Un grand avocat s'est éteint hier, après avoir mené un dernier combat désespéré contre la maladie.
Celui que je n'ose appeler mon Confrère, tant j'hésite à me comparer à lui, Jean-Marc Varaut est mort hier.
Photo Ouest France
Je ne le connaissais pas personnellement, ayant eu tout au plus l'occasion d'échanger de temps en temps quelques mots avec lui dans une salle des pas-perdus ou un couloir de palais, lui qui aimait tant discuter avec ses jeunes confrères (tant pis, j'ose le mot, il m'aurait exorté à l'employer).
Ces quelques conversations, ses interventions comme invité à la Conférence du Stage, dont il a été Premier secrétaire en 1959, me laissent l'image d'un immense avocat, d'un Défenseur, dans le sens le plus noble. Sa voix rauque, sereine, vous hypnotisait et vous laissait suspendu à ses lèvres du début à la fin de ses plaidoiries.
Il a défendu avec passion des dossiers difficiles, impopulaires, le plus célèbre étant la défense de Maurice Papon, six mois durant, aux assises de Bordeaux, mais aussi lors de la guerre d'Algérie des membres de l'OAS, et des généraux putschistes. Il n'a jamais eu peur de plaider contre l'opinion dominante. Je pense même qu'il y prenait un certain plaisir.
Vous pouvez avoir un aperçu de son talent grâce à ce texte de 2002, l'art de plaider, disponible sur le site de l'Institut des Sciences Morales et Politiques dont il était membre depuis 1996.
Tous les pénalistes sont orphelins aujourd'hui.
Edit : J'ai fermé les commentaires et mis hors ligne ceux qui avaient été laissés sous ce billet. Les questions posées sur la profession d'avocat feront l'objet d'un prochain billet. Je trouve regrettable que certains ne comprennent pas qu'un billet qui rend hommage à la mémoire d'un avocat n'est pas censé être le lieu d'un procès politique posthume.