L’amour du rugby ne connaît pas de limite, même pas celle de la décence : il nous faudra donc ouvrir l’œil aux aurores pour ce dernier match de poule qui opposera la France au Royaume des Tonga (sans S, merci).
Le drapeau des Tonga était initialement blanc avec une croix rouge. Afin d’éviter une confusion avec la Croix Rouge Internationale, le royaume des Tonga a modifié son drapeau en renvoyant la croix rouge en canton (dans le coin du mat, en haut) sur un drapeau rouge, qui fait allusion à la Red Enseign, le drapeau de la marine marchande du Royaume-Uni.
Les Tonga sont un archipel de 176 îles dont 52 habitées. La population totale est d’environ 104.000 habitants, soit l’équivalent de la ville de Nancy (dont l’équipe ne joue pourtant qu’en Fédérale 3, je ne vous félicite pas les Lorrains).
Le rugby est le sport national aux Tonga, ainsi que dans ces microscopiques États polynésiens qui ne manquent jamais à l’appel de la Coupe du Monde : la République des Fidji (850.000 habitants) et l’État indépendant des Samoa (179.000 habitants).
Les Tonga jouent en rouge et short blanc, comme le Pays de Galles. leur équipe s’appelle les ʻIkale Tahi (Les Aigles de mer, à ne pas confondre avec la colombe de la paix qui est leur emblème) et ouvrent, comme les Nations du Pacifique, leurs matchs par une danse traditionnelle, le Sipi Tau, ou Kailao, qui est d’origine Walissienne. Ne manquez donc pas le début du match, ça nous consolera du honteux et lamentable Kapa O Pango que les All Blacks nous ont infligé à la place du traditionnel Haka.
Le rugby est arrivé aux Tonga dans les années 1920, apporté par des marins et missionnaires, et a correspondu parfaitement à l’esprit guerrier du Pacifique. Très vite, des rencontres annuelles ont été organisées avec les autres nations du Pacifique, les Samoa et les Fidji, permettant à ces trois équipes de rester parmi les meilleurs du monde. Beaucoup de joueurs de ces équipes jouent dans des championnats étrangers, australiens, néo-zélandais, anglais et Français notamment. Le jeu du Pacifique porte mal son nom, les joueurs de ces pays sont réputés rugueux et durs, et ils ne doivent pas être pris à la légère.
Ce sera le 4e match France-Tonga de l’histoire du rugby. Nous en avons gagné 3, et perdu 1.
Ce dernier match de poule impose de jeter un œil sur les classements en vue des quarts de finale (à élimination directe) qui commencent dès la semaine prochaine.
La Nouvelle Zélande est promise à la 1e place du groupe A (je ne vois pas le Canada lui poser un problème). Elle affrontera le second du groupe B, l’Argentine ou l’Écosse, l’Angleterre nous étant promis pour les Quarts sauf grosse surprise ce week-end si les Écossais battent les Anglais avec 82 points d’écart. Hum… Comment dire….
Ce n’est pas une mauvaise affaire, l’Angleterre n’étant pas au mieux de sa forme, le problème étant que le XV de France ne l’est pas non plus, loin de là, surtout qu’une mauvaise ambiance semble régner entre les joueurs et l’entraîneur sur le départ, et ça, au rugby, ça ne pardonne pas.
Les autres Quarts devraient voir l’Irlande, vainqueur surprise de l’Australie, opposé au Pays de Galles, et une magnifique affiche, Afrique du Sud-Australie, digne d’une finale. Miam.
En demi-finale, si nous sommes encore là, nous affronterons soit l’Irlande soit le Pays de Galles. Autant dire que nous avons une voie royale vers la finale, si, si, si, la peste soit de ces “si”. Essentiellement, si une équipe naît d’ici là, avec la volonté et le plaisir de jouer ensemble, de la discipline dans le jeu au sol, et de l’habileté le ballon à la main. Dit Maitre Eolas en pyjama sur son canapé.
Bon, assez rêvé, couchons-nous tôt, et rendez-vous demain à l’aube (sur Twitter, @EolasRugby). Je recommande un solide Assam en feuilles brisée, sans lait. La première tournée est pour moi.