un héros de la guerre d'indépendance argentine (1813-1818), le général Manuel José Joaquín del Corazón de Jesús Belgrano, ou breviatis causa Manuel Belgrano (1770-1820). Selon la légende, à la bataille de Rosario, il remarqua que les troupes espagnoles et argentines combattaient sous les mêmes couleurs : le sang et or, couleurs de l'USAP de l'Espagne. Pour éviter toute confusion, il créa alors un drapeau inspiré des couleurs que les criollos utilisèrent durant la révolution de Mai 1810. Les criollos (prononcer crioyos), qui sont des natifs d'Amérique du Sud mais de sang européen, profitèrent de la vacance du pouvoir en Espagne dû à l'invasion napoléonnienne, pour se révolter, ce qui aboutit à ce que la première Junte prenne le pouvoir à Buenos Aires (prononcer Bouénosse Aïe-rès, et non bouénozaire, par pitié), ce qui fut le point de départ de l'indépendance argentine. D'autres versions disent que Belgrano prit tout simplement les couleurs des Bourbons au pouvoir en Espagne : l'azur et le blanc, puisque des sources historiques indiquent que les criollos avaient pour drapeau le drapeau rouge.
Ce drapeau fut hissé à Buenos Aires sur l'Eglise Saint Nicolas de Bari, à l'endroit où se dresse aujourd'hui l'Obélisque de Buenos Aires, Place de la République.
Il fut adopté comme drapeau national à l'indépendance le 9 juillet 1816.
Le Sol de Mayo fut ajouté le 25 février 1818. En 1938 fut instauré un Jour du Drapeau, Dia de la Bandera, le 20 juin, anniversaire de la mort de Belgrano. En 1958 fut édifié un mémorial du drapeau, où ont lieu les cérémonies officielles du 20 juin.
Le drapeau argentin a inspiré le drapeau du Guatemala, du Honduras, d'El Salvador, et du Nicaragua, ces pays ayant appartenu à l'Ephémère Confédération des Provinces d'Amérique Centrale (1823-1838). Le Costa Rica en faisait également partie mais a abandonné ces couleurs.
L'équipe argentine joue dans un maillot aux couleurs du drapeau, et s'appelle les Pumas, car l'écusson de l'UAR, l'Union Argentine de Rugby, porte comme symbole... un jaguar. C'est un journaliste qui les a ainsi baptisé par erreur, s'y connaissant peu en zoologie féline américaine, lors de leur tournée en Afrique du Sud en 1965. Le jaguar est tacheté, et pas le puma.
Mais si l'UAR n'a pas changé de symbole, les argentins ont gardé ce surnom.
Enfin, attention : soyez concentré ce soir. Si on vous parle d'Augustin Pichot, c'est le capitaine argentin. Si on vous parle de Raphaël Ibañez, c'est le capitaine français.
Quand je vous dis que le rugby est un sport compliqué, parfois.
Un salut amical à Patrick, du blog Argentine au jour le jour, que je sais être un lecteur régulier de ces lignes depuis Buenos Aires.
Non, ce billet ne parlera pas d'athlétisme, mais de rugby. La coupe du monde commence vendredi et durera jusqu'au 20 octobre.
J'ai déjà exprimé en ces lieux l'enthousiasme que provoque chez moi ce sport, et j'espère que ce sera l'occasion pour ceux d'entre vous qui ne le connaissent pas de le découvrir, car c'est un sport spectaculaire, haletant, avec parfois des fins de partie d'un suspens à la limite du soutenable. Et le tout dans un esprit de fête dans le public à des années lumières des ambiances délétères de certains matchs de football européens.
Je compte donc reprendre mes billets sur les drapeaux de nos adversaires pour leur rendre hommage et se cultiver au passage.
Mais j'ai parfaitement conscience que le principal obstacle pour que des néophytes découvrent ce sport est la complexité des règles.
