Journal d'un avocat

Instantanés de la justice et du droit

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi 23 février 2008

samedi 23 février 2008

Chérie, devine qui vient bruncher ce soir ?

Mon cœur mon cœur ne t'emballe pas
Fais comme si tu ne savais pas
Que l'Anglais est revenu !
Mon cœur arrête de répéter
Qu'on va venger l'affront de cet été
De l'Anglais qui est revenu !
Mon cœur, arrête de bringuebaler
Souviens-toi qu'il nous a déchiré,
L'Anglais qui est revenu !
Mes amis ne me laissez pas !
Dites-moi dites-moi qu'il y a de la bière au froid
Maudit Anglais, puisque te v'là !

The crunch ! France - Angleterre, comme un parfum de revanche de cette maudite demi-finale de la coupe du monde.

Je ne reviens pas sur notre inimitié cordiale. Tout a déjà été dit. J'ai hâte de voir les petits jeunes face à une opposition coriace, rusée, et solide. Ca promet.

Juste un bref état du Tournoi à la veille de cette troisième journée.

1er : la France, 4 points, différentiel de +26.
2e : Pays de Galles, 4 points, différentiel de +22.
Seuls ces deux pays peuvent encore prétendre au Grand Chelem.
3e : l'Irlande. 2 points, +26.
4e : l'Angleterre, 2 points, -3.
5e : l'Italie, 0 point, - 9.
6e et dernier : l'Ecosse, 0 point, -36

A table !

Gascogne est confortablement avachi dans un fauteuil, son chapeau de mousquetaire orné d'un panache tricolore, ses bottes posées sur un pouf ; Eolas est lui aussi dans un fauteuil, une kro à la main, dans sa robe de supporter bleue herminée de bleu blanc rouge. D'une télé s'échappe les paroles d'un hyme : 'God bless our precious queen, cause we ain't gonna win...'. Eolas demande : 'C'est bon, les filles, vous êtes sûres que ça ne vous dérange pas qu'on regarde le match ?' Derrière eux, Fantômette, en robe d'avocat avec le célèbre bonnet à pompon a un pot de peinture rose, et Dadouche, coiffée comme la princesse Léia, regarde un échantillon de papier peint fushia orné de coeurs roses. Fantomette répond : 'Non, pas du tout. Avec Dadouche, on parlait justement de refaire la déco. Ne vous occupez pas de nous.'

Le conseil constitutionnel censure partiellement le projet de loi sur la rétention de sûreté

Ca alors. L'application immédiate aux personnes déjà condamnées est contraire à la Constitution.

C'est vraiment totalement inattendu.

Là, le Gouvernement va droit dans le mur et je doute qu'il puisse l'ignorer. (...) Ici, la loi crée une possibilité de privation de liberté pour une durée indéterminée, les périodes d'un an étant renouvelables de manière illimitée jusqu'au décès du condamné, et la déclare applicable à des faits où cette possibilité n'existait pas au moment où ils ont été commis. C'est une mesure moins favorable au condamné, c'est le moins qu'on puisse dire. Je n'imagine pas un seul instant que le Conseil constitutionnel laissera passer une chose pareille sous prétexte qu'on l'aurait affublé du cache-sexe de « mesure de sûreté », surtout quand on sait qu'y siège un ancien premier président de la cour de cassation (et un condamné en puissance diront les mauvaises langues, ce que je ne suis pas).

La suite est au moins aussi inattendue.

En somme, le gouvernement se prépare à nous refaire le coup de la réductibilité des intérêts d'emprunt, dit le coup de la bonne du curé : « J'voudrais bien, mais j'peux point ». Puisque cette prolongation de surveillance judiciaire ne concerne que les condamnés à quinze ans au moins, elle n'entrerait concrètement en vigueur que douze ans après le vote de la loi au mieux, quand les condamnés à quinze ans commenceront à devenir libérables. Pour un président qui inscrit son action dans l'immédiateté et le résultat instantané, le voilà contraint de se projeter dans l'avenir, pire : dans l'après lui, et on sait que ce n'est pas dans la nature du personnage.

Non, c'est pas le genre de la maison.

Nicolas Sarkozy persiste à souhaiter une application immédiate de la rétention de sûreté pour les criminels jugés dangereux, et a demandé au président de la Cour de cassation de mener une réflexion sur ce sujet après le revers subi jeudi au Conseil constitutionnel.

Récapitulons.

Constitution de la République française :

Article 5. - Le Président de la République veille au respect de la Constitution.

Article 66. - Nul ne peut être arbitrairement détenu.
L'autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi.

Et là, nous avons un président qui demande à un des plus hauts représentants de l'autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, de l'aider à faire en sorte qu'une disposition législative rétroactivement privative de liberté déclarée contraire à la Constitution puisse être néanmoins appliquée.

Justification de ce coup d'Etat light ?

"L'application immédiate de la rétention de sûreté aux criminels déjà condamnés (...) reste un objectif légitime pour la protection des victimes".

En plus, comme ces victimes n'existent pas, puisqu'on parle de crimes "susceptibles de se produire", aucun risque d'être contredit par celles-ci. C'est pratique.

Moi, en tout cas, je trouve que tout va bien. Pas vous ?

(Je reviendrai plus en détail sur cette décision et sur la loi telle qu'elle va entrer en vigueur).

Mes logiciels, comme mes clients, sont libres. Ce blog est délibéré sous Firefox et promulgué par Dotclear.

Tous les billets de ce blog sont la propriété exclusive du maître de ces lieux. Toute reproduction (hormis une brève citation en précisant la source et l'auteur) sans l'autorisation expresse de leur auteur est interdite. Toutefois, dans le cas de reproduction à des fins pédagogiques (formation professionnelle ou enseignement), la reproduction de l'intégralité d'un billet est autorisée d'emblée, à condition bien sûr d'en préciser la source.

Vous avez trouvé ce blog grâce à

Blog hébergé par Clever-cloud.com, la force du Chouchen, la résistance du granit, la flexibilité du korrigan.

Domaine par Gandi.net, cherchez pas, y'a pas mieux.

Calendrier

« février 2008 »
lun.mar.mer.jeu.ven.sam.dim.
123
45678910
11121314151617
18192021222324
2526272829

Contact