Soyez le juge… des libertés et de la détention.
Par Eolas le lundi 13 février 2006 à 12:00 :: Soyez le juge :: Lien permanent
Félicitations, vous avez pris du galon ! Vous voilà JLD, juge des libertés et de la détention.
Quatre dossiers vont vous être soumis aujourd'hui (très petite journée), mais auparavant un peu de mise en situation.
Votre robe reste au placard, l'audience a lieu dans votre cabinet, à huis clos. Pour simplifier, aucun avocat n'a déposé de demande que l'audience soit publique : c'est une faculté rarement utilisée.
Vous êtes saisi par un juge d'instruction, qui vient de mettre en examen la personne qui va vous être présentée. Cette personne est présumée innocente ; néanmoins le parquet a demandé au juge d'instruction de vous saisir d'une demande de placement en détention provisoire. Il y a déjà eu un premier filtre : si le juge d'instruction avait estimé que la détention n'était pas nécessaire, il aurait placé le mis en examen sous contrôle judiciaire.
Vous venez de recevoir les dossiers, pour la plupart assez volumineux, et vous êtes pressés par le temps : il est tard, les escortes vous attendent pour repartir vers les maisons d'arrêt, et votre greffière jette régulièrement des regards désespérés vers l'horloge de votre bureau puis vers la photo de son rejeton. Une fois que vous avez pris connaissance du dossier, le mis en examen sera introduit dans votre bureau, escorté par un policier (ou un gendarme à Paris), ses entraves seront retirées, et il prendra place à côté de son avocat. Le procureur aussi est là (lui non plus n'a pas sa robe), il vient soutenir la demande de placement en détention.
Les règles se trouvent à l'article 144 du Code de procédure pénale :
La détention provisoire ne peut être ordonnée ou prolongée que si elle constitue l'unique moyen :
1º De conserver les preuves ou les indices matériels ou d'empêcher soit une pression sur les témoins ou les victimes et leur famille, soit une concertation frauduleuse entre personnes mises en examen et complices ;
2º De protéger la personne mise en examen, de garantir son maintien à la disposition de la justice, de mettre fin à l'infraction ou de prévenir son renouvellement ;
3º De mettre fin à un trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public provoqué par la gravité de l'infraction, les circonstances de sa commission ou l'importance du préjudice qu'elle a causé.
A l'issue des explications présentées par les parties, vous pouvez :
Placer le mis en examen sous mandat de dépôt (bref : l'incarcérer) pour une durée de quatre mois s'il est poursuivi pour un délit, un an si c'est un crime. Vous serez à nouveau saisi à l'issue de ce délai si le juge d'instruction estime la prolongation nécessaire. Le juge d'instruction peut de son côté mettre fin à cette mesure à tout moment sans vous demander votre avis.
