Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

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Actualité du droit

Le droit fait parfois la Une des journaux. Il y a gros à parier qu'il se retrouvera alors ici.

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jeudi 10 novembre 2005

Double peine

Plusieurs blogueurs (citons Ceteris Paribus) et commentateurs s'étonnent des déclarations fracassantes du ministre de l'intérieur (qui a dit "pléonasme" ?), annonçant hier à l'Assemblée qu'il allait demander aux préfets d'expulser systématiquement les étrangers condamnés pour des faits liés aux émeutes de ces derniers jours.

En effet, l'actuel ministre de l'intérieur avait fait savoir à cors et à cris qu'il avait courageusement abrogé "la double peine", qui consiste à sanctionner un étranger délinquant par une peine de prison ET une interdiction du territoire, tandis qu'un délinquant français n'aura que la peine de prison. Rupture de l'égalité scandaleuse.

Ledit ministre ayant d'ailleurs écrit dans son livre "La République, les religions, l'espérance" (Éditions du Cerf, 2004, 172 pages, 23 euros) :

La réforme de la double peine a procédé de la même conviction : à chaque délit, à chaque crime, il doit y avoir une réponse pénale ferme. Mais celle-ci ne peut varier selon que l’on est, sur sa carte d’identité, français ou non. Lorsqu’il a passé toute son enfance en France ou qu’il y a fondé une famille, le second n’a pas à subir une seconde sanction en étant expulsé dans on pays de nationalité et coupé de sa famille.

(via Koztoujours)

Le ministre aurait menti ?

Non, le ministre a fait de la com', qui maintenant que les circonstances ont changé lui revient dans la figure comme un boomerang, et cela me réjouit, abstraction faite de la personne du dit ministre : L'arroseur arrosé reste pour moi un chef d'œuvre du comique.

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jeudi 29 septembre 2005

Pour ne plus violer, violons

Un magistrat qui aime taquiner les avocats (qui a dit "pléonasme" ?) me demandait innocemment (je retire le "innocemment", c'était un procureur) ce que je pensais de l'idée de mon confrère et incidemment garde des sceaux de demander au parlement de ne pas saisir le Conseil constitutionnel de son projet de loi visant à imposer le port du bracelet électronique à des personnes déjà condamnées pour des crimes sexuels, et ce au mépris du principe fondamental de non rétroactivité de la loi pénale.

Il ajoutait non sans gourmandise que L'Union Syndicale des Magistrats (USM) avait déjà réagi tandis que l'Ordre des avocats semblait quelque peu coi, en m'affirmant se refuser à penser que le corporatisme pouvait brider la capacité légendaire de notre ordre à s'enflammer pour la défense des libertés individuelles.

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jeudi 22 septembre 2005

Affaire Juppé : piqûre de rappel

La cour de cassation vient de rejeter le pourvoi de Louise-Yvonne Casetta contre l'arrêt de la cour d'appel de Versailles dans l'affaire dite des HLM de la ville de Paris.

La controverse sur les un an / dix ans d'inéligibilité est donc close, sauf si un pourvoi a été formé contre la décision du tribunal d'instance de Bordeaux du 24 mars 2005, point que j'ignore.

Mes plus vieux lecteurs savaient depuis le 28 janvier dernier que ce pourvoi ne remettrait pas en cause la situation d'Alain Juppé. Pour les plus jeunes, les explications du problème juridique que posait l'application de l'article L.7 du Code électoral sont ici.

L'arrêt rendu aujourd'hui n'est donc pas une surprise, mais va permettre aux chroniqueurs politique de se lancer dans la seule activité qui semble les distraire un tant soit peu : l'anticipation des présidentielles de 2007, en remettant en piste Alain Juppé dans les cercles chiraquiens.

jeudi 8 septembre 2005

La loi Perben 2 est-elle buguée ?

Le Canard Enchaîné a soulevé récemment ce qu'il pense être un lièvre dans la désormais célèbre loi Perben 2. Le législateur s'est en effet emmêlé les pinceaux, la question étant : quelles en seront les conséquences ?

Potentiellement, elles sont en effet explosives.

Alors, de quoi s'agit-il ?

La loi Perben 2 était une loi réformant en profondeur le procédure pénale. Tous les aspects étaient concernés : de l'enquête de police à l'exécution des peines de prison, en passant par la procédure d'audience.

