Allez les bleus ! ! !
General
Parce qu'il y a des billets qui restent généraux.mardi 27 juin 2006
Ne le dites pas à mon épouse, mais...
Ce billet, écrit à 20:40 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
Pourquoi mon anonymat ?
J’ai eu le plaisir d’être invité ce samedi par l’équipe du Big Bang Blog, soit Daniel Schneidermann, David Abiker et Judith Bernard, que ceux d’entre vous qui comme moi regardent régulièrement Arrêt sur Image connaissent bien.
Ce billet, écrit à 15:36 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
lundi 19 juin 2006
Un petit moment d'insolence
Jean signale en commentaire un passage des auditions de la commission parlementaire sur l'affaire d'Outreau qui m'avait échappé. Il s'agit de l'audition de plusieurs professeurs de procédure pénale, dont Madame Michèle-Laure Rassat.
Il s'agit d'un moment rare de liberté de parole et de ton dans un flot d'audition très consensuelles.
Avant de vous inviter, au choix, à lire ou voir ce moment, quelques mots sur ce professeur de droit, que j'ai eu l'honneur de voir en ses oeuvres universitaires.
Michèle Laure Rassat, on l'adore ou on la déteste. Ce deuxième groupe est plus nombreux que le premier, surtout chez ses étudiants.
Elle se compte parmi les professeurs de tendance plutôt répressive : la procédure pénale est pour elle avant tout l'arme de défense de la société contre des comportements antisociaux dangereux, plus que le siège de la protection des individus face à l'Etat exerçant sa prérogative de répression. Elle est très critique, c'est peu de le dire, avec le législateur, et n'a pas l'habitude de mâcher ses mots, surtout en amphi (ses articles pour les revues de droit étant un peu plus conformes au ton apaisé de la doctrine juridique). Son manuel, hélas inachevé[1], de droit pénal spécial est à mon sens un excellent ouvrage, car elle propose une réflexion criminologique et pointe du doigt les incohérences du législateur, donnant ainsi des munitions à tout avocat pour plaider sur le droit, et de manière générale permet par cette approche critique une meilleure compréhension de la matière.
Michèle Laure Rassat terrifiait ses étudiants qui devaient passer l'oral de procédure pénale avec elle. Et s'agissant des étudiantes un peu trop émotives, fondre en larmes en plein oral n'était pas exactement efficace pour attirer sa pitié. On était plus proche de Severus Snape[2] que de Minerva MacGonagall. Mais cette sévérité ne venait pas d'un sadisme particulier mais de la très haute opinion qu'elle avait de la faculté, qui impliquait qu'elle était impitoyable avec les étudiants qu'elle n'estimait pas à la hauteur. Et en effet, quand on étudie la procédure pénale, c'est qu'on envisage une carrière dans la magistrature, la police ou au barreau, et fondre en larme à un simple oral ne présage rien de bon face à un vrai dossier où les victimes et les auteurs sont bien réels.
Enfin, elle n'a jamais caché ses amitiés politiques, notamment avec Jacques Toubon, qui lui avait confié la rédaction d'un rapport envisageant une refonte de toute la procédure pénale, du soupçon d'infraction (domaine de l'enquête de police) jusqu'à l'exécution des peines, bref la procédure pénale de A à Z. Ce rapport peut être consulté sur le site de la documentation française, le voici au format PDF.
Ce rapport ne se conclut pas par "80 propositions", mais contient un projet de code de procédure pénale clefs en main, avec les variantes selon les choix à opérer par le législateur. La méthode me séduit : confier ce travail à une personne compétente, et travaillant seule, assure une cohérence du résultat : c'est ainsi après tout qu'a été rédigé le Code civil[3] avec le succès que l'on sait.
Las, à peine ce rapport rendu, le Président de la République dissolvait intempestivement l'Assemblée, et voyait son parti battu largement par la gauche. Le rapport Rassat était aussitôt enterré sans fleurs ni couronnes, ce que son auteur n'a jamais digéré. Le retour de la droite aux affaires n'y a rien fait. Enfin, pas tout à fait, certaines de ses propositions ont été reprises, mais au lieu du bloc cohérent qu'elle proposait, c'est la technique du patch législatif qui a été utilisé (ainsi la CRPC rappelle-t-elle la proposition d'ordonannce pénale sans audience par accord entre le ministère public et les parties).
D'où sa mauvaise humeur d'être appelée à donner son opinion dix ans après. Elle décide donc de faire savoir abruptement à la Commission qu'elle estime avoir déjà dit tout ce qu'il y avait à dire, que cette commission n'est selon elle destinée qu'à faire de la gesticulation médiatique (ce en quoi les faits lui ont donné raison) et qu'elle redoute que cette tragédie judiciaire n'entraîne une réfome désarmant la justice pénale, alors que dans cette affaire, il y a bien eu des enfants victimes de faits abominables, ce que l'opinion publique a tendance à oublier croyant qu'en fait il ne s'est rien passé à la cité du Renard et que tout le monde était innocent.
On aime ou on n'aime pas, que ce soit le personnage ou les propos.
Mais il y a quelque chose de jouissif à entendre une telle liberté de ton, et de voir quelqu'un dire ses quatre vérités au législateur.
Ce serait dommage de s'en priver. Surtout pour la tête que fait le président Vallini.
Alors voici le compte rendu écrit des débats[4], et la vidéo de cette audition. Patientez le temps que le président ouvre la séance, Madame Rassat est la première intervenante (Je précise pour ceux qui veulent voir la vidéo qu'il ne s'agit pas de sa couleur naturelle de cheveux).
Notes
[1] Il ne traite en effet que des livres II et III de Code pénal, c'est à dire les infractions contre les personnes et contre les biens, laissant de côté les infractions contre la nation et la paix publique du livre IV qui inclut des infractions très courantes comme les faux.
[2] Severus Rogue dans la traduction française de Harry Potter.
[3] Les rédacteurs étaient en fait quatre : Tronchet, Malville, Bigot de préameneu et Portalis, mais chacun s'est occupé de rédiger seul sa partie du Code avant de soumettre le résultat de son travail à ses trois collègues au cours de réunion où le Premier consul participait souvent, en influençant le contenu du Code, pas toujours de manière très heureuse il est vrai.
[4] Document très long, puisque toutes les retranscriptions sont sur la même page. Cherchez la table ronde du 21 juin.
Ce billet, écrit à 12:29 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
mercredi 14 juin 2006
Eolas 1 - cour d'appel de Montpellier 0
Où l'auteur se la pète grave et contemple son honneur lavé dans le sang.
Ce billet, écrit à 08:33 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
mardi 23 mai 2006
Message de service
Eu égard à la torpeur de mon blogue ces temps ci, et que l'activité en commentaires devient parfois du n'importe quoi, les commentaires sont modérés jusqu'à lundi prochain.
Merci de votre compréhension.
Eolas, plus que jamais au fond du tunnel.
PS : Je ne pourrai pas valider les commentaires avant jeudi au plus tôt.
Ce billet, écrit à 12:54 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 19 mai 2006
Le tunnel
Vous l'avez sans doute remarqué, je suis quelque peu coi ces temps ci.
Rien à voir avec un désintérêt pour mon blogue ou un manque d'inspiration. Je traverse actuellement un tunnel de boulot. Je suis passé seulement en coup de vent à mon cabinet ces derniers jours, entre deux TGV, et en une semaine, j'ai calculé que j'aurai fait une fois et demi le tour de la France en raison d'une succession d'audiences en province. Et aurai été présent deux jours ouvrables à mon cabinet. Eolas Tour 2006, bientôt dans un tribunal de grande instance (ou une cour d'appel) près de chez vous...