Placer le mise en examen sous contrôle judiciaire. Il est remis en liberté mais vous pouvez lui imposer de respecter une ou plusieurs de ces 17 mesures figurant à l'article 138 du Code de procédure pénale :
1º Ne pas sortir des limites territoriales déterminées par vous ;
2º Ne s'absenter de son domicile ou de la résidence fixée par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention qu'aux conditions et pour les motifs déterminés par ce magistrat ;
3º Ne pas se rendre en certains lieux ou ne se rendre que dans les lieux déterminés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention ;
4º Informer le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention de tout déplacement au-delà de limites déterminées ;
5º Se présenter périodiquement aux services, associations habilitées ou autorités désignés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention qui sont tenus d'observer la plus stricte discrétion sur les faits reprochés à la personne mise en examen (on parle dans le jargon de "pointage") ;
6º Répondre aux convocations de toute autorité, de toute association ou de toute personne qualifiée désignée par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention et se soumettre, le cas échéant, aux mesures de contrôle portant sur ses activités professionnelles ou sur son assiduité à un enseignement ainsi qu'aux mesures socio-éducatives destinées à favoriser son insertion sociale et à prévenir le renouvellement de l'infraction ;
7º Remettre soit au greffe, soit à un service de police ou à une brigade de gendarmerie tous documents justificatifs de l'identité, et notamment le passeport, en échange d'un récépissé valant justification de l'identité ;
8º S'abstenir de conduire tous les véhicules ou certains véhicules et, le cas échéant, remettre au greffe son permis de conduire contre récépissé ; toutefois, le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention peut décider que la personne mise en examen pourra faire usage de son permis de conduire pour l'exercice de son activité professionnelle ;
9º S'abstenir de recevoir ou de rencontrer certaines personnes spécialement désignées par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention, ainsi que d'entrer en relation avec elles, de quelque façon que ce soit ;
10º Se soumettre à des mesures d'examen, de traitement ou de soins, même sous le régime de l'hospitalisation, notamment aux fins de désintoxication ;
11º Fournir un cautionnement dont le montant et les délais de versement, en une ou plusieurs fois, sont fixés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention, compte tenu notamment des ressources et des charges de la personne mise en examen ;
12º Ne pas se livrer à certaines activités de nature professionnelle ou sociale (…) ;
13º Ne pas émettre de chèques autres que ceux qui permettent exclusivement le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés et, le cas échéant, remettre au greffe les formules de chèques dont l'usage est ainsi prohibé ;
14º Ne pas détenir ou porter une arme et, le cas échéant, remettre au greffe contre récépissé les armes dont elle est détentrice ;
15º Constituer, dans un délai, pour une période et un montant déterminés par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention, des sûretés personnelles ou réelles (comprendre une caution bancaire ou une hypothèque) ;
16º Justifier qu'elle contribue aux charges familiales ou acquitte régulièrement les aliments qu'elle a été condamnée à payer conformément aux décisions judiciaires et aux conventions judiciairement homologuées portant obligation de verser des prestations, subsides ou contributions aux charges du mariage ;
17º En cas d'infraction commise soit contre son conjoint ou son concubin, soit contre ses enfants ou les enfants de ce dernier, résider hors du domicile ou de la résidence du couple, et, le cas échéant, s'abstenir de paraître dans ce domicile ou cette résidence ou aux abords immédiats de celui-ci, ainsi que, si nécessaire, faire l'objet d'une prise en charge sanitaire, sociale ou psychologique.
L'obligation prévue au 2º peut être exécutée, avec l'accord de l'intéressé recueilli en présence de son avocat, sous le régime du placement sous surveillance électronique
Vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, le remettre en liberté purement et simplement, mais c'est une hypothèse d'école : les cas qui vous sont envoyés sont assez graves pour justifier au moins un contrôle judiciaire.
On frappe à votre porte : l'escorte est arrivée, et l'avocat est là. Votre téléphone sonne : le procureur de permanence vous indique qu'il est prêt (comprendre : qu'il est pressé). Votre greffière commence à vous jeter des regards de haine. Pas de doute, on est chez le JLD. C'est le moment d'introduire le premier dossier.
- Premier dossier : Monsieur Violensky (Dossier criminel)
Monsieur Violensky, 53 ans, est de nationalité polonaise, installé régulièrement en France depuis plus de vingt ans. Il est plombier de profession, marié à une polonaise, deux enfants (8 et 10 ans) qui ont la nationalité française. Un soir qu'il rentrait chez lui, il a trouvé un camion de livraison qui bloquait sa rue. Le ton a vite monté entre les livreurs (deux frères) et Monsieur Violensky et son employé. Un des livreurs a donné un coup de pied sur l'aile de la Kangoo professionnelle de Monsieur Violensky qui a vu rouge, est sorti avec une clef anglaise (que d'étrangers, décidément) et la bagarre a éclaté. Au cours du corps à corps l'opposant à son adversaire, Monsieur Violensky a été désarmé mais s'est saisi de la tête de son opposant, et avec les pouces a crevé les deux yeux de ce dernier. Son employé, lui, s'est pris une dérouillée par l'autre livreur. La police est arrivée peu après. Le livreur a été aussitôt transporté à l'hôpital, et il est confirmé qu'il a perdu définitivement un oeil, l'autre pouvant peut être être sauvé, mais les probabilités de récupération sont de 30%, et en aucun cas la récupération ne sera parfaite.