Cette fois, c'est le volet sur l'exécution des peines qui est en cause. Nous sommes dans l'hypothèse où une personne a été condamnée à de la prison ferme, et la condamnation est devenue définitive, c'est à dire qu'elle n'est plus susceptible de recours, soit que l'appel ait été rejeté, soit que le délai pour former ce recours se soit écoulé.

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lundi 5 septembre 2005

Encore de l'information de qualité

Libération salue à sa façon la mort du 16e Chief Justice, William Rehnquist, président de la cour suprême des Etats Unis, en tentant de battre le record d'inexactitudes au centimètre carré de papier journal.

La Cour suprême des Etats-Unis décapitée (Libération du 5 septembre 2005, auteur : Philippe Grangereau).

La Cour suprême des Etats-Unis, qui a compétence pour déterminer les orientations de la société sur des sujets tels que la peine de mort, l'avortement, la liberté de la presse ou l'euthanasie, vient de perdre l'un de ses membres. Sur ses neuf juges, il n'en reste désormais plus que huit (...)

Impressionnant. Relevons donc les quelques erreurs contenus dans ces premières lignes.

  • La cour suprême n'est pas décapitée.

Certes, il s'agit d'une métaphore journalistique (qui se distingue de la métaphore littéraire en ce qu'elle n'a pas besoin d'avoir de sens) : la Cour Suprême a perdu son Président, celui qui est à sa tête, donc décapitée. Mais outre le fait que Rehnquist est mort de mort naturelle, ce que la décapitation n'est pas, un corps décapité ne peut plus fonctionner (c'est même généralement le but de l'opération). Or la Cour suprême des Etats Unis peut valablement statuer avec un quorum de six membres. Donc le décès de Rehnquist n'entravera en rien le fonctionnement de la cour suprème.

  • La Cour suprême n'a pas compétence pour déterminer "les orientations de la société sur des sujets tels que la peine de mort, l'avortement, la liberté de la presse ou l'euthanasie".

C'est grotesque. La Cour suprême a compétence pour juger "tous les cas de droit et d'équité ressortissant à la présente Constitution, aux lois des États-Unis, aux traités déjà conclus, ou qui viendraient à l'être sous leur autorité ; à tous les cas concernant les ambassadeurs, les autres ministres publics et les consuls ; à tous les cas relevant de l'Amirauté et de la juridiction maritime ; aux différends auxquels les États-Unis seront partie ; aux différends entre deux ou plusieurs États, entre un État et les citoyens d'un autre, entre citoyens de différents États, entre citoyens d'un même État revendiquant des terres en vertu de concessions d'autres États, entre un État ou ses citoyens et des États, citoyens ou sujets étrangers" (Constitution des Etats Unis, article III, section 2).

Bien sûr, il arrive que dans certains arrêts, qui ne tranchent que le litige qui lui est soumis, la Cour suprême estime que tel principe ou tel droit est protégé ou contraire à la Constitution. Mais à chaque fois, il s'agit de droits, et non "d'orientations de société". Jamais la Cour suprême n'est saisie d'une demande visant à établir telle ou telle orientation de société. Si de tels choix devaient être faits, ce serait par le pouvoir législatif.

Si le journaliste cite ces exemples, c'est que la Cour suprême a eu l'occasion de se prononcer sur ces droits : la peine de mort a été jugée anticonstitutionnelle par l'arrêt Furman v. Georgie en 1973 avant d'être rétablie par l'arrêt Gregg v. Georgie en 1976, après que les réserves émises par la cour eurent été levées ; l'avortement a été jugé comme un droit constitutionnel par l'arrêt Roe contre Wade (1973) ; la liberté de la presse a été abordé par biens des arrêts, comme Branzburg v. Hayes (1972), ou Miami Herald Pub. Co. v. Tornillo (1971). L'euthanasie n'a en revanche pas été abordée à ma connaissance par la cour suprême, l'affaire Terri Schiavo n'ayant pas atteint cette cour. Seule une affaire concernant l'Oregon est pendante sur ce thème, afin de savoir si une telle législation est de la compétence des Etats ou de l'Etat fédéral. Pas si c'est une orentation de société souhaitable ou non.

