A quoi ressemble donc la reprise après les vacances pour un avocat ? Voici une modeste tranche de vie de l'und'entre eux, certes excellent, parmi tant d'autres.
La matinée consiste à prendre connaissance du courrier et à le trier pour traiter l'urgent. Des avis d'audience en pagaille : le mois de septembre, traditionnellement chargé, le sera un peu plus. Ne vous attendez pas à un rythme quotidien, mais je devrais revenir avec des anecdotes d'audience et des "soyez le juge" dans mes cartons.
Il y a des urgences à traiter parallèlement au téléphone, (un huissier qui se découvre territorialement incompétent le dernier jour du délai pour signifier) et des surprises : le tribunal administratif de Paris respecte désormais le délai de trois semaines pour juger les recours contre un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Pour une juridiction au pas de sénateur, cela relève du saut quantique. Bravo au personnel, en espérant que cela ne nuira pas aux autres contentieux, l'hypothèse que le ministère de la justice ait attribué des moyens supplémentaires me paraissant devoir être écartée. Une intuition, comme ça.
A propos d'intuition, mes clients condamnés (oui, j'en ai parfois...) ont-ils bien fait appel comme je leur ai dit ? C'est aujourd'hui le dernier jour... Hop, un saut au palais. Bingo, pas d'appel. Je le régularise pour eux, et découvre une nouveauté de la loi Perben II : avec chaque déclaration d'appel, on me notifie les dispositions de l'article 503-1 du Code de procédure pénale. Je suis soulagé de voir que la loi me dispense encore manifestement de connaître le reste du code. Un crochet par la toque (c'est notre casier pour le courrier interne au palais), encore des avis d'audience.
Retour au cabinet, mise à jour de l'agenda, chute de tension à récapituler le mois à venir, et un rendez-vous avec des clients.
Il est 17 heures, je peux enfin prendre un dossier, me faire une tasse de thé (un Grand Yunnan impérial, infusé trois minutes dans une théière du Yixing) et travailler tranquillement sur un dossier (à ce moment, je n'ai facturé que trois heures, beaucoup des diligences à effectuer en urgence relevant de dossiers à l'aide juridictionnelles), lire quelques blogs pour me changer les idées, aller troller chez Laurent, mon blog étant en carafe.
Il est 21 heures, je suis encore au cabinet.
Et bien, ces vacances paraissent loin.