Monsieur Violensky a un casier judiciaire vierge, inconnu de la police.
L'employé de Monsieur Violensky a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Le procureur demande le placement sous mandat de dépôt car les faits sont graves : il s'agit de violences avec armes ayant entraîné une mutilation, passible de 15 années de réclusion criminelle : il y a donc trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public ; Monsieur Violensky est polonais, il est à craindre qu'il ne fuie à l'étranger pour échapper aux poursuites, il y a de plus un risque de non représentation ; la bagarre a eu des témoins qui n'ont pas encore été entendus : un risque de pression sur ceux ci est à craindre, de même qu'un risque de collusion avec son employé. Seule la détention provisoire est de nature à éviter ces risques, conclut le procureur, qui demande un mandat de dépôt de six mois.
L'avocat réplique que Monsieur Violensky est la principale source de revenu de sa famille, son épouse effectuant des ménages à temps partiel. Ils sont propriétaires de leur logement, en cours d'acquisition (il vous produit le contrat de prêt). Les revenus du couple sont de 2000 euros par mois, 1500 pour Monsieur, 500 pour Madame. Un placement en détention conduirait immanquablement à leur expulsion et à la saisie de l'appartement. Sur le risque de fuite, il remarque que Monsieur Violensky a fait sa vie en France depuis 20 ans, ses enfants sont français et ont leur vie ici, le risque de fuite est faible et peut être prévenu par une remise du passeport et une obligation de pointage. Le risque de collusion est selon lui absurde : les violences sont établies, la victime est hospitalisée et pour longtemps, elle a été entendue, que diable le mis en examen pourrait-il inventer pour diminuer la gravité des faits ? Sur le trouble à l'ordre public, il fait remarquer que vu le profil du mis en examen, cette affaire sera probablement correctionnalisée plutôt que de déranger une cour d'assises (même le procureur en convient), la qualification criminelle n'étant retenue que par commodité pour le juge d'instruction. Enfin, il fait remarquer que la question qui va se poser de manière aigüe est l'indemnisation de la victime : incarcérer Monsieur Violensky, c'est le priver de revenus, dont le mettre dans l'impossibilité de payer les lourds dommages intérêts qui seront prononcés. Certes la victime pourra saisir la Commission d'indemnisation des Victimes d'Infraction, mais pourquoi faire supporter cette charge à la collectivité quand Monsieur Violensky est solvable (rappel : il est propriétaire de son appartement), et le fait d'indemniser sa victime sera plus opportun comme peine qu'une incarcération qui ne ferait qu'ajouter le malheur au malheur.
Que décidez-vous ?