  • Il ne reste pas huit, mais sept membres à la cour suprême.

l'Associate Justice Sandra Day O'Connor a annoncé le 1er juillet 2005 qu'elle se retirait. Le processus de nomination de son successeur est en cours et n'est pas achevé. Il y avait donc bien une vacance avant le décès de Rhenquist, qui porte à deux le nombre de sièges vacants. La conséquence de ce décès est que le président Bush a aussitôt promu le juge John Roberts, qui devait succéder à O'Connor, comme candidat au poste de Chief Justice. Rappelons le jeune âge de Roberts (50 ans), ce qui annoncerait sans doute l'un des plus longs règnes de Chief Justice de l'histoire des Etats Unis. Et en plus, cela donnera au petit nouveau une réputation de chouchou du président : à peine arrivé, c'est lui le patron, alors qu'il est le plus jeune. Je parie qu'il se recevra des petits pois sur la tête à la cantine de la cour.

Bref, pour tout savoir sur ce qui se passer Maryland Avenue, c'est sur le blog de Paxatagore qu'il faut aller.

mercredi 31 août 2005

Propositions de réformes

Paxatagore fait état dans un billet des propositions du parti socialiste en matière de justice, relayant l'info donnée par Bloghorrée.

Même s'il y a loin de la coupe aux lèvres, le parti socialiste n'étant pas encore de retour aux affaires et étant bien parti pour mettre fin à 26 ans pendant lesquels le parti au pouvoir a systématiquement perdu les élections générales (les mauvais journalistes politiques dirons élections législatives, ce qui est absurde, on n'élit pas la loi), il est intéressant de voir quelles propositions fait le principal parti d'opposition, tenu par ce statut à des propositions originales et crédibles.

Ces propositions sont au nombre de trois .

  • la suppression du monopole des huissiers pour la signification des décisions de justice, qui seraient simplement remplacées par des lettres recommandées AR.
  • la suppression de l'avocat postulant ;
  • la suppression de la charge d’avoué à la cour d’appel. En revanche, la charge d'avocat au conseil d'Etat et à la cour de cassation serait maintenue.

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mercredi 24 août 2005

Peut-on avoir un blog et diffuser de la musique légalement ?

C'est la question que soulève M_Le Maudit dans ce billet où il relate les obstacles proprement insurmontables que recontre un internaute qui a envie d'avoir un radio-blog légal.

Où : comment les sociétés d'auteurs, qui communiquent et poursuivent contre la fausse gratuité de la musique en ligne (point sur lequel elles ont raison) s'avèrent incapable de mettre en place une solution simple, ou une solution tout court, pour que ceux qu'ils vouent aux gémonies soient dans la légalité.

La carotte et le baton, sans la carotte.

jeudi 11 août 2005

L'appel des décisions des cours d'assises

Décidément, Alain est le documentaliste de ce blog : il me signale un nouvel article dans Le Monde qui publie une analyse de fond sur les appels de cours d'assises, article qui, comme tout ouvrage journalistique sur la justice, nécessite des précisions et des rectifications.

Cet article est intitulé Les appels de verdicts de cours d'assises relèvent du pari, in Le Monde du 11 août 2005, auteur : Nathalie Guibert.

J'utiliserai la même méthode que mon précédent billet : citation/commentaire, en mettant en italique les passages du paragraphe qui me font réagir.

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mercredi 27 juillet 2005

Démesure

Le hasard du calendrier fait que la justice va accoucher aujourd'hui de deux décisions qui valent bien par leur gigantisme les douleurs ressenties par Gargamelle donnant naissance à son fils Gargantua.

Ces deux affaires montrent à leur façon les difficultés que connait le fonctionnement de la justice face à des dossiers pareils où on frôle la démesure.

La première est une décision correctionnelle : le tribunal correctionnel de Bonneville va rendre son jugement dans le dossier de l'incendie du tunnel du Mont Blanc.

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lundi 4 juillet 2005

Le droit, c'est magique

Dans à peine deux semaines, j'aurai entre les mains le sixième tome de Harry Potter. Voilà à quoi ça sert de bien bosser en anglais au collège : pas besoin d'attendre noël.

Pour tromper mon impatience et rendre hommage à cette formidable série, je vous propose un petit exercice de style, qui n'intéressera que les lecteurs de la série, enfin uniquement ceux ayant lu le 5e tome, Harry Potter et l'Ordre du Phénix. Si vous ne l'avez pas encore lu, désolé, arrêtez là votre lecture, je vais révéler des aspects du début du livre qu'il est mieux de découvrir au fil de la lecture.