Avec comme conséquence un terrible retard à rattrapper, côté courriers, messages, et délais qui commencent à courir. Tous les avocats connaissent bien ce phénomène qui rend notamment les derniers jours avant un départ en vacances un moment de stress épouvantable.
Pour le moment, je ne vois pas la sortie de ce tunnel. Je me suis juste arrêté à une borne SOS pour laisser ce rapide message.
Et si votre avocat est difficile à joindre ces temps-ci, soyez indulgent : c'est peut être bien moi.
Ce billet, écrit à 12:41 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 12 mai 2006
Appel à mes lecteurs
Mes comparses de Lieu-commun et moi-même, enthousiasmés par mon omniprésence médiatique, avons décidé de faire à titre d'essai des podcasts nous réunissant par groupes de 3 ou 4 selon nos affinités sur des thèmes d'actualité. Et avec pourquoi pas des invités extérieurs.
Problème : il y a loin de la coupe aux lèvres, et nos cerveaux sont remplis de pensée unique et point de connaissance en informatique.
Le problème est le suivant.
Nous pensons effectuer ces podcasts via Skype, un peucomme les skyplex du Podcasteur, certains de nos hémisphères cérébraux se trouvant en des contrées éloignées voire barbares. Skype, ça va, je maitrise.
Mais quel programme(s) me conseillez vous d'utiliser pour :
1) Enregistrer nos insupportables digressions,
2) Pour faire un travail de mixage de base (coupure des interruptions de Paxatagore, insertion de musique pour couvrir les élucubrations de Koztoujours),
3) Que format utiliser ? MP3 ? OGG ?
En vertu de ma radinerie mes principes philosophiques, j'ai une nette préférence pour les logiciels libres.
PS : Je sais qu'il y a une école du "non au podcast". Merci de ne pas jeter l'anathème, on a envie d'essayer.
Ce billet, écrit à 17:13 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
jeudi 11 mai 2006
Votre serviteur sur Europe 1
Avis à mes lecteurs lève-tôts : la rubrique "Revue de blogs", proposée par Catherine Nivez et diffusée à 6h17 sur Europe 1, traitera de votre serviteur et vous révélera le secret de l'invisibilité des avocats.
Avis à mes lecteurs moins lève-tôts : l'émission peut être écoutée en streaming ou podcastée sur le site d'Europe 1.
Ce billet, écrit à 15:30 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 28 avril 2006
Ca y est, je suis une star
Ce matin, en sortant du vestiaire des avocats, je remarque tout de suite que quelque chose ne va pas.
Galerie Marchande, un gendarme, portant le képi, discute le plus sérieusement du monde avec un avocat qui l'écoute d'un air grave.
Les gendarmes ne portent pas le képi à l'intérieur des bâtiments, hormis les salles d'audience. Cela les dispense de saluer réglementairement un supérieur chaque fois qu'il le croise (ils doivent en revanche se couvrir dans les salles d'audience et saluer le tribunal quand il entre pour siéger et quand il lève l'audience). De plus, quand un avocat discute avec eux, c'est généralement d'un ton badin, car d'une part leurs fonctions font qu'ils n'ont pas à nous communiquer d'informations sur nos dossiers, et surtout ils sont loins d'être dénués d'humour (tiens, je leur consacrerai un billet, ils le méritent bien).
Un autre avocat marche d'un pas nonchalant, un dossier sous le bras. Il n'a pas de téléphone portable à la main.
S'il a un dossier, c'est qu'il va à une audience, il doit être pressé, ou alors, s'il ne l'est pas, il téléphonera immanquablement à son cabinet ou à un client pour parler d'un autre dossier.
Une avocate passe près de moi, elle n'a pas de sac à main.
Une avocate transporte la moitié de son cabinet dans son sac à main dont elle ne se sépare jamais, même à la barre.
Quelque chose ne tourne pas rond, tout sonne faux.
Un coup d'oeil sur ma gauche m'apporte l'éblouissante révélation, au sens propre comme au figuré.
Un spotlight brille, une caméra est posée sur un trépied, une armée de jeunes gens habillés en pulls noirs trop grands s'affaire au milieu de coffres à roulette.
On tourne un épisode d'Avocats et Associés, et mon confrère putatif Robert Carvani trône majestueusement sur un des bancs de la galerie, discutant à voix basse avec un client des secrets d'un dossier en faisant abstraction du micro suspendu à dix centimètres de sa tête et de l'objectif de caméra encore plus proche que son client.
Avis donc aux spectateurs de cette série : si dans un épisode, vous voyez en arrière plan un avocat poser des sacoches de vélo pour enfiler sa robe, c'est votre serviteur qui passe à la télé.
Et pour une fois, il y aura eu un peu de réalité dans Avocats & Associés.
Ce billet, écrit à 15:42 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 14 avril 2006
Les dessous de France culture
Où l'auteur raconte son aventure dans la jet set médiatique.
Ce billet, écrit à 15:50 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
Discussion sur l'émission de ce matin
J'ouvre ce billet uniquement pour donner un point de chute aux commentaires sur l'émission de ce matin, que vous pouvez réécouter ici.
Je ferai un récit plus détaillé de l'envers du décor dans la journée.
Ce billet, écrit à 10:08 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
mardi 11 avril 2006
Votre serviteur sur France Culture
J'ai la surprise et l'honneur d'être cité à comparaître aux Matins de France Culture ce vendredi 14 avril de 7h30 à 9 heures, aux côtés de Versac et d'un troisième blogueur qui reste à confirmer.
Voici un excellent moyen de commencer cette journée de jeûne, de méditation et d'introspection qu'est le Vendredi Saint.
Si quelqu'un veut un autographe d'Alexandre Adler, ça peut se négocier.
Ce billet, écrit à 12:42 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
lundi 3 avril 2006
La pensée du jour
Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique, agissant dans l'exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l'exécution de la loi est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende.
C'est curieux, ce texte me fait penser à quelqu'un mais je n'arrive pas à savoir qui...
(Merci aux commentateurs qui ont signalé ce délit, il est vrai d'application plutôt rare).
Ce billet, écrit à 23:06 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 31 mars 2006
La décision du conseil constitutionnel sur le CPE
Ainsi, le Conseil constitutionnel estimé que le CPE était conforme à la constitution. Sans réserve.
Sans réserve, vraiment ? Pas si simple.
Voici un commentaire expliqué de la décision que vous pouvez lire en intégralité ici (html) ou là (pdf). Je n'aborde que la question du CPE, qui occupe la moitié de la décision.
La démocratie étant une invention grecque, quoi de mieux pour traiter ce sujet qui risque d'être fort ennuyeux qu'une tragédie en un acte et neuf scènes ? Asseyez vous confortablement pour ce spectacle républicain, je m'éclipse car je jouerai le rôle du Choeur. Dans le texte, les numéros entre parenthèses précédés d'un § renvoient au numéro du paragraphe correspondant de la décision. On parle de considérant car chaque paragraphe commence par "considérant que...".
Ha, les lumières baissent, on frappe les trois coups.
Merci d'éteindre vos téléphones mobiles.
Ce billet, écrit à 16:00 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
lundi 27 mars 2006
Sifflons la fin de la récré
Pour la deuxième fois de la courte historie de ce blog, je ferme les commentaires sous un billet, hormis ceux de plus de 42 jours qui le sont pour des raisons de spam.
La première était ma notice sur Jean-Marc Varaut, dont le crime d'être un nationaliste et de ne jamais avoir eu peur de défendre des personnes d'extrême droite ne pouvait être lavé par la mort aux yeux de certains sycophantes du dogme.
Le deuxième est mon billet sur le CPE.