- Deuxième affaire : Les Montenlair (Dossier criminel)
Voici à présent les frères Montenlair, mis en examen pour cambriolage d'une belle maison appartenant aux époux Lavictime dans une ville chic de votre ressort. Béatrice Montenlair est gouvernante chez les Lavictime et a parlé à ses frères des belles choses qu'il y avait chez ses patrons. Les Lavictime étant partis une semaine skier à Chamonix, ils ont donné la semaine à Béatrice. Les frères sachant que la maison était vide l'ont visité de nuit. Le jardinier a découvert le matin que l'une des portes était ouverte. L'alarme n'a pas fonctionné, les serrures n'ont pas été forcées. Le cambriolage ayant eu lieu de nuit, la police a demandé aux opérateurs de téléphone mobile les appels passés dans le coin entre minuit et 5 heures du matin. Il s'avère que les portables des frères Montenlair ont été très actifs sur les bornes couvrant la maison. Ils ont été également actifs près d'un entrepôt appartenant à l'un des frères où a été retrouvé une partie des meubles volés. Béatrice, Arthur et Marc Montenlair sont mis en examen pour vol en bande organisée, le juge soupçonnant Béatrice d'avoir donné les clés et le code de l'alarme. En garde à vue, Marc et Arthur ont reconnu les faits, mais ont mis leur soeur hors de cause, disant qu'elle avait noté le code dans son agenda, et qu'ils ont pris les clés dans son sac. Arthur assume la responsabilité de l'idée, et affirme qu'il a convaincu Marc de l'aider, car il ne voulait pas au début. Marc dit que c'est Arthur et lui qui ont eu l'idée "en même temps". Béatrice a nié toute participation. Béatrice a été remise en liberté sous contrôle judiciaire. Arthur, l'aîné, a déjà été condamné pour des vols simples et a déjà fait six mois de prison, Marc a un casier virginal.
Le procureur vous demande de placer les deux frères en détention car il s'agit d'une affaire criminelle (le vol en bande organisée est puni de 15 ans de réclusion criminelle) qui trouve gravement et durablement l'ordre public ; il y a un risque de pression sur leur soeur qui est soit témoin soit complice, et de collusion entre eux car ils sont coauteurs ("probablement coauteur" rectifie le procureur après un raclement de gorge prononcé de l'avocat de la défense) ; vu la peine encourue, un risque de fuite est à craindre, et eu égard à l'organisation professionnelle des mis en examen, une réitération de l'infraction est à craindre. Enfin, tous les meubles n'ont pas été retrouvés et des investigations sont nécessaires pour retrouver le receleur de ces biens.
L'avocat ironise sur le tour complet de l'article 144 qui vient d'être fait. Si un cambriolage est un trouble durable et persistant à l'ordre public, alors qu'est ce qui ne l'est pas ? Cette affaire, insiste l'avocat, n'a même pas fait l'objet d'un entrefilet dans la presse locale. Le risque de pression et de collusion lui semble aussi chimérique puisqu'ils ont déjà tout reconnu en garde à vue, qui, fait-il remarquer, a duré quatre jours du fait de la qualification de vol en bande organisée, et un contrôle judiciaire peut leur interdire d'entrer en contact. Le risque de fuite n'est étayé par aucun élément objectif, seulement "les craintes du procureur", qui lui semble un peu légères pour faire échec à la liberté qui est le principe, et la détention l'exception. De même pour le risque de réitération : l'avocat rappelle l'absence de casier de Marc et que les condamnations d'Arthur portent sur des vols simples, que ces faits, s'ils ont bien été commis par les mis en examens, n'ont eu lieu que parce que les circonstances s'y sont prêtées : ils avaient les clefs, le code et la certitude que la maison serait vide. Enfin, sur le receleur, l'avocat conclut que ses clients ne voudront pas courir le risque d'un emprisonnement pour aider leur fourgue, et que la menace d'incarcération assurera leur mutisme.
Que décidez vous pour Arthur ? Et pour Marc ?
- Troisième affaire : Amélie Gatépouri. (Dossier correctionnel)
Etrange dossier que celui-là : une mise en examen pour tentative d'escroquerie, falsification de chèque et usage de chèque falsifié, usage de faux document administratif. Il s'inscrit dans le cadre d'une grosse instruction sur un réseau de faux papiers très actif dans le ressort. Amélie a acheté 500 euros en liquide un faux permis de conduire au nom de Lola Dupipo, une fausse facture EDF et une fausse quittance de loyer. Munie de ces documents, elle est allée se faire ouvrir un compte en banque et a obtenu un carnet de chèques. Elle a effectué plusieurs achats avec ces faux chèques jusqu'à ce qu'emportée par l'enthousiasme, elle en fasse un de 1200 euros qui a éveillé la suspicion du commerçant qui a appelé la banque qui a appelé la police qui a appelé le procureur qui a appelé le juge d'instruction qui vous a appelé aujourd'hui. Entendue par la police et interrogée par le juge, elle a déclaré qu'elle avait rencontré le vendeur de faux papier par hasard, en lui demandant s'il n'en avait pas à vendre. Elle précise qu'elle avait entendu dire que dans ce quartier mal famé, on pouvait s'acheter des "kits comptes en banque". Le montant total du préjudice causé est de 3500 euros.