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mercredi 29 juin 2005

Législation sur ordonnance

J'avais envie de faire un billet sur les ordonnances, c'est à dire l'habilitation donnée par le législatif à l'exécutif de légiférer directement, habilitation qui est temporaire et contrôlée, et n'est pas nouvelle. Des arguments soulevés par l'opposition (alors que le PS ne s'est pas privé de recourir à des ordonnances quand il était aux affaires) étant largement infondés.

Mais Paxatagore m'a grillé la politesse et s'est fendu d'une explication détaillée à laquelle je me contenterai de vous renvoyer tant sa qualité est irréprochable.

Sa conclusion ouvre sur le rôle du parlement dans la vie politique actuelle et il n'hésite pas à recommander une diminution du rôle législatif du parlement au profit d'un rôle réel de contrôlede l'exécutif, sous cette réserve :

Il faudrait évidemment que les parlementaires conservent le monopole du pouvoir de légiférer sur les questions touchants aux libertés publiques (la procédure pénale par exemple), et également la liberté de légiférer dans les autres domaines, pour éviter qu'il se laisse déborder par le gouvernement.

L'idée est plaisante, mais se heurte à mon sens au fait majoritaire : quel contrôle effectue un parlement discipliné, dont le parti au pouvoir a généralement la majorité absolue, et dont les députés vont au casse pipe électoral sans jamais critiquer les choix de leur parti ?

L'arme de la motion de censure du gouvernement n'a été utilisée avec succès qu'une seule fois, le 5 octobre 1962, contre le gouvernement Pompidou (en protestation contre l'élection du Président de la Républqiue au suffrage universel). En réaction, le général de Gaulle a dissous l'assemblée nationale et a remporté une large victoire aux législatives, et a reconduit Pompidou.

Depuis, les motions de censure ont toujours été déposées par l'opposition qui savait très bien qu'elles n'avaient aucune chance d'être adoptées. Cette arme est morte en 1962, quand elle a explosé dans les mains du parlement.

Plus qu'une réforme des institutions (thème de plus en plus à la mode), c'est une révolution des mentalités que Paxatagore appelle de ses voeux.

Billet à lire pour ceux que le droit constitutionnel est les institutions politiques intéressent.

mardi 26 avril 2005

L'arrêt de la cour d'appel de Bordeaux annulant le mariage de Bègles

Merci à qui se reconnaîtra de m'avoir transmis le texte de cet arrêt, que je crois être le premier à publier.

Je vous fais grâce des mentions légales et commence directement dans le corps du sujet. La décision est publiée en quasi intégralité car elle apprend beaucoup sur toute la procédure, bien mieux que tout ce que la presse a pu publier là dessus.

Je n'ai pas le temps d'en faire un commentaire, je vous la livre brute de décoffrage, les commentaires sont à vous. Sachez simplement que si votre curiosité à l'égard des textes juridiques a été annihilée par le Traité établissant une Constitution pour l'Europe, j'ai indiqué où commence l'essentiel de la discussion sur la validité ou non d'un mariage entre personnes de même sexe. Vous pouvez vous contenter de lire cette partie.

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vendredi 22 avril 2005

Et pendant ce temps, que fait le législateur ?

L'actualité de ces derniers temps a beaucoup parlé des manifestations des lycéens contre la loi Fillon.

Je n'entrerai pas dans le débat de fond sur cette loi : je ne suis pas concerné, j'ai eu mon bac il y a longtemps.

La loi a été votée définitivement par le parlement et soumise au Conseil constitutionnel saisi par 60 députés et 60 sénateurs (je ne sais pas qui a copié l'autre, mais la similitude des textes leur aurait valu à tous un zéro à l'école).

La Conseil a rendu sa décision (n° 2005-512 DC) le 21 avril 2005, et a déclaré contraire à la Constitution deux dispositions de cette loi.