Voilà où se situe le lien avec le thème habituel de ce blogue : les règles d'un sport, c'est du droit. Et ici, elles ont connu la même évolution, toutes proportions gardées, avec notre droit, à savoir une complexité par empilage de textes, car elles doivent concilier deux intérêts parfois divergents : la fluidité et le caractère spectaculaire du jeu (ou dit autrement : le plaisir des spectateurs) d'une part, et de l'autre la sécurité physique des joueurs. Car le rugby est un sport de contact, et la poussée de croissance des joueurs ces quinze dernières années (mais que mettent-ils dans les céréales, dans l'hémisphère sud, se demanderait Candide ?) a rendu encore plus nécessaire ces règles de sécurité. N'oublions jamais Max Brito, joueur de l'équipe de Côte d'Ivoire, qui lors du match ayant opposé son équipe aux Iles Tonga, a fini paralysé.
Et je vous propose un défi pour un juriste : vous expliquer l'essentiel des règles en moins de dix minutes de lectures. Les fioritures et subtilités vous seront expliquées au cours des matchs, la tradition étant que les commentaires soient toujours assurés par un journaliste sportif assisté d'un ancien international (c'est ainsi qu'on appelle les joueurs ayant revêtu le maillot de l'équipe de France) qui connaît les règles comme sa poche. Pour le reconnaître, c'est simple : c'est lui qui a le plus fort accent du sud.
C'est parti.
Le match se joue en deux mi temps de 40 minutes chacune. L'équipe qui a marqué le plus de points a gagné.
Les points se marquent au pied ou en marquant des essais. Un essai, qui est la façon reine de marquer des points, consiste pour un joueur d'une équipe à porter le ballon au-delà de la ligne de fond du terrain de jeu, appelée ligne d'essai, et de la poser dans la zone d'en-but en exerçant une pression de haut en bas (on parle d'aplatir un essai). Si l'arbitre estime que le joueur avait perdu le contrôle de la balle avant que cette pression ne soit exercée, l'essai sera refusé. L'essai vaut cinq points.
Au pied, on peut marquer des points en passant d'un coup de pied le ballon entre les poteaux en forme de H situés au centre de la ligne d'essai, au dessus de la barre transversale. Cela peut être fait à trois occasions.
Après un essai, l'équipe qui a marqué peut tirer un coup de pied au niveau du point où l'essai a été marqué. Un essai en coin est donc difficile à transformer, un essai entre les poteaux étant une formalité à transformer. Il y a donc une incitation à marquer le plus au centre possible, ce qui est plus difficile. Et c'est pourquoi vous verrez parfois des joueurs continuer à courir dans la zone d'en-but pour essayer d'obliquer vers les poteaux, afin de faciliter le travail du botteur. Symboliquement, lors d'une transformation, l'équipe qui a encaissé abandonne le terrain aux adversaires et se regroupe dans son en-but. La transformation donne deux points ; un essai transformé vaut donc en tout 7 points.
En cours de jeu, une équipe peut tenter de faire passer la balle entre les poteaux. On appelle cela un drop, car le joueur lâchera (en anglais to drop) la balle qui devra toucher le sol avant d'être frappée. C'est une façon de profiter d'une domination passagère en face des poteaux, quand l'équipe pense qu'elle n'aura pas le temps où les moyens de franchir la défense pour aller à l'essai. La finale de la coupe du monde de 1995 (Afrique du Sud 15 - Nouvelle Zélande 12) s'est réglée à coups de drops.
Enfin, une équipe qui a subi une faute volontaire bénéficie d'une pénalité, qu'elle peut jouer de différentes façons, l'une d'entre elles étant de frapper un coup de pied arrêté pour le passer entre les poteaux. Pendant longtemps, une spécialité de la France était de commettre de telles fautes face à ses poteaux, surtout quand l'Angleterre jouait. Cela s'est payé par sept années sans battre l'Angleterre, jusqu'en petite finale de coup du monde 1995 (19-9). La pénalité réussie vaut trois points. On appelle les coups de pieds à trois points (drops et pénalités) des "buts", souvenir du fait que le rugby descend du football.
Un temps de jeu se déroule ainsi : l'équipe qui a la balle progresse vers l'en-but adverse jusqu'à ce que le porteur de la balle soit plaqué (ou qu'il marque un essai, bien sûr). Il doit alors aussitôt lâcher la balle. Un regroupement se forme, ses partenaires protégeant la balle pendant qu'un autre s'en saisit et la passe aux autres membres de l'équipe pour qu'ils reprennent la progression.