Ce qui est étonnant est qu'Amélie est issue d'une famille très aisée et de bonne réputation. Ses études ont été un échec, elle l'a caché à ses parents et a commencé à commettre plein de petites escroqueries de ce genre : vol de chèques ou de cartes bleues de ses copains de fac, falsifications de permis pour louer une voiture et la revendre. Elle ne semble pas être douée puisqu'elle se fait prendre régulièrement ce qui fait qu'elle a, pour ses 22 ans, cinq condamnations au casier pour vol, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, falsification de chèque. Un sursis simple et quatre sursis avec mise à l'épreuve, l'un réputé non avenu puisque les travaux d'intérêts généraux qui constituaient l'épreuve ont été effectués. La récidive n'est pas visée en ce qui concerne l'escroquerie et la falsification de chèque. Si l'enquête de police tend à démontrer qu'elle n'a rien à voir avec le réseau de faux papiers, ses antécédents ont sûrement déterminé le juge d'instruction à vous l'envoyer pour un mandat de dépôt de quatre mois histoire de marquer le coup.
Le procureur soutient la demande en soulevant le risque de réitération puisque rien ne semble arrêter Mademoiselle Gatépouri ; le risque de collusion avec le faussaire car son histoire d'être tombée sur le vendeur par hasard est peu crédible, et celui-ci est activement recherché par la police : on peut redouter qu'elle puisse le contacter pour lui dire de disparaître ; enfin, la falsification de documents administratifs cause un trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public qui justifie de plus fort l'incarcération.
Son avocat fait observer que toutes ses condamnations relevaient du domaine de la citation directe devant le tribunal correctionnel, qu'elle n'a jamais été mise sous contrôle judiciaire, et que cette méthode, préférée par le législateur, suffirait probablement à prévenir toute réitération par une surveillance quotidienne, qui préviendrait aussi toute prise de contact avec ce faussaire en supposant qu'elle puisse effectivement le contacter ; que présenter un permis à l'appui d'un chèque, s'il ne conteste pas le caractère délictuel de la chose, n'est pas sa conception d'un trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public qu'exige la loi. Il conclut qu'il ne peut être sérieusement soutenu que la détention est ici le seul moyen d'assurer la docilité de sa cliente, et que le JLD n'est pas là pour prononcer une pré-peine qui ne laisserait d'autre choix au tribunal que de prononcer une peine de prison ferme pour couvrir la détention effectuée.
Que décidez vous ?
- Quatrième dossier : Prosper Vert. (Dossier correctionnel)
Monsieur Vert est le compagnon de Madame Cruche, qui a eu d'un premier lit la petite Chloé, 11 ans.