La première est l'article 12, ainsi rédigé : "Les orientations et les objectifs de la politique nationale en faveur de l'éducation ainsi que les moyens programmés figurant dans le rapport annexé à la présente loi sont approuvés". Les parlementaires de l'opposition accusaient cet article d'être contraire à la Constitution car n'ayant pas de portée normative ; or, aussi bête que ça puisse paraître, la loi doit légiférer : elle doit poser des règles de droit, de portée générale, et intelligibles. C'est une règle posée par le Conseil et fondé sur l'article 6 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Le Conseil ne fait pas droit à leur argumentation : le rapport en question contenant des objectifs à l'action de l'Etat, il peut avoir une portée normative en étant revêtu de l'onction de la loi. C'est une loi de programme à caractère économique et social, prévue par l'article 34 de la Constitution. Mais la censure tombe sur une question de procédure : si le parlement peut adopter un projet de loi cadre, l'article 70 de la Constitution prévoit que cette loi est obligatoirement soumise pour avis au Conseil économique et social, ce qui n'a pas été le cas.

Mais c'est anecdotique.

La deuxième disposition vaut son pesant de café moulu. Elle est censurée par un considérant laconique constatant qu'elle est manifestement dépourvue de toute portée normative. Et c'est un euphémisme.

Prêts pour un morceau d'antologie de bla bla creux et vide de sens comme notre premier ministre les affectionne tant ?

Voici l'article que vous ne verrez jamais au JO, l'article 7 :

L'objectif de l'école est la réussite de tous les élèves.

Compte tenu de la diversité des élèves, l'école doit reconnaître et promouvoir toutes les formes d'intelligence pour leur permettre de valoriser leurs talents.

La formation scolaire, sous l'autorité des enseignants et avec l'appui des parents, permet à chaque élève de réaliser le travail et les efforts nécessaires à la mise en valeur et au développement de ses aptitudes, aussi bien intellectuelles que manuelles, artistiques et sportives. Elle contribue à la préparation de son parcours personnel et professionnel.

"Toutes les formes d'intelligence", l'expression me fait rêver. L'intelligence minérale doit elle être reconnue et promue ?

J'aime aussi quand la loi décide que les parents appuient la formation scolaire, à moins que ce ne soit l'autorité des professeurs.

C'est humiliant pour un ministre qui a soutenu son projet contre vents, marées et bolossages, de s'entendre dire : "Heu, désolé, mais ça, c'est pas de la loi". Mais il l'a bien cherché.

Si le parlement devait voter pour une page du botin, ça n'en deviendrait pas du droit pour autant, et il est bon de le rappeler au législateur de temps en temps.

mardi 19 avril 2005

La comparution du procureur dans la CRPC

J'avais déjà traité de la Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC, breviatis causa) dans ce billet.

J'indiquais que le procureur n'était pas présent à l'audience d'homologation de l'accord, en commentant que Curieusement, le parquet n’est pas présent à cette audience, alors qu’il est à l’origine de cette procédure et demandeur à l’homologation ; il pourrait avoir à défendre son choix devant un juge dubitatif. Ce rôle sera donc dévolu à l’avocat de la défense, ce qui est un peu paradoxal. Le but de la loi apparaît ici clairement : libérer des magistrats pour que plus de dossiers puissent être traités. Cependant, ça me paraît difficilement viable à terme. L’absence des explications du parquet risque d’entraîner des refus d’homologation. Ce sera sûrement corrigé par une future réforme, le code de procédure pénale étant aussi instable que de la nitroglycérine.

La Cour de cassation a eu la gentillesse de me donner raison hier en rendant un avis selon lequel la présence de procureur de la République était indispensable.

Tout d'abord, de quoi s'agit-il au juste ?

La loi Perben II a créé la procédure de CRPC (qui a donné lieu en un an à 3500 décisions, ce qui est fort peu et indique un succès plus que mitigé ou une difficulté de mise en oeuvre pour les magistrats pour des raisons d'organisation pratique). Son fonctionnement est décrit dans le billet précité. S'agissant de la présence ou non du procureur de la République à l'audience d'homologation, le Code de procédure pénale est muet. C'est la directive d'application de la chancellerie qui a clairement posé le principe de son absence.

Le problème est apparu en deux temps. Tout d'abord, le 2 mars 2004 le Conseil constitutionnel a déclaré contraire à la constitution (décision 2004-492 DC, considérants 117 et 118) la disposition qui prévoyait que l'audience d'homologation se tenait à huis clos, seule la décision d'homologation étant lue en séance publique.

L'audience d'homologation est donc devenue publique contre la volonté du législateur.