Jamais je ne me suis pris en si peu de temps autant de commentaires injurieux, uniquement parce que j'explique ce qu'est le CPE, constate que ce n'est pas la légalisation de l'esclavage des jeunes, et critique les grèves et les blocages de faculté.
Ajoutons à cela un très grand nombre de commentaires, de gens écrivant ici pour la première fois, ayant un rapport plus ou moins pertinent avec le billet, dont la lecture me fait perdre du temps. Aucun débat ou presque ne s'installe, le seul intéressant étant hors sujet, sur le statut des thésards.
Bref, la récré est finie.
Merci à ceux qui, perdus dans le brouhaha, ont dit avoir apprécié mes explications, et à ceux qui ont pris la peine de me l'écrire par e mail. Quant à ceux qui disent me lire depuis longtemps et commentent pour la première fois pour dire que je les déçois, navré de leur avoir fait perdre leur temps deux fois : pour lire mon billet et pour écrire leur commentaire.
Je ne pense pas écrire de billet d'ici jeudi (pour la décision du Conseil constitutionnel) le temps que la foule se disperse.
Mais bon, changer d'avis n'est pas le privilège de l'actuel président de la république.
Ce billet, écrit à 10:59 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
lundi 20 mars 2006
Affaire Monputeaux : le jugement commenté
Comme promis, voici l'extrait du jugement rendu le 17 mars 2006 par la 17e chambre du tribunal de grande instance de paris concernant Christophe Grébert et le blog Monputeaux, avec mes modestes commentaires.
Le tribunal commence par rappeler la procédure d'audience, ces mentions étant obligatoires afin que la cour d'appel éventuellement saisie puisse s'assurer que le code de procédure pénale a bien été respecté. Incidemment, on apprend un détail qui bat quelque peu en brèche l'accusation de harcèlement que Christophe Grébert lance à l'encontre de la commune de Puteaux : si la commune a bien porté plainte, c'est le parquet qui a décidé d'engager les poursuites, la commune n'a fait que se greffer sur cette action. [Mise à jour : On ne se relit jamais assez. Il s'agit du délit de diffamation envers corps constitué, et non contre un particulier. La poursuite ne peut être mise en route que par le parquet sur plainte suivant résolution du conseil municipal. En tout état de cause, Puteaux ne pouvait faire délivrer une citation directe ou déposer plainte avec constitution de partie civile. En conséquence, on ne saurait en déduire quoi que ce soit sur les allégations de Christophe Grébert relatives à la volonté de harcèlement de la municipalité.]
Le tribunal rappelle donc comment il est saisi de cette affaire (un tribunal illégalement saisi doit refuser d'examiner l'affaire, c'est une garantie fondamentale) et surtout de quoi il est saisi :
Par exploit d’huissier en date du 5 octobre 2004, le ministère public, agissant à la suite de deux plaintes déposées par la mairie de PUTEAUX les 18 juin et 20 juillet 2004, a fait citer devant ce tribunal, à l’audience du 9 novembre suivant, Christophe GREBERT, directeur de la publication du site internet accessible à l’adresse www.monputeaux.com,
Voilà pour le comment ; et maintenant, le quoi.
prévenu d’avoir, à PUTEAUX et PARIS, le 26 avril 2004, diffusé dans la rubrique "revue de presse" de ce site, accessible par un lien hypertexte, un extrait d’article paru dans “Le Parisien” le 26 avril 2004 assorti des commentaires suivants:
« Le Parisien, dans ses pages nationales, révèle aujourd’hui une nouvelle affaire trouble touchant la mairie de Puteaux Cette fois, cela concerne les conditions d’attribution du marché de “Puteaux en neige”. Rappelons que notre ville a dépensé 1 million d’euros l’hiver dernier pour cette manifestation! Et cela, rien qu’en prestations de services extérieures. C’est donc sans compter toutes les dépenses annexes engagées par les services municipaux. Cette somme (considérable!) est bien supérieure aux manifestations équivalentes organisées par d’autres municipalités en France. Pourquoi? Comment? Nous avons peut être un début de réponse dans cet article du Parisien:
« La mairie de Puteaux (Hauts de Seine) est assignée devant le Tribunal administratif par une ancienne employée. Cette dernière affirme que son licenciement est la conséquence de la dénonciation qu’elle a faite à ses supérieurs d’un marché public qu’elle estimait pour le moins sujet à caution. La Mairie nie en bloc et avance l’incompétence de cette femme pourtant expérimentée. Les 19 et 20 avril derniers, l’ancienne salariée dit avoir reçu des menaces téléphoniques d’un homme lui conseillant “de laisser tomber” sans quoi elle verrait “comment ça se passe quand on touche aux amis”. Pour ces faits, elle a déposé une main courante puis une plainte auprès de la police.”
« Ayant moi-même reçu ce genre d’appels téléphoniques (insultes et menaces que j’ai enregistrées et diffusées sur mon site!), vous pouvez imaginer mon choc en lisant ces lignes dans le Parisien. Ce témoignage est à recevoir avec sérieux. »
propos comportant à l’encontre d’un corps constitué, en l’espèce la mairie de PUTEAUX, l’imputation des faits diffamatoires précis suivants:
-d’avoir mis un terme brutal au contrat de Mme Anne-Marie F., non en raison de motifs liés à sa compétence ou plus généralement à la qualité de son service, mais parce qu’elle aurait dénoncé un marché public, en l’espèce les conditions d’attribution du marché public “Puteaux en neige” qui serait sujet à caution;
-de s’être rendue complice d’une infraction pénale par instructions voire même d’en être l’auteur en proférant des menaces, fait prévu et réprimé par les articles 222-17 et le cas échéant 121-7 du code pénal, en l’espèce en ayant fait téléphoner à Mme F., par “un homme” qui lui aurait demandé de “laisser tomber sans quoi elle verrait comment cela se passe quand on touche aux amis” d’une part et ayant téléphoné à M.Christophe GREBERT, auteur de la revue de presse, d’autre part,
faits prévus et punis par les articles 23, 29 al.1, 30, 42,43 et 48 al.1 de la loi du 29juillet 1881, 93-3 de la loi du 29juillet 1982.
A cela, Christophe Grébert a répliqué en employant le premier moyen de défense proposé aux prévenus de diffamation : rapporter la preuve du fait allégué (sauf exceptions[1], on ne diffame pas en rapportant la vérité). L'offre de preuve doit être faite par huissier dans le délai de dix jours.
Le 15 octobre 2004, le prévenu a fait signifier une offre de preuve de la vérité des faits diffamatoires, en application des dispositions de l’article 55 de la loi sur la liberté de la presse, dénonçant vingt pièces et le nom de huit témoins.
L'offre de preuve a eu lieu le 10e jour, ce qui est un classique : faire une telle offre est complexe, et on n'a pas trop de neuf jours pour la préparer, le dixième étant réservé à l'huissier.
Lors de la première audience, l’affaire a été renvoyée contradictoirement aux audiences des 17 décembre 2004, 15 mars et 14 juin 2005, pour fixer, et du 21juin 2005, pour plaider, puis, à cette dernière date, à la demande du conseil de la partie civile, aux 16 septembre et 16 décembre 2005, pour fixer, et au 3 février 2006, pour plaider.
Pourquoi toutes ces audiences ? Mes lecteurs habitués le savent déjà : la prescription en matière de presse est de trois mois. Il faut donc que le tribunal veille à appeler ce dossier pour interrompre ce délai. On parle d'audiences relai ou d'audiences de fixation (...du jour de plaidoirie).
A cette audience, le prévenu était présent et assisté de son conseil, la partie civile étant, pour sa part, représentée par son avocat.
Le tribunal a procédé à l’examen des faits, interrogé le prévenu et entendu Nadine J., Jean-Marie G. et François T., témoins cités au titre de l’offre de preuve.