Un jour à l'école, la petite Chloé s'est plaint à l'infirmière que l'amie de sa maman lui avait touché le zizi. L'infirmière lui a demandé de lui montrer ce qu'elle appelait le zizi et elle a montré ses cuisses et ses hanches. Aussitôt, l'infirmière a effectué un signalement, comme une circulaire (prise par Ségolène Royal) lui en fait l'obligation. L'après midi même, Chloé était conduite à l'hôpital pour y être examinée. L'hymen est toujours en place, aucune trace de violences. Elle a été entendue sur place (son audition a été enregistrée) et a dit que Prosper venait le soir dans sa chambre et lui caressait le zizi sans rien dire. Parfois, il lui mettait la main sur le sien. Quand on lui demande d'être plus précise, elle fond en larmes. Elle dit qu'elle a peur et ne veut plus rentrer chez elle. Monsieur Vert travaille comme intérimaire, et a été interpellé à la sortie du travail. En garde à vue, il a nié les faits, affirmant que Chloé ne l'aime pas, qu'elle l'accuse souvent d'avoir fait partir son papa. Il a maintenu ces propos devant le juge qui l'a mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité. Son casier fait état d'une condamnation pour violences conjugales il y a trois ans (« c'était mon ancienne petite amie, j'avais bu, on s'est séparé tout de suite après) », et exhibition sexuelle il y a deux ans (« j'ai fait une dépression et j'avais un problème d'alcool ; ça et les médicaments... Mais je suis guéri maintenant depuis que je suis avec Madame Cruche »).
Madame Cruche a été entendue et affirme que sa fille ment, qu'elle ment tout le temps, elle invente des histoires. Elle affirme que Monsieur Vert est innocent et demande qu'on le laisse partir. Elle même est au chômage et touche le RMI depuis trois ans. Chloé a été confiée à l'aide sociale à l'enfance et dort dans un foyer, le juge des enfants est saisi de son cas.
Le procureur demande la détention car les faits sont très graves, punis de dix années d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende, et causent à l'ordre public un trouble exceptionnel et durable. La victime est mineure et très impressionnable : le risque de pression sur elle est inacceptable. Monsieur Vert a déjà commis des faits d'exhibition sexuelle, le risque de réitération ne peut être négligé en l'espèce. Il souligne que Monsieur Vert est intérimaire, il n'est pas locataire mais hébergé gratuitement, bref : n'a pas d'attaches et pourrait disparaître aisément. Or des investigations sont nécessaires, des expertises notamment pour évaluer sa dangerosité. Un contrôle judiciaire serait insuffisant. Il va même jusqu'à ajouter que si vous refusiez la détention provisoire, le parquet ferait appel de votre décision.
L'avocat pointe l'absence de preuves dans le dossier : l'examen médical démontre qu'il n'y a rien d'anormal, les antécédents du mis en examen sont sans pertinence avec les faits d'aujourd'hui, les auditions de la mère montre qu'il y a un conflit entre elle et sa fille et qu'elle prend parti pour Monsieur Vert. Il rappelle quel sort attend Monsieur Vert s'il est détenu pour agression sexuelle sur mineur : ce sera un "pointeur", mis au ban, agressé, insulté, frappé et menacé sans cesse. In cauda venenum : il rappelle en péroraison que d'avoir mis en détention sur la foi de la parle d'un enfant a récemment causé un vaste scandale, et qu'il y a une leçon à en tirer : la liberté s'impose ici.
Que décidez-vous ?
En tant que JLD, la décision doit être rendue sur le siège. Mais je vous laisse une semaine avant de dire ce qui a été décidé dans ces cas auxquels j'ai assisté.
NB : Si vous décidez d'un placement sous contrôle judiciaire, précisez les mesures que vous ordonnez au titre de ce contrôle.
