Ma tasse est vide, hormis quelques débris de feuille de thé. Rameau, Marais et Couperin ont rangé leurs instruments et sont sortis sur la pointe des pieds. Mon fauteuil est encore chaud de ma présence, le coussin reprenant peu à peu sa forme initiale. Dans ma main, le 7e tome est refermé, sur la dernière page. J'ai fini et je sais.
De ce que je sais je ne dirai rien. Nous en reparlerons cet automne (car contrairement à ce qu'on pourrait penser en regardant par la fenêtre, nous ne sommes pas en automne) et j'ai hâte de pouvoir le faire tant les commentaires sous mes précédents billets de cette catégories étaient intéressants.
Qu'attendre de la lecture de ce 7e tome ?
Une immense mélancolie en refermant le livre. Cette fois, c'est fini et bien fini, pas de 8e tome à attendre en trépignant d'impatience. JK Rowling a annoncé qu'elle publierait ses nombreuses notes et histoires des personnages dans ce que les anglais appellent un Companion, un livre qui condense des informations supplémentaires sur une oeuvre sans la continuer. Ceux qui ont lu ses deux petits livrets publiés pour une cause humanitaire se pourlécheront les babines tant l'humour et l'imagination de l'auteur se retrouvent même dans les moindres détails.
Comme d'habitude, le rythme va crescendo, sauf que cette fois, la progression se fait par saccades. Des scènes d'action intenses entrecoupées de périodes de calme, voire d'égarement face au mystère. Harry et ses amis sont livrés à eux même, dans un monde devenu nettement plus hostile (l'ambiance de l'Ordre du Phénix en comparaison fait club med). Dumbledore n'est plus là, et son absence se sent.
Le final est épique, à la hauteur de la conclusion de cette saga, dans un mélange de spectaculaire, de coups de théâtre et de révélations fracassantes. Et mortel, comme ne peut que l'être la confrontation avec Vous Savez Qui. Et l'auteur a toujours ce don de semer des indices le long du livre, de présenter des mystères inexplicables jusqu'à ce qu'à la fin le voile soit levé d'un coup et nous soyons éblouis de l'ingéniosité de la construction. Plus encore cette fois ci, car c'est bel et bien sur 7 volumes que ce dénouement a été bâti. Relire les six tomes avant d'attaquer le septième n'est pas un luxe.
Le titre français "Harry Potter et les reliques de la mort" est une traduction parfaite pour Deathly Hallows, eu égard à l'histoire.
Une petite frustration toutefois. L'auteur, à la fin, nous donne dans un bref épilogue un aperçu de ce que deviennent certains de ceux qui ont survécu, mais pas tous, loin de là. C'est terriblement frustrant, on a la sensation de les planter là un peu brutalement. Jo, quand on écrit une histoire avec autant de personnages, il faut assumer. Bon, ce sera pour le companion, sans doute.
Il est encore un peu tôt pour dire si c'est le meilleur ou non, je viens de le reposer. Et le fait d'être le dernier tome, la conclusion, là où tout est révélé ne permet pas une vision sereine. JK Rowling dit que c'est son préféré. Je la comprends. Mais le Prisonnier d'Azkaban reste pour moi une référence. En tout cas, sans nul doute, un livre à la hauteur de ce que j'attendais.
Dernière chose. Le manuscrit a été remanié par rapport à l'original. Elle avait annoncé il y a longtemps que le dernier mot du dernier chapitre était "scar", cicatrice.
Ce n'est plus le cas.