Puis il a entendu, dans l’ordre fixé par la loi, le conseil de la partie civile -qui a sollicité la condamnation du prévenu à lui payer les sommes de 35 000 euros à titre de dommages et intérêts et de 760 euros sur le fondement des dispositions de l’article 475-1 du code de procédure pénale, outre trois publications judiciaires dans des quotidiens de son choix, dans la limite de 7 620 euros par insertion-, le ministère public en ses réquisitions et le conseil du prévenu, qui a soulevé l’irrecevabilité de la constitution de partie civile, a plaidé la relaxe et a eu la parole en dernier.
A l’issue des débats, l’affaire a été mise en délibéré et le président a, dans le respect de l’article 462, alinéa 2, du code de procédure pénale, informé les parties que le jugement serait prononcé le 17 mars 2006.
A cette date, la décision suivante a été rendue:
Fin du récapitulatif de la procédure, qui a été impeccablement respectée, la 11e chambre de la cour d'appel ne pourra que se féliciter de la diligence de la 17e chambre du tribunal.
Maintenant, le tribunal commence à donner son opinion. Première question qui se pose : Christophe Grébert est-il le directeur de la publication de Monputeaux.com ? S'il ne l'est pas, fin des débats, c'est la relaxe.
SUR LES PROPOS POURSUIVIS
Il résulte du constat d’huissier produit par la partie civile que le texte visé à la prévention figurait, le 26 mai 2004, sur le site internet accessible à l’adresse www.monputeaux.com, sous le titre « 26.04.2004 Revue de presse Nouveaux remous à la mairie de PUTEAUX (LE PARISIEN) », étant précisé, d’une part, que la partie de ce texte présentée comme une citation du quotidien LE PARISIEN, qui en constitue le deuxième paragraphe, était reproduite, sur le site, en italiques, distincts des caractères classiques utilisés pour le premier et le troisième paragraphes, et introduite par le sous-titre -qui n’a pas été repris à la prévention-:
« Extrait de l’article du Parisien : » et, d’autre part, qu’à la suite du texte figuraient un lien hypertexte, signalé par les mots “Lire l’article du Parisien”, ainsi que les mentions « Rédigé par Christophe GREBERT le 26.04.2004 à 10H00 dans Justice, Les CECCALDI ont fait, Revue de presse | Lien permanent | Commentaires”.
Christophe GREBERT ne conteste pas être le directeur de la publication du site internet qu’il a créé et anime seul ni être, également, le rédacteur du texte incriminé.
Bon, on juge le bon prévenu. Jusqu'ici, tout va bien.
Deuxième question : les propos sont ils diffamatoires ? Si c'est non, fin des débats, c'est la relaxe.
SUR L'ACTION PUBLIOUE
Sur le caractère diffamatoire des propos poursuivis
II convient de rappeler que 1er alinéa de l’article 29 de la loi du 29juillet 1881 définit la diffamation comme “toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé”.
La prévention distingue à juste titre deux imputations différentes, qui sont toutes deux contenues dans le texte incriminé.
Le tribunal approuve le raisonnement du parquet qui a retenu deux diffamations dans ces propos.
La première est celle d’avoir conclu un marché public qualifié de “sujet à caution”, celui de l’opération “PUTEAUX en neige”, pour un prix présenté comme anormalement élevé et d’avoir, de surcroît, immédiatement licencié l’employée qui avait dénoncé à ses supérieurs les anomalies affectant le dit marché.
Un tel fait est précis et contraire à l’honneur et à la considération, dès lors qu’il est susceptible de constituer des violations des règles relatives aux commandes publiques, violations qu’on aurait tenté de dissimuler en licenciant abusivement une employée qui les avait découvertes.
Les affirmations sont donc diffamatoires.
La défense avait soulevé une difficulté de fond car les faits visés par la citation étaient une diffamation à corps constitué", or la commune de Puteaux et le parquet avait rédigé les actes de procédure en mentionnant "la mairie de Puteaux" ; or la mairie n'a aucune existence légale.
Contrairement à ce que soutient le prévenu, c’est bien la commune de PUTEAUX, plaignante et partie civile, qui est visée par cette imputation, comme cela résulte des références faites à “la mairie de PUTEAUX” ou à “notre ville”, entités à qui sont prêtées tant la passation du marché contesté que la responsabilité du licenciement litigieux.
Peu importe à cet égard que le texte poursuivi, comme la citation qui a été délivrée par le ministère public, désignent cette collectivité territoriale par l’expression, juridiquement peu pertinente, de “mairie de PUTEAUX”, étant précisé que le prévenu ne soutient nullement que cette imprécision affecterait la régularité de l’acte introductif d’instance, mais qu’il se contente de faire valoir que la “mairie de PUTEAUX” ne serait pas protégée par les dispositions spéciales de l’article 30 de la loi sur la liberté de la presse, alors que la commune de PUTEAUX, qui a déposé plainte, après délibérations en ce sens de son conseil municipal en date des 4 juin et 18 juillet 2004, conformément aux exigences de l’article 48 (1°) de la dite loi, est bien un corps constitué, au sens de l’article 30 susvisé.
La personne morale est la commune, représentée non par le maire mais par le Conseil municipal. Curieusement, la défense n'a pas soulevé de nullité de la citation à comparaître, qui aurait peut être prospérée, en tout cas c'est ce que le tribunal semble laisser entendre, mais s'est placée sur le terrain plus fragile du fond du droit. Le tribunal écarte son raisonnement, en considérant que cette mention erronée n'empêche pas de constater que les imputations concernent la commune et non la mairie.
Venons en à la deuxième imputation diffamatoire, et là, l'accusation trébuche :
La seconde imputation diffamatoire contenue dans le texte litigieux est liée à la commission de menaces téléphoniques, adressées au mois d’avril 2004, à l’ancienne employée déjà mentionnée et à des appels insultants et menaçants qu’aurait reçus le rédacteur du texte lui-même.
C’est cependant à tort que la prévention retient que ce fait précis et contraire à l’honneur et à la considération serait imputé à la “mairie de PUTEAUX”, qu’elle en soit auteur ou complice, alors qu’il n’est nullement affirmé, voire même simplement insinué, que la collectivité territoriale aurait animé ou inspiré l’homme qui aurait appelé son ex-employée, ou qu’elle aurait le moindre lien avec lui, ni qu’elle serait à l’origine des appels reçus par Christophe GREBERT, sur l’origine et le sens desquels aucune précision n’est d’ailleurs fournie.
Tous les éléments de l’infraction de diffamation envers un corps constitué, tels qu’ils sont définis dans les termes de la prévention, ne sont donc pas réunis, du chef de cette seconde imputation.
En effet, à aucun moment Christophe Grébert n'a dit que les appels téléphoniques qu'il a reçus aurait émané ou auraient été commandité par la commune de Puteaux. Dès lors, n'étant pas victime de cette diffamation, elle ne peut poursuivre de ce chef, et le parquet non plus puisqu'en matière de presse, la plainte de la victime est un préalable sine qua non aux poursuites, et le retrait de cette plainte met fin aux poursuites, contrairement au droit commun. Le tribunal écarte donc cette prévention dont il n'est pas valablement saisi. Christophe Grébert est d'ores et déjà relaxé de ce chef.
Deuxième argument de la défense : la loi du 29 juillet 1881 ne s'appliquerait pas à l'internet. Le tribunal rejette cette argumentation, puisque la loi dit expressément le contraire. La seule difficulté vient du fait que la loi a changé entre le moment où les propos ont été tenus et aujourd'hui, mais seulement les numéros d'article. Le tribunal donne donc un cours d'histoire du droit :
S’agissant de la seule première imputation, dont le caractère diffamatoire à l’encontre de la commune de PUTEAUX est retenu, le prévenu soutient à tort que la loi du 29 juillet 1881 ne saurait s’appliquer en l’espèce.