Ensuite, le 18 avril 2005, la Cour de cassation, saisie pour avis par des magistrats du tribunal de grande instance de Nanterre de la question suivante : "En application des articles 495-9, 31, 32 et 39 du Code de procédure pénale, la présence du Parquet est-elle obligatoire ou facultative à l’audience publique, prévue pour l’homologation (ou le refus d’homologation) de la peine proposée par le procureur de la République ?" a répondu (sous toutes réserves, je n'ai pas encore trouvé le texte de l'avis, je me fie au Nouvel Observateur) que puisque l'audience d'homologation est publique, la présence du procureur était obligatoire.

Contrairement à ce qu'affirme Le Monde, qui nous ressort pour l'occasion le cliché sur la procédure "à l'américaine", alors que le plea bargaining est anglais et n'a rien à voir ni de près ni de loin avec la CRPC, cet avis ne rend pas la procédure "caduque". L'article dit lui même quelques lignes plus loin que cet avis n'est pas contraignant. A quand un juriste dans cette rédaction ?

Effectivement, un tel avis n'est pas contraignant en tant que tel car il ne s'agit pas d'un arrêt revêtu de la force exécutoire des décisions de justice. Mais la Cour de cassation a pour rôle d'être l'interprète ultime de la loi une fois qu'elle est en vigueur. Une directive ne peut en aucun cas ajouter à la loi. Donc si une circulaire de la Chancellerie dit blanc, mais que la cour de cassation dit noir, c'est la cour de cassation qui gagne, car elle est le pouvoir judiciaire. Ainsi, par cette procédure, la cour de cassation indique par avance quelle est son interprétation d'un texte de loi.

Cela signifie que, saisie au contentieux, elle annulera systématiquement toutes les décisions d'homologation de CRPC rendue dans une audience où le procureur était absent. Donc cet avis a un certain poids moral, qui fait qu'aucun juge n'acceptera désormais de tenir une telle audience hors la présence du procureur. Les juges sont gens très susceptibles et ont horreur de voir leurs décisions annulées en appel ou en cour de cassation.

Bon, le procureur doit être là (même s'il boude et ne dit rien d'autre que "je m'en rapporte" d'ailleurs), c'est encore de la procédure oiseuse et technocratique, penserez vous peut être ?

C'est peut être un détail pour vous, mais pour la Chancellerie ça veut dire beaucoup : immobiliser un juge ET un procureur (ET un greffier, car ce sont des créatures en osmose, ils ne sont rien l'un sans l'autre), ça s'appelle un tribunal siégeant à juge unique, et la plupart des délits jugés en CRPC relèveraient en procédure ordinaire du juge unique, en application de l'article 398-1 du Code de procédure pénale.

Or avec la présence du procureur à l'audience plus le travail de négociation en amont, le temps consacré par dossier est bien plus long que pour les procédures de droit commun ou de comparution immédiate. L'avantage de rapidité de la CRPC disparaît donc.

En conséquence, les parquets vont sûrement suspendre le recours à cette procédure qui ne présente plus d'intérêt pour eux, le temps que le parlement nous vote une mini-loi voire un article additionnel à une loi sur la culture des choux de Bruxelles qui modifiera promptement le Code de procédure pénale pour qu'il dise expressément que l'audience d'homologation se tient hors la présence du ministère public.

Gageons que le Conseil constitutionnel sera saisi de la question avec gourmandise par les parlementaires de l'opposition, mais au vu de la décision du 2 mars 2004, je ne pense pas que le Conseil censurerait une telle disposition. Il a eu pour la CRPC les yeux de Chimène, et le caractère contradictoire de la procédure a lieu hors la présence du juge lors de la phase de négociation. Puisque les deux parties sont d'accord sur le principe de la peine, la présence du parquet ne me paraît pas une garantie indispensable pour la défense.

jeudi 14 avril 2005

Nom de nom

Je réagis ici à un billet de Veuve Tarquine qui peste contre une vieille nomencalture de l'IPSOS un rien obsolète, et qui a entraîné quelques questions très courantes sur le statut du nom en droit français.

Ces questions ne sont pas toutes juridiques : quand doit on utiliser Madame ou Mademoiselle, et la femme mariée est-elle obligée de perdre son nom de jeune fille ?

Les réponses peuvent être surprenantes.

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samedi 2 avril 2005

Entendu à l'Assemblée nationale

EDIT : le message ci-dessous est mon mini poisson d'avril, un tétard d'avril plutôt.