Le porteur de la balle ne va pas toujours jusqu'au contact : il peut passer la balle à un partenaire (toujours en arrière) avant d'être plaqué (auquel cas il ne doit pas l'être, le plaquage à retardement est une faute punie d'une pénalité : seul le porteur de la balle peut être touché), il peut aussi s'en débarrasser d'un coup de pied, soit visant uniquement à faire reculer les adversaires quitte à leur rendre la balle, soit en tapant dans l'espoir de la récupérer lui-même, par un coup de pied rasant (un coup de pied "à suivre") ou en parabole, qui monte haut mais progresse peu (une "chandelle").
Le jeu continue jusqu'à ce qu'une faute soit sifflée ou que la balle sorte de l'aire de jeu par le côté, une "touche".
La touche se joue au niveau où la balle est sortie du terrain, sauf si elle sort directement d'un coup de pied sans toucher le terrain, auquel cas la touche est jouée de là où le coup de pied a été frappé. Exception à l'exception (je vous disais qu'on baigne en plein droit) : si le coup de pied a été tiré dans une zone située entre la ligne d'en-but de l'équipe et une ligne tracée à 22 mètres (la "ligne des 22") : c'est une zone où les règles favorisent quelque peu la défense, et il y a tout intérêt parfois à se débarrasser de la balle en l'envoyant loin en touche, ce qui permet à une équipe aux abois de se regrouper et d'éloigner le danger. Les deux équipes s'alignent à cinq mètres du bord, un joueur de l'équipe n'ayant pas envoyé le ballon en touche la lance entre les deux lignes qui vont tenter de la récupérer. L'avantage de l'équipe qui lance la balle est qu'elle sait si le lancer va être en profondeur, ou destiné aux premiers joueurs, ce que l'autre équipe découvre lors du lancer.
Une faute involontaire est sanctionnée d'une mêlée. Huit joueurs de chaque équipe (les plus gros gabarits, qui portent le numéro 1 à 8 au début du jeu) forment un dôme, et l'un des joueurs, le demi de mêlée (n°9) lance la balle dans les pieds de ses partenaires, qui vont tenter de progresser en faisant reculer la mêlée adverse, et si elle reste inamovible, feront sortir la balle par l'arrière où elle sera saisie et passée à la main comme après un regroupement. L'avantage pour l'équipe qui bénéficie de la mêlée est qu'en principe, elle va conserver la balle et relancer le jeu alors que huit des plus gros joueurs adverses seront temporairement immobilisés : cela laisse de la place pour passer. Ca ne marche pas à tous les coups, loin de là, puisque l'équipe adverse est en nombre identique : la mêlée donne un petit avantage, car elle sanctionne une faute involontaire. La faute involontaire la plus classique est "l'en avant", souvent prononcé "ininvin" par le commentateur ancien rugbyman : la balle a échappé des mains du porteur et progressé vers l'en-but adverse.
Une faute volontaire est punie d'une pénalité. La pénalité laisse un choix à l'équipe qui en bénéficie. Elle peut tenter de tirer un coup de pied à l'endroit où la faute a été commise pour le passer entre les poteaux et marquer ainsi trois points. Elle peut la jouer à la main : l'équipe pénalisée recule de dix mètres, l'équipe qui bénéficie de la pénalité se replace à sa guise, et le jeu reprend quand la balle, posée au point où la faute a été commise, est ramassée. C'est le signe d'une équipe dominatrice, ou aux abois en fin de partie quand elle est menée, qui préfère tenter l'essai, trois points ne les sauvant pas. Enfin, l'équipe bénéficiant de la pénalité, si elle est trop loin pour tenter de la placer entre les poteaux, peut envoyer d'un coup de pied la balle en touche : la touche est jouée normalement, sauf que l'équipe bénéficiant de la pénalité garde la possession de la balle. On parle de "pénaltouche".
Voilà, vous savez l'essentiel. Un mot encore sur le maul : il arrive que le porteur de la balle, saisi par un adversaire, reste debout. Auquel cas ses partenaires vont se lier à lui pour pousser et continuer la progression, tandis que d'autres joueurs adversaires vont se lier pour bloquer la progression. La balle doit être sortie du maul dès qu'il cesse de progresser ou s'effondre, sinon, l'équipe en défense bénéficie d'une mêlée.
Le reste vous sera expliqué au cours des matchs par les commentateurs.
