Et la PJJ ?
Par Eolas le jeudi 23 octobre 2008 à 02:12 :: Magistrats en colère :: Lien permanent
Par Antoine, éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), auxiliaire du juge des enfants chargé de la mise en place et du suivi des mesures d'assistance éducative et de l'encadrement des jeunes suivi par le juge.
Educateur à la PJJ, je tiens à commencer par vous remercier de la haute idée que vous vous faites de notre travail («...indispensables auxiliaires des juges des enfants. Ils sauvent des milliers de destins de jeunes mineurs chaque année ; et des vies aussi ,sans doute »). Car enfin, par les temps qui courent, on en vient à se demander à quoi l'on sert.
Je m'explique.
Alors que la PJJ est, depuis quelques années, entraînée dans une mutation sur fond d'instrumentalisation politicienne de la délinquance des mineurs, mutation accélérée par les derniers gouvernements, disons depuis 2002, notre identité est menacée et nos moyens, à mon sens, s'éloignent des besoins. Pour faire simple car le sujet est vaste et complexe, le traitement actuel de la question de l'enfance délinquante fait peu de cas des problèmes de fond qui y sont liés et, en particulier, la souffrance de ces jeunes, leur difficulté d'insertion sociale et professionnelle tout en nous transformant petit à petit en simples agents de contrôle social.
La création des centres éducatifs fermés et des établissements pénitentiaires pour mineurs coûtent très cher en personnels, en moyens matériels, en ressources financières et, n'en déplaise à la propagande, se font au détriment des dispositifs existants, déjà largement insuffisants.
Cette politique autoritaire sur le fond autant que sur la forme est certainement vouée à l'échec et les récentes affaires de suicide de mineurs en détention, au lieu d'être considérés comme des signaux d'alarme, ne servent qu'à l'accélerer un peu plus. C'est de l'inconscience et de l'irresponsablilité.
Je crains que le problème ne dépasse l'inconséquence pourtant patente de notre ministre mais m'associe de tout coeur à toute forme de résistance à son action.
Vous m'excuserez de ne pas argumenter d'avantage mon propos (cela nécessiterait de longues explications du contexte, des exemples, etc.) mais sachez que, pour être tous les jours au contact de ces gamins et pour connaitre leur douleur, je suis indigné par le manque d'humanisme et d'humanité dans laquelle on engage la PJJ.
Commentaires
1. Le jeudi 23 octobre 2008 à 09:04 par Mussipont
2. Le jeudi 23 octobre 2008 à 15:00 par Kemmei
3. Le lundi 27 octobre 2008 à 20:09 par FilouBilou
4. Le lundi 27 octobre 2008 à 20:10 par FilouBilou