Oui, je sais je manque à tous mes devoirs : le tournoi en est à sa troisième journée et à ce jour, pas un mot.
Mais je dois avouer que j'ai raté les deux premières prestations des bleus, pour des raisons professionnelles. Le parquet est sans pitié, et le préfet est son prophète.
Mais j'ai pu assister à cette incongruité que fut un match du tournoi joué un vendredi soir (qui me paraît un bien meilleur horaire que le dimanche après midi).
Et si ce fut votre cas aussi, vous savez pourquoi j'aime le rugby. Et pourquoi j'aime l'équipe de France. Denys a trouvé les mots justes (les motards sont les derniers poètes de notre temps, je le savais depuis longtemps) :
Avec cette drôle d'équipe qui n'est jamais meilleure que lorsqu'on la dit battue, cette équipe fragile qui a besoin de dix points de retard pour se décider à tout tenter, cette équipe hétéroclite avec son pilier en pré-retraite et des jeunes de vingt ans, un buteur du dimanche, un ouvreur de troisième main et, au centre, un nouveau venu guadeloupéen qui fait un néo-zélandais très correct.
Parfois, la meilleure attaque, c'est la défense.
Pas mieux.
Mais quelles cinq dernières minutes ! Quelle défense héroïque sur ce dernier mètre !
Je me réjouis, pas seulement par chauvinisme, mais ce sont sur des victoires comme ça que se crée une équipe, les solidarités indéfectibles qui seules permettent le succès. Ça y est, les nouveaux bleus promettent. On n'aura peut-être pas le tournoi cette année, mais au moins, les Anglais trembleront.
Et si j'avais besoin de raison supplémentaires d'aimer le rugby, j'y ajouterai le deuxième God Save The Queen à Croke Park, qui héberge pour la dernière fois l'équipe irlandaise avant l'inauguration de sa nouvelle maison sur la bonne vieille Lansdowne Road. Croke Park, c'est le temple du nationalisme sportif irlandais. On n'y joue qu'à des sports étranges et jamais on n'y avait admis un anglais jusqu'à ce bail provisoire. On y exècre l'anglais autant que la Guinness tiède. Et pourtant, quand l'Ennemi Éternel est venu, par deux fois il a chanté son hymne, et par deux fois ce fut dans un silence respectueux suivi d'acclamations polies. Et l'Anglais étant malgré tout un gentleman, il a eu la délicatesse d'y perdre à chaque fois (avec pour cette seconde fois une défense à la française à la fin).
Alors, où en est-on ?
Seule l'Irlande est encore en course pour le grand chelem (5 victoires sur 5 matchs), avec 3 victoires dans leur besace. Comment ne pas leur souhaiter ? De toutes façons, ils nous ont déjà battu. Ça se jouera lors du tout dernier match, contre le Pays de Galles, le 21 mars prochain, je ne vois pas l'Écosse présenter un danger pour les diables verts. Et ils attendent cela depuis 1948.
Prochain épisode : le 14 mars. Avec THE CRUNCH. À Twickenham. Miam.