Le palais est un lieu de vie sociale très important pour les avocats. Au hasard des couloirs ou des prétoires, on croise des amis et on prend de leurs nouvelles à l'ancienne, autour d'un café (ou d'un thé pour certains névrosés comme moi), sans e-mail ni SMS.
Aujourd'hui, j'ai eu coup sur coup deux nouvelles qui illustrent les réalités de la profession, notamment le fait que sans nous, le cabinet ne tourne pas et qu'un arrêt de travail imprévu fût-ce pour raisons de santé est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.
Une consoeur vient d'avoir un petit garçon. La dernière fois que je l'avais vue, elle plaidait. Elle était à une semaine de la date prévue pour l'accouchement. C'était il y a un mois, elle a déjà repris.
Un confrère a eu un accident de vélo, sans casque. Trauma cranien. C'était hier, il était de retour au travail après une nuit en observation. Il avait juste l'impression d'être parfois un peu bourré, c'est tout. Et regrettait que le port de la minerve soit si désagréable.
Cela m'a fait penser à celle qui m'a fait découvrir cette profession il y a des années. Elle avait une dépression nerveuse chronique qui avait dû parfois entraîner son hospitalisation. Je lui amenais ses dossiers en cachette pour qu'elle puisse dicter ses sourriers entre deux sanglots. Elle est morte quelques années plus tard. Je pense encore beaucoup à elle.
Avis aux étudiants en droit : les magistrats ont le statut de fonctionnaires. Pensez y avant de vous décider.