Comme l’a expressément précisé la loi du 21 juin 2004 sur la confiance dans l’économie numérique, en modifiant les dispositions de l’article 23 de la loi sur la liberté de la presse, l’élément de publicité exigé par ce texte peut être caractérisé par l’usage de tout moyen de communication au public par voie électronique.
Si ce texte est intervenu postérieurement à la date de commission des faits objets de la présente poursuite, il résultait également de l’état du droit antérieur à l’entrée en vigueur de la loi de juin 2004 que les propos diffusés sur le réseau internet étaient susceptibles de constituer les infractions prévues par le chapitre IV de la loi de 1881.
L’article 23 susvisé, dans sa rédaction applicable aux présents faits, prévoyait, en effet, que la publicité pouvait résulter de l’emploi de tout support de l’écrit, de la parole ou de l’image et notamment de tout moyen de communication audiovisuelle. Et l’article 43-10 de la loi du 30 septembre 1986, alors en vigueur dans sa rédaction issue de la loi du 1er août 2000, rendait concrètement possible la poursuite des infractions de presse commises sur internet en imposant aux personnes éditant un service de communication en ligne autre que de correspondance privée de tenir à la disposition du public le nom de leur directeur de publication, au sens de l’article 93-2 de la loi du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle -soit directement si elles agissaient à titre professionnel, soit, dans le cas contraire, éventuellement par l’intermédiaire de leur fournisseur d’hébergement.
II importe donc peu, pour l’applicabilité à la présente espèce de la loi du 29 juillet 1881, que le service de communication électronique en ligne fourni par le prévenu -lequel en était donc le directeur de la publication, en application du dernier alinéa de l’article 93-2 susvisé- n’ait pas été édité par celui-ci à titre professionnel mais ait constitué ce qu’il est convenu d’appeler indifféremment un site personnel, des pages personnelles ou, plus récemment, un blog.
Bon, là, c'était couru d'avance.
Troisième argument soulevé par la défense, avec aussi peu de succès que les précédents : ce blog ne répondrait pas à la condition de publicité exigée par la loi car ne s'adressant qu'aux seuls putéoliens.
C’est enfin à tort que le prévenu soutient que l’élément de publicité exigé par la loi ne serait pas constitué en l’espèce, au motif que ses lecteurs seraient unis entre eux par une communauté d’intérêt centrée autour de la ville de PUTEAUX, alors qu’au contraire, par exemple, d’un forum de discussion au sein duquel une inscription préalable serait exigée sur la base d’un critère susceptible de caractériser une telle communauté, le site www.monputeaux.com était accessible à tous les internautes désireux de le visiter ou au hasard d’une recherche, quel que fût le centre d’intérêt qui les y conduisait.
Peu importe que Monputeaux ne s'adresse qu'aux putéoliens puisque tout le monde peut y accéder. Christophe Grébert avait d'ailleurs reconnu à la barre que depuis cette affaire, son audience dépassait largement les rives ouest de la Seine, ce qui affaiblissait quelque peu cette argumentation.
Quatrième moyen de défense : l'offre de preuve des faits imputés. Las, le tribunal n'a pas été convaincu, estimant que les pièces produites sont sans pertinence avec les faits.
Sur l’offre de preuve
Offrant régulièrement de prouver la vérité des faits diffamatoires, le prévenu doit le faire de façon parfaite, complète et corrélative à l’imputation diffamatoire dans toute sa portée et toute sa matérialité.
Si l’on excepte les pièces concernant la seconde imputation qui n’a pas été retenue, le prévenu produit (pièces 15 à 20) divers documents provenant de la procédure d’appel d’offre relative “à l’organisation d’animations sportives, culturelles et socio-culturelles et de services auxiliaires de décors et de spectacles pour fêtes de fin d’année à PUTEAUX”, qui ne permettent nullement d’établir que la consultation qu’ils concernent auraient abouti à la conclusion d’un marché douteux et anormalement cher. Aucune pièce n’est, de surcroît, produite concernant le licenciement de la salariée mentionnée dans l’article.
Ce qui est dommage vu que l'imputation diffamatoire vise la passation de ce marché et le licenciement de Madame F.
Enfin, aucun des trois témoins visés à l’offre de preuve que le tribunal a pu entendre ne s’est exprimé sur les faits objets de la seule imputation retenue.
Il convient en conséquence de constater que le prévenu a échoué en son offre de preuve.
Sur ce point, la tactique de la défense a été de dresser un portrait peu flatteur de l'équipe municipale actuelle, laissant entendre que l'accusation contenue dans l'article est donc crédible. Le tribunal refuse d'entrer dans ce raisonnement en exigeant une preuve pertinente directement liée aux faits diffamatoires, et il constate que ce n'est pas le cas ici. Cependant, l'audition de ces témoins n'aura pas été inutile, loin de là, comme nous allons le voir.
Cinquième moyen de défense : la bonne foi du prévenu, qui en matière de presse n'est pas présumée mais est admise comme excuse absolutoire. Comme dans tout syllogisme judiciaire, le tribunal rappelle d'abord la règle de droit.
Sur la bonne foi
Si les imputations diffamatoires sont réputées faites dans l’intention de nuire, le prévenu peut cependant justifier de sa bonne foi et doit, à cette fin, établir qu’il poursuivait, en diffusant les propos incriminés, un but légitime exclusif de toute animosité personnelle, qu’il a conservé dans l’expression une suffisante prudence et qu’il avait en sa possession des éléments lui permettant de s’exprimer comme il l’a fait.
Ensuite, il recherche si elle s'applique au cas d'espèce. Et c'est sur ce point que la défense va triompher.
Le prévenu a expliqué au tribunal qu’ayant adhéré au parti socialiste dans les jours ayant suivi le 21 avril 2002, date du premier tour de l’élection présidentielle, il a décidé de créer sur le réseau internet un site destiné à être un lieu de débat offert aux habitants de sa commune de résidence, PUTEAUX, site où il relate et commente les informations locales, en utilisant sa formation de journaliste, mais dans un but citoyen et désintéressé, sans esprit de propagande politique. Ce faisant, utilisant toutes les possibilités offertes par l’internet comme support de la libre expression des citoyens en dehors de tout cadre institutionnel ou commercial, il poursuivait un but légitime d’information du public local, auquel il offrait parallèlement un espace de réaction et de dialogue.
Même si l’analyse des extraits du site qui sont versés aux débats, notamment ceux qui ont été reproduits dans le constat d’huissier susvisé, démontre que le prévenu y adopte un ton volontiers critique à l’égard de l’équipe municipale, ce parti pris ne saurait être confondu avec une animosité de nature personnelle, dont aucun élément ne vient démontrer la réalité, alors même que les témoins entendus par le tribunal ont, au contraire, fait état de manifestations d’hostilité dont Christophe GREBERT aurait été victime de la part de responsables de la majorité municipale.
Quoique journaliste de profession, le prévenu dirigeant le site litigieux à titre purement privé et bénévole n’était pas tenu de se livrer à une enquête complète et la plus objective possible sur les faits qu’il évoquait. Il pouvait donc, dans une rubrique consacrée à une revue de presse, citer des extraits d’un article relatif à un litige mettant en cause la mairie de PUTEAUX publié dans le quotidien régional LE PARISIEN -dès lors que, comme au cas présent, il précisait exactement sa source et ne lui faisait subir aucune dénaturation-, sans avoir à vérifier le bien fondé des informations qu’il reproduisait.