Commentaires
1. Le lundi 13 février 2006 à 19:12 par Parayre
2. Le lundi 13 février 2006 à 19:26 par Je traite bien le petit personnel
3. Le lundi 13 février 2006 à 19:40 par BD
4. Le lundi 13 février 2006 à 19:41 par Luc
5. Le lundi 13 février 2006 à 19:46 par Philippe NIEUWBOURG
6. Le lundi 13 février 2006 à 19:50 par Luc
7. Le lundi 13 février 2006 à 19:50 par Paul
8. Le lundi 13 février 2006 à 19:57 par Sarko
9. Le lundi 13 février 2006 à 19:57 par Guillermito, sous la neige
10. Le lundi 13 février 2006 à 19:58 par MadCoder
11. Le lundi 13 février 2006 à 20:13 par Luc
12. Le lundi 13 février 2006 à 20:21 par Paxatagore
13. Le lundi 13 février 2006 à 21:21 par muppy
14. Le lundi 13 février 2006 à 21:40 par frédéric
15. Le lundi 13 février 2006 à 21:41 par Louis.
16. Le lundi 13 février 2006 à 21:43 par Nuits de Chine
17. Le lundi 13 février 2006 à 21:51 par Ms Décalé
18. Le lundi 13 février 2006 à 21:52 par Alex
19. Le lundi 13 février 2006 à 22:04 par PatLeNain
20. Le lundi 13 février 2006 à 22:10 par Luc
21. Le lundi 13 février 2006 à 22:15 par Win-Win software incorporated
22. Le lundi 13 février 2006 à 22:17 par Luc
23. Le lundi 13 février 2006 à 22:24 par Putch
24. Le lundi 13 février 2006 à 22:38 par PatLeNain
25. Le lundi 13 février 2006 à 22:44 par ballinette
26. Le lundi 13 février 2006 à 22:45 par Bob Marcel
27. Le lundi 13 février 2006 à 22:47 par Luc
28. Le lundi 13 février 2006 à 22:54 par urchin
29. Le lundi 13 février 2006 à 22:54 par Alex
30. Le lundi 13 février 2006 à 22:56 par PatLeNain
31. Le lundi 13 février 2006 à 23:30 par loz
32. Le lundi 13 février 2006 à 23:33 par Platini
33. Le lundi 13 février 2006 à 23:41 par Matthieu
34. Le mardi 14 février 2006 à 00:11 par Jerome
35. Le mardi 14 février 2006 à 01:25 par Pierre
36. Le mardi 14 février 2006 à 01:28 par Oxygène
37. Le mardi 14 février 2006 à 01:58 par Gab
38. Le mardi 14 février 2006 à 02:19 par dadouche
39. Le mardi 14 février 2006 à 03:08 par dadouche
40. Le mardi 14 février 2006 à 03:41 par Luc
41. Le mardi 14 février 2006 à 03:44 par ALCYONS
42. Le mardi 14 février 2006 à 04:10 par Luc
43. Le mardi 14 février 2006 à 09:22 par Bruno
44. Le mardi 14 février 2006 à 09:35 par Jerome
45. Le mardi 14 février 2006 à 10:12 par Bruno
46. Le mardi 14 février 2006 à 10:24 par levriernoir
47. Le mardi 14 février 2006 à 10:27 par Salomon Ibn Gabirol
48. Le mardi 14 février 2006 à 10:55 par Talionite aigüe
49. Le mardi 14 février 2006 à 10:58 par ylyad
50. Le mardi 14 février 2006 à 11:11 par BrunoNation
51. Le mardi 14 février 2006 à 11:52 par poutrelle
52. Le mardi 14 février 2006 à 11:56 par coco
53. Le mardi 14 février 2006 à 12:33 par FVDV
54. Le mardi 14 février 2006 à 12:36 par cloran
55. Le mardi 14 février 2006 à 12:55 par Patrick
56. Le mardi 14 février 2006 à 13:06 par Fred
57. Le mardi 14 février 2006 à 13:09 par Fred
58. Le mardi 14 février 2006 à 13:19 par Guignolito
59. Le mardi 14 février 2006 à 13:29 par Guignolito
60. Le mardi 14 février 2006 à 14:00 par NemR
61. Le mardi 14 février 2006 à 14:02 par NemR
62. Le mardi 14 février 2006 à 14:23 par Luc