Pourquoi ne pouvez-vous qu'aimer le rugby ?
Parce que le rugby est un sport collectif par essence. Le meilleur joueur du monde n'est rien sans ses 14 compagnons. Pas d'individualités ni d'ego dans ce sport. Il y a une beauté dans le sacrifice symbolique du jeu : quand un joueur tombe, un autre surgit et reprend le combat.
Vous noterez aussi une différence essentielle avec le football dans l'arbitrage. Dans le football, l'arbitre est silencieux, siffle et sanctionne. Il est souvent contesté, du coup, sa décision n'étant pas toujours comprise par les joueurs. Au rugby, l'arbitre ne cesse de parler aux joueurs. Il avertit sans cesse, et commente pour les joueurs qui ne voient pas. Il dira à ce joueur qu'il est mal placé, sommera tel autre de lâcher la balle, avertira que la mêlée tourne sur elle même, ce qui est interdit. Si l'incident ne se règle pas très vite, il sifflera la faute. Qui ne sera jamais contestée. De plus, il existe la règle de l'avantage : la faute n'est pas sifflée si l'équipe adverse peut tirer profit de la situation de jeu. Imaginons qu'après un en-avant, un joueur adverse ramasse la balle et court marquer un essai : faut-il siffler et donner une mêlée à la place à son équipe ? Le jeu ne s'interrompt que si c'est nécessaire.
Le suspens fréquent : il vient de ce système de points, finement calculé. Un essai non transformé est contrebalancé par deux buts à trois points, mais pas un essai transformé. Des remontées spectaculaires peuvent avoir lieu, et un match n'est jamais gagné avant le coup de sifflet final.
Enfin, dans ce sport, quand un joueur italien tombe, il se relève immédiatement et reprend le jeu. Ca repose.
Deux exemples qui sont des souvenirs inoubliables.
Le 1er mars 1997, lors du Tournoi des Cinq Nations (devenu depuis 2000 les Six Nations, tournois annuel qui oppose chaque année à la fin de l'hiver les équipes d'Angleterre, d'Ecosse, du Pays de Galles, d'Irlande, d'Italie et de France), la France affrontait l'Angleterre chez elle, à Twickenham. A la mi temps, la France était menée 20 à 6. Et soudainement, renversement de situation (la France est souvent brillante dans les 20 dernières minutes de ses matchs), la France remonte, Christophe Lamaison réalise un Full House, c'est à dire marque des points de toutes les façons possibles (1 essai, 2 transformations, une pénalité et un drop), et la France gagne 23 à 20. Pour la petite histoire, l'Ecosse recevait l'Irlande au même moment. Quand le speaker a annoncé dans les hauts parleurs que l'Angleterre avait été vaincue, le public, écossais et irlandais confondus, ont acclamé l'exploit du XV de France.
Le 31 octobre 1999 (les amateurs de rugby ont la chair de poule à la mention de cette date), en demi finale de la coupe du monde de rugby, la France affronte les All Blacks de Nouvelle Zélande. Elle était donnée archi perdante, et c'est ce qui l'a sauvée. Elle est allée jouer sans pression, crânement. Ca a mal commencé, il faut le dire. La Nouvelle Zéalnde avait un joueur exceptionnel, Jonah Lomu, dont la carrière a pris fin prématurément pour des problème rénaux. Jonah Lomu, 1m96, 120kg, une fois lancé, ne pouvait pas être arrêté. C'était impossible. Et puis, le déclic. Si les Néo Zélandais sont un mur infranchissable, il faut passer au dessus. Les joueurs ont réussi à perturber le jeu des All Blacks, à les faire douter, et à aligner les points face à des Blacks totalement perdus.
Histoire de terminer sur un frisson, et une illustration de ce que je vous ai expliqué, voici les points marqués lors de ce match, commentaires en Anglais. Les Français jouent en bleu, les néo zélandais en noir.
Dans l'ordre : Course de Dominici, plaqué à quelques mètres de la ligne d'en-but. Un regroupement, la balle ressort rapidement, et essai de Lamaison. Notez comme il oblique sa course afin d'aplatir entre les poteaux : c'est lui qui doit tirer la transformation après.
