NB : Ce billet est une large reprise d’un précédent billet de 2008, mais le Tournoi, c’est comme le sexe : quand l’heure est venue, personne ne songe à se plaindre que ça recommence.
Donc, devinez ce qu’il y a pour le goûter ?
Du haggis !
Les crampons sont à nouveau de rigueur, le Tournoi est de retour.
Quel tournoi ? Mais le Tournoi des Six Nations ! C’est la plus ancienne compétition de rugby, née en 1883, qui n’opposait au début que les quatre nations composant le Royaume-Uni : l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande, et s’appelait le Home International Championship. La France le rejoignit en 1910, et le tournoi devint le Tournoi des Cinq Nations. L’Italie rejoignit la danse en 2000, et les Cinq Nations devinrent les Six Nations.
Le fonctionnement est très simple : chaque équipe affronte les cinq autres une fois ; le match a lieu alternativement à domicile puis à l’extérieur d’une année sur l’autre. Une équipe qui gagne marque deux points. Deux équipes qui font match nul marquent chacune un point. Une équipe qui perd ne marque aucun point. Les ex-aequo sont départagés par la différence entre les points marqués et les points encaissés, que l’on appelle en occitan gôlaveurajeu, du grand-breton goal average, qui veut pourtant dire moyenne des buts marqués, et non différence de points. Le rugby a de ces mystères.
Une équipe qui gagne tous ses matchs marque dix points et remporte un “Grand Chelem”, francisation de l’anglais Grand Slam, qui a exactement le même sens au rugby et au tarot. Une équipe qui ne gagne aucun match et termine avec zéro point remporte une récompense de fantaisie appelée la cuiller de bois (the wooden spoon), tradition venue de l’Université de Cambridge ou une cuiller de bois sculptée par les étudiants (mesurant 1m50) était suspendue lors de la remise des prix au-dessus de l’étudiant diplômé arrivé dernier au classement, jusqu’à ce que les reçus soient annoncés par ordre alphabétique en 1910. Cambridge a fourni un grand nombre de joueurs de rugby du temps de l’amateurisme de ce sport.
Enfin, une mini-récompense se joue entre les quatre nations du Royaume-Uni : la Triple Couronne, qui va à l’équipe qui bat les trois autres au cours d’un même tournoi (l’Irlande a gagné la Triple Couronne en 2009 en réussissant le Grand Chelem qu’elle avait tant attendue et qu’elle a tant mérité).
Quant aux règles du rugby, vous les trouverez ici.
Le tournoi a commencé hier (il fut un temps où on n’envisageait pas de jouer un autre jour que le samedi, et l’après midi. Le samedi soir était consacré à un banquet, et le dimanche, à la récupération physique (je me comprends). Ces diables d’Anglais ont battu les Gallois dans le Jardin Anglais, Twickenham, temple du ballon ovale, et les Irlandais, favoris de ce tournoi, ont logiquement battu les Italiens sans trop forcer leur talent.
Et dimanche après midi, le XV de France va rencontrer l’Écosse chez elle, à Murrayfield.
Le drapeau écossais, une des composantes de l’Union Jack, est d’Azur, à la croix d’argent en sautoir. Il s’agit de la croix de Saint-André, qui selon la légende est apparu au roi Angus, roi des pictes et des scots au IXe siècle, la veille d’une bataille contre les Angles, et lui assura la victoire. La Saint-André, le 30 novembre, est la fête nationale écossaise.
Le symbole de l’Ecosse, et de l’équipe d’Ecosse est le chardon. Le chardon était chez les anciens celtes un symbole de noblesse, d’honneur et de vengeance. Une légende raconte également qu’un chef viking voulut attaquer de nuit un château écossais. Pour cela, il fit déchausser ses hommes. Ceux-ci, s’approchant du château, traversèrent un champ de chardons et leurs cris de douleur donna l’alerte. Le chardon est ainsi devenu un symbole protecteur de l’Ecosse.
L’hymne de l’équipe d’Ecosse est Flower Of Scotland, et je vous conseille de ne pas rater le début du match : Flower Of Scotland chanté à Murrayfield au son des cornemuse est un moment qui donne le frisson.
Il s’agit d’un hymne composé en 1967 par Roy Williamson du groupe folk The Corries, qui a été adopté pour la première fois en 1974, et a été adopté par les autres équipes écossaises. Il chante la victoire écrasante de Bannockburn, remportée le 24 juin 1314 par les hommes du roi d’Ecosse Robert The Bruce sur les hommes d’Edouard II d’Angleterre (la bataille qui clôt le film Braveheart) qui aboutit à l’indépendance de l’Ecosse.
O Flower of Scotland,
When will we see,
Yer like again,
That fought and died for,
Yer wee bit Hill and Glen,
And stood against him,
(Ici, traditionnellement, le public rugit “ENGLAND’S”
Proud Edward’s Army,
And sent him homeward,
Tae think again.
Those days are past now,
And in the past
they must remain,
But we can still rise now,
And be the nation again,
That stood against him,
(Ici encore : “ENGLAND’S” est ajouté par le public)
Proud Edward’s Army,
And sent him homeward,
Tae think again.
Traduction de votre serviteur :
Ô fleur d’Ecosse,
Quand reverrons-nous
Ta pareille,
Qui a combattu et est morte
Pour tes petites collines et vallées,
Et qui a fait face,
A l’armée de l’orgueilleux roi Édouard (d’Angleterre précise le pointilleux public…),
Et l’a renvoyé chez lui,
Pour y réfléchir à deux fois.
Ces jours sont passés maintenant,
Et dans le passé
ils doivent rester,
Mais nous pouvons encore nous dresser,
Et être à nouveau la nation
Qui lui a fait face,
A l’armée de l’orgueilleux roi Édouard (d’Angleterre rappelle le rigoureux public…),
Et l’a renvoyé chez lui,
Pour y réfléchir à deux fois.
Et bien évidemment, ALLEZ LES BLEUS ! Enfin, les nôtres (L’Écosse joue d’habitude en bleu sombre, mais demain jouera en blanc). Comme dit Sébastien Chabal, « On va leur remonter le kilt », mais cela va sans dire, dans la plus solide tradition du rugby : avec respect.
Pour ceux que ça intéresse, je commenterai le match en direct sur Twitter (on dit live-tweeter en français). Pour m’échauffer, je me livrerai à l’exercice à la demande d’Europe 1 lors du Grand Rendez-Vous consacré à Xavier Bertrand demain matin.
Mise à jour : le Flower Of Scotland filmé depuis les tribunes. Le second couplet, chanté a capella, est particulièrement impressionnant, et on entend très bien le “England” rajouté par le public. Attention : les acclamations qui suivent l’hymne sont très fortes.