I nostri amici italiani !
C’est à présent l’Italie que le XV de France va affronter demain.
Un petit bilan sur ce tournoi. Aujourd’hui s’est produit un événement rare : un match nul. L’Ecosse a fait jeu égal avec l’Angleterre, décidément en petite forme, même si ce diable de Johnny Wilkinson est entré dans l’histoire en devenant le meilleur marqueur de l’histoire du tournoi. Pas de cuiller de bois pour l’Ecosse, l’Angleterre lui ayant ainsi donné un point, et c’est bien la dernière de qui les Ecossais attendaient leur salut.
La France est en tête, et ce même avec un match de retard. Elle est seule en lice pour le Grand Chelem. La deuxième place semble promise à l’Irlande, Tout se jouera le week end prochain, mais j’y reviendrai.
L’Italie, donc.
Le drapeau italien fait partie des nombreux drapeaux tricolores nés au lendemain de la Révolution française. Celle-ci ayant adopté le drapeau tricolore, cette configuration en trois bandes verticales est devenue au XIXe siècle un symbole de bouleversement chargé d’espoir, et de nombreux pays ayant connu des changements politiques majeurs ont choisi un drapeau inspiré du drapeau français : citons l’Irlande, la Roumanie, la Belgique et beaucoup de drapeaux africains : le drapeau de Côte d’Ivoire est d’ailleurs le drapeau irlandais renversé, l’orange contre le mat et le vert au vent.
Les origines exactes sont controversées. Voici les différents possibilités, je vous laisse faire votre choix.
- Les Italiens ayant reçu Napoléon en libérateur pour avoir chassé les Autrichiens, ils ont adopté le drapeau français en changeant le bleu en vert, couleur préférée de l’empereur.
- Le premier drapeau vert blanc rouge a été adopté par l’éphémère république transpadanienne, mêlant le rouge et le blanc, couleurs de Milan, avec le vert des uniformes de la milice civile de la ville.
- Une œuvre de Dante Alighieri (le 18e chant des Purgatoires) décrit les trois vertus théologales en les représentant par trois couleurs : Le vert pour l’espoir, le blanc pour la foi et le rouge pour la charité.
Aujourd’hui, une explication est donnée aux cours d’instruction civique en Italie ; elle est jolie mais sans nul doute largement postérieure à l’adoption du drapeau : le vert pour les collines des Appenins, le blanc pour la neige des Alpes, et le rouge pour le sang des martyrs des guerres d’indépendance.
Et pourquoi pas le vert du gazon, le blanc des poteaux, et le rouge du carton de Zidane pendant qu’on y est ?
L’histoire mouvementée de l’Italie fera que le drapeau de ses diverses entités connaîtra beaucoup de changements, mais les trois couleurs en seront toujours le dénominateur commun, seul un liseré bleu ayant fait son apparition lors de l’apposition du blason des Savoie, afin que la croix blanche ne fût pas confondue avec le blanc du drapeau. C’est ce liseré bleu, couloir de la famille royale de Savoie, qui a donné la couleur du maillot de l’Italie (qu’on n’appelle pas squadra azzura en Italie mais gli azzuri, les bleus, comme chez nous.
Ce drapeau a été définitivement adopté en sa forme actuelle avec la République, le 19 juin 1946, en retirant les armes royale des Savoie qui ornaient le blanc.
Le rugby est arrivé en Italie à la fin du XIXe siècle. D’une part à Gênes, par l’importante colonie anglaise qui y était établie, mais surtout par le grand nombre d’étudiants français venant étudier dans les prestigieuses universités du nord de l’Italie. La raison de ce succès est similaires à celles qui ont fait que le rugby a pris dans le sud de la France et pas dans le nord (si on excepte Paris) : ce sport faisait écho à d’anciennes traditions de se mettre sur la figure en tenant un ballon à la main, comme la soule en France. Ainsi, ceux qui ont eu le bonheur de visiter Florence auront pu assister médusé à une très ancienne tradition, le calcio storico. D’ailleurs, le régime fasciste de Mussolini a tenté de faire du rugby le sport officiel du régime, mais avec peu de succès, même si le rugby a traîné pendant longtemps en Italie une mauvaise image du fait de cet attrait montré par le Duce, même s’il a tourné le dos au rugby du jour au lendemain voyant que la sauce ne prenait pas.
Le rugby est donc clairement un sport du nord, principalement de la vallée du Pô, l’essentiel des pratiquants étant dans les régions de Lombardie et de Vénitie.
L’Italie a été intégrée en 2000 au Tournoi des Cinq nations, devenu les Six Nations, afin d’encourager le développement de la discipline et permettre à l’équipe nationale, en affrontant les meilleures de l’hémisphère nord, de se hisser à un meilleur niveau. Le sport devient de plus en plus populaire dans toute l’Italie, ou sa réputation (méritée) de fair play et de bon comportement des supporters présente un charme certains aux désabusés des meutes qui peuplent les tribunes de certaines équipes et qui feraient passer le kop de Boulogne pour l’Académie Nobel.
Et ça marche. Le niveau de jeu de l’équipe d’Italie a notablement augmenté depuis 2000. Elle a cette année mis en difficulté l’ogre anglais, et battu les Écossais. C’est donc un adversaire à ne pas prendre à la légère. Et puis au moins, au rugby, quand un Italien roule sur la pelouse, vous pouvez être sur que quelqu’un l’a bien fait tomber.
Et n’oublions pas : allez les blancs ! (Puisque l’Italie jouera en bleu, courtoisie de l’hôte).