Essai de Lomu sur une charge que cinq défenseurs ont été impuissants à arrêter (l'essai part d'un regroupement, passe à un joueur qui transmet à Lomu qui avait anticipé et était déjà à pleine vitesse).
Touche de l'équipe de France, qui est dans ses 22 mètres. Elle récupère la balle, tente un mole qui ne progresse pas. Elle ressort la balle, et s'en débarrasse d'un coup de pied. L'arrière (n°15) des All Blacks commence une course avec Jonah Lomu. Jonah Lomu, qui n'est pas encore à pleine vitesse, évite le choc avec les Français en rendant la balle à son partenaire, franchit la ligne française, récupère la balle de son partenaire, et est lancé : essai.
Série de regroupements français, en face des poteaux, qui font reculer les All Blacks. Lamaison est alors en position idéale pour un drop.
Encore un regroupement français. Un joueur néo zélandais commet une faute dans le regroupement, l'arbitre signale une pénalité (bras levé en diagonale vers le camps français qui en bénéficie) mais laisse jouer l'avantage. Lamaison repasse un drop. La pénalité ne sera pas sifflée. Si Lamaison avait raté son drop, la France n'ayant pas tiré avantage de la situation, Lamaison aurait pu retirer son coup de pied quasiment du même endroit.
Regroupement français quelque peu chahuté. Galthié sort la balle, et voyant un espace vide dans la défense All Black, tape une chandelle, que Dominici suit. Le rebond de la balle (le ballon ovale rend ces rebonds imprévisibles) est providentiel et Dominici à pleine vitesse n'a qu'à tendre le bras pour l'attraper, et court marquer l'essai. La France repasse devant au score.
Maul français qui progresse (du jamais vu face aux Blacks dans cette coupe du monde), finalement arrêté à cinq mètres de la ligne d'en-but des Blacks. La balle est alors ressortie, passe à Lamaison, qui tire une chandelle d'une précision de tireur d'élite, que Richard Dourthe va aplatir dans le dos des All Blacks qui ne s'attendaient pas à ce que les Français passent au dessus.
Mêlée, introduction néo zélandaise. Ils conservent la balle, font une série de passe pour lancer une attaque de l'autre côté du terrain. Un des joueurs néo zélandais lâche la balle. Christophe Lamaison tape la balle qui file au ras du sol (coup de pied à suivre). Deux français s'élancent : le premier est Olivier Magne, qui porte un casque (merci à bertrand en commentaires de m'avoir rappelé qui c'était), et relance la balle d'un coup de pied tandis que le joueur le plus rapide de l'équipe, le "lévrier palois" Philippe Bernat Salles rattrape la balle et aplatit l'essai. Le renversement a été si rapide qu'il n'y a aucun joueur adverse dans la trajectoire. Notez quand même que Wilson, l'arrière néo zélandais était sur le point de rattraper Bernat Salles, surtout du fait que ce dernier devait ralentir pour ramasser la balle, mais quand même, quel sprint...
Série de regroupements néo-zélandais tous près de l'en-but français. La balle part vers l'autre côté du terrain, ce côté étant trop occupé. Wilson reçoit la balle et alors qu'il se prépare à la passer, voit un trou dans la défense qui le mène droit entre les poteaux. Grosse erreur défensive française.
Mais c'est trop tard et le match se termine sur le score de 43 à 31 (le résumé ne montre ni les transformations - toutes réussies pour la France, 2 sur 3 pour les néo zélandais- et les pénalités - 4 pour la Nouvelle Zélande, 3 pour la France).
La France n'a jamais gagné la coupe du monde, mais a joué deux fois la finale (1987, perdue face à la nouvelle Zélande, 1999, perdue face à l'Australie). Cette fois, c'est la bonne.
Mes logiciels, comme mes clients, sont libres. Ce blog est
délibéré sous Firefox
et promulgué par Dotclear.
Tous les billets de ce blog sont la
propriété exclusive du maître de ces
lieux. Toute reproduction (hormis une brève citation en
précisant la source et l'auteur) sans l'autorisation
expresse de leur auteur est interdite. Toutefois, dans le cas de reproduction à des fins pédagogiques (formation professionnelle ou enseignement), la reproduction de l'intégralité d'un billet est autorisée d'emblée, à condition bien sûr d'en préciser la source.