Il pouvait également librement, en qualité de citoyen et de contribuable local, lire dans cet article la confirmation de son opinion sur le coût excessif d’une dépense engagée par sa ville, sans avoir, à cet égard, à démontrer le bien fondé de ce point de vue en se livrant, par exemple, à une rigoureuse analyse comparative du coût de l’opération litigieuse avec les sommes déboursées par d’autres municipalités pour des prestations similaires, dès lors qu’il démontre, par la production des pièces déjà évoquées, que la dite opération a bien eu lieu et a occasionné des dépenses de l’ordre de celles qu’il évoquait.
Il l’a fait en conservant à son expression une réelle prudence, sans tirer de conclusions définitives, mais en se contentant de s’interroger sur le point de savoir si l’article qu’il citait ne constituait pas “un début de réponse” aux questions qu’il se posait sur le coût selon lui anormal de la manifestation organisée par la municipalité.
Dans ces conditions, le bénéfice de la bonne foi doit être reconnu au prévenu, qui sera renvoyé des fins de la poursuite.
Le tribunal estime donc que, quand bien même Christophe Grébert ne cache pas être un opposant à l'actuelle équipe municipale, il n'y a dans sa démarche aucune animosité personnelle envers cette équipe. En démocratie, s'opposer à un élu ne se confond pas avec l'attaquer personnellement : il est légitime d'être un opposant, il est légitime qu'un opposant soit critique même virulent, et il est légitime qu'une personne critique croie et relaie un article critique envers son adversaire. Cette créance est renforcée par l'hostilité ouverte que témoigne la commune à l'encontre de Christophe Grébert, hostilité établie notamment par les témoins.
La commune de Puteaux avait souligné à l'audience que Christophe Grébert étant journaliste, il fallait exiger de lui une enquête complète et objective sur cette affaire. Le tribunal écarte cette argumentation : quand on est blogueur, on n'est pas journaliste. On n'écrit pas un article sous la direction d'un rédac'chef et la responsabilité d'un directeur de publication, qui exercent un contrôle de qualité. On est seul, l'article est en ligne d'un clic, et surtout on fait ça sur son temps libre et en amateur. La 17e est là dans son rôle de protection de la liberté d'expression, en préférant le risque de blogs agités plutôt que policés.
SUR L’ACTION CIVILE
La commune de PUTEAUX, recevable, pour les raisons déjà exposées, en son action, du chef, du moins, de la première imputation, verra toutes ses demandes rejetées compte tenu de la relaxe ainsi intervenue.
Conclusion logique : puisqu'il n'y a pas de délit, pas d'indemnisation.
Les dispositions de l’article 475-1 du code de procédure pénale invoquées par le prévenu ne permettant que la condamnation de celui-ci au profit de la partie civile, et non l’inverse, les demandes formées par Christophe GREBERT sur le fondement de ce texte seront déclarées irrecevables.
Erreur classique des avocats civilistes peu au fait des subtilités de la procédure pénale : au civil, l'article 700 du nouveau code de procédure civile permet à chaque partie de demander à ce que l'autre soit condamnée à prendre en charge ses frais de procédure, spécialement ceux d'avocat (on appelle cela des frais irrépétibles). Le tribunal statue et généralement la partie qui perd est condamnée à une indemnité de ce chef. Au pénal, de telles demandes croisées sont impossibles, car les parties ne sont pas sur le pied d'égalité qui est l'essence de la procédure civile. Une partie est poursuivie, l'autre est victime et demande réparation. Le prévenu même en cas de relaxe ne peut pas se retourner contre la partie civile. C'est une protection voulue par la loi pour éviter que des victimes n'aient peur de s'en remettre à justice.
L'article 472 du code de procédure pénale permet de présenter contre la partie civile une demande de dommages-intérêts pour procédure absuive, mais à deux conditions : d'une part, que la partie civile ait mis en mouvement l'action publique (citation directe ou plainte avec constitution de partie civile), d'autre part qu'il y ait eu intention de nuire ou mauvaise foi, cette notion renvoyant à une saisine de la juridiciton répressive téméraire ou précipitée, mais ici, les deux conditions font défaut : c'est le parquet qui a mis l'action publique en mouvement, et il n'y a nulle mauvaise foi puisque les faits sont bien considérés comme diffamatoires, seule la bonne foi ayant sauvé Christophe Grébert des foudres de la justice.
PAR CES MOTIFS
Cette phrase annonce la conclusion du jugement, qui contient la décision du tribunal.
Le tribunal statuant publiquement, en matière correctionnelle, en premier ressort et par jugement contradictoire à l’égard de Christophe GREBERT, prévenu, à l’égard de la COMMUNE de PUTEAUX, partie civile (art.424 du code de procédure pénale) et après en avoir délibéré conformément à la loi,
Publiquement : c'est une condition de validité du jugement, sauf si le huis clos a été ordonné, auquel cas il doit être expliqué.
En matière correctionnelle : la 17e chambre est une des rares chambres mixtes civil/pénal du tribunal (avec la 19e, spécialisée dans la réparation du préjudice corporel, où sévit une redoutable cycliste), le tribunal précise donc en quelle matière il statue.
En premier ressort : ce jugement est susceptible d'appel, la cour statuant en dernier ressort.
Jugement contradictoire : les parties ont été citées régulièrement et étaient présentes ou représentées à l'audience. Les délais d'appel courent donc à compter de la date où le jugement est lu en audience publique, soit le 17 mars. Si une partie n'a pas comparu, le jugement est contradictoire à signifier (les délais ne courent qu'à compter de la signification du jugement par huissier). Si le prévenu n'a pas été cité faute de domicile connu, le jugement est par défaut et il peut demander à être rejugé ; le défaut de la partie civile est impossible de par les règles de procédure.
RENVOIE Christophe GREBERT des fins de la poursuite ;
Bref, il est relaxé. L'expression "renvoie des fins de poursuite" est celle employée à l'article 470 du CPP[2], même si l'article 470-1 du CPP parle de relaxe. Mais si le CPP était cohérent, ça se saurait.
REÇOIT la commune de PUTEAUX en sa constitution de partie civile;
La demande est recevable en la forme : elle a respecté toutes les conditions prévues par la loi pour se porter partie civile devant le tribunal.
LA DÉBOUTE de toutes ses demandes;
Mais sa demande est mal fondée car personne n'est condamné. Beaucoup de tribunaux déclarent la partie civile irrecevable quand ils prononcent une relaxe. J'ai beau leur expliquer qu'ils se trompent, rien n'y fait.
DIT IRRECEVABLES les demandes formées par Christophe GREBERT sur le fondement des dispositions de l’article 475-1 du code de procédure pénale.
Cette demande n'est pas recevable car la partie qui la présente n'a pas la qualité de partie civile, condition posée par la loi.
- Conclusion : quelle leçon pour les blogues ?
Depuis le début de cette affaire, on entend et lit beaucoup que cette décision "va faire jurisprudence". C'était mettre la charrue avant les boeufs, et il serait téméraire d'en tirer des règles générales sur les blogues. On y apprend ce qu'en fait on savait déjà : les blogues sont soumis aux règles sur la loi de la presse. Pour mes lecteurs, ça n'a rien de nouveau.
De même, on ne peut en déduire que le tribunal proclame qu'un blogueur n'est pas un journaliste. C'était déjà une évidence avant : la 17e a toujours tenu compte de la qualité de l'auteur des propos qu'elle jugeait. La discussion n'a eu lieu ici que parce que Christophe Grébert est journaliste. La question était donc plus limitée, mais intéressante : un journaliste qui blogue doit il être jugé comme un journaliste ou comme un blogueur ? Réponse : ici comme un blogueur ordinaire car il n'agit pas en tant que journaliste. Mais si un journaliste tient un blogue en mettant en avant sa qualité de journaliste, il sera jugé comme tel : avis aux grands noms du métier que sont Bertrand Lemaire, John Paul Lepers, et Jean-Marc Morandini (quoi, qu'est ce que j'ai dit ?).