63. Le mardi 14 février 2006 à 14:27 par Luc
64. Le mardi 14 février 2006 à 14:44 par Guignolito
65. Le mardi 14 février 2006 à 15:20 par Patrick
66. Le mardi 14 février 2006 à 15:40 par Fred
67. Le mardi 14 février 2006 à 15:45 par Guignolito
68. Le mardi 14 février 2006 à 15:45 par Shadow007
69. Le mardi 14 février 2006 à 16:09 par dadouche
70. Le mardi 14 février 2006 à 16:51 par Marie
71. Le mardi 14 février 2006 à 17:34 par Luc
72. Le mardi 14 février 2006 à 20:56 par BrunoNation
73. Le mardi 14 février 2006 à 22:00 par Frédéric
74. Le mardi 14 février 2006 à 23:42 par Dadouche
75. Le mercredi 15 février 2006 à 00:24 par Piksou
76. Le mercredi 15 février 2006 à 00:26 par Piksou
77. Le mercredi 15 février 2006 à 01:25 par dadouche
78. Le mercredi 15 février 2006 à 07:53 par Paxatagore
79. Le mercredi 15 février 2006 à 08:46 par Gascogne
80. Le mercredi 15 février 2006 à 09:56 par dadouche
81. Le mercredi 15 février 2006 à 09:57 par DD
82. Le mercredi 15 février 2006 à 10:44 par Guignolito
83. Le mercredi 15 février 2006 à 10:54 par YR
84. Le mercredi 15 février 2006 à 10:57 par PJ-BR
85. Le mercredi 15 février 2006 à 11:04 par dadouche
86. Le mercredi 15 février 2006 à 11:39 par gtab
87. Le mercredi 15 février 2006 à 12:02 par Paxatagore
88. Le mercredi 15 février 2006 à 14:07 par Guignolito
89. Le mercredi 15 février 2006 à 14:30 par Pilou
90. Le mercredi 15 février 2006 à 16:13 par Nico
91. Le mercredi 15 février 2006 à 16:59 par DD
92. Le mercredi 15 février 2006 à 17:52 par Nico
93. Le mercredi 15 février 2006 à 18:01 par dadouche
94. Le mercredi 15 février 2006 à 18:11 par LDiCesare
95. Le mercredi 15 février 2006 à 18:24 par Schari
96. Le mercredi 15 février 2006 à 18:39 par Guérin
97. Le mercredi 15 février 2006 à 18:54 par dadouche
98. Le mercredi 15 février 2006 à 20:52 par Luc
99. Le jeudi 16 février 2006 à 08:04 par Paxatagore
100. Le jeudi 16 février 2006 à 08:59 par Gascogne
101. Le jeudi 16 février 2006 à 10:02 par vanverde
102. Le jeudi 16 février 2006 à 11:59 par Weborg
103. Le jeudi 16 février 2006 à 12:14 par Littoral
104. Le jeudi 16 février 2006 à 14:32 par Nemo
105. Le jeudi 16 février 2006 à 20:23 par Strand
106. Le jeudi 16 février 2006 à 20:58 par dadouche
107. Le jeudi 16 février 2006 à 21:11 par dadouche
108. Le vendredi 17 février 2006 à 02:08 par tokvil
109. Le vendredi 17 février 2006 à 09:05 par Jerome
110. Le vendredi 17 février 2006 à 09:33 par Shadow007
111. Le vendredi 17 février 2006 à 09:43 par Kevin
112. Le vendredi 17 février 2006 à 10:36 par Stfunx
113. Le vendredi 17 février 2006 à 11:09 par Le Chat
114. Le vendredi 17 février 2006 à 11:28 par Guignolito
115. Le vendredi 17 février 2006 à 12:13 par Eric D.
116. Le vendredi 17 février 2006 à 14:53 par loz
117. Le vendredi 17 février 2006 à 17:02 par Le Chat
118. Le samedi 18 février 2006 à 00:37 par Judge Dredd
119. Le samedi 18 février 2006 à 03:08 par LDiCesare
120. Le samedi 18 février 2006 à 13:23 par mimi
121. Le samedi 18 février 2006 à 18:13 par Judge Dredd
122. Le lundi 20 février 2006 à 19:04 par Yves Duel
123. Le jeudi 9 mars 2006 à 00:28 par gentille