Les propos que je cite, et je m'en excuse auprès de Monsieur le député Marsaudon, sont totalement sortis de leur contexte. Monsieur Marsaudon ne fustigeait que les dérives de certains blogs, notamment des skyblogs, qui recèlent de véritables appels à la haine et à la violence. On y voit des photos de voyous posant avec des armes à feu, des fourgons de police en train de brûler, des jeunes filles s'exhibant dans le plus simple appareil. Les commentaires joints par les auteurs ou ajoutés par les visiteurs internautes sont du même acabit : menaces et injures à l'égard des policiers ou des bandes rivales, propos orduriers, racistes, antisémites, sexistes, etc. Ces messages se propagent à très grande vitesse. Une radio en revendique plus de 60 000 par jour, plus de 50 millions au total. Les appels à la haine et à la violence sont immédiatement diffusés et relayés par ce biais au sein des cités où les plus jeunes deviennent les victimes consentantes de cet engrenage. Quelle fierté pour eux d'apparaître en photo en train de taguer un mur ou de brandir une arme ! Suivait immédiatement la phrase que je citais.

La réponse du ministre est une petite synthèse du droit de la responsabilité via les blogs, qui est un thème que j'aborderai prochainement. Elle est à lire.

C'était pour moi une façon de rappeler qu'il faut toujours vérifier les faits, plutôt que de démarrer au quart de tour. Bravo aux quelques commentateurs qui sont semble-t-il tous allés voir de quoi il retournait.

Enfin, la conclusion sur la constitution européenne est un pied de nez à ceux qui récupèrent des directives au nom imprononçables ou le débat sur la brevetabilité des logiciels (j'y reviendrai aussi) pour promouvoir leur position contre la constitution. Ma position favorable n'a pas changé et ne va que se renforçant.

Je profite du fait que minuit est passé pour souhaiter un bon anniversaire à Versac qui fête aujourd'hui son 6e lustre, et dont le poisson d'avril, auquel je n'ai pas cru une seconde, m'a vraiment fait peur.

Parfois, les pages questions au gouvernement du Journal officiel contiennent des morceaux de littérature édifiants.

Témoins ces quelques lignes tirées d'une question (n°52236) posée le 30 novembre 2004 par Monsieur Jean Marsaudon, député UMP de l'Essonne, au ministre de l'intérieur, qui porte sur les blogs :

"La multiplication de ces blogs totalement incontrôlés est une insulte permanente aux valeurs républicaines et une menace sérieuse pour la sécurité publique. Il lui demande donc de bien vouloir faire connaître les dispositions qu'il entend prendre pour réguler et maîtriser au plus vite ce phénomène inquiétant."

Moi, quand je lis ça, ça me donne envie de voter non à la Constitution européenne...

vendredi 18 mars 2005

Mettons les points A et B sur les i

Au sujet de la directive "logiciels" (breviatis causa, ce terme est impropre puisqu'elle semble exclure expressément les logiciels), un débat est apparu sur l'éventuelle illégalité de l'adoption par le Conseil du 7 mars 2005 de sa position commune.

Le lièvre a été levé par la FFII (Association pour une infrastructure informationnelle libre, Foundation for a Free Information Infrastructure en anglais), association qui n'est certes pas neutre en la matière.

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jeudi 17 mars 2005

Deux contre vérités sur le droit européen

En ces périodes de campagne référendaire de plus en plus passionnelles, on peut compter sur les médias pour fournir une information de qualité, et éclairante.

Non, vous avez compris, je déconne.

Sur deux thèmes, l'Europe est présentée comme sur le point d'adopter des textes catastrophiques. Or la simple lecture de ces textes est édifiante.

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jeudi 3 février 2005

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ?

Souvenez vous, c'était en 1999.

La gouvernement Jospin présentait un projet de loi visant à créer un Pacte Civil de Solidarité (PACS), provoquant une levée de bouclier de l'opposition, qui avait presque réussi à faire échouer l'adoption du texte.

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dimanche 9 janvier 2005

Conférence sur la police et internet

Pour les parisiens que la question de la confrontation du droit pénal et de l'internet itnéresse, je vous informe que l'Isoc France, en partenariat avec le DESS de Paris I Droit d'internet - Administration-Entreprises, organise à la Sorbonne le 19 janvier 2005, entre 18h30 et 22h00, une conférence sur la Police et Internet (Comment concilier les aspects techniques et juridiques?).

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