Et c'est M6 qui nous livre ce scoop.
Bon, vous connaissez le caractère facétieux du maître des lieux, il va de soi que je plaisante. A moitié.
Mercredi 13 à 01h10, M6 rediffuse Zone Interdite, dont l'intitulé du jour pouvait laisser à penser que vous regardiez le Droit de Savoir sur TF1 en trouvant Charles Villeneuve incroyablement sexy. Il s'agit en effet de "Brigade anti crim'(sic) contre délinquants : une traque au quotidien". Rien que ça.
Or, au hasard d'un zapping destiné à tromper mon impatience tandis qu'infusait un Ti Kuan Yin "Déesse en fer de la miséricorde" (7 minutes dans une eau à 90°c), je suis tombé sur la fin de ce reportage où on ne voyait pas le bout du nez d'un policier de la BAC mais où on suivait Sébastien, un délinquant que, sans aller jusqu'à parler de récidiviste, je qualifierais de "bégayant dans la commission d'infractions", depuis la fin d'une garde à vue jusqu'à une, qui deviennent vite quelques unes, audience de comparution immédiate. Les journalistes de Mini-TF1 ont pu assister à la comparution devant le procureur de la république, suivre l'avocat commis d'office lors de l'entretien avec le prévenu, et ont même eu l'autorisation de filmer l'audience. C'est un document pédagogique assez rare qui mérite d'être signalé, à vos magnétoscopes donc.
Quelques remarques toutefois :
- Je n'ai pas vu le début du reportage, je ne puis assurer qu'il est intéressant tout du long, mais la fin l'est, alors pourquoi pas aussi le commencement ?
- Le cas suivi n'est PAS représentatif de ce que je connais au quotidien à Paris. Un délinquant au passé aussi chargé, qui réitère de manière aussi rapprochée, c'est rare. Sans déflorer le reportage, la mansuétude dont il bénéficie dans un premier temps est inconnue à la 23e chambre[1] à Paris. Est-ce propre à la province (le reportage se situe à Nancy), ou à cette formation ? Je l'ignore.
- L'entretien au dépôt entre l'avocat et le client en présence des caméras est manifestement une petite mise en scène pour fournir des images aux journalistes. Je suis prêt à parier que le vrai entretien a eu lieu hors présence des caméras, secret professionnel oblige, puis qu'un petit dialogue insignifiant a été complaisament filmé pour compléter le reportage. Je ne condamne pas cela, au contraire, j'eusse été choqué que l'avocat acceptât qu'on filmât un tel entretien. Mais n'en déduisez pas que le travail de l'avocat en CI consiste en un dialogue si court et superficiel. Les seuls vrais entretiens de garde à vue que j'ai vu filmés sont dans un documentaire de l'inévitable et talentueux Raymond Depardon, dans Délits Flagrants (1994).
A vos magnétoscopes ou à vos guronsan, si vous êtes démunis du premier.
Notes
[1] Les 23e et 24e chambres du tribunal de grande instance de Paris jugent les comparutions immédiates. La 24e juge surtout les affaires où le prévenu a demandé un délai pour préparer sa défense, ce qui se rapproche de la situation normale ; elle sert de temps en temps de "déversoir" quand la 23e est engorgée.