La 17e chambre applique ici sa jurisprudence de toujours. Rien de nouveau sous les lambris dorés.
Simplement, le mode d'emploi donné par la 17e doit être médité par tout blogueur voulant se lancer dans la polémique publique :
Le blogueur qui relaie des éléments portant atteinte à l'honneur et à la réputation d'une personne est à l'abri des sanctions s'il peut démontrer qu'il poursuivait, en diffusant les propos incriminés, (1) un but légitime (2) exclusif de toute animosité personnelle, (3) qu’il a conservé dans l’expression une suffisante prudence et (4) qu’il avait en sa possession des éléments lui permettant de s’exprimer comme il l’a fait.
Ces quatre conditions sont cumulatives, la quatrième ne se confondant pas avec l'offre de preuve : la bonne foi joue aussi quand on relaie une information fausse, si on peut justifier qu'on a des éléments permettant de s'exprimer ainsi, autres que l'animosité.
Enfin, rappelons que ces règles s'appliquent aussi aux commentaires.
Prochain épisode : la 11e chambre de la cour, si la commune de Puteaux fait appel (je doute que le parquet interjette un recours).
Ce billet, écrit à 14:15 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 24 février 2006
La soirée LESTELECHARGEMENTS.COM, ou : fallait pas l'inviter.
Comme annoncé, je suis allé ce 22 février au Palais de Tokyo pour la soirée de lancement du site Lestelechargements.com, le blogue pas gratuit qui tourne sous un logiciel gratuit.
Dès l'arrivée, c'est l'ambiance : des CRS partout, le trottoir de l'avenue du Président Wilson décrétée zone réservée, tous ceux n'ayant pas de sésame étaient priés de changer de côté de la rue. Bref, ça sent le dialogue et l'ouverture.
Après avoir présenté mon invitation mentionnant « Maître Eolas » et présenté une carte d'identité mentionnant mon véritable nom à un brigadier qui m'a laissé passer sans ciller (est ce du contournement de mesure technique efficace ?), il fallait encore montrer patte blanche pour arriver aux registres tenus par de charmantes hôtesses qui me nouaient au poignet un bracelet estampillé aux couleurs du site célébré ce soir, bracelet impossible à retirer sans le couper. Accès restreint, circulation limitée, surveillance accrue, sortie définitive : pas de doute, c'est une soirée DRM, Publicis fait bien les choses.
La salle consacrée à la fête grouille de monde mais d'un seul côté : là où sont les peoples. Pour repérer les peoples, rien de plus facile : il suffit de regarder qui éclairent les projecteurs des caméras de télé présentes. Louis Bertignac est assailli de questions, Gérard Jugnot également, tandis que Philippe Laville et Steeve Estatoff peuvent, dure loi du show-biz, circuler impunément dans la foule. Le reste du public est composé de bobos parisiens, qui ont passé la soirée au téléphone malgré la musique assourdissante ("devine d'où je t'appelle ?"), de midinettes BCBG toutes émoustillées de voir tant de stars, et d'artistes méconnus, savamment décoiffés à la Ariel Wizman et habillés chez Emmaüs à la Vincent Delerm, errant du côté du buffet.
Des ordinateurs sont disposés tout autour de la salle, connectés au site lestelechargements.com, sous windows et Internet Explorer, ça va de soi. Bon, un petit F11 pour virer le plein écran, et voilà la barre d'adresse : je peux faire le tour de mon blog en attendant que les choses sérieuses commencent. J'en profite pour télécharger Firefox, il n'y a pas de raison que Dotclear soit le seul logiciel libre présent. Ha, non, il y en avait d'autres : deux ordinateurs avaient eMule d'installé (Versac a des preuves).
La soirée s'est ouverte par trois discours, le premier d'accueil du directeur du Palais de Tokyo, très content de voir son ministre de tutelle, le second de Thierry Breton qui vient sans doute voir à quoi ressemble un blog à 180,000 euros, et le dernier de Renaud Donnedieu de Vabres, très content de voir son collègue chargé des gros sous.
Le premier discours était du léchage de botte sans intérêt mais aux normes.
Le second aligne les clichés ("merci de nous recevoir dans ce superbe palais", qui, pour ceux qui n'y sont jamais allé, ressemble à un chantier pas fini éclairé aux néons ; le mot musique n'était jamais bien loin du mot rémunération lui même immédiatement suivi d'équitable, j'en ai compté cinq au moins) et contient une perle : Thierry Breton, que la modestie n'étouffe pas, glisse qu'il avait imaginé internet avant que ça existe puisqu'il en a parlé dans un roman en 1985, et pose aussitôt après une question montrant sa maîtrise de l'internet : au fait, y a-t-il un espace entre « LES » et « TELECHARGEMENTS.COM » ? Cela dit, à la décharge du ministre au portefeuille, les logos décorant les murs sont effectivement rédigés « LES TELECHARGEMENTS.COM » avec un espace. Bravo Publicis.
Le troisième est plus intéressant. Bien que lu, j'ai senti une sincérité dans le ton du ministre, qui confirme l'impression que je ressens depuis le départ : RDDV hérite d'un projet de loi qu'il n'a pas rédigé mais doit faire voter et ressent une injustice dans le fait d'être devenu la cible d'attaques parfois très dures des adversaires à ce projet. Outre ce ton où transparaissait une sourde colère, trois points dans son discours ont retenu mon attention. Il a affirmé avec force que le droit à la copie privée serait préservé, que les peines de prison pour le téléchargement étaient exclues et que l'intéropérabilité était un droit : il considère que l'internaute a un droit à pouvoir écouter sa musique sur n'importe quel support : l'incompatibilité des formats (Sony – Apple par exemple) est donc une anomalie qui doit disparaître. Là, je ne peux qu'approuver mais las ! je suis juriste et quand on m'indique un objectif, je ne puis m'empêcher de me demander « et concrètement ça se passe comment » ? Mais le format de cette soirée était incompatible avec le débat juridique : encore un problème d'interopérabilité.
Le discours se concluait par un « place au débat ! », suivi d'une courte présentation du site sur écran géant et aussitôt Bob Sinclar aux platines a balancé de la musique tellement fort qu'on ne s'entendait qu'en se hurlant dans les oreilles.
Et c'est là que l'horreur m'est apparue dans toute son ampleur : il n'y avait pas de champagne. Tout au plus un punch pas mauvais (bonne idée la badiane mise à infuser dedans) mais trop sucré.
J'ai jeté un coup d'oeil au site en question, et ai pu constater ce que vous y avez sans doute vu vous même : le message est un peu à sens unique. Le film « les sauterelles » est parlant. Dans la série propagande, le message de Marc Lavoine, qui a l'air de se demander ce qu'il fait là, est affligeant : 300.000 emplois seraient menacés par le téléchargement, rien que ça. Démonstration ? Pas besoin, c'est un chanteur. Le chômage, c'est votre faute, Kazeux et eMuleux. Salauds.
Les informations sur la loi elle même sont quasi inexistantes : tout juste dix points clés en format audio, et Bob (oui, on est pote maintenant, je l'appelle Bob et il m'appelle Maître) s'est assuré que je ne pouvais pas les écouter sur les enceintes 2 X 5W disposées à côté de l'ordinateur. Bon, je n'ai rien perdu, puisque quand j'ai pu les écouter, j'ai entendu d'entrée cette perle (allez-y, cliquez sur le lien, c'est la première phrase) :
"Qu'est ce que
l'utilisation des
fichiers numériques a changé par rapport
à l'époque de l'utilisation des cassettes
analogiques ?
— L'apparition
des fichiers numériques a changé la
possibilité d'échanges de fichier."
sic.
Donc avant l'apparition des fichiers numériques, il
n'était pas possible d'échanger des fichiers
numériques ? Y'a pas à dire : Publicis
maîtrise son sujet.
Les contestataires étaient présents : un sournois en pull jaune faisait semblant de s'intéresser à ce que vous regardiez sur votre ordinateur en tentant de coller discrètement un autocollant EUCD.info (message personnel : il faudra reprendre des cours de ninjutsu, mon ami), tandis que rapidement les ordinateurs laissés à disposition (et demeurés très disponibles toute la soirée) affichaient les pages d'accueil des sites parasites lestelechargements.info, lestelechargements.fr, et lestelechargements.org (encore un coup de chapeau à Publicis de ne pas avoir sécurisé ces noms de domaine, là ça frise l'incompétence).
En fait, cette soirée a confirmé mes impressions sur le débat en cours sur les droits d'auteur :
-
les artistes ne comprennent rien aux enjeux réels mais ont réagi comme un seul homme au vote de la licence globale qui est pour eux une solution inacceptable ;
-
quand les politiques sont face à une difficulté, ils croient qu'un bon coup de com' les sortira de là.
-
il se dégage de cette agitation le sentiment d'assister à une réunion pour décider comment sauver l'industrie du fiacre face au danger de l'apparition de l'automobile : les acteurs actuels sont ni plus ni moins en train de refuser le progrès technologique pour défendre un schéma économique obsolète (le monopole du support) qui leur était particulièrement favorable. Le train a été raté en 2002 quand face à l'apparition des MP3, les majors ont fait fermer Napster. Deux ans de procès pour se retrouver face à Kazaa, eDonkey et aux réseaux en P2P. Des offres légales n'apparaissent qu'en 2005, pour proposer des fichiers limités, incompatibles entre eux, nécessitant impérativement un programme précis seul compatible, pour un euro le fichier, en espérant que du coup, les internautes qui depuis trois ans avaient pris l'habitude de télécharger gratuitement des formats hautement compatibles allaient se retourner vers ces nouvelles plates-formes. Ébénon. Et de deux trains de ratés.
- Personne ne semble trouver étrange que la bataille pour les droits d'auteur, "héritage des Lumières et de la Révolution Française", se fait aujourd'hui à front renversé. Historiquement, puisqu'on fait appel à l'histoire, les droits d'auteur protégeaient les auteurs et les compositeurs de musique contre leurs éditeurs et contre les interprètes qui jouaient leurs morceaux et interprétaient leurs pièces sans les rémunérer autrement que par l'achat des livrets, comme un particulier (et sans participation aux recettes). Mais c'est la première fois que les droits d'auteurs sont présentés comme menacés par le public, c'est à dire ceux là même à qui l'oeuvre est destinée. Ce n'est plus contre l'intermédiaire que la loi protège mais contre le consommateur final. Plutôt que d'accourir au garde à vous au mot de licence globale, voilà une piste de réflexion intéressante pour les artistes : votre ennemi est-il vraiment le public, qui aime vos oeuvres mais n'a pas envie de payer un euro pour que vous soyez rémunéré trois centimes ? Qui vous exploite ? Celui qui télécharge une de vos chansons sur internet ou celui qui vous retient 97% du chiffre d'affaire que vous générez ? Et si elle était là la bataille pour les droits des auteurs ?
Finalement, ministres et artistes sont partis assez tôt, et des hooligans ayant repéré l'ordinateur relié aux écrans géants commençant à l'utiliser pour afficher un peu tout et n'importe quoi, parfois avec goût, parfois d'un goût douteux, il était temps de partir.
Surtout qu'il n'y avait pas de champagne.
PS : Merci à Versac dont la très agréable compagnie a sauvé la soirée.
Ce billet, écrit à 15:40 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
jeudi 2 février 2006
Naissance de Lieu-commun.org
Ce billet, écrit à 19:12 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
lundi 26 décembre 2005
Un peu de nombrilisme ne fait point de mal
La fin de l'année est traditionnellement l'époque des bilans. Cet exercice narcissique me permettre en plus de garnir l'agrégateur de Laurent qui menace de nous faire une dépression de noël. Et plusieurs lecteurs m'ont demandé de lever un coin de voile sur les statistiques de mon site, et je n'ai rien contre la transparence.
Chiffres mis à jour en consultant les données de l'hébergeur et non le compteur sur ma page d'accueil
L'année 2005 a commencé par un record de fréquentation grâce à ce billet sur l'affaire Guillermito, correspondant au jugement rendu par la 3e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris contre Guillermito : 3018 visiteurs le 6 janvier, suivi de 2977 le lendemain (une journée normale était de 1200 visiteurs uniques en moyenne).
Et il se termine sur un nouveau record, qui montre bien la progression de la fréquentation moyenne de cet humble blog : 10923 visiteurs uniques le 21 décembre, jour sans billet, mais lié à mes deux premiers billets sur la loi DADVSI.
La fréquentation moyenne est passée de 1816 visiteurs uniques par jour au mois de février (pris pour ne pas tenir compte du Guillermito effect) à 5755 pour le mois de novembre (pris pour ne pas tenir compte du DADVSI effect). Le nombre de pages chargées est passé de 4300 à 12130 par jour, ce qui est cohérent. Ces chiffres viennents des logs Apache fournis par Free (merci Romuald).
A l'ouverture de ce blog seconde mouture, en décembre 2004, mon compteur de fréquentation, reprenant le dernier chiffre de mon premier blog, était de 40.000 visiteurs uniques ; un an après, il dépasse le million avec 1.168.139 visites.
Comme toute cérémonie des vœux qui se respecte, je concluerai par des remerciements :
- Merci donc à mes parrains sur l'internet, ceux qui ont la gentillesse d'attirer l'attention sur un de mes billets, les lecteurs qu'ils m'envoient revenant souvent ; tout particulièrement Versac, Laurent, Veuve Tarquine, Paxatagore, et dernier venu, Philippe Bilger dont j'ai l'honneur d'être le seul à figurer sur sa blogroll.
- Merci à Kozlika sans qui ce blog ne serait guère plus qu'une page 404 elle même buguée ;
- Merci à Tegam d'avoir fait un procès à Guillermito, en s'avérant ainsi plus efficace qu'une mention par Loïc Le Meur pour booster la fréquentation d'un site ; à Nicolas Sarkozy d'avoir décidé la reconduite à la frontière des parents d'Eduardo, à Dieudonné d'avoir été relaxé et Marc-Olivier Fogiel d'avoir été condamné, et surtout à Renaud Donnedieu de Vabres d'avoir fait sa loi DADVSI : vous fûtes mes plus grands pourvoyeurs d'audience (et pour un avocat, l'audience, c'est important).
Je vous souhaite d'ores et déjà à tous une excellente année 2006, et n'oubliez pas, comme d'habitude, de faire grand cas des conseils de la presse, qui par exemple vous rappelle ces jours ci avec insistance qu'il ne vous reste plus que quelques jours pour vous inscrire sur les listes électorales : conseil civique avisé, d'autant plus qu'il n'y a pas de scrutin prévu en 2006.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Ce billet, écrit à 21:35 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
vendredi 16 décembre 2005
1, 2, 3...
Désolé pour une coupure temporaire du blog, je suis passé à la version 1.2.3 de Dotclear, qui désormais ne fera plus apparaître vos adresses e mail hormis pour votre serviteur. Je ne contribuerai donc plus involontairement à la constitution de votre stock de viagra.
Ce billet, écrit à 17:22 par Eolas dans la catégorie General